Découvertes


Mons-en-Barœul : La collection de Jean Cnudde retrace l’histoire de la psychologie expérimentale

Jean Cnudde collectionne divers objets liés à la psychologie expérimentale. Le résultat de ses recherches a rejoint le fond du Musée d’histoire naturelle de Lille.



Jean Cnudde, est quasiment né dans une école. Ses parents Gilberte et Louis étaient tous deux instituteurs à l’école publique Rollin, dans le Vieux Mons. Louis était réputé pour ses méthodes d’enseignement originales. Fils d’ébéniste, il avait appris le métier de son père mais avait choisi l’École normale. Plus tard, pour enseigner les mathématiques, il fabriqua de ses mains une curieuse machine en bois sur le modèle d’un chevalet de mine. Un curseur mobile indiquait le résultat des tables de multiplication ou de division.

Son fils, Jean, intègre à son tour l’Éducation nationale (il fut très longtemps le directeur du centre d’information et d’orientation de Lille). Il y développe un curieux violon d’Ingres : il collectionne les vieux objets en rapport avec son métier qu’il collecte auprès de ses collègues ou relations.



À la retraite, il transfère cette collection au musée d’Histoire naturelle de Lille et continue à l’enrichir par son activité bénévole. « La mesure de l’homme », c’est l’appellation de cette collection, compte environ 400 pièces qui racontent l’histoire du travail d’orientation et de psychologie appliquée à travers les progrès de la de la science et des technologies.



JeanCnudde et le modelage de Aymé, 
taxidermiste de la faculté de médecine, selon la Phrénologie.

Ces objets de toutes les époques, très différents, reliés à des domaines très variés, sont tous extraordinaires. Ainsi, un modelage de crâne humain réalisé par Aymé, un taxidermiste de l’école de médecine de Paris du début du XIXe siècle, montre un cerveau divisé en petites surfaces avec, pour chacune d’entre elle, une légende. « L’ordre, les couleurs, la musique » y côtoient les maths . C’est de là que vient la fameuse expression la « bosse des maths ».



Chaque zone du cerveau correspondrait à une faculté mentale suivant Franz Joseph Gall, l’inventeur de la phrénologie (théorie selon laquelle les bosses du crâne d’un être humain reflètent son caractère). On l’étudia à l’université de 1758 à 1828. « C’était de la fausse science, commente Jean Cnudde. Après les guerres napoléoniennes, on a fait le rapport entre certaines pathologies et des zones du cerveau endommagées. Il y a effectivement certaines correspondances entre le cerveau et l’activité de l’homme, mais pas du tout celles qu’avait imaginées Gall. »


Le « village à construire », toujours en usage actuellement.
Au tout début du XXe siècle, on trouve l’ancêtre du détecteur de mensonges. On pose les mains sur deux poignées ce qui, dans certaines circonstances, provoque la déviation d’une aiguille. « C’est le premier psycho-galvanomètre, explique Jean Cnudde. Si un sujet ressent une émotion, cela produit une décharge d’adrénaline qui va se traduire biologiquement par une légère sudation des mains. Alors, la résistance du corps varie et l’aiguille aussi. »
De curieuses boîtes en bois sont fermées par un mécanisme compliqué. Ce sont les « Boîtes à ouvrir » dérivées des « Boîtes à secrets », imaginées par les artisans du Moyen-Âge pour y enfermer les objets précieux.


Les « boîtes à ouvrir » de l’école Decroly.
À la fin du XIXe siècle, les colonisateurs français s’en servent pour mesurer l’intelligence des singes. À ce petit jeu, le chimpanzé est le meilleur. On découvre même qu’il surpassait facilement n’importe quel être humain ! Les « boîtes à ouvrir » de la collection du musée lillois sont empruntées à l’école Decroly. On s’en servait, après la Première Guerre mondiale, pour évaluer l’aptitude des enfants. Chacun des objets raconte une histoire, et la collection, celle de l’homme. A.C. (CLP)


Un test de Kohs des années 20 : il sert à mesurer l’intelligence des élèves et est encore en usage aujourd’hui.
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Lille Moulins
L’explosion du dépôt de munition des Dix huit ponts, en 1916

Cette carte postale, acquise il y a plusieurs années par un collectionneur, n’avait pu être interprétée à cause de sa calligraphie gothique. Grâce à la complicité d’amis allemands, il a été possible de la lire. Le  document émane d’un certain Johannes Reinhardt. Il était en poste, à l’état-major allemand, dans le château Faucheur (l’actuel collège Lacordaire), à Mons en Barœul.


Cette image représente le quartier des « Dix huit ponts » après l’explosion du dépôt de munition allemand. La déflagration a été si énorme qu’elle a été entendue jusqu’au milieu des Pays-Bas. Les vitraux de toutes les églises alentour, sur plusieurs kilomètres, ont été soufflés. L’explosion a détruit une vingtaine d’usines, des centaines de maisons et provoqué la mort de 104 civils.

Voici le commentaire que l’officier allemand a écrit au dos de sa carte postale :
« Mons en Barœul le 11/02/16
Explosion de l’entrepôt à munitions de Lille le 11/01/16 : De très nombreux civils sont morts à cette occasion. Le matin, les corbillards passaient l’un derrière l’autre alors que nous étions à l’exercice. Pareillement, de nombreux cortèges funèbres ont été organisés le matin pour ceux qui étaient morts de maladie. Des restaurants et des magasins entiers sont interdits aux militaires allemands ».
Johannes Reinhardt