Pour une fois, écrivons l'histoire en sens inverse en commençant par la cérémonie du 11 novembre 2014, commémorant le centenaire de la première guerre mondiale.
Le 11 novembre 2014
Pendant les chants des enfants : 14-18 puis La Marseillaise
" 14-18 c'était la Grande Guerre, 14-18 c'était pas la dernière ... "
Pendant le discours de la députée du Nord Audrey Linkenheld
Le maire, Rudy Elegeest, évoque la mémoire d'Adolphe Gabriels qui a maintenant rejoint la liste des militaires tués au combat. Ce jeune homme natif de Mons-en-Barœul, soldat au 168ème régiment d'infanterie, était mort des suites de ses blessures au combat, à l'hôpital de Commercy le 26 novembre 1916. Jeune papa depuis quelques semaines il n'avait que 18 ans.
Quelques médaillés
Le passage d'un bus de Transpole permet de se souvenir que ce monument a été reculé, à l'époque de la municipalité de Felix Peltier, car l'emplacement pour les cérémonies était trop exiguë et devenu dangereux avec la circulation des tramways.
Le monument, regravé pour l'occasion, comporte maintenant sur les côtés les noms des soldats des campagnes d'Indochine et d'Afrique du Nord (1952-1962)
La journée douce et ensoleillée évoquait l’inverse du cauchemar que vécurent les combattants de la Grande guerre. Leurs
enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants avaient répondu présents pour célébrer leur mémoire. Outre les 275 choristes du
conservatoire communal et des écoles primaires de la ville (dirigés par Claire Bridoux), il n’y avait pas loin d’un millier de
personnes autour du monument aux morts.
Ce public nombreux évoquait la cérémonie de ce jour d’août 1924 où l’édifice fut inauguré. Depuis, il avait pris quelques rides.
Il vient tout juste d’être rénové. La pierre est redevenue blanche comme au premier jour. Les noms des soldats tombés au
champ d’honneur ont été gravés, à nouveau, pour des décennies.
La Marseillaise, entonnée par ces voix jeunes et douces, avait un accent différent et particulièrement prenant. Quand les
différents orateurs ont évoqué la mémoire des disparus, tous ces lieux de bataille, Verdun, le Chemin des dames, la Colline de
Lorette, le visage des écoliers était particulièrement attentif. « Ce fut une cérémonie magnifique, émouvante, pleine de respect, où les anciens
combattants et les jeunes de la commune se sont retrouvés : une bien belle commémoration », commentait le maire, Rudy Elegeest.
Les phrases du jour
Claude Gery, président des anciens combattants : « Ce monument est un symbole l’attachement de la collectivité à nos soldats et à leur mémoire. »
Rudy Elegeest, maire de la commune : « Ils ne sont pas des soldats inconnus. Nous connaissons leur nom, leur famille, les
lieux où ils vécurent : nous avons lu leurs lettres, vu leurs photos. Comme ils nous sont proches ! »
Le monument aux morts rénové
A droite, le monument tel qu'il a été rénové pour les cérémonies du centenaire, et à gauche tel qu'il était antérieurement. Des doublons ont été supprimés, des noms ont été ajoutés et des orthographes corrigées.
Le monument et la députée
Les travaux de rénovation entrepris en 2014 ont été financés en partie par un don (15 000 €) de la députée de la
circonscription, Audrey Linkenheld. En affectant une partie de sa réserve parlementaire au monument aux morts, l’élue s’est
inscrite dans une longue tradition. Dans les années 1980, la stèle à la mémoire des soldats tombés en Indochine et en Algérie
avait été financée pour la moitié de la somme, par le maire de l’époque, Marc Wolf, qui y avait affecté une partie de ses
indemnités. Le monument lui-même, en 1922, n’avait pu être entrepris que grâce à une souscription faisant appel à la
générosité des Monsois (28 541,65 francs de l’époque).
La rénovation (Photos d'Alain Cadet)
La rénovation (Photos d'Alain Cadet)
La date de l'inauguration
Disons le tout de suite le monument aux morts de Mons-en-Barœul a été inauguré le dimanche 24 août 1924. On découvre pourtant des dates différentes selon les publications.
Le journal municipal " Mons & Vous " n° 65, publié en novembre 2014, cite en page 8 la date du 28 août 1924, qui était un jeudi, or ce monument n'a jamais été inauguré un jour de semaine. Le rédacteur de l'article interrogé avoue avoir écrit cette date de mémoire.
Nous-même dans la brochure " La guerre 1914-1918 à Mons-en-Barœul " donnons deux dates différentes, la bonne en page 33 et celle du dimanche 3 août 1924 en dernière page. L'erreur vient de la source, car en effet nous citons l'AHM qui sur son site internet donne également ces deux dates.
Le site de l'AHM |
A noter que cette erreur se répète également sur le site de l'Université de Lille 3, qui a repris les mêmes sources.
Heureusement dans la Voix du Nord, Alain Cadet cite le bon jour, comme nous lui indiquions qu'il figurait à la page 70 de l'ouvrage " Du village à la ville " co-écrit par nous même.
Pour l'anecdote on signale que cette inauguration était programmée l'année précédente, mais comme le monument était arrivé abîmé en gare de Lille, le 7 août 1923, il avait du être retaillé, ce qui avait reculé cette manifestation au dimanche 24 août 1924.
Quatre pages, concernant le monument aux morts de Mons-en-Barœul, extraites de la brochure publiée par l'association Eugénies : Le centenaire de la guerre 1914-1918 à Mons-en-Barœul. Voir ici cette brochure.
Le mystère de la baïonnette et du fusil raccourci
On sait que sur les plans et la maquette du soldat du Monument aux morts de Mons-en-Barœul, celui-ci avait au bout de son fusil une baïonnette. Or depuis une date incertaine cette baïonnette n'existe plus. Pendant longtemps on a cru que cette partie avait été cassée après l'inauguration. Un début d'explication semble pouvoir être apportée en regardant avec précision une photographie prise le 24 août 1924, le jour de l'inauguration, et reproduite dans une revue de l'époque. Il n'y a pas de baïonnette ce jour là, parceque probablement cet accessoire avait été éliminé du nouveau monument destiné à remplacer celui détruit un an plus tôt.
Sur l'esquisse on découvre la baïonnette à l'extrémité du fusil |
Par contre en 1924, s'il n'y avait déjà plus de baïonnette, le fusil était un peu plus long qu'actuellement. On s'en aperçoit assez bien sur certaines cartes postales. Avec cet indice il est à peu près possible de situer la période où ce fusil a été raccourci. L'histoire locale a retenu qu'il aurait été brisé par de jeunes garçons lors d'une escalade du monument ...
L'histoire du monument aux morts de Mons-en-Barœul
Une série d'article paru sous la plume d'Alain Cadet dans la Voix du Nord
à l'occasion du centenaire de la guerre 1914-1918
Pierre Brasselet a marqué l’histoire de « son » monument aux morts
Publié le 7 novembre 2014 dans La Voix du Nord
Le monument aux morts, rénové pour le centenaire de la guerre 1914-1918, a été inauguré en 1924. Depuis, il a connu quelques modifications. Pierre Brasselet, appelé en Algérie, fait partie de ceux qui ont écrit son histoire.
C’est grâce à l’engagement de Pierre Brasselet que les noms des soldats tombés en Afrique du Nord sont inscrits sur une stèle installée square Montesquieu.
Pierre Brasselet suit un itinéraire qui passe par l’école Saint-Honoré, le patronage, puis les scouts. Il y acquiert du bagage en matière d’allumage de feu, préparation de la « popote », récurage de gamelles et bidons en tous genres. « C’est une première forme de forme de vie sociale, commente-t-il. J’ai retrouvé cet état d’esprit, plus tard dans l’armée. Ce sont des occasions où des gens très différents apprennent à vivre ensemble, affrontent et surmontent les difficultés. »
En 1955, fini les vacances ! Il embarque pour un voyage moins agréable, Bône, en Algérie. Il va effectuer 28 mois de service militaire à la frontière tunisienne. « Il y avait des barrages électrifiés pour empêcher les infiltrations du FLN, se souvient-il. Nous assurions le transport de troupes, en chemin de fer, pour le régiment voisin de la Légion étrangère. Ils ont eu beaucoup de morts. Plusieurs années, après mon retour en France, dans la rue, j’étais toujours sur le qui-vive de peur que quelqu’un ne me poignarde dans le dos ! Nous avons vécu une bien triste période. »
À 24 ans, Pierre devient le plus jeune conseiller municipal du département du Nord. Pendant les 24 années qui vont suivre, il accompagne plusieurs maires et plusieurs de leurs mandats. Parallèlement, il devient le responsable de la section communale et vice-président de la section de Lille Métropole-Mons-Hellemmes de la FNACA (fédération nationale des anciens combattants, Algérie, Maroc, Tunisie).
Tous les noms sur le même édifice
À cette époque, le nom des soldats tombés en Indochine et en Algérie n’est pas le bienvenu sur le grand monument aux morts, square du Combattant. L’ancien d’Algérie fait appel à la générosité et organise une souscription. Le maire de l’époque, Marc Wolf, règle à lui tout seul la moitié du budget sur son indemnité d’élu. La stèle et ses noms seront installés square Montesquieu. Désormais, c’est à cet endroit que débuteront les cérémonies patriotiques avant de se rendre ensuite au « grand » monument.
Il y a quelque temps, on a pu enfin inscrire tous les noms au même endroit, et la rénovation récente du monument aux morts « principal » érigé en 1924 a pris en compte ce changement. Mardi, pour la cérémonie du centenaire de la Grande guerre, Pierre ne se rendra pas à son monument. Il a dû abandonner ses mandats car il éprouve de grandes difficultés pour se déplacer.
« J’aurais un petit pincement au cœur à l’heure de l’événement, avoue-t-il. Je penserai à mes camarades assistant à la cérémonie et à ceux qui sont morts. »
Les cérémonies du 11 Novembre ont lieu mardi, à 11 h, square du Combattant. Retrouvez dans les prochains jours la suite de notre série sur le centenaire de la Grande Guerre à Mons-en-Barœul.
Quel avenir pour la stèle du square Montesquieu ?
La stèle du square Montesquieu n’est plus le lieu de passage obligé des cérémonies patriotiques puisque les noms qui y sont lisibles sont aussi gravés désormais sur le monument aux morts rénové du square du Combattant. Une question se pose. La résidence des Mille Roses va bientôt être remplacée par une nouvelle construction tandis que la parcelle non utilisée devrait être le lieu d’implantation d’un nouveau programme immobilier. Il faudra sans doute trouver un autre endroit pour accueillir la stèle de Pierre Brasselet et de ses camarades.
Publié le 9 novembre 2014 dans La Voix du Nord
Inauguré en 1924, le monument aux morts de Mons-en-Barœul s’apprête à tourner une nouvelle page de sa déjà longue vie. Complètement réhabilité, il présentera un nouveau visage pour la cérémonie de ce mardi.
Avant 1914, on célébrait seulement le 14 Juillet. La fête avait été instituée en 1880, en mémoire de ce jour de 1789 où fut prise la Bastille et surtout du 14 juillet de l’année suivante, fête de la Fédération, décrétée jour d’union nationale. Mais après 1914, cinq ans passent et les dix-huit millions et demi de morts, civils et militaires, appellent un lieu symbolique qui rende hommage aux disparus, permette aux survivants de communier autour de leur mémoire et perpétue pour les siècles le souvenir de cette époque barbare de sacrifices et de douleurs.
La période qui suit le 11 novembre 1918 fait la prospérité des sculpteurs et des marbriers. La moindre petite commune veut disposer de son Monument aux morts. Mons-en-Barœul, qui compte 150 victimes civiles et militaires, aussi. La Ville met tout en œuvre pour réaliser son projet. Il lui faut un certain temps pour réunir le financement mais, le 1er février 1922, Chrétien Lalanne, l’architecte, remet son devis (un peu plus de 45 000 francs de l’époque). L’entreprise Georges Delattre et le sculpteur Dominique Bevilacqua seront les maîtres d’œuvre. L’ouvrage est terminé en 1924. Le rituel des cérémonies du souvenir autour du monument aux morts avec hymne national, sonneries aux morts, appel des noms, se perpétuera jusqu’à la guerre suivante puis renaîtra dès la fin 1944.
Entièrement rénové en 2014
En 2014, 90 ans après sa construction, le vieux monument avait bien besoin d’un coup de jeune. La municipalité a décidé de le rénover. C’est l’entreprise Demarliéres qui s’est chargée du travail. On a décapé la pierre et les noms. On les a réécrits sur une plaque à l’aide d’une traceuse (y compris ceux des soldats morts en Indochine et Algérie). On a sablé, pour produire le creux des lettres. On l’a rempli de peinture résistante aux intempéries. On a légèrement poncé, nettoyé puis traité le monument pour qu’il ne subisse pas les effets des champignons et de la pollution. Le cahier des charges stipule que le résultat de ces travaux doit pouvoir durer au moins 50 ans. Rendez-vous est donné demain au pied du monument restauré.
24 août 1924, la cérémonie patriotique
En ce dimanche d’été, presque au 10e anniversaire du déclenchement du conflit, le conseil municipal a invité les Monsois à découvrir leur monument aux morts. « Une belle fête ! » titre le journal qui relate l’événement. Après la messe prononcée à l’église Saint-Pierre, on se rend en procession jusqu’à l’édifice.
La place du Combattant est décorée de drapeaux tricolores et une estrade a été dressée. Le maire, Gustave Roussier, déjà bien malade, c’est Émile De Goedt, son premier adjoint, qui préside la cérémonie. On a reconstitué une tombe du Poilu veillée par quatre enfants en uniforme : le premier est vêtu en zouave, le second en aviateur, le troisième en fantassin et le quatrième en artilleur. Après une vibrante Marseillaise, Pierre Valdelièvre, poète local, monte à la tribune pour lire sa dernière création. « Dormez, enveloppés dans l’orgueil de la gloire. Et lorsque nos enfants, évoquant la mémoire plus tard demanderont : pourquoi tant exalter tous ces noms ciselés dans le marbre et le cuivre ? Nous dirons : ils sont morts pour que nous puissions vivre. Ils ont versé leur sang pour notre liberté ! »
Avant - Après : La caserne des douanes
Ce regard croisé d'Alain Cadet, paru dans la Voix du Nord du lundi 30 novembre 2020, nous rappelle qu'à l'emplacement où fut érigé le monument aux morts de la ville, s'élevait l'ancienne caserne des douanes. Et non pas une caserne de pompiers comme indiqué dans un malheureux inter-titre ajouté lors de la mise en page.
Les cartes postales du Monument aux morts de Mons-en-Barœul
Collection Jacques Desbarbieux
On connaît très exactement 16 cartes postales de Mons-en-Barœul sur lesquelles figure le Monument aux morts, auxquelles on peut ajouter les 3 cartes représentant le square du Combattant à l'époque où à cet emplacement se situait le bureau des Douanes.
Cette carte postale qui est datée du mois de juillet 1913, nous montre l'emplacement où sera érigé le Monument aux morts 11 ans plus tard. Bien entendu les personnages fixés sur la photographie à proximité du bureau des douanes ne peuvent se douter qu'en ce lieu on édifiera un tel monument ... ni même les ravages meurtriers que le monde connaîtra l'année suivante. Il existe une autre vue du même endroit dont l'une est colorisée.
Cette carte postale, qui a longtemps figuré aux archives municipales, et dont on a perdu la trace, a été édité pour favoriser la souscription de la construction de ce Monument aux morts. Elle représente l'esquisse du projet.
Sur la carte postale ci-dessus comme les suivantes ci-dessous on peut constater que l'extrémité du fusil est un peu plus longue.
Sur la carte postale multi-vues ci-dessus, le fusil est encore à sa taille originelle. A partir de cette époque on ne retrouve que des modèles multi-vues. Malgré la moindre qualité des clichés, il semble bien que c'est à cette période que le fusil du soldat ait du être réparé.
D'autres souvenirs de la cérémonie du 11 novembre 2014
Photos d'Alain Cadet