La libération de Mons-en-Barœul

Histoire de photo, photo d’histoire : la libération de Mons-en-Barœul


Devant le château Decoster, les badauds se sont amassés pour acclamer les FFI. Cette photo a été prise le 2 septembre, ou dans les jours qui ont suivi la libération de la ville. Elle raconte un épisode de cette époque historique. Voici quelques éléments aidant sa lecture.

Un article d'Alain Cadet (clp) publié le 11 septembre 2019  dans la Voix du Nord.

Nous sommes dans la future rue du Général de Gaulle, devant l’une des plus belles propriétés de la commune. En 1944, la maison appartient à Gustave Decoster. C’est un riche négociant en produits chimiques. Sans demander l’autorisation à quiconque, son fils Philippe, s’était emparé de la voiture paternelle, l’avait décorée aux couleurs de la France et fêtait bruyamment le départ des envahisseurs.

Gustave et Charles de Gaulle avaient été dans la même classe, au Collège du Sacré-Cœur des Jésuites français installé au château d’Antoing en Belgique. Mais, comme Gustave avait servi sous les ordres directs du Maréchal Pétain lors de la bataille de Verdun il avait gardé un profond respect pour son ancien chef. Lorsque celui-ci collabora avec l’Allemagne, Gustave choisit le Maréchal tandis que son épouse et ses deux enfants restèrent résolument gaullistes pendant l’Occupation.

Le Général n’en voulut jamais à son ami. À chaque fête, à chaque anniversaire, les deux hommes s’écrivaient des lettres chaleureuses.

Les deux photographies ont assez probablement été prises par Henri Prévost-fils. Son père, qui s’appelait également Henri était le chef du réseau de résistance du bourg et des environs. Henri – le fils – était l’un de ses lieutenants. En ce début de septembre 1944, il dirige un groupe armé qui vient de s’illustrer dans plusieurs épisodes de la libération de la métropole. Henri Prévost avait toutes les facilités pour prendre ces photographies mais, l’appareil dont il disposait en ces premiers jours de la Libération était de piètre qualité.


À l'arrière de la propriété, rue Parmentier, une traction avant décorée avec un drapeau français attire l'attention des passants. Il s'agit probablement de celle de Henri Prévost.

L’année suivante, Henri Prévost était devenu l’heureux propriétaire d’un « Contax » 1944, fabriqué par Zeiss à Dresde, le meilleur appareil photo de l’époque. Il est conservé dans les locaux de l’Association Historique Monsoise. Au début des années 50, Henri Prévost devint correspondant des journaux  Nord-Éclair et La Voix du Nord.