Les rails du tramway refont surface

Ce n'est pas la première fois qu'à l'occasion de travaux de réfection de la chaussée les anciens rails du tramway refont surface sur ce qui était la route de Roubaix, devenue rue Daubresse-Mauviez puis rue du Général de Gaulle.


Un article d'Alain Cadet paru dans l'édition de Villeneuve d'Ascq - Mons-en-Barœul, le jeudi 31 août 2023, évoque la remise à jour d'un souvenir enfoui.

On a retrouvé les rails du tramway Lille-Roubaix



Des travaux de rénovation qui vont durer plus d’un mois. Cliché d'Alain Cadet.

La ligne de tramway Grand-Place à Lille - Grand-Place à Roubaix traversait la commune sur le trajet de l’actuelle   rue du Général-de-Gaulle. À l’occasion de travaux d’aménagement, les rails de l’ancienne ligne sont réapparus. 


Sur le secteur Trocadéro de la rue du Général-de-Gaulle, depuis le 25 août, des travaux paysagers et d’aménagement de la voirie sont en cours. Leur but est de moderniser cette portion de rue et de la rendre plus harmonieuse. On va y ménager des places de stationnement et des aires paysagères où des arbres pourront être plantés.

 

Les rails sont découpés au chalumeau en tronçons d’une quinzaine de mètres, puis évacués pour être refondus.  

 

À cette occasion, la chaussée a été décapée. Cela a permis de redécouvrir les rails du tramway Lille-Roubaix. Ils avaient été posés là en 1880, il y a presque un siècle et demi. Cette découverte – ou redécouverte pour les plus vieux – a suscité un grand intérêt chez les riverains et les amateurs d’histoire locale de la commune.


Lorsque, en 1956, la ligne F du tramway avait été remplacée par un service de bus, on avait choisi la solution la plus simple et la plus économique. On avait tout simplement recouvert la chaussée d’un enrobé, laissant enfouies, à fleur de sol, les voies en acier. L’entreprise qui mène les travaux a effectué, en quelque sorte, un travail d’archéologue. Il faut bien saisir cet instant. C’est un état très provisoire ! Les rails sont découpés au chalumeau en tronçons d’une quinzaine de mètres, puis évacués pour être refondus.

La chaussée va être remblayée et remise à niveau, puis recouverte d’un nouvel enrobé. On va l’entourer de bordures, refaire les trottoirs et ménager des aires paysagères où seront plantés des arbres et des plantes. Le quartier du Trocadéro aura fait sa mue. Mais ce n’est pas pour tout de suite ! On prévoit la fin des travaux à la mi-octobre.

A. C. (CLP)



Clichés pris par Didier Bataille le mardi 29 août 2023



D'anciennes cartes postales témoignent






Cet événement a été l'occasion pour Alain Cadet de rédiger un " Avant-Après " sur ce quartier du Trocadéro, qui est paru dans l'édition de Mons-en-Barœul / Villeneuve d'Ascq de la Voix du Nord du lundi 4 septembre 2023.

Le tramway du Trocadéro 

 

Le quartier du Trocadéro doit son nom à un café qui barrait la route de Roubaix (actuellement rue du Général-de-Gaulle). On le voit très bien, en arrière-plan, sur la photo. La route faisait un coude pour le contourner. Le Trocadéro était une véritable institution pour la petite commune qu’était alors Mons.


En 1880, le Département décide de prolonger la ligne F de tramway à vapeur qui va de Lille à Roubaix. La route de Roubaix devient, de facto, l’itinéraire de ce tramway.


Mais la cohabitation n’est pas simple avec les charrettes hippomobiles et les fiacres, ce qui est parfaitement illustré par cette photo du début du XX e siècle. Il oppose le « lobby » des cochers de fiacres à la Compagnie des tramways du Nord.

 

La locomotive, une invention diabolique

 

Le maire de l’époque, Alexandre Delemar, charron de son état, va particulièrement s’illustrer en freinant des quatre fers contre cette invention diabolique qu’est la locomotive. Selon lui, « ces machines bruyantes avec leur panache de fumée risquent de faire emballer les chevaux provoquant ainsi une série incontrôlable d’accidents hippomobiles. » Mais la Compagnie de tramways va remporter le « bras de fer ». Comme pour narguer le maire, la locomotive traverse désormais la commune de part en part. Pire, en 1903, la ligne sera électrifiée, ce qui va contribuer à son succès. Au début des années 1900, ce quartier du Trocadéro mêle l’habitat traditionnel, les commerces et quelques belles maisons bourgeoises, très récemment construites.

 

Dans les années 60, c’en est fini du Trocadéro

 

En 1956, le tramway F est supprimé. On le remplace par l’autobus. On va faire disparaître rails et pavés avec un minimum de dépenses, en coulant tout simplement une couche d’enrobé sur la chaussée et sa voie ferroviaire.


En août 2023, à l’occasion de travaux de rénovation du secteur, les rails disparus ont réapparu. La rue du Général-de-Gaulle reste dominée par l’habitat ancien. On compte encore quelques commerces : une pharmacie et un tabac/marchand de journaux qui, s’il a changé légèrement de place, est implanté là depuis des lustres. Dans les années 1950-1970, il comptait dans sa clientèle Maurice Dagbert, le plus grand calculateur prodige de tous les temps. Le café du Trocadéro, lui, a été démoli dans les années 1960 pour faire place à une ZUP. La Manivelle, le plus grand immeuble de ce nouveau quartier, construit à sa place, a lui-même été détruit par implosion dans les années 1980. Quant à la Brasserie coopérative de Mons, inaugurée en 1905, elle perdure sous une autre forme. On distingue sa cheminée jaune et contemporaine à l’extrémité de la rue. Elle bat désormais le pavillon Heineken. Le quartier du Trocadéro, entre modernité et tradition, poursuit sa mue.

A. C. (CLP)