Avant - Après ou les rides du temps

Les rides du temps

Vous vous souvenez peut-être de cette réclame pour un savon " Qui est la mère ? Qui est la fille ? ".
Elles sont magnifiques toutes ces publicités qui vous promettent une éternelle jeunesse. Notre rêve d'immortalité y succombe rapidement. 


De tout temps les êtres humains ont cherché une façon de figer les choses et les événements. Les premières représentations en peinture ne datent-elles pas des hommes préhistoriques. N'est-il pas amusant quand on parle d'histoire de devoir évoquer la pré-histoire ? 

Mais y a t-il une après histoire ?

La peinture était forcément très figurative, voire académique, à une époque où c'était le seul moyen de reproduire un événement. L'apparition de la photographie a complètement bouleversé notre vision, si l'on peut dire.

C'est grâce à ces documents que nous continuons de multiplier dans des proportions exponentielles avec l'apparition du numérique, que nous pouvons changer de générations à notre gré.

Des sites, comme celui-ci ou des ouvrages, comme nous en avons publiés plusieurs, sont là pour nous replonger dans nos racines sans oublier que la sève fournira les bourgeons, les fleurs et les fruits du monde à venir.

Des regards croisés

A l'époque où nous avons commencé à éditer des ouvrages sur Mons-en-Barœul, nous avions eu l'idée de montrer le même endroit à quelques décennies d'écart. 

Une page " Mons Avant - Mons Après " se retrouva ainsi régulièrement  dans une publication. 



Devant le succès, le projet d'une diffusion à plus grande échelle avait été envisagé et l'éditeur Allan Sutton après s'être montré plus que très réticent avait fini par créer sa propre filière avec les livres " Regards Croisés ". 

Le même principe est maintenant utilisé avec bonheur par Alain Cadet dans le quotidien La Voix du Nord sous le titre " Avant Après ". Bonne découverte.
































Le quartier de l’ancienne mairie 

 

Avant guerre, depuis le milieu des années 1920, la rue s’appelait rue Daubresse-Mauviez. Et avant ça, c’était la route de Roubaix, car c’était le chemin pour aller de Lille à Roubaix.


Les tramways qui assuraient la liaison entre Lille et Roubaix partageaient la chaussée avec les autres usagers. On trouve quelques maisons particulières comme les deux figurant à droite de l’image. Mais, pour le reste, la rue est surtout bordée de commerces.

Le premier est un tailleur : les établissements Pottier. Puis, avec son fronton, c’est le café de la Mairie. Quelques années plus tard, pendant la guerre, ce café sera un refuge pour les militaires en cavale et un lieu de résistance à l’occupant, grâce à sa propriétaire, Jeanne Parmentier, à qui la municipalité vient de dédier une rue.


Ensuite, vient la mairie avec sa pendule monumentale et enfin de nombreux commerces. On trouvait de tout à cette époque : des cafés, des boulangers, des bouchers, des épiciers, des librairies, des modistes, un électricien. Il s’agissait du centre et de la rue commerçante de la ville.


Aujourd’hui, la rue a changé de nom. Depuis la Libération, elle est devenue la rue du Général-de-Gaulle.


Le tailleur a été remplacé par une boulangerie, il y a plus d’un demi-siècle. Malgré le prix exponentiel de l’électricité, indexé sur le gaz – qui est de plus en plus cher – elle tient le coup, pour l’instant. Mais, elle est la seule, désormais, de toute la rue.


Les vieux commerces ont été remplacés


Le café de la Mairie sert des repas le midi, comme au bon vieux temps. La mairie a été déplacée dans un autre quartier et le local est devenu un lieu de réunion et d’animation pour les différentes associations du coin. Sa pendule n’est plus là, mais devrait revenir un de ces jours.


Les vieux commerces d’antan ont quasiment tous disparu. Il reste une pharmacie, un café, un kebab, une pizzeria…


La rue, devenue un temps le quartier des banques, est en mutation.


Des agences ont mis la clé sous la porte, elles ont été remplacées par un office notarial, et, un temps, une épicerie bio.


Et l’autobus a remplacé le tramway. Il ne va plus ni à Roubaix, ni à Lille, seulement à Villeneuve-d’Ascq.

A. C. (CLP)



Les rues Louis-Braille et Gutenberg, à la frontière de Lille 

   


L’histoire débute dans les années 1840 lorsque M. Delebart épouse une demoiselle Mallet.

L’entreprise Delebart-Mallet va naître de cette union. Elle va écrire une belle page de l’aventure des filatures industrielles du Nord. Ses usines vont compter jusqu’à 200 000 broches.

En 1914, elle implante une nouvelle filature à l’angle des rues Louis-Braille et Gutenberg. C’était vraiment une drôle d’idée car, à cette époque, l’occupant allemand démantèle systématiquement les industries du Nord.

Après guerre, l’activité repart de plus belle. Les estaminets des portes de la filature aussi, « Le Chalet, La Paix », tenu par la famille Lefebvre et « Le Gutenberg », avec la famille Decooman derrière le comptoir. En sortant des ateliers, on ne peut pas les rater. Ils sont à l’image du bâtiment industriel voisin, florissants.

Mais, dans les années 1950, les filatures Delebart-Mallet périclitent. L’usine de Mons ferme ses portes en 1961. Elle sera en partie occupée par les usines Peugeot, qui quitte ce site à son tour.

Une partie du site devient le siège du Secrétariat général pour l’administration de la police (SGAP), section de Lille, tandis que la partie visible sur la photo est reconvertie en zone de logistique pour plusieurs entreprises.

L’un des deux estaminets des années 1920 est toujours un café-brasserie. Il y a quelques années, on roulait très vite à cet endroit. Mais, depuis, des ralentisseurs ont été posés et la rue est désormais en zone 30.

A. C. ( CLP)




Le tramway du Trocadéro 

 

Le quartier du Trocadéro doit son nom à un café qui barrait la route de Roubaix (actuellement rue du Général-de-Gaulle). On le voit très bien, en arrière-plan, sur la photo. La route faisait un coude pour le contourner. Le Trocadéro était une véritable institution pour la petite commune qu’était alors Mons.

En 1880, le Département décide de prolonger la ligne F de tramway à vapeur qui va de Lille à Roubaix. La route de Roubaix devient, de facto, l’itinéraire de ce tramway.

Mais la cohabitation n’est pas simple avec les charrettes hippomobiles et les fiacres, ce qui est parfaitement illustré par cette photo du début du XX e siècle. Il oppose le « lobby » des cochers de fiacres à la Compagnie des tramways du Nord.

 

La locomotive, une invention diabolique

 

Le maire de l’époque, Alexandre Delemar, charron de son état, va particulièrement s’illustrer en freinant des quatre fers contre cette invention diabolique qu’est la locomotive. Selon lui, « ces machines bruyantes avec leur panache de fumée risquent de faire emballer les chevaux provoquant ainsi une série incontrôlable d’accidents hippomobiles. » Mais la Compagnie de tramways va remporter le « bras de fer ». Comme pour narguer le maire, la locomotive traverse désormais la commune de part en part. Pire, en 1903, la ligne sera électrifiée, ce qui va contribuer à son succès. Au début des années 1900, ce quartier du Trocadéro mêle l’habitat traditionnel, les commerces et quelques belles maisons bourgeoises, très récemment construites.

 

Dans les années 60, c’en est fini du Trocadéro

 

En 1956, le tramway F est supprimé. On le remplace par l’autobus. On va faire disparaître rails et pavés avec un minimum de dépenses, en coulant tout simplement une couche d’enrobé sur la chaussée et sa voie ferroviaire.

En août 2023, à l’occasion de travaux de rénovation du secteur, les rails disparus ont réapparu. La rue du Général-de-Gaulle reste dominée par l’habitat ancien. On compte encore quelques commerces : une pharmacie et un tabac/marchand de journaux qui, s’il a changé légèrement de place, est implanté là depuis des lustres. Dans les années 1950-1970, il comptait dans sa clientèle Maurice Dagbert, le plus grand calculateur prodige de tous les temps. Le café du Trocadéro, lui, a été démoli dans les années 1960 pour faire place à une ZUP. La Manivelle, le plus grand immeuble de ce nouveau quartier, construit à sa place, a lui-même été détruit par implosion dans les années 1980. Quant à la Brasserie coopérative de Mons, inaugurée en 1905, elle perdure sous une autre forme. On distingue sa cheminée jaune et contemporaine à l’extrémité de la rue. Elle bat désormais le pavillon Heineken. Le quartier du Trocadéro, entre modernité et tradition, poursuit sa mue.

A. C. (CLP)