Dans une revue datée de 1923 un article évoque le maître autel de l'église Saint Pierre de Mons-en-Barœul.
M. le chanoine Virleux vient d'appeler l'attention de la commission historique du Nord sur un beau maître-autel, en marbre, de la Renaissance flamande, placé dans le chœur de l'église de Mons-en-Barœul, près Lille, dont il a demandé le classement parmi les monuments historiques.
La commission, après avoir entendu M. le chanoine Virleux, a décidé, à l'unanimité, de faire sienne sa proposition.
L'autel de Mons-en-Barœul avait déjà été signalé et décrit par Mgr Dehaisne dans une brochure intitulée : Les objets mobiliers conservés dans l'arrondissement de Lille.
Le savant prélat s'exprimait ainsi : « Le centre de l'autel de Mons-en-Barœul est occupé par un médaillon en marbre blanc d'un très remarquable travail, qui représente les Hébreux recueillant la manne. La noble attitude de Moïse, l'empressement des femmes, la joie naïve des enfants sont très bien exprimés. Au-dessus, des épis, des raisins, des poissons et d'autres symboles avec deux anges sur les côtés. » Ces sculptures proviennent du château de Dourne, près d'Anvers. L'ancien propriétaire du château, M. Declercq-Cumont en a fait don à l'église de Mons-en-Barœul. Elles accusent le XVIIème siècle.
C'est cette appréciation, citée par M. le chanoine Virleux, qui a servi de point de départ aux recherches qu'il a entreprises sur l'autel de Mons-en-Barœul, tant en ce qui en concerne l'origine, que l'auteur possible.
Il était surtout intéressant de savoir si on ne se trouvait pas en présence d'une œuvre du maître anversois du XVIIème siècle, Artus Quellin, ou de quelqu'un de ses élèves.
Pour ce qui est de l'origine, M. Virleux a pu apporter une rectification à ce qui semblait acquis. Il apparait, à n'en pas douter, que l'autel provient non pas Dourne, mais de Deurne, village autrefois situé aux portes d'Anvers et aujourd'hui englobé dans les faubourgs. La propriété dans laquelle se trouvait l'autel, était un petit château ou plutôt une maison de campagne, située au centre d’un domaine d’environ 6 hectares. Ce domaine dont on connaît les propriétaires depuis 1577, fut cédé, en 1847, à M. Guillaume Declercq, celui-là même qui offrit à Mons-en-Barœul le bel autel dont cette commune a lieu d'être fière.
Poursuivant ses recherches quant à la
Son très distingué correspondant lui répondit :
« L'autel de Mons-en-Barœul est en vérité remarquable. Je suis de votre avis, j'y vois incontestablement une œuvre de l'école anversoise. Toutefois, je ne crois pas pouvoir l'attribuer aux Quellin. Leur technique était plus puissante. Mais on retrouve leur influence par exemple dans les fruits qui complètent l'ornementation du médaillon. »
« Quant à celui-ci, je suis tenté de l'attribuer à un de leurs élèves. Ils ont produit toute une série de sculptures de grand talent : les Van Baurcheir, de Cuck, Kerriex, et d’autres encore ».
« Le médaillon de Mons-en-Barœul a une parenté évidente avec les médaillons du même genre qui entourent la Vierge du Rosaire à l'église Saint-Paul d'Anvers (ancienne église des Dominicains). Ceux-ci ont été exécutés par Guillaume Kerriex et j'estime que cet artiste pourrait bien être l'auteur des sculptures qui vous intéressent ».
C'est sur ces données que la commission historique s'est basée pour solliciter le classement de l'autel si remarquable de Mons-en-Barœul.
Œuvre flamande probablement de la fin du XVIIème siècle, elle n'a pas la robustesse des sculptures du début de la renaissance flamande, mais elle a plus de distinction, elle révèle un gout plus raffiné et plus intime. Elle est riche d’abord, mais non d’une richesse qui s’étale en lourde machine. Son décor somptueux a de la discrétion ; il est agréable et séduisant, l'agencement des marbres ajoute à sa coquetterie et l'ensemble a pour ainsi dire quelque chose de précieux et d'un peu féminin.
Quant au médaillon, d'un relief à peine sensible, c'est un morceau délicieux et exquis, d'un art subtil, d'une exécution parfaite et indiquant au point de vue technique une maitrise qui relève presque de l'orfèvrerie.
En somme, cet autel est une page de sculpture dont il importait d'assurer la conservation et qu'il était bon de faire connaître au public.
Il n'y en a guère dans le Nord, de cette époque, qui ait le même caractère et la même valeur.