Un article d'Alain Cadet paru dans la Voix du Nord du mardi 1er août 2017
Quand le village devient une ville grâce au tramway…
Au tout début du XX e siècle, Mons-en-Barœul, avec 4 000
habitants, est un bourg rural. Il est pourtant bien desservi par un tramway
inauguré en 1876, malgré quelques réticences vis-à-vis de ce moyen de transport. Cet équipement va largement
contribuer au développement urbain de la commune.
À la fin des années 1850 apparaît à Lille le premier projet
de réseau de tramway urbain. Il doit faire face à la fronde du lobby des
cochers de fiacre. Ils ont l’oreille de beaucoup d’élus municipaux, à Lille
comme dans sa banlieue. Ce n’est qu’en 1874 que la Compagnie des tramways du
Nord parvient à mettre en place sa première ligne à traction hippomobile. Elle
se montre cependant ambitieuse et prévoit de créer, à terme, plus de 30 km de
voies.
En 1876, la ligne F, qui est historiquement la 14e du
réseau, est mise en service. Elle relie la Grand-Place à la station du Pont du
Lion-d’Or (à la frontière entre Lille Saint-Maurice et Mons-en-Barœul.) Dans la
foulée, on choisit cette ligne pour effectuer les premiers essais de traction à
vapeur. Il s’agit d’un dispositif original de locomotives sans foyer (machines
Francq). Elles viennent se régénérer en vapeur dans cette station du Lion-d’Or
qui prend les aspects d’une véritable gare de triage.
La ligne F va perdurer 80 ans
Mais les opposants sont nombreux. Ils craignent que ces
machines bruyantes avec leur panache de fumée ne fassent emballer les chevaux
provoquant ainsi une série incontrôlable d’accidents hippomobiles. Dans ce
combat contre la vapeur, le maire monsois de l’époque, Alexandre Delemar, va
particulièrement s’illustrer. Mais la Compagnie des tramways du Nord gagnera le
bras de fer qui l’oppose aux élus. Dans les années 1880, le tramway va pouvoir
adopter la traction vapeur. Quelques années plus tard, elle passera à une
nouvelle étape en choisissant la traction électrique.
La Ligne F sera alors prolongée, via l’actuelle rue du
Général-de-Gaulle, jusqu’à Roubaix et un embranchement qui s’arrête au-delà de
la grande Brasserie coopérative, au niveau du Moulin Delmar (entre
Mons-en-Barœul et Villeneuve-d’Ascq). Il ne fait pas de doute que ce moyen de
transport populaire a contribué au développement de la ville dont la
population, avant la Seconde Guerre mondiale, avec 9 000 habitants, avait plus
que doublé par rapport aux statistiques du début du siècle. La ligne F va
perdurer 80 ans.
Le 1er janvier 1956, elle sera supprimée pour être
remplacée par les lignes H et I barrées. Le 17 janvier 1965 on enterre ce
tramway quasi centenaire. Il sera remplacé par des autobus, dont les
successeurs sillonnent toujours les rues de la ville. Mais, dans les années
1980, un nouveau système de transport sur rails sera construit en souterrain.
Il s’agit du métro VAL qui empreinte l’ancien trajet de la rue du faubourg de
Roubaix, à Lille, mais qui, arrivé à Mons, prend une voie parallèle à la rue du
Général-de-Gaulle, sous l’actuelle avenue Maurice-Schumann. A. C. ( CLP)
Le car F
Deux lignes du réseau de tramway de Lille et de sa banlieue
(TELB) permettaient de joindre Lille à Roubaix et à Tourcoing : La ligne F (les
usagers l’appelaient le car F !) atteignait Roubaix par Mons-en-Barœul et
Croix. Le J quittait Lille par la porte de Gand et gagnait Tourcoing par La
Madeleine, Marcq et Mouvaux. A partir de 1908, la ligne 2 de l’Electrique Lille
Roubaix Tourcoing (ELRT), plus moderne, permettait d’aller jusqu’à Leers. Son
promoteur n’était autre qu’un certain Alfred Mongy, qui avait imaginé un réseau
de tramways vicinaux à voie métrique reliant Lille aux villes de la région.
Ingénieur visionnaire et influent, il est considéré comme le promoteur du grand
et large boulevard qui allait relier les 3 villes et du tramway moderne qui
porte toujours son nom.
Hippomobile, puis à vapeur avant d'être électrique
Avant d'être électrique, les tramways furent hippomobiles puis à vapeur.
Ci-dessous, cette machine à vapeur de type Francq,
photographiée sur la grand place de Lille, tire deux wagons
Ci-dessous, cette machine à vapeur de type Francq,
photographiée sur la grand place de Lille, tire deux wagons
Voir le site consacré à Alfred Mongy
La motrice n° 856 sur la ligne I barré
reliant la Mairie de Mons à la Place de Lomme
passe rue Esquermoise à Lille
La motrice n° 874 sur la ligne I barré assurant le même trajet
comme l'indique la plaque à l'avant, passe au carrefour Labisse
Un article d'Alain Cadet paru dans la Voix du Nord le mardi 26 janvier 2021