Du village à la ville



Introduction 


A la recherche du temps passé 


    Rechercher son passé, retrouver son histoire, c'est ancrer ses racines dans une terre où l’on vit, même si celle-ci est largement recouverte de briques ou de béton : les citadins semi-nomades que nous sommes ont besoin de connaître l'histoire du lieu où ils habitent, actualité récente pour les nécessités immédiates ou histoire plus ancienne pour les questions qui se posent un jour ou l'autre. Pourquoi les vieux Monsois parlent-ils toujours du "Village" ? Qu'est-ce que le pavillon Bel Air et pourquoi cette appellation ? etc. 


    C’est de ce genre d'interrogations qu'est né cet ouvrage. L'idée est venue d'abord d'une collection de cartes postales que nous voulions simplement présenter avec leurs légendes. Puis, très vite, est apparue l'envie de situer ces témoignages du passé dans leur contexte, d'autant que nous disposions des notes de Charles Lainé. Celui-ci avait accompli un travail considérable de recherche, essentiellement aux Archives départementales du Nord, sur l'histoire de Mons-en-Barœul. A part la plaquette Mons-en-Barœul pendant la Révolution, déposée à la Bibliothèque municipale, il n'a pas eu le temps de réaliser un livre qui aurait été signé de sa main. Mais peu avant sa mort, il nous a confié ses notes. Mons-en-Barœul, du village à la ville, doit beaucoup à ce don parfaitement désintéressé. Nous en sommes infiniment reconnaissants et nous avons voulu être fidèles à la mémoire de cet ami très cher. 


    Cependant, au fur et à mesure de la rédaction, nous avons constaté, malgré la précision extrême du travail de Charles Lainé, qu'il restait beaucoup à faire, notamment en ce qui concerne les ressources offertes par les Archives municipales qu'il n'avait pas, ou peu, eu le loisir d'explorer. Le dilemme se posait donc en ces termes : fallait-il poursuivre les investigations sur l'histoire de Mons et attendre plusieurs années pour en publier les résultats ou donner à lire de suite ce que nous savions ? Notre choix s'est porté sur la seconde solution, sachant que ce livre serait à compléter dans l'avenir. 


    Les sources dont nous disposions ont en quelque sorte imposé le plan de l'ouvrage. La première partie s'efforce de relater les évènements qui se sont passés sur le territoire monsois depuis les origines. Les documents sont peu nombreux sur les époques reculées, et pour mieux situer la vie de nos ancêtres nous avons parfois eu recours à des ouvrages plus généraux d'histoire régionale. La deuxième partie est thématique, voire anecdotique. Elle traite de sujets se rapportant à la période de 1800 à 1950. L'histoire récente serait... une autre histoire et, à quelques exceptions près, incontournables comme la construction de la ZUP, nous nous sommes arrêtés à l'immédiat après-guerre. Quant aux illustrations, nous avons utilisé surtout des cartes postales, et quelques autres documents d'origines diverses. 


    Sous certains aspects, Mons-en-Barœul, du village ci la ville est un point de départ, et nous souhaitons vivement que la parution de cet ouvrage éveille chez d'autres Monsois le désir d'approfondir l'histoire de leur ville. 


Première partie


Au cours des siècles



Présence gauloise à Mons-en-Barœul


Près du fort Macdonald à Mons-en-Barœul, un sondage archéologique a été réalisé en 1978, à l'emplacement d'une anomalie repérée par photographie aérienne. Les traces d'humidité visibles dans les champs formaient un ensemble d'enclos que l'on pouvait dater de l'époque gauloise. Un petit sondage a permis de préciser la chronologie du site, toutefois son emprise limitée ne permet pas d'obtenir d'informations complémentaires sur sa vocation.


Une grande fosse d'extraction de limon a été mise au jour. Utilisée comme dépotoir, elle a livré un ensemble hétérogène de mobilier céramique daté de l'époque gauloise et du début de l'époque romaine. Deux tronçons de fossé ont été découverts. Le mobilier recueilli est essentiellement composé de céramiques modelées de tradition gauloise, ainsi que de quelques éléments à caractère romanisant, telles que les céramiques communes grises (D'après le rapport de fouilles de H. Halbaut et G. Honorez, conservé au service régional de l'Archéologie, Ferme Saint-Sauveur, Villeneuve-d'Ascq).



A gauche : Fragment de pot gaulois à fond plat. Ce type de pot se rencontre dans la région Nord - Pas-de-Calais, du premier siècle avant J.-C. au début du premier siècle après J.-C. A droite : Morceau de vase à embouchure en bandeau concave. Réalisée au tour et dans une pâte noire, cette urne est attribuée à l'époque romaine (premier siècle après J.-C.).


Des origines au XVIIe siècle


    On sait peu de choses sur le lointain passé de Mons-en-Barœul qui fut longtemps un petit village. Au nord-est de Lille, à un quart d’heure de marche, Mons-en-Barœul jouit d’une particularité étonnante pour la région. Sa hauteur, très relative puisqu'elle culmine à quarante-sept mètres, est cependant notable dans ce "plat pays". Située sur la crête du Barœul, la commune tire son nom de cette altitude car "Mons" signifie montagne en latin. Le mot "Barœul" semble trouver son origine dans le terme "barr" qui veut dire "tête, sommet" aussi bien en irlandais qu'en gallois et en breton, et le gaulois "barro", ancêtre probable des Bar de France, désigne "une hauteur ou une localité sur une hauteur ou près d'elle" (Ernest Nègre, Les Noms de lieux en France). Même si le mont n'est en réalité qu'une butte, sa position dominante par rapport à l'environnement et sa proximité de Lille lui ont valu quelques déboires, liés notamment à l'intérêt des guerriers pour cette situation intéressante sur un plan stratégique.


Antiquité et période romaine


    Une note parue en 1874 dans le bulletin de la Commission historique du Nord, nous apprend qu'on a dégagé, dans la tranchée du chemin de fer de Lille à Dunkerque, des vestiges de foyers ronds avec des restes de poteries et d'objets de fer, que l'auteur du rapport, Debusshère, attribue à la période gauloise.


    Lors de fouilles archéologiques effectuées en 1978 sur le terrain de la plaine de jeux, près du Fort de Mons, on a repéré un fond de cabane de l'âge de fer (Ve siècle-Ier siècle avant Jésus-Christ). Cette habitation, de forme ovale, mesurait vingt mètres de long sur douze mètres de large. Elle est le témoin de la présence des Gaulois sur le territoire de Mons. Toujours sur le glacis du Fort, à cinquante mètres environ, les archéologues ont mis au jour une fosse gallo-romaine, sans doute exploitée pour son argile. On y a découvert une monnaie de l'empereur Hadrien qui régna de 117 à 137 après Jésus-Christ.


    D'autres traces gallo-romaines, un peu plus récentes, ont été décelées par des bénévoles lors de la construction des bâtiments de "La Mondiale" au carrefour des rues Emile Zola et Jean-Jacques Rousseau. Cette histoire, relatée par Jean-Yves Méreau dans La Voix du Nord du 12 février 1979, vaut d'être contée. En rentrant de son travail, en 1973, le jeune Patrick Gillon, passionné d'archéologie et monsois depuis peu, remarque, dans les tranchées du chantier, une zone noirâtre susceptible d'être l'indice d'habitations très anciennes. En trois jours, aidé de l'abbé Tieghem et de quelques camarades âgés d'une douzaine d'années, il relève des vestiges d'occupation gallo-romaine et prend des photographies. Une exploration rapide des lieux permet la découverte de deux foyers avec des restes de poteries, ainsi que d'un réseau de fossés. Il ressort du rapport de Patrick Gillon, publié quelques années plus tard, qu'on a sans doute exhumé là les vestiges d'un village de paysans datant du Ier siècle de l'ère chrétienne.


    En outre, Victor Becquart, dans son livre sur Les Communes de l'arrondissement de Lille, publié en 1879 chez Léonard Danel, signale qu'on a trouvé à Mons-en-Barœul une médaille en or de Valentinien III, mort en 455, c'est-à-dire peu avant la fin de l'empire romain d'Occident (476).


Seigneuries et appartenances diverses au Moyen Age


    Sous les Carolingiens, aux VIIIe, IXe et Xe siècles, le Barœul - avec la "Silva" ou forêt du Barœul - est une terre du "fisc" impérial d'Annappes, vaste exploitation agricole appartenant à Charlemagne. Cette terre s'étend sur le territoire des actuels quartiers ou communes de Mons, Fives, Fiers, Marcq et Wasquehal. Les "fisci" - pluriel latin de fisc - étaient des circonscriptions administratives regroupant les "villæ", sortes de domaines ruraux sous l'autorité d'un maire ou "major" (plus grand en latin). Comme les souverains carolingiens adoraient la chasse, il serait bien étonnant qu'ils ne se soient pas adonnés à leur loisir favori dans la forêt du Barœul. Celle-ci fait ensuite partie du domaine du comte de Flandre, leur héritier. Elle est sans doute défrichée lors de la révolution agricole de la fin du XIe siècle.


    A cette époque, la terre de Mons-en-Barœul est en partie terre d'Empire. Il en est de même du hameau de Ghesles sur le territoire de Marcq-en-Barœul. La châtellenie de Lille apparaît alors comme “une nébuleuse, une éponge trouée d’enclaves” (Histoire d'une Métropole). Dans ce monde féodal, les fidélités personnelles des seigneurs déterminent souvent les appartenances et il n’existe pas encore, chez nous, de frontières linéaires telles que nous les connaissons depuis le XVIIIe siècle. A l’intérieur des enclaves, impôts et taxes sont différents de ceux qui sont appliqués tout autour. Sur le plan fiscal, elles relèvent donc du Saint Empire Romain Germanique et non du royaume de France, quand bien même la région environnante, avec Lille, lui est annexée. Cette situation va perdurer jusqu'au traité des limites qui, signé en 1769 entre la France et les Pays-Bas, supprimera ces singularités après de longues discussions.


    Les deux fiefs de Mons, soumis à la châtellenie de Lille, ont appartenu par ailleurs à la seigneurie d'Estevelle à Pont-à-Vendin. Dans le bulle­ tin de la Commission historique du Nord, en 1898, Théodore Leuridan, archiviste de la ville de Roubaix, indique qu'au Moyen Age la Charité des pauvres de la paroisse Saint-Etienne à Lille possède un terrage, c'est-à-dire le droit de prélever certains produits agricoles, sur le territoire de Mons. On sait qu'alors un chemin de terre va de Mons à Lille par le faubourg des Reignaux. Un certain Gautier de Mons est cité dans les titres de l'abbaye de Loos en 1149 et 1186. On peut supposer que ce personnage fut, par un don ou par un legs, un bienfaiteur de cette abbaye.


    Parmi la dizaine de chevaliers partis de l'actuel Nord de la France pour la quatrième Croisade figure Hugues de Mons. Celle-ci aboutit à la prise de Constantinople en 1204 et à la fondation d'un Empire latin avec Baudouin IX, comte de Flandre, à sa tête. Paul Deschamps, historien des Croisades, identifie sans hésitation ce Mons comme s'agissant de Mons-en-Barœul. En 1205, Hugues participe avec une centaine de compagnons d'armes à la conquête de la Morée, la péninsule appelée aujourd'hui Péloponnèse, et on le retrouve établi là- bas avec le titre de baron de Veligosti. L'empire de Baudouin tombe en 1261 mais la présence franco-flamande en Grèce se prolonge jusqu'au début du XIVe siècle.


    Au début du XIIIe siècle, la terre du Barœul, appelé alors "Baruel", appartient au comte de Flandre. Celui-ci l'a donnée en fief au châtelain de Lille. Ce dernier, qui porte alors le nom de Jean, consent à en vendre une partie à Marguerite de Dampierre en 1243, et celle-ci en fait don, avec son accord, à l'abbaye de Flines. Ce changement de propriétaire concerne une partie de la paroisse de Marcq-en-Barœul, autour de la Pilaterie, ainsi qu'un fragment de Wasquehal, mais il n'est pas sûr qu'un morceau de la future commune de Mons-en-Barœul y soit englobé.


    Tout n'était pas que bienfaisance sur notre terre monsoise : Victor Becquart mentionne les pillages liés aux guerres de l’époque et bien sûr la misère qui s'ensuivait dans nos campagnes (Les communes de l’arrondissement de Lille). Il évoque notamment la fameuse "Journée des Eperons", au cours de laquelle, en 1302, près de Courtrai, la noblesse française, derrière Philippe le Bel, est défaite par les milices flamandes révoltées, "et bientôt à Mons-en-Barœul et aux environs de Lille, on ressentit la colère du monarque qui avait déclaré la Flandre réunie à la couronne". Philippe le Bel prend d'ailleurs sa revanche par la victoire de Mons-en-Pévèle en 1304. Le comté de Flandre où se situe Mons-en-Barœul devient français jusqu'en 1384, date à laquelle la Flandre tombe dans l'escarcelle du duc de Bourgogne par suite de son mariage avec Marguerite de Flandre.



Détail de la carte de la châtellenie de Lille en 1687. Mons-en-Barœul, en haut, figure en "terre d'Empire" (Ph. Musée de Lille, cliché Gérondal - Musée de Vincennes).

 

    Plus tard, entre 1461 et 1483, Louis XI veut, lui aussi, s'emparer de la Flandre, placée sous la souveraineté de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, jusqu'à la mort de ce dernier en 1477. Victor Becquart précise que deux troupes de Français, dont une établie sur les hauteurs de Mons, assiègent Lille. La Flandre échappe à Louis XI mais les villageois de Mons doivent pâtir encore de la guerre et de son cortège de privations. Selon un recensement de 1553, Mons-en-Barœul compte alors quatre-vingts familles, soit environ trois cents habitants, dont dix familles pauvres. Le village est essentiellement agricole, bien entendu, avec cinquante-cinq censiers, six chevaux, cent soixante-dix-huit vaches, cinquante-deux veaux, trente-deux porcs et soixante-dix moutons.


    Les seigneurs se succèdent. En 1558, la seigneurie de Mons, précédemment occupée par Pierre du Pont, est acquise par Guillaume Déliot, seigneur de l'Anglée et du Vert-Bois, riche marchand lillois. Sa fille Marie épouse Jean Dragon et elle a un fils, lui aussi appelé Jean Dragon, anobli en 1640 par Philippe IV, roi d'Espagne. En effet, à cette époque, Lille et ses environs font partie des Pays-Bas catholiques, alors espagnols. Le comté de Flandre, par mariage de Marie de Bourgogne avec l'empereur Maximilien d'Autriche, était entré dans le vaste empire des Habsbourg en 1477.


    Vers 1566, les guerres - dites de Religion cette fois - font à nouveau leurs ravages. Ceux qu'on appelle les Gueux, insurgés en majorité calvinistes contre la domination des catholiques espagnols, sont surtout connus pour leurs exactions à Marcq ou à Lezennes mais ils n'ont pas manqué, selon Victor Becquart, d'incendier la campagne monsoise en se dirigeant vers Fiers ou Hellemmes.


    Un siècle plus tard, c'est le siège de Lille par Louis XIV. L'armée de Turenne se déploie autour de la ville et occupe les hauteurs de Mons en 1667. Le village doit, une fois de plus, faire face aux réquisitions et participer aux ouvrages du siège. Cette peine n'est pas perdue pour les Français puisque Lille est conquise par les troupes de Louis XIV.


    Bientôt les hostilités recommencent. Les alliés espagnols, autrichiens et anglais se liguent contre le Roi-Soleil et assiègent à nouveau Lille. A cette occasion, le général Malborough, rendu célèbre par une chanson, établit son arsenal d'artillerie sur la butte de Mons, ruinant le village pour quelques années. La victoire des alliés établit la domination hollandaise à Lille et alentours, de 1708 à 1713, année où notre région devient définitivement française à l’exception des enclaves restant terres d’Empire comme c’est le cas pour une partie de Mons-en-Barœul.



Charles le Téméraire, duc de Bourgogne de 1467 à 1477 (Bibliothèque municipale de Lille).


Une époque troublée


    Bien qu'on n'ait pas de trace spécifiquement monsoise de la vie de nos ancêtres de la fin du Moyen Age à la fin du XVIIe siècle, on sait que, malgré quelques périodes de répit, les temps étaient bien durs pour les paysans de notre région. Les calamités naturelles se succédaient : pestes et épidémies, famines, hivers parfois extrêmement rigoureux. Au cours de l'hiver de 1480-1481, rapporte un chroniqueur de l'époque, "les bébés mouraient dans leur berceau et les cavaliers sur leur cheval". On craignait aussi beaucoup les incendies car seules les grandes "censes" (fermes) étaient en dur ; les autres constructions villageoises étaient presque toujours bâties en bois, torchis et chaume.


    A ces catastrophes civiles s'ajoutent surtout les ravages des guerres, fréquentes en cette zone frontalière. Les malheurs qui en découlent sont alors indirects mais terribles. Ils sont indirects car la population rurale fournit peu de soldats. Parfois des "adolescents meurtriers échappent au supplice en s'engageant dans l'armée, notamment les troupes dites wallonnes, réputées dans toute l'Europe..." écrit Robert Muchembled (Nos ancêtres les paysans. Aspects du monde rural dans le Nord-Pas-de-Calais des origines à nos jours, CRDP, Lille, 1983). 



En 1667, le prieuré de Fives où les Monsois se rendaient pour les offices religieux, détail d'une gravure de Van der Meulen (Ph. Géfondai, Lomme).


    Les armées de l’époque sont essentiellement composées de mercenaires d’origines diverses et de criminels en fuite, méprisant les rustres des campagnes qui le leur rendent bien, tout en les craignant. La conscription, au sens moderne du terme, ne concerne pas nos villageois.



Cette peinture d'un moine de l'abbaye de Cysoing en 1639 évoque la pauvreté (Bibliothèque municipale de Lille).


    Mais les conséquences des conflits répétés sont cruelles : récoltes ravagées, pillées ou brûlées, femmes violées, meurtres commis par les soudards, malgré la sévérité des édits royaux contre ce genre d’exactions. La guerre, souvent au premier plan de 1400 à 1713, marque pour long­ temps la mentalité des paysans de notre région.


    Contre ce sentiment quasi permanent d’insécurité, les villageois réagissent d’abord par la xénophobie. Pour se protéger de l’inconnu, toujours menaçant, qui commence au-delà de la paroisse - zone de dix à vingt kilo­ mètres de rayon -, la communauté villageoise se ferme aux étrangers, c'est- à-dire à tous ceux qui ne sont pas de cette paroisse. Même si des relations économiques, des échanges matrimoniaux, voire des affrontements entre jeunes existent avec les villages voisins, la méfiance et l'agressivité parais­ sent s'imposer envers les gens qui ne sont pas du "pays".



Sceau de Jean-François Dragon, seigneur de Mons-en-Barœul de 1700 à 1727. Son blason, d'or à la bande de sable - c'est-à-dire noire -, est devenu celui de la commune (Arch. municipales).


    Une simple farce peut se terminer tragiquement, tel ce repas de noce du 16 septembre 1642 à Halluin. Un invité avait introduit deux grenouilles dans un plat, "lesquelles, à l'ouverture d'iceux plats, ont sauté sur la table... ce qui auroit causé un tumulte tel que le tout auroit esté culbuté... que les viandes estoient partie gastées et contaminées..." Loin de s'excuser, l'auteur de la farce traite son hôte de "bougre", qui voulait dire sodo­ mite en ce temps-là. L'hôte ayant répliqué sur le même ton, le farceur qui avait dû oublier tout humour, sort son "coustel". L'hôte prend aussi le sien pour se défendre et en donne un coup au perturbateur dont le chroniqueur dit qu' "environ 14 jours après il seroit allé de vie à trespas".


    Selon Robert Muchembled, la violence et l'agressivité semblent avoir été des réactions à l'angoisse trop présente dans ce monde "éminemment dangereux [où] chaque village est un peu une citadelle assiégée".


    La violence règne partout dans le monde rural. On estime qu'il y eut au cours du deuxième tiers du XVe siècle, dans la châtellenie de Lille, "soixante crimes de sang en moyenne par village, soit un crime par an et par lieu". Parmi des motifs divers - défense de la vie, de la famille, des biens -, c'est l'honneur et le désir de vengeance qui sont cause des homicides dans 50 % des cas. La violence verbale, très répandue avec des insultes comme "bougre" ou "faire sa mère" - comme aujourd'hui on dit "NTM" - est le début d'un processus infernal : injures, mêlées, blessures et meurtres.


    Certes de nombreux documents attestent que les villageois savaient aussi s'amuser, mais les jeux, notamment ceux des tavernes ou autres lieux publics, tournaient mal parfois. Tel fut le cas pour plusieurs jeunes seigneurs d'Artois "qui périrent après une partie de paume contre des paysans, pour n'avoir pas supporté de perdre", relate Robert Muchembled. Cette violence est étroitement liée aux rapports sociaux très inégalitaires. La peur de l'étranger engendre l'agressivité et le repli sur la communauté, donc un certain immobilisme.


    Le retour d'une paix plus durable au XVIIF siècle favorisera cependant l'évolution du monde paysan. Les Monsois, bien calés sur leur butte, profiteront comme toute la région lilloise des progrès techniques des campagnes flamandes au siècle des "Lumières".



Carte des environs de Lille, faite par un ingénieur du Roi en 1726-1727. Mons-en-Barœul y est mentionné deux fois, ainsi que la cense de la Pilaterie et le Moulin del Mare.


La vie quotidienne au XVIIIe siècle


    Mons au XVIIIe siècle est un petit village sans église avec des fermes dispersées le long du "pavé de Lille à Roubaix", comme le montre un plan du prieuré de Fives établi vers 1730. De 1700 à 1727, selon l'archiviste Théodore Leuridan, le village a pour maître le seigneur Jean- François Dragon. La commune actuelle a gardé ses armoiries pour emblème : d'or à la bande de sable. Son fils, Louis Hippolyte Joseph Dragon, n'a pas d'enfant et la seigneurie revient après lui, par succession, à la famille de Tannay. On sait qu'en 1746 le seigneur de Mons est une femme, Alexandrine de Brandt, veuve de Charles, qui fut lui-même seigneur de la Flamengrie. Propriétaire du café de la Guinguette et de son jardin, cette noble dame habitait à Aire-sur-la-Lys. Vers la fin du siècle, en 1789, un "marquis de Mons-en-Bareuil" (sic) sans autre précision quant au nom mais qualifié de lieutenant des maréchaux de France et gouverneur de la ville de Lens, prend part, à ce titre, à l'élection des députés aux Etats généraux.


Occupation hollandaise de 1708 à 1713


    Une carte du siège de Lille par les armées espagnoles, hollandaises et autrichiennes en 1708 montre par la position des troupes que le village de Mons-en-Barœul, situé, rappelons-le, à trois kilomètres à l'est de Lille, se trouve entre la ligne d'attaque des assiégeants et "la ligne de circonvallations tournée vers l'extérieur pour faire face, éventuellement, à une armée qui tenterait de délivrer la ville". Cette citation est extraite d'Archives communales. Trois siècles de vie locale, excellente compilation des documents d'archives monsois, réalisée par une équipe d'instituteurs sous la direction de l'inspecteur J. Lanshere en 1976.


    La domination hollandaise donne lieu à diverses réquisitions : main-d'œuvre, chevaux, services, etc. Ainsi en 1709 Pierre Coulon et Pierre Salembier doivent combler les lignes de siège. D'autres Monsois livrent du foin et des munitions. En 1712, Jacques Masquelier conduit les équipages des troupes impériales jusqu'à la mer. Ce travail mobilise trois chevaux pendant quatre jours. Une fois de plus, les Monsois paient leur tribut à la guerre. Il semble que les troupes présentent toujours un vrai danger car le risque de pillage est le prétexte pris par les occupants pour ordonner le recensement du blé, comme en témoigne une affiche hollandaise du 15 novembre 1708. Certes, l'argument officiel est habile, mais il n'aurait pas été plausible s'il n'avait correspondu à une réalité déjà évoquée.



Plan du siège de Lille en 1708. A l’est, les deux lignes de front englobent Mons-en-Barœul (Arch. municipales).

 

    A cette ordonnance, le bailli de Mons répond en déclarant le 20 novembre 1709, c'est-à-dire un an plus tard - nous n'avons aucune trace de réponse en 1708 - "43 havots de bled" pour la commune, soit environ 950 kilogrammes, ce qui équivaut à moins de deux kilogrammes par habitant. On peut croire, à la lecture de ce document, que les Monsois étaient très misérables. Mais on peut aussi se demander - malgré la déclaration solennelle du bailli affirmant que cette déclaration était "sincère et véritable" - si sergeant, bailly et paysans monsois ne se sont pas entendus pour minimiser leurs récoltes aux yeux de l'occupant.


    Un autre document de la même époque atteste que le sergeant Philippe François Boussemar a su, pour le village, se faire rembourser les trente-six florins engagés pour éviter le fouragement, c'est-à-dire le pillage de Mons-en-Barœul, sans doute en recrutant quelques gardes. Tout compte fait, cette occupation par les Hollandais ne semble pas avoir été excessive­ ment dure. En tout cas, elle fut peu durable, bien que ceux-ci se soient empressés, en 1709, de créer à Mons un cimetière pour les défunts de la religion réformée et aient montré par là leur intention de s'implanter dans la région. Dès 1713, les traités d'Utrecht mettent fin à la guerre de Succession d'Espagne et on fête sur l'ordre des "bailly et gens de loy" de Mons-en-Barœul, le 13 juillet 1713, la paix enfin retrouvée. Les dépenses de la jeunesse monsoise dans les cabarets sont remboursées aux tenanciers par la collectrice d'impôts de l'époque, une demoiselle Wibault.


La communauté villageoise


    Outre les occupants qu'on subit tant qu'ils sont les plus forts, à Mons comme ailleurs, les "forains", c'est-à-dire tous ceux qui ne sont pas "résidents" du pays, sont en butte à la méfiance. Considérés comme étrangers, inconnus donc dangereux, ils sont l'objet de discrimination, de mépris voire de haine. C'est que la communauté villageoise est d'abord un milieu fermé. On choisit son conjoint dans la paroisse même ou dans un village très proche. Ce "fort taux d'endogamie communautaire", comme l'écrit Olivier Caudron dans la revue Plein Nord de décembre 1978, est attesté par l'étude des registres paroissiaux et surtout des actes de mariage de l'époque. On entend par endogamie le mariage avec une personne du même groupe social, ici, par exemple, avec une personne du même village.


    Le milieu paysan est alors, à sa manière, une société très solidaire. Outre les "solidarités agraires" nécessitées par la mise en valeur des terres, la cohésion y est forte mais exclusivement en faveur des natifs du lieu. Les Monsois tombés dans l'indigence reçoivent une aide de la communauté villageoise, mais à la condition expresse d'être nés dans le village. De nouveaux arrivants ne peuvent s'y installer que s'ils fournissent un acte garantissant qu'en cas de chute dans la pauvreté, c'est leur commune d'origine qui les prendra en charge. Les "bailly et échevins de loy" de Mons se montrent impitoyables sur ce point. Par exemple, une certaine Marie-Jeanne Delobel, ne pouvant produire ce fameux acte, est expulsée de Mons avec ses enfants en 1709.



Plan de Fives et de Mons-en-Barœul au milieu du XVIIIe siècle. On reconnaît vers le milieu le Grand pavé de Lille à Roubaix (rue du Général de Gaulle) et le Petit chemin (rues Zola-Parmentier).



Le Terrier du prieuré de Fives, en 1733, donne un bel exemple de ferme de la région lilloise : la cense du Frénoy à Fiers avec ses toits de chaume et ses murs de pisé (Arch. départementales).

 

    Le jeune Monsois ne commence à s'intégrer dans la communauté que lorsqu'il a dépassé l'âge de la mortalité infantile la plus élevée. Vers douze ans, il compte comme travailleur et ce n'est que vers vingt-huit ans, âge moyen où l'on fonde une famille, qu'il devient, de ce fait, membre de droit de l'assemblée villageoise.


L'assemblée villageoise : réalité administrative


    L'assemblée de la communauté villageoise, institution apparue au XIIe siècle, se généralise au XVIe siècle. Elle est composée des chefs de famille, y compris les veuves, et des échevins. Ceux-ci représentent le seigneur qui les nomme sur proposition de l'assemblée. En 1710, on voit Jean- François Dragon accepter comme échevin un certain Jean Rousset, laboureur à Mons, au vu de ses "bonnes mœurs, prud'homie, capacité et fidélité". "La comparaison entre la liste des échevins [...] et l'assiette des impôts à la même époque montre que ces gens de loi étaient des laboureurs aisés", écrit Olivier Caudron.


    La communauté, précise Robert Muchembled, traite de "tous les problèmes locaux, désigne les collecteurs d'impôts, emprunte et gère les biens du village. [Elle] veille à l'entretien des bâtiments, examine les conflits, etc." Si l'on ne peut rien dire de Mons, faute de connaître les procès-verbaux de réunions, on sait que, dans d'autres localités, l'assistance à ces assemblées était réduite. Etait-ce par manque d'intérêt pour les affaires qu'on y traitait ou parce que le pouvoir réel était entre les mains de quelques notables ? Dans cette société très hiérarchisée, dominée par un pouvoir monarchique, la seconde réponse est certainement la plus proche de la réalité. Les documents de ce temps sont peu nombreux aux archives communales ; ils parlent sur­ tout de nominations par le seigneur. L'un d'entre eux, cependant, relate les réponses à un questionnaire sur le village en 1724. L'intention était de créer une sorte d'annuaire destiné à "satisfaire la curiosité du public". On apprend que Mons est un village dépendant de la paroisse de Fives", à un quart d'heure de Lille... "Terre franche d'empire [sans] rivière ni ruisseau... C'est un fief en comté... Jean-François Dragon y est seigneur". Cent chefs de famille y résident. Ils cultivent le blé et les légumes. A part cela, "il n'y a rien d'intéressant ny remarquable... Le peuple y est de bonnes mœurs".



Convocation à l'assemblée villageoise du 26 juillet 1718 :

De la part de messieurs les bailly et eschevins de la terre, fief et seigneurie de Mons en Barœul, en cette paroisse de Fives.

Je, sergeant au dit Mons en Barœul sous signé, fait savoir à tous les manants et habitants d'icelle seigneurie que mardy prochain vingt six de ce mois à quinze heures de relevée se tiendra aux bancs plaidoïables dudit Mons en Barœul une assemblée générale de toute la communauté pour délibérer sur quelques affaires très importantes à tous. Les dits manants et habitants qui sont invités de s'y rendre pour y dire leur avis et opinion au plus grand bien et avantage de la commune. Que les résolutions y seront prises nonobstant l'absence des défaillants qui seront tenus pour acquiessants, ainsi publié audit Fives à la sortie de la messe paroissiale le dimanche vingt quatre juillet mil sept cent dix huit.

Le sergeant de Mons en Barœul sous signé certifie à tous qu'il appartiendra que le vingt quatre de juillet mil sept cens dix huit sur les huit à neuf heures du matin à la sortie de la messe paroissiale de Fives paroisse de Mons en Barœul d'avoir fait la publication ci-dessus à haute et intelligible voix les peuples assemblées, et d'avoir affiché une copie au portail de la dite église par les jours mois et an que dessous.

Philippe François BOUSSEMART. (Arch. municipales).


    Mons-en-Barœul n’appartient toujours que partiellement à la France. Un morceau du village relève du Toumaisis, par conséquent des Pays-Bas espagnols, devenus autrichiens, de même qu’une vingtaine d’autres enclaves entourant Lille. Dans ces petits territoires, villages ou par­ fois simples hameaux, la contrebande bat son plein. C’est là que les fraudeurs trouvent refuge quand ils sont traqués par les douaniers du roi. Il suffit de traverser un chemin ou un champ, d’entrer dans une maison bien repérée pour passer “à l’étranger” et mettre fin aux poursuites. C’est là aussi que les Lillois, les dimanches et jours de fête, viennent acheter ou boire un alcool détaxé, coûtant un tiers meilleur marché que dans les débits français. Plus d’un Monsois sans doute s’est enrichi grâce à ces privilèges fiscaux.


    Mais les inconvénients sont bien réels. Les habitants des enclaves, sujets de l’Empereur des Pays-Bas autrichiens, peuvent d’un jour à l’autre être empêchés de vendre les produits de leur récolte au marché de leur choix, ou se trouver contraints d’acquitter à la fois des taxes d’entrée et de sortie. Quand aux Etats, l’absence de droits de douane sur ces enclaves leur cause un préjudice considérable. Ils n’auront de cesse qu’un traité soit signé à Versailles par le ministre Choiseul et l’ambassadeur d’Autriche. Le 13 mars 1769, par échanges entre les deux pays, Mons-en-Barœul devient entièrement et définitivement français, de même que les autres enclaves du nord de la France ; en contrepartie, les terres françaises de l’autre côté de la frontière sont toutes incorporées aux Pays-Bas.


    Pendant ce temps, la vie sociale est rythmée par les cérémonies religieuses, mais la vie rurale ne va pas sans mal ou malheur. Les documents de l'époque mentionnent des épidémies animales. La mort de 221 bovins en 1744 a dû lourdement grever le budget des paysans monsois, mais le 22 janvier 1746, le cheptel en compte à nouveau 205. Ces chiffres montrent que Mons n'est pas seulement une terre d'agriculture où l'on cultive le blé, l'avoine, etc. mais aussi une zone d'élevage.



Recensement des vaches malades en 1744 (Arch. municipales).



Cette "Vue de Lille", peinture de Louis Watteau, datée de 1774, représente la réception d'un soldat de retour dans sa patrie. L'arrière-plan offre un large panorama de Lille depuis le Dieu de Marcq, calvaire proche de Mons- en-Barœul (Musée des beaux-arts de Lille, photo Ph. Bernard).


    On y trouve, par ailleurs, de nombreux jardins comme en atteste l'assiette du vingtième de l’année 1755. Cet impôt sur le revenu devait toucher toute la société, y compris les nobles et les ecclésiastiques, "privilégiés ou non privilégiés". Ce document nous renseigne d'une manière fort complète sur les activités monsoises en ce milieu du XVIIIe siècle. Au total, on dénombre cent dix propriétaires et "occupeurs" imposables, dont vingt "forains" étrangers à Mons. A l'exception d'une brasserie, d'une maison à usage de "mareschal" et de deux "coutillages" dont on peut supposer qu'il s'agit de tissages artisanaux, on n'y parle que de censes, terres, fermes, labours, jardins, prés, pâtures, bois et bien sûr maisons. Seules les terres dont les produits sont destinés aux indigents comme "les pauvres de Wazemmes", ou aux hôpitaux comme "l'hôpital général", ne sont pas imposées. Le village n'abandonne pas les siens. Tel est le cas de Jean- Baptiste Chaffaut, "pauvre et à la charge de la communauté", qui reçoit du collecteur la somme de 54 livres parisis pour 1744, "année eschue".


    S'il n'est pas possible d'établir avec précision le nombre de "pauvres" à Mons au XVIIF siècle, on peut s'en tenir à une hypothèse de Georges Lefebvre qui estime à 20 % de la population totale la proportion d'indigents dans notre région. La mendicité étant interdite par édit royal, la communauté monsoise fait face comme elle peut à ce fléau social. Chaque villageois à l'aise doit donner une certaine quantité de pain en fonction de ses capacités : deux patars par bonnier exploité (Le bonnier équivaut à environ 1,4 hectare, et le patar, vingtième du florin, fait douze deniers). Par ailleurs une pauvreté, institution communautaire apte à recevoir des dons et des legs, distribue des secours. Les trois “pauvrieurs” de Mons - on dit aussi “pauvriseur” - en gèrent le budget. Ils sont considérés comme des notables, au même titre que les marguilliers qui administrent les biens de paroisse.


    Les "pauvres" sont surtout des journaliers, ouvriers ruraux qui tombent dans la misère l'hiver venu ou quand la récolte est mauvaise. Mais les accidents de la vie - veuvage, maladie, vieillesse - entraînent parfois la déchéance matérielle. Personne n'est à l'abri. C'est ainsi que Thomas Deletombe, longtemps clerc de la paroisse de Fives, est assisté par les “pauvrieurs” de Mons quand la vieillesse le force à cesser son activité. Quant aux enfants trouvés, leur situation est peu enviable. Un sur dix atteint l'âge de la reproduction, estime Pierre Chaunu. Les autres meurent avant...


    A la fin du XVIIIe siècle, Mons compte 700 à 750 habitants dont 40 % ont moins de douze ans. De fait, un Monsois sur deux a moins de vingt ans. La mortalité est encore très forte, surtout la mortalité infantile. Pierre Goubert, historien de l'Ancien Régime, estime qu'à cette époque, malgré une importante natalité, un couple n'engendre que deux ou trois enfants qui par­ viendront, à leur tour, à l'âge de la reproduction. D'où la stagnation relative de la population monsoise. Mais c'est bientôt la Révolution, la "grande" bien sûr, celle de 1789, qui va secouer la région, porte ouverte sur l'Europe.



Le maire Louis Tellier envoie aux autorités du district, en 1794, ce tableau des ensemencements. Le saucrion ou soucrion est une sorte d’orge d’hiver, destinée à l’alimentation du bétail (Arch. municipales).


Sous la Révolution et l'Empire

 

    En octobre 1790, d'après un questionnaire envoyé par le district de Lille au tout nouveau conseil municipal, la population monsoise compte 700 à 750 personnes. En 1799, le secrétaire de la commune, un certain Cuvelier, écrivant à son collègue du canton de Lannoy, parle de 734 habitants à Mons, population assez stable malgré les événements qui bouleversent la jeune nation française.


    Pour 448 Monsois actifs recensés le 28 pluviôse an VI (1798), 240 sont de simples journaliers. On dénombre aussi 45 fermiers, 30 laboureurs et 31 rentiers ou rentières. A l'époque, il n'y a aucun officier de santé à Mons. Par contre, la commune dispose “d’un médecin pour les bêtes à cornes", le citoyen Mathias Desbouvry, et de... onze cabaretiers.



"Né pour la peine, l'homme de village" : en 1789, neuf Français sur dix sont paysans (DR).

 

    Le territoire communal est évalué par les élus de 1790 à "une demi-lieue de long sur un quart de lieue de large", c'est-à-dire environ deux kilomètres sur un. Il est limité par Marcq-en-Barœul au nord, Hellemmes au sud. Fiers et Fives à l'ouest et Wasquehal à l'est. Par ailleurs, le "hamau de Ghesles" (ou Guesles), situé au-delà de Marcq-en-Barœul, fait partie de la commune de Mons mais dépend de la paroisse de Marcq "pour les habitans [sic], pour leur Pasque, les services et les enterrements."


    Comme les autres paysans de la région, les Monsois doivent s'habituer aux nouvelles structures révolutionnaires. Si l'idée de Nation est encore assez lointaine pour bien des ruraux, l'organisation de la commune se concrétise rapidement. Le 1er février 1790, ont lieu les premières élections municipales : 60 "citoyens actifs", Monsois payant une contribution directe et propriétaires fonciers, se rassemblent au cabaret Saint-Martin sous la présidence de Jean-Baptiste Vanhouque (ou Wannouck), laboureur, nommé à cet effet par les "gens de loi". Après que tous se soient engagés par serment à "maintenir de tout leur pouvoir la Constitution du Royaume", ils procèdent à l'élection du maire, Pierre- Joseph Salembier, élu à la majorité absolue des suffrages. En 1793, c'est Louis Tellier qui est maire, et en 1796, la nouvelle constitution du Directoire ayant supprimé les "conseils généraux" des communes de moins de 5 000 habitants pour les remplacer par une "municipalité cantonale", on procède à l'élection d'un "agent municipal" et de son adjoint, chargés de représenter leur commune au chef-lieu du canton, en l'occurrence Lannoy (La liste des maires et assimilés figure au chapitre sur "la Vie municipale").


    Il semble que les Monsois furent assez peu touchés par la politique du moment. On sait qu'un club monsois participait à la Société populaire révolutionnaire de Lille, sorte de cercle politique sans grande influence. Et le Comité de surveillance révolutionnaire, instauré dans les plus petites communes par la Convention en 1793, n'a guère laissé de traces à Mons, sauf un état des sommes dues pour les frais liés aux visites des maisons en vue d'y recenser les grains et farines en 1794. Pour ces dépenses, les Monsois réclamèrent 46 livres à l'administration départementale qui leur alloua... 10 livres pour "papier, plumes, chandelles et autres frais". La Révolution a juste effleuré Mons. Il n'en fut pas tout à fait de même pour les guerres qu’elle a engendrées.


Les Monsois et les guerres

 

    Dès 1790, chaque commune se dote d'une Garde Nationale semblable à celle de Paris. Constituée des "citoyens actifs", c'est-à-dire les plus aisés, elle formera les premières troupes de la Révolution. A cette occasion, la commune de Mons-en-Barœul reçoit sept fusils pour la défense du royaume. Un certificat du 2 mai 1793 atteste que les Monsois ont fourni les effectifs demandés par le directoire du district. La Garde est réorganisée le 13 vendémiaire an VI (1797) sous la présidence du citoyen Franchomme, agent municipal. Le bureau nomme par élection dix officiers dont le capitaine Michel Desruelles. Un an plus tard, le ci-devant caporal Pierre Durang devient d’emblée capitaine, et il semble bien que l'ex-capitaine se retrouve sergent.


    Très vite la Garde Nationale s'avère insuffisante face aux troupes ennemies menaçant notamment les frontières du Nord de la France. Dès avril 1792, Mons-en-Barœul est envahi par les Autrichiens lors du siège de Lille, obligé de nourrir les soldats et d'en supporter les pillages. Le directoire du département, alerté par la commune qui estime les pertes dues à l'occupation à 21 665 livres, 17 sols, attribue au village de Mons la somme de 5 416 livres, 9 sols et 3 deniers. Mais il faut d'abord que la municipalité justifie "d'avoir fourni son contingent de gardes nationaux" puis déduise, avant paiement de la part de chacun, toute contribution qui serait due à l'Etat.



Le siège de Lille en 1792 : la ligne de front est au nord-est, Mons est envahi par les Autrichiens. N’oublions pas que le territoire lillois est alors beaucoup moins étendu qu’aujourd’hui (Bibliothèque municipale de Lille).


    Des commissaires, désignés par le canton de Lannoy, viennent à Mons contrôler la réalité des pertes et des vols. Ils délivrent des "certificats de civisme" : 128 Monsois sont ainsi récompensés pour "leur civisme et leur amour pour le bien". En définitive, 108 Monsois sont indemnisés, par mandat individuel, pour une somme totale de 5370 livres, 18 sols et 9 deniers. Et la lettre du maire Louis Tellier, adressée aux administrateurs du district le 11 mai 1793 pour demander une réparation plus généreuse, sera inutile.


    D'autres plaintes s'élèvent à l'occasion du stationnement des troupes françaises sur le territoire de la commune. Neuf lettres déplorent des pertes agricoles : trente-deux arbres pour l'un, dix "banses" d'oignons pour l'autre, etc. Une banse était un grand panier d'osier. Le plus étonnant est que parmi ces neuf pétitions, il est question cinq fois de pertes de pommes de terre. Cela veut-il dire que certains fermiers monsois étaient des novateurs ? En effet, la pomme de terre, connue en Europe vers le XVIe siècle, fit l'objet d'une tentative de vulgarisation par Antoine Parmentier, lauréat d'un concours en 1769 pour la présentation de ce qui était, en France, un nouveau végétal. Celui-ci ne se généralise dans notre pays qu'au milieu du XIXe siècle. Philippe Marchand, dans Nos ancêtres les paysans, constate qu'à la fin du XVIIIe siècle, la pomme de terre était répandue un peu partout autour de Lille, mais surtout pour les animaux. Nos aïeux monsois n'étaient sans doute pas des précurseurs mais ils ont cultivé ce légume, si populaire aujourd'hui, bien avant l'ensemble de la masse paysanne française.


    C'est qu'il fallait les nourrir, ces troupes ! Un rapport du 22 frimaire an II (1793) indique le cantonnement à Mons du 2e bataillon du 18e régiment d'infanterie, soit dix-sept officiers et 574 soldats dont "quatre femmes de soldats", sans oublier les chevaux au nombre de dix-huit. A ces obligations d'intendance s'ajoutent la réquisition et la conscription. En 1793, Mons doit fournir huit hommes. Ces réquisitions, sorte de service civil autant que militaire, ne vont pas sans poser de problèmes aux laboureurs ou soutiens de famille. Dans un "état des volontaires" dressé par le maire Louis Tellier en 1795, on trouve des demandes d'exemption dont une pour "imbécillité", une autre pour un certain J.F. Leclercq "d'une grande utilité chez sa mère", qui recevra un avis favorable des autorités du canton de Lannoy.


    En 1799, les choses se durcissent : une assemblée générale extra­ ordinaire des administrateurs du canton de Lannoy organise la chasse aux déserteurs. Il est donné ordre à la force armée de se rendre dans les villages environnants, dont Mons-en-Barœul, pour "faire des visites domiciliaires dans les maisons soupçonnées de receler des déserteurs, réquisitionnaires et conscrits". De fait on n'a trace que d'un seul déserteur dans notre commune.


    On ne connaît pas le nombre exact de jeunes Monsois morts lors des guerres de la Révolution et de l'Empire. Cinq d'entre eux, Louis Coget, Antoine Galan, Raoul Cezard, Jean-Baptiste Nion et Louis Cavelle, furent honorés du titre de "défenseur de la Patrie". Par ailleurs, certains enfants, fils ou frère de "volontaire", ont reçu un secours de l'Etat par l'intermédiaire de la municipalité.


Une période de pénurie


    Une autre conséquence des guerres de l'époque est la pauvreté qui s'ensuit. Sept femmes sont "assistées" du "pauvriseur" de la commune en 1794. Le manque de travail est dénoncé dans le canton de Lannoy qui se plaint du traité de commerce avec l'Angleterre. On dit à Mons qu'il serait facile de supprimer la mendicité en "faisant renaître le commerce... en don­ nant du travail aux ouvriers à la terre, aux tisserands et autres fileuses de lin ou de laine".


    Quant à la pénurie de blé, elle ne fait que s'accroître au début de la Révolution, aggravée pour les villages comme Mons par la proximité de Lille. En 1793, un arrêté du directoire du district de Lille ordonne aux maires, personnellement responsables, de fournir un état précis des terres à ensemencer et des noms de leurs propriétaires ou exploitants. La Convention vient de fixer le prix maximum des produits de première nécessité. Tout contrevenant devient suspect et on sait ce que cela veut dire à l'époque. Le village de Mons déclare de suite 1 167 rasières de blé à battre pour 28 bonniers ensemencés, c'est-à-dire environ 39 hectares et demi. En l'an VI (1797) les récoltes sont meilleures et représentent 13/10e de la production par rapport à une année moyenne en blé, méteil et seigle. Les excédents seront destinés à Lille, Roubaix et Tourcoing.



Un représentant du peuple en mission aux armées (DR).



Le cordonnier : "Prend courage Marie Jeanne le bon tems va revenir". Cette caricature souligne la dureté du moment (Bibliothèque municipale de Lille).

 

Querelles de clocher

 

    Une autre cause de tracas pour les Monsois, bien qu'indirecte puisque le village est rattaché à la paroisse de Fives, est l'application de la constitution civile du clergé. A l'occasion de l'inventaire des biens de l'Eglise, les édiles fivois demandent aux autorités du district "l'absorption" par leur commune de notre village, arguant de "dissensions continuelles". Il est vrai que les litiges ne manquent pas. Ainsi les cloches de l'église de Fives ayant été réquisitionnées, les Monsois, qui participent aux frais de leur paroisse, réclament aux Fivois la moitié du prix qui leur a été payé. Il semble que ce partage avait été convenu entre les deux communes, mais les Fivois refusent. Mons fait un procès à Fives. On ne sait pas qui a gagné... En tout état de cause, le district ignore la demande d'absorption et Mons-en-Barœul a bientôt sa représentation cantonale et même son état civil, en 1792.


    Quant aux prêtres, Dom Jacques Picard et Dom Jean-Baptiste Chombart, bénédictins faisant office respectivement de curé et de vicaire, ils refusent de prêter serment. Jugés réfractaires, ils doivent quitter la commune "avec leurs effets personnels". Le 3 juillet 1794, le conseil municipal de Mons déclare : "Nous certifions qu'il n'y a aucun prêtre déporté ni reclus sur le territoire de cette commune." La cure de Fives est occupée dès le 8 octobre 1791 par Jean Cordonnier, curé constitutionnel, c'est-à-dire ayant prêté serment d'obéissance à la Constitution civile du clergé.

 

L'instituteur contesté...

 

    Les "maisons presbytérales", récupérées, ont servi souvent d'école et de logement pour les instituteurs de l'enseignement public. Or il n'y en avait ni à Mons ni même à Fives. Les bâtiments du prieuré, utilisé comme église paroissiale à Fives, étaient occupés par les desservants et appartenaient à l'abbaye Saint-Nicaise de Reims en Champagne. Ils n’étaient pas enregistrés comme maison presbytérale.


    Le 6 juin 1797, l'administration décide de nommer un instituteur, logé dans le presbytère d'Hellemmes, pour une école primaire destinée aux communes de Fiers, Hellemmes, Fives et Mons-en-Barœul. Fives et Mons protestent et réclament une école pour leurs deux communes. Celle-ci est accordée, mais faute de place ailleurs, l'instituteur, Pierre-Joseph Dejaegre, est domicilié dans la cure d'Hellemmes. C'est là que ses ennuis commencent.


    Le citoyen Duthoit, qui était curé constitutionnel à Hellemmes depuis 1792, achète "par main-tierce le domaine national ci-devant presbytère d'Hellemmes". Dans un rapport adressé au président de l'administration centrale du département à Douai, Dejaegre se plaint d’avoir été violemment chassé de chez lui par le citoyen Duthoit avec l'aide d'autres habitants d'Hellemmes. Il précise qu'on a cassé ses meubles et qu'on l'a molesté, lui et son épouse, l'obligeant à quitter la maison presbytérale. Un peu plus tard, d'après un courrier adressé au département par S. Bonnaire, commissaire du directoire du canton de Lannoy, on apprend qu'il est domicilié à Fives.


    Cette lettre dit aussi que les habitants des communes concernées ont, par voie de scrutin, nommé le citoyen Duthoit comme instituteur public en remplacement de Dejaegre. La loi du 27 brumaire an III (1794) autorisait cette procédure. "La maison presbytérale fut accordée pour logement à ce nouvel instituteur et le citoyen Dejaegre contraint de l'évacuer (...) Les moyens qui ont été employés par les habitants de la commune pour faire sortir le citoyen Dejaegre (...) ne sont jamais parvenus à la connaissance de l'administration municipale", affirme Bonnaire qui ajoute : "Dejaegre se serait concilié la bienveillance et l'estime des citoyens d'Hellemmes s'il avait été aussi assidu à tenir son école qu'à fréquenter les cabarets où il s’enivrait les trois quarts du temps. Telle est citoyen commissaire, l'exacte vérité", conclut-il avant de signer.



La fabrication de cuves et de tonneaux , liée à la brasserie dont l'industrie est présente à Mons-en-Barœul dès l'Ancien Régime. Le nom du lieu-dit "TapeAutour" provient de l'activité des tonneliers (DR).


    On est en droit de douter de la justesse de ce rapport : la précision des faits ne semble pas trop inquiéter Bonnaire puisqu'il indique au début du texte que Dejaegre est instituteur d'Hellemmes et Lezennes, ce qui est faux. Par ailleurs, le post-scriptum de cette lettre contient un éloge appuyé du citoyen Duthoit : "des renseignements qui m'ont été donnés sur son compte sont tous en sa faveur". Cette dernière phrase peut faire penser à une cabale. L'instituteur était-il vraiment un ivrogne incapable de faire la classe, ou un personnage aux idées trop nouvelles pour s'attirer les bonnes grâces des paysans parents d'élèves ? Pour accueillir les enfants, ne valait-il pas mieux, tout compte fait, un curé, même constitutionnel ?


    Il est difficile de trancher car nous ne connaissons aucun document allant à l'encontre des affirmations de Bonnaire, si ce n'est la plainte de Dejaegre. Mais ce type de conflit, qui s'est produit de façon semblable dans des communes avoisinantes, montre la difficile installation de l'enseignement public. Les villageois, et parmi eux sans doute les paysans monsois, n'ont pas adopté de suite, et sans restriction, toutes les institutions nées de la Révolution, trop novatrices à leurs yeux.


La première municipalité en 1790


Le "conseil général" de la commune était ainsi composé en 1790 : Maire : Pierre-Joseph Salembier

Procureur : Louis Desmettre

Officiers municipaux : Michel Dutriez, Pierre Matte

"Notables" : Jean-Baptiste Delezenne, François Leclercq, Jean-Charles Ramait, Pierre Grimonpont, Jean-Philippe Dewasse, Jacques Franchomme.


L'urbanisation de 1800 à nos jours

 

    Au début du XIXe siècle, Mons est un village d'environ sept cents habitants avec quelques moulins à vent. Les anciens parlent encore du "village" en désignant le haut de Mons. D'autres lieux dits de la commune comme la Guinguette, du côté de la rue Voltaire, ou l'An quarante derrière l'école La Paix, sont toujours appelés du même nom qu'autrefois.


    Un nouveau projet de fusion de communes, en 1800, faillit annexer Mons à Fives ou à Lille. Le 18 thermidor an VIII (1800), le sous-préfet de Lille - la préfecture étant alors à Douai - envoie un courrier aux maires de son arrondissement. Il y indique sa volonté de "réunir des faubourgs aux villes, ou de petites communes à d'autres plus considérables." Mais l’affaire traîne et le préfet s'impatiente. Le sous-préfet, pressé par son chef, répond qu'il a fait le nécessaire mais que cela aurait été plus vite "si les maires s’étaient montrés plus pénétrés de leurs obligations." Dans le tableau qu'il joint à son courrier au préfet, Mons et Fives avec respectivement 671 et 992 habitants sont présentés comme fusionnables. Ces effectifs de population doivent être considérés avec précaution car ils varient d'une source à l'autre. En 1804, une enquête dirigée par le préfet Dieudonné parle de 752 habitants à Mons. Mais en 1805, le secrétaire général de préfecture, Bottin, écrit aux maires pour exiger "un recensement rigoureux et précis". Dans l'affaire qui nous occupe, le sous-préfet a-t-il minimisé le nombre de la population monsoise pour abonder dans le sens du projet de fusion ? Faute de trace, nous ne pouvons l'affirmer. En tout cas, les maires n'y sont pas favorables et Mons reste une commune autonome.


    Une enquête du maire Despatures en 1801 signale que les registres d'état civil de la commune ont été "perdus lors de la retraite des Autrichiens". Ce même rapport décrit une activité exclusivement agricole : soixante propriétaires fonciers cultivent les terres dont un huitième est travaillé manuellement pour la production des légumes et le reste à la charrue pour le blé, l'orge, l'avoine, les pommes de terre, etc. Soixante journaliers, hommes et femmes, s'occupent essentiellement de "la garde des bestiaux". A cela s'ajoutent neuf artisans : maréchaux, charron, bourrelier, cordonnier, charpentier... Pas de profession libérale mais une sage-femme qui habite à Fives et officie sur plusieurs communes dont Mons-en-Barœul.


    Quant aux bâtiments - fermes et maisons - ils étaient au nombre de 185 en 1789 et de 172 en 1801. Le maire parle de la "ruine totale de plusieurs maisons dont les habitants ont quitté Mons". Toujours en 1801,

Despatures affirme qu'il n'y a pas de bois sur la commune. Pourtant, on comptait 1 200 arbres en 1789. Y a-t-il là une conséquence de la guerre ou, comme en d'autres lieux, l'effet d'une exploitation trop intensive ? Par contre, il existe des prairies naturelles et les Monsois vendent à l'extérieur, en 1801, douze quintaux de cuir et quatre mille œufs. Enfin Mons ne possède au début du siècle ni "maison de plaisance" ni jardin d'agrément, mais de nombreux potagers et vergers. Est-ce pour défendre ceux-ci contre les voleurs de pommes que le maire Salembier écrit le 13 novembre 1829 au préfet ? Toujours est-il que ce courrier l'informe de la création d'un service de patrouille de nuit à compter du 16 novembre. Le village n'était donc pas si tranquille que voudraient le faire croire les nostalgiques des temps révolus.


    La croissance de la population monsoise est très lente de 1801 à 1841 : celle-ci passe de 669 à 889 habitants. De 1828 à 1841, sa progression n'atteint même pas la centaine. Il faut attendre le milieu du siècle pour voir ses effectifs croître d'une manière significative. La période 1841-1881 marque le début du développement de la commune. En 1846 elle dépasse enfin le millier d'habitants, et à partir de 1852 l'augmentation tourne autour de trois cents personnes d'un recensement à l'autre, c'est-à-dire environ tous les six ans. En quarante ans, le nombre des Monsois est passé de 889 à 2 383 habitants. La progression sera ensuite plus rapide.


Châteaux et belles demeures


    Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le paysage monsois se transforme de manière importante. Séduits par la réputation du "bon air" local et par la proximité campagnarde, plusieurs bourgeois fortunés se font construire à Mons de belles maisons ou de petits châteaux, résidences secondaires le plus souvent, où ils passent les beaux jours. Ces habitudes inspirées, sans doute par imitation, de celles de la noblesse, font naître quelques héritiers de grandes familles à Mons et non à Lille. On vient profiter de la pureté de l'air de Mons, du calme des champs et des prés, bref, se mettre au vert loin de l'agitation citadine.



Le château Vandorpe, côté parc, à I'entrée de la rue de Roubaix, près du pont du Lion d’Or. L’oblitération est de 1909 (Ed. EC Lille).



Voici la façade sud du château Vandorpe. Il devient “maison de famille”, tenue par des sœurs franciscaines. Oblitération de 1909 (Ed. EC Lille).



Le château tel qu’il était en 1922. Il fut détruit pour la voie rapide urbaine en 1973. Le parc des Franciscaines, seul vestige de cette propriété, conserve de beaux arbres anciens (Ed. LS Hautmont).

 

    Les cartes postales et la liste des "châtelains" de l’époque montrent que Mons, en restant un village, devient une zone résidentielle de prestige tout en accueillant une nouvelle population modeste, de plus en plus nombreuse, faite d’ouvriers et d'employés lillois dont l'installation dans la proche banlieue est favorisée par la mise en service du tramway.


    Le terme de "château" a été retenu par l'usage populaire pour désigner ces demeures élégantes et spacieuses qui étaient entourées d'un grand parc. Des "châteaux" monsois du XIXe siècle, il ne reste aujourd'hui que la maison dite Decoster, du nom de l'un de ses anciens occupants. Cet édifice, sis sur un parc de près de huit mille mètres carrés, fut construit par un médecin lillois au 84 route de Roubaix (actuellement 88 rue du Général de Gaulle), vers 1870, pour en faire sa résidence secondaire. Il fut ensuite racheté par la famille Virnot-Tourangin. Cécile Virnot y résida dès l'âge de six mois. C'est elle qui a donné son prénom à l'avenue Cécile. Elle épousa Gustave Decoster, né en 1889, négociant en produits chimiques, et tous deux s'installèrent dans la grande maison de la rue qui s'appelait alors Daubresse-Mauviez. Gustave Decoster, élu président de la Société industrielle du Nord de la France en 1938, participa aux activités de la commune, comme premier adjoint, au côté du maire Emile De Goedt, et mourut en 1978. Le "château", vendu peu après, fut partagé en deux propriétés. Il demeure l’un des plus vastes espaces verts privés de la commune.


    Un autre adjoint, plus ancien celui-là, Louis Tailliez, collaborateur du maire Alphonse Dodanthun, était arrivé à Mons après la guerre de 1870. Serrurier poêlier de son état, il eut l'occasion de fabriquer différentes ferrures pour le fort de Mons. Il fut le héros d'une anecdote piquante, racontée par sa petite-fille Lucie Moulait. Lors d'un mariage dont il n’avait pas été prévenu, et comme il était en plein travail dans son atelier, il refusa de le célébrer. Mais la future mariée vint elle-même le supplier : "Je vous en prie, dit-elle, mariez-nous, avant que mon fiancé ne change d'avis"... Néanmoins, ils furent certainement heureux et eurent beaucoup d’enfants...


    L'épousée était-elle l'une des futures habitantes des belles maisons construites par Gabriel Pagnerre, qui agrémentent certaines mes de l'ancien Mons ? Nous n'en savons rien. Mais on ne peut évoquer l'urbanisation monsoise sans parler de cet architecte de talent, qui a édifié de nombreuses demeures de qualité à Mons jusqu'à sa mort en 1938.



Le château Briand se trouvait près du château Vandorpe, de l'autre côté d’une rue - appelée Châteaubriand - aujourd’hui disparue (Ed. LS Hautmont).



Le Petit Château Blanc, connu également sous le nom de château Kauffmann, a longtemps hébergé jusqu’aux environs de 1970, la Fondation Pierre et Madeleine Thiriez qui accueillait des mères célibataires. Il était situé à l'angle des rues du Général de Gaulle et Emile Zola, là où se trouvent aujourd’hui des plantations et un parc de stationnement (Ed. EC Lille).



Au fond de la rue Franklin, au début des années trente, on remarque quelques maisons en construction sous le régime de la loi Loucheur, destinée à faciliter le logement de la population ouvrière. A gauche, un estaminet-épicerie fait l'angle avec la rue Spriet-Tellier (Ed. L. Pollet Lille).



D’après les costumes des enfants, cette vue de l’avenue de la Liberté date de l’immédiat après-guerre. Sur la droite, au n° 39, une plaque indique la maison où vécut le lieutenant Marcel Pinchon (Ed. Pottier-Hallez).



La Villa de l 'Amitié a disparu vers 1995, à l’occasion de l’extension de la brasserie Heineken (Ed. inconnu).

 

    En 1902, Mons compte 4 026 habitants et prend doucement l'aspect d'une petite ville. Outre les habitations ouvrières qui s'installent surtout dans le bas de Mons et les pavillons type loi Loucheur (1928) que l'on trouve par exemple avenue de la Liberté, il faut loger une population de bourgeoisie moyenne. C'est à cette demande que s'attache Gabriel Pagnerre, qui se veut à l'écoute des classes intermédiaires, moins fortunées que celles qui occupent les "châteaux". Architecte patenté, il s'oppose à la pratique de ses collègues issus de l'école des beaux-arts, incapables selon lui de sortir du style monumental et inconscients des réalités sociales. Il est un adepte de l'éclectisme qui mélange des styles très divers comme le classicisme et l'art moyen­âgeux : on trouve des échauguettes sur des maisons Pagnerre de la rue Désiré Courcot. Il utilise aussi les principes de l'Art nouveau, préférant la ligne ondoyante et les répétitions géométriques, le tout mélangé d'un certain régionalisme, notamment dans le choix des matériaux : brique, brique émaillée, etc.



Les restes du château Faucheur sont aujourd'hui intégrés dans les bâtiments du collège Lacordaire. Cette photo a été prise du parc, côté opposé à la rue Emile Zola. La carte fut postée en 1923 (Ed. LS Hautmont).

 

    Il est soucieux d'harmonie, et ses constructions sont toujours conçues pour s'intégrer dans un ensemble. Elégantes, elles étaient aussi agréables à habiter et le sont toujours d'après les dires de propriétaires actuels. Situées dans l'ancien Mons, on les trouve notamment rue du Général de Gaulle, en particulier la "Villa Saint-Luc", et rue Henri Poissonnier (villas "Les Marguerites" et "les Coquelicots", sans rapport avec deux voies actuelles du quartier des Sarts). Mais la plus célèbre est le "Vert Cottage" (voir illustration page 59), villa construite par l'artiste pour en faire sa mai­ son d'habitation et son cabinet d'architecte, au 4 bis rue du Quesnelet. Sauf pendant la guerre 1914-1918 où Pagnerre fut mobilisé à Dunkerque, celui-ci l'occupa jusqu'en 1922. Réquisitionnée par les Allemands lors des deux guerres mondiales, elle fut alors transformée en "Kasino”.

 

    Pagnerre enfin ne se contentait pas de construire des bâtiments. Il défendait l'idée d'une grande métropole lilloise intégrant les communes du Barœul. En 1925, il établit un plan de Mons-en-Barœul, reproduit page 55, qu'il présente lui-même comme une "idée rationnelle d'extension et d'aménagement de la commune".



Ces villas du Tape-Autour, rue du Général de Gaulle, près de la Brasserie, sont aujourd'hui disparues. La “Villa de l’Amitié” (visible également sur une carte page 43), à gauche, en était l’un des fleurons (Ed. LS Hautmont).


    Ce premier stade n'a pas de suite immédiate mais il n'est pas loin de ressembler à l'actuelle topographie des lieux : on y voit un rond-point central, à peu près au niveau de l'actuelle place de l'Europe, avec un grand boulevard partant de là vers la Guinguette tout comme notre contemporaine avenue René Coty. Cet homme a marqué de manière forte, avec quelques autres architectes de son temps, le paysage urbain de notre ville.


    La commune s'était liée par un contrat de cinquante ans, en 1882, avec la Compagnie continentale du gaz, et c'est en 1925 qu’elle est enfin dotée de la lumière électrique. Pour sa consommation, il avait été difficile d'obtenir un prix convenable en raison de la structure de la commune à cette époque : un long bourg étroit et deux hameaux éloignés, l'An Quarante et la Chapelle d'Elocques. Entre le début de l'année 1923 et la fin de 1924, Mons s'est enrichi de 87 nouvelles maisons. Conformément au projet d'aménagement et d'extension, voté en 1929 par le conseil municipal, la mise en service de nombreux logements entre le quartier de l'An Quarante et les Sarts marque le début des années trente. C’est ainsi qu'en 1929, plus de 250 HBM - Habitations à Bon Marché appelées plus tard HLM - sont construites ou en cours de construction à Mons-en-Barœul, autour du nouvel axe bientôt baptisé boulevard de la Paix.



Le bureau de poste a été installé 90 rue Daubresse-Mauviez (du Général de Gaulle) de 1932 à 1971. Ci-dessus, un groupe de jeunes en visite avec M. Louis Cnudde, instituteur.



La boulangerie, à gauche du bureau de poste, fut en partie détruite lors d’un bombardement en mai 40.

 

    Quand la température est clémente, les gens s’attardent volontiers au dehors. Robert Leconte le rappelle dans ses souvenirs : “les soirs, par beau temps, devant leurs habitations, alors que les enfants jouaient sur la route sans aucun danger, les parents assis sur des chaises, causaient avec leurs voisins et amis.” Mais le café “Au Grand Trocadéro” est alors l’un des hauts lieux des loisirs monsois, à l’angle des rues du Quesnelet et Daubresse-Mauviez. “A l’entrée, un grand comptoir en bois, où l’on servait des chopes de bière et des limonades et aussi des petits verres, bien sûr. Le cafetier vendait aussi des boissons à emporter qu’il mesurait avec des mesures en étain. Dans le fond du café, il y avait un piano mécanique, un ensemble de trois mètres de long sur deux mètres cinquante de haut, très bien décoré avec des sculptures en bois représentant des personnages. L’on y mettait une pièce ; l’on remontait l’appareil avec une manivelle sur le côté, et en même temps que l’on entendait cette musique magnifique, qui me fascinait, l’on voyait défiler les cartons perforés en accordéon se rangeant dans une boîte à côté de l’appareil. Alors les gens dansaient au milieu de ce café, c’étaient des habitués ; à l’époque, l’on passait souvent les soirées comme cela.”


    Écoutons encore Robert Leconte évoquer l’atmosphère des rues dans les années trente. “Il y avait, dit-il, un tas d’autres métiers aujourd’hui disparus : le rémouleur avec sa voiture à bras, bien souvent tirée par un chien s’arrêtant aux carrefours [...] le ramoneur de cheminées avec son matériel sur le dos, tout vêtu de noir, le ramasseur de chiffons, d’os et de ferrailles [...]. Aux quatre coins de la charrette il y avait un montant de bois qui était relié avec une corde et c’est sur cette dernière qu’étaient accrochés les jouets de toutes sortes : trompettes, tambours, toupies, sacs de billes, poupées en chiffon, des cordes à danser, des cerceaux.” Le “marchand d’os” avait pour cri “Peaux de lapins... peaux”, résonnant le dimanche matin surtout, jour où l’on tuait le lapin. Beaucoup élevaient de ces rongeurs qui mangeaient les restes domestiques et l’herbe que les enfants cueillaient dans les champs et sur les chemins après l’école.


Le premier bureau de poste


    L'apparition et le développement de services très anciens comme la poste sont aussi des éléments d'urbanisation. Dès 1854, une lettre de l'inspecteur des postes au maire de Mons signale l'existence d'un nouveau modèle de boîte aux lettres. Celui-ci doit permettre aux usagers de savoir si le facteur rural a bien relevé le courrier le jour même. Les Monsois n'émettent aucune réclamation. C’est donc que le travail est bien fait.



Vues du quartier des Sarts peu après sa construction (Ed. Combler Mâcon).



Le centre commercial et la tour des Sarts dans les années soixante (Ed. Combler Mâcon).

 

    En 1901, un projet approuvé par Victor Lelièvre et son conseil municipal prévoit la création à Mons d'une recette simple des postes, dotée éventuellement d'un télégraphe. L'année suivante, le préfet écrit au maire pour lui enjoindre de fournir rapidement un local, faute de quoi la poste irait dans une autre commune. Très vite, Lelièvre offre un immeuble au 126 rue de Roubaix. Mais le directeur des postes, estimant l'immeuble inadapté et jugeant l'éclairage insuffisant, refuse par un courrier du 15 juillet 1904.


    Un certain M. Carette propose alors à la Ville la location d'une maison au 163 rue de Roubaix. La municipalité et la direction des postes ayant accepté, la poste est ouverte à cette adresse le 16 novembre 1904. Les Monsois y disposeront du télégraphe et, "si besoin était", du téléphone. La poste quitte cet immeuble en 1932 pour le n° 90 - devenu 92 - de la même me, acheté par la commune. Ce local contenait auparavant un commerce de cycles et d'articles de ménage. En partie démoli par les obus en 1940, il est reconstruit et agrandi en 1951. La Circonscription de prévention et d'action sociale l'occupe depuis que le bureau de poste a émigré en 1971 avenue Robert Schuman où nous le trouvons aujourd'hui.


Le lotissement des Sarts


    Le terrain des Sarts consistait en une immense parcelle cultivée de plus de quinze hectares appartenant aux hospices civils de Lille, qui possédaient autrefois une ferme à l'angle des rues Mirabeau et Emile Zola. Comprise entre les rues Jean Jaurès, Parmentier, Jean-Jacques Rousseau et le boulevard du Maréchal Leclerc, cette parcelle est acquise par la commune pour en faire des lotissements de type HLM. La ville installe la voirie et les réseaux de distribution.


    La construction des logements débute en 1954. Huit ans plus tard, on y compte 2 740 personnes dont 1 436 venues de l'extérieur, réparties sur 492 maisons individuelles et 132 appartements, le tout groupé autour d'un vaste parc. Ce nouvel ensemble urbain respecte l'équilibre considéré comme nécessaire entre les logements individuels en accession à la propriété et les ensembles locatifs. La ville de Mons qui compte 9 125 habitants en 1959, en dénombre 11 569 en 1962, ce qui paraît être une progression raison­ nable. Mais la disparité des quartiers est déjà flagrante entre le haut de Mons, ancien et commerçant, et le bas de Mons, essentiellement résidentiel, avec une population souvent d'origine modeste, voire des courées subsistant ça et là. Ce manque d'unité va s'intensifier fortement avec l'apparition de la ZUP.



Place de l'Europe, au carrefour des avenues Robert Schuman et Marc Sangnier. A gauche, l'hôtel de ville. Tout à fait à droite, un pan de l'immeuble disparu dans l'implosion du 16 avril 1988, destinée à diminuer la forte densité de population (Ed. de l'Europe Pierron Sarreguemines).



L'avenue Robert Schuman avec les tours de l'Europe à gauche et la résidence de l'Hôtel de ville, à côté de la mairie, à droite (Ed. de l'Europe Pierron Sarreguemines).

 

Création de la ZUP

 

    "Historiquement la zone d'habitations a été décidée le 27 novembre 1959 et instituée par arrêté ministériel du 15 avril 1960, la crise du logement qui sévissait alors atteignant son point culminant", peut-on lire dans Une terre, une histoire, des hommes, notice accompagnant un petit guide de Mons, publié sous la municipalité de Raymond Verrue en 1976. D'autres raisons officielles sont invoquées dans cet opuscule : il fallait "empêcher l'urbanisation désordonnée. Seuls la maîtrise des sols et un plan d'aménagement permettaient de faire obstacle à un urbanisme incohérent, d'éviter une exploitation irrationnelle des terrains et de s'opposer efficacement aux spéculations foncières".


    Très vite, la densité extrême de cette Zone à urbaniser en priorité (ZUP) est vivement critiquée, notamment par les habitants dont certains vivent mal les nuisances de ce type d'habitat, et aussi par Marc Wolf, devenu maire, et Jacqueline Osselin, première adjointe, dans leur livre paru en 1979 : Les Ascenseurs de la ZUP. Ceux-ci dénoncent, à ce propos, la "rationalité très particulière (...) de l'urbanisme des années soixante, tout entier au service de l'impératif industriel et de la modernisation du capitalisme français. Pour limiter la pression des salaires, l'Etat prend à sa charge (et donc à celle des contribuables) une partie des besoins de la population laborieuse (...) ici les besoins de logement : cette prise en charge se fait évidemment au plus bas prix."


    Le plan masse de l'architecte Henri Chomette, adopté par le maire Félix Peltier et son conseil municipal le 9 juillet 1963, prévoyait la construction de 4 500 logements sur 96 hectares dont 80 précédemment cultivés, dépendant pour l'essentiel de la ferme de Maurice Huchette, dite ferme d'En Haut, rue d'Alsace-Lorraine. Une centaine de bâtiments, anciens pour la plupart, font l'objet d'une expropriation. La municipalité concède l'étude à une société d'économie mixte, la Société du département du Nord qui devient ensuite la Société d'aménagement et d'équipement du Nord (SAEN). Les nombreux équipements collectifs : écoles, piscine... seront à la charge de la commune.


    Dès 1967, lors d'une présentation de la "cité nouvelle" à la Chambre de commerce de Lille, on parle de 5 600 logements destinés à accueillir 20 000 habitants, et M. Percheron, directeur de la SAEN, déclare que le centre commercial de l'Europe est appelé à devenir "le plus important du Nord". L'objectif de peuplement sera presque atteint puisqu'en 1976 "la commune rurale" est devenue "une ville de 30 000 habitants" (Une terre, une histoire, des hommes). Mais c'est au prix d'une densification liée à la montée inévitable des coûts d'infra­ structures. Il faut augmenter "le nombre de logements pour répartir cette charge foncière accrue" (Les Ascenseurs de la ZUP). Le plan masse s'arrête donc finalement à la construction de 6 600 logements dont 18 % individuels au lieu des 30 % décidés au départ. Bien sûr, la publicité pour les appartements des tours America vante "la vue sur la campagne". Mais on n'en atteint pas moins une densité de 10 000 habitants au kilomètre carré, voire 40 000 dans le secteur Sangnier-Languedoc où l'on a construit 1 500 logements pour 5 000 habitants sur dix hectares.



A l'entrée de Mons, en 1937, en venant de Lille par Saint Maurice des Champs, à gauche, la porte de la propriété Vandorpe, devenue maison de famille, avant de disparaître. Ce qui en reste constitue aujourd'hui le parc des Franciscaines. L'expression "maison de famille" désignait un établissement recevant à la fois des personnes âgées et des convalescents (Ed. EC Lille).



Le futur parc des Franciscaines, du temps de la maison de famille (Ed. Cailteux Gorlier Lille).

 

    Depuis sa création, la ZUP, appelée maintenant Nouveau Mons, a connu bien des aventures, heureuses ou malheureuses, dont nous ne parlerons pas puisque l'histoire immédiatement contemporaine n'est pas notre propos. Mais nous ne saurions terminer ce chapitre sans mentionner au moins deux parcs appréciés des Monsois, lointains échos du passé.


Ilots de verdure


    Le parc du Barœul s'étend sur 1,8 hectare. Le centre aéré municipal y fut créé en 1961, après l'acquisition par la ville d'une partie de l'ancienne propriété Meignié dont la demeure se trouvait rue du Général de Gaulle, là où existe aujourd'hui l'avenue de Bagatelle. L'autre partie de ce bel espace vert a été rachetée par la ville en 1984 aux missionnaires Oblats de Marie Immaculée. Elle comportait un verger qu'un des pères venait régulièrement entretenir. Les enfants qui fréquentent les centres aérés y grappillent les cerises, les poires ou les pommes, selon la saison.


    Quant au parc des Franciscaines, sur deux hectares, il est ce qu'il reste de la propriété Vandorpe, où le "château", transformé, était devenu établissement de convalescence puis maison de retraite tenue par des sœurs franciscaines avant d'être détruit en 1973. Il a fallu reboiser par endroits mais on y voit encore des hêtres pourpres, un superbe mélèze et des marronniers centenaires. Cet îlot de verdure à deux pas de la voie rapide de Lille-Roubaix-Tourcoing est un témoin actuel de la petite ville d'autrefois, encore à demi rurale.


L’architecte Eugène-Gabriel Pagnerre



- Né le 4 décembre 1874 à Petite-Synthe.

- Fils de négociant. Ses parents ouvrent un cabinet d'architecture à La Madeleine.

- A trente-et-un ans, il épouse Emilie Blochet dont il aura trois enfants.

- Admis en 1911 au salon parisien des artistes français présidé par Victor Laloux, auteur de la gare d'Orsay et de l'hôtel de ville de Roubaix. 

- En 1912, reçoit le titre d'architecte agréé des communes et du département du Nord.

- Construit son cabinet d'architecture au “Vert Cottage”, 4 bis rue du Quesnelet.

- Mobilisé à Dunkerque en août 1914. Pendant la guerre, sa mère habite le “Vert Cottage”, réquisitionné par les Allemands.

- Elu, peu après la guerre, secrétaire du syndicat des architectes agréés du Nord de la France.

- Ecrit dans L'Enchaîné, hebdomadaire de la fédération du Nord du parti communiste.

- Quitte le “Vert Cottage” en 1922 pour s'installer à Lille.

- En 1927, acquiert le château d'Oye Plage pour en faire un élevage avicole.

- Faillite de cette entreprise sept ans plus tard.

- Se sépare pour un temps de sa femme et s'installe dans un atelier d'artiste, rue Solferino à Lille.

- Mort d'une congestion en 1938. 

NDLR = Cette date a pu être corrigée à la suite de nouvelles recherches faites par l'association Eugénies, Gabriel Pagnerre est décédé le 2 juin 1939

Voir le site consacré à cet architecte : https://pagnerre.blogspot.com


    Son idéal d'architecte était de faire du sur-mesure à un prix très étudié, des constructions élégantes et pratiques, harmonieusement fondues dans un ensemble d'habitations destinées à la bourgeoisie moyenne.



Ce plan d'extension et d'aménagement de Mons-en-Barœul, dessiné par l'architecte Gabriel Pagnerre en 1925, était très ambitieux. Il n'a pas été retenu.

 

Croissance de la population monsoise

 

    Le graphique ci-contre est élaboré à partir de chiffres extraits de documents historiques et/ou municipaux. Bien sûr, les plus anciens sont approximatifs mais plausibles d'après les sources connues.


    Au XIXe siècle, la croissance démographique est due à l'amélioration progressive de l'hygiène et des soins. Ces progrès sanitaires entraînent, dans un premier temps, une baisse du taux de mortalité alors que la natalité reste élevée, d'où l'accroissement naturel de la population. A cela, il faut ajouter les effets des révolutions agricoles et industrielles qui multiplient les ressources nécessaires à la subsistance des humains. A Mons, la mise en service des tramways facilite les communications autour de 1880. Plus tard, la législation sociale, diminuant progressivement le temps de travail, renforce encore la tendance à permettre le logement dans la proche banlieue.


    Dans la première moitié du XXe siècle, la loi Loucheur en 1928 et d'autres lois sur le logement social développent encore les possibilités d'habitation ouvrière à Mons où subsistent en même temps de belles demeures pour les bourgeois amoureux du "bon air". Dans la deuxième moitié du XXe siècle, la réalisation du lotissement des Sarts entre 1954 et 1959 et surtout la création de la Zone à urbaniser en priorité (ZUP) provoquent l'explosion démographique qui élève la population à quelque 30 000 habitants en 1976.



Autour de l'église Saint-Pierre, le village encore regroupé avec au premier plan les espaces boisés des parcs Decoster et Gras, et à l'horizon les champs (Carte aérienne CIM).

 

Evolution démographique de Mons-en-Barœul



Voici quelques chiffres montrant l’évolution de la population monsoise : 1800 : 700 habitants 1852 : 1 120 h. - 1902 : 4 026 h. - 1956 : 10 287 h. - 1968 : 14 110 h. - 1976 environ 30 000 h. et 1999 au dernier recensement 23 135 habitants.



L'essor de la ville : au bout de la rue Parmentier et de la place de la République surgissent, au milieu des champs, les immeubles du Nouveau Mons (Carte aérienne SPADEM).



La rue de Roubaix au début du XX siècle, proche de l'avenue de la Sablière, avec l'ancienne maison du docteur Dumont, devenue ensuite celle du docteur Patoir, au numéro 47 (Ed. inconnu).



Sur la rue de Roubaix, en allant vers Lille, la percée à droite est celle d'une future construction, peu avant l'avenue de la Sablière (Ed. LB Lille).

 

Les "châteaux" vers 1900

 

    L'Annuaire général du département du Nord, dans son édition de 1902, donne la liste suivante de treize propriétaires ou occupants de "châteaux" à Mons-en-Barœul : Barbe-Drame, Carbonnet-Lechal, Veuve Courtecuisse, Delespaul, Goethals, Gras, Gustave Gras fils, Veuve Grillet-Het, W. F. Suttill, Vandorpe-Grillet, Albert Virnot, Urbain Virnot-Gamonet, A. Virnot-Tourangin.


    D'autre belles demeures figurent sur les cartes postales de l'époque : Villa l'Amitié au Tape-Autour, château Blanc ou château Kauffmann, château Briand, château Faucheur rue Emile Zola, villa rue du Quesnelet, Maison Blanche, propriété Meignié, 239 rue du Général de Gaulle.


La guerre de 1914-1918

 

    En 1914, l'élégante villa appelée "Vert Cottage" vient d'être construite par l'architecte Gabriel Pagnerre pour en faire son domicile et le siège de ses activités professionnelles, à l'angle de la rue du Quesnelet et de l'avenue du Trocadéro. Elle est réquisitionnée par l'armée allemande et reconvertie en maison de repos pour les officiers. Selon la tradition orale, ceux-ci se comportent d'ailleurs convenablement. Ils respectent l'édifice aussi bien que son mobilier. Un autre "Kasino" est installé chez M. Colléate, rue Parmentier, tandis que la maison de campagne de la famille Virnot-Gamonet, sur le terrain futur de "La Mondiale", rue Emile Zola, doit héberger une cantine militaire.



Au premier plan, dans la rue du Quesnelet, le Vert Cottage, villa construite par Gabriel Pagnerre, a send de foyer pour les officiers allemands pendant les deux guerres. Cette carte a été utilisée juste après la Grande Guerre, en 1921 (Ed. LS Hautmont).

 

Occupation et conditions de vie

 

    La petite ville de Mons, qui dénombre 5 807 habitants en 1918, est soumise aux rigueurs de la pénurie et aux exigences de l'occupant, arrivé à Lille le 12 octobre 1914. Il repartira quatre ans plus tard, à peu près jour pour jour, le 17 octobre 1918. L'ennemi a tôt fait de désigner ses otages, transportés à la Citadelle quand les événements tournent à l'aigre. A défaut du maire, trop âgé, l'adjoint Paul Delabassée doit jouer ce rôle avec Charles Bavard comme suppléant. Lorsque les déportations d'otages auront lieu vers l'Est, au début de 1918, la "classe considérée", à Mons comme ailleurs, sera touchée : Mme Waymel part à Holzminden et M. Louis Gras à Milejgany.



Au carrefour Daubresse-Mauviez Sablière, une épicerie a fait face un temps à la pharmacie Parsy (Ed. LS Hautmont).

 

    En attendant, les occupants réquisitionnent toutes sortes de choses : les lapins, les articles de ménage en argent ou en étain... Chez le pharmacien Paul Achille Parsy, 53, rue Daubresse-Mauviez, la prise de guerre comprend de la graisse vétérinaire, une bascule médicale, 190 bouteilles de bourgogne, dix autres de champagne, etc. Il faut à peu près tout déclarer, y compris les poules - et remettre un œuf par poule tous les trois jours -, les pieds de rhubarbe et les machines à coudre. Le plus pénible sans doute est la réquisition de la laine des matelas, chaque personne ne pouvant en conserver que deux kilos pour son usage propre.


    Pendant quatre ans, le pain est le gros souci de tous les jours. Les cartes de rationnement sont distribuées à partir du 8 mai 1915, mais la qualité laisse à désirer. Ceux qui le peuvent achètent du blé au marché noir et font leur miche eux-mêmes. Un habitant de la rue Rollin écrit au président du comité local d'alimentation pour se plaindre que le pain mal cuit moisit en moins de trois jours. Une Monsoise âgée de 83 ans se voit refuser du pain blanc par le même comité, malgré la prescription médicale du docteur Deleau. Il est vrai que le charbon est rare et l'énergie rationnée, comme en atteste cet "acte" publié par l'occupant dans le Bulletin de Lille du 13 septembre 1917 :


    "Par suite de la pénurie de charbon, les mesures suivantes concernant la limitation de la consommation de gaz et d'électricité, ont été arrêtées dans l'intérêt public : à partir du 10 septembre 1917, tout abonné à l’une des deux Sociétés de gaz (Wazemmes et Continentale) qui desservent Lille et les communes environnantes [liste où figure Mons-en-Barœul] ne pourra plus consommer plus de 75 % de la quantité utilisée, d'après les livres de la Société, dans le mois correspondant de l'année dernière [...]"


    Dans ce gros village resté en marge des grandes agglomérations industrielles voisines, les difficultés du ravitaillement sont à peine atténuées par la présence d'exploitations agricoles et maraîchères encore nombreuses, et la municipalité dirigée par Victor Lelièvre prend des mesures pour limiter au maximum les effets néfastes de la guerre.


    Le 4 janvier 1916, le conseil municipal, "considérant les grandes difficultés de la vie, aggravées par la saison d'hiver", est appelé à décider une augmentation du taux de secours aux Monsois assistés. Il accorde la même majoration aux chômeurs et nécessiteux que celle consentie par la ville de Lille, soit - par semaine - 2 F pour les chefs de famille et 1 F pour les autres. "Les besoins de la population de la commune de Mons-en-Barœul", déclare la délibération, sont "les mêmes que ceux de sa voisine, la ville de Lille".


    Chaque année, à compter de janvier 1916, les élus ont à valider les comptes des opérations de ravitaillement. Il faut payer les marchandises alimentaires fournies régulièrement par les organismes chargés de répartir la nourriture, en provenance ou non de pays neutres : la Commission For Relief in Belgium, le Comité national de secours et d'alimentation, le Comité d'alimentation du Nord de la France et le comité de district de Lille. Le coût de l'ensemble des denrées ainsi vendues aux Monsois depuis le début de l'occupation s'élèvera, fin 1918, à près de deux millions et demi de francs.


    A plusieurs reprises, le conseil municipal devra faire face à l'augmentation des prix des denrées livrées par le comité d'alimentation du Nord de la France. C’est ainsi que le 11 février 1917, à l'exemple des villes de Lille, Roubaix et Tourcoing, il consent aux bénéficiaires d'allo­ cations militaires ou de chômage une majoration égale au surcroît de dépenses, "bien que, commente Victor Lelièvre, cette somme soit considérable et contribuera à obérer fortement et pour longtemps nos finances déjà si compromises." Une autre majoration sera nécessaire dès le 11 octobre 1917.


    Pour une semaine, part de l’Etat comprise, les allocations militaires versées aux familles de mobilisés se montent alors à 11, 50 F. On y ajoute 5, 75 F par enfant de moins de seize ans. Le secours de chômage est de 11, 25 F pour le chef de famille, plus 7, 25 F pour les plus de seize ans et 5, 50 F pour les moins de seize ans.



Une unité allemande de passage rue Jeanne d'Arc après l'offensive, en 1918. Au dos de cette carte postale figurent des noms de soldats, avec la mention décédé (+) pour certains.



    Le 21 mars 1918, pour pallier les difficultés croissantes des Monsois, le conseil municipal procède autrement : plutôt que d'augmenter encore le montant des allocations versées à certaines catégories, il préfère voter une diminution des dépenses d'alimentation de 2 F par personne et par semaine, diminution qui profite à l'ensemble des administrés. Le maire évoque "la situation difficile créée à la population par la hausse constante du prix des denrées alimentaires et des objets de première nécessité. Les titulaires d'allocations militaires et les chômeurs aussi bien que la plus grande partie de la population non assistée, qui doit vivre sur une épargne déjà fortement ébréchée, ne peuvent plus acheter intégralement les vivres que leur distribuent les comités locaux de ravitaillement."



Vue de la rue Franklin, choisie et envoyée le 14 novembre 1914 par un militaire allemand dans son pays. L'orthographe "Francklin" était fréquente à l'époque (Ed. PH).

 

    Au lieu de recourir à un nouveau relèvement des tarifs, il paraît plus juste et plus approprié, selon Lelièvre, d'adopter "une mesure d'ensemble qui, en soulageant efficacement les allocataires et les chômeurs, bénéficie­ rait aussi aux autres familles, modestes pour la plupart, qui se débattent dans une situation critique et méritent également d'être aidées, tels les petits pensionnés, commerçants, etc." Le maire fait accepter par ses collègues la "combinaison" suivante :


    - le tarif actuel de vente au public de produits du comité d'alimentation du Nord de la France est considéré comme définitif et restera invariable quelles que soient les majorations ;

    - à partir du 25 mars 1918 le prix du pain est ramené de 0,60 à 0,30 F le kilo, soit une diminution par personne et par semaine de 0,75 F, le prix total des achats des autres produits du comité d'alimentation est diminué d'une somme de 1,25 F par personne et par semaine.


    D'autres mesures s’avèrent moins équitables. Ainsi, le 23 novembre 1917, trois responsables des services du ravitaillement monsois écrivent au secrétaire général du Comité d'alimentation du Nord de la France à Lille : " Sachant que les vivres achetés par le Comité hollandais doivent être distribués par les grandes villes aux petites communes de leur district (...) nous nous permettons d'attirer votre attention sur ce contrôle qui nous semble s'exercer insuffisamment. A l'appui de notre affirmation, nous pouvons nous servir d'un exemple récent, celui de la distribution des pommes. Nous pourrions également vous citer celui de la distribution des oignons.

" A Lille, on a fait jusqu'à présent par personne 

    7 distributions de pommes de 1 kg

    1 distribution de pommes de 2 kg soit un total de 9 kg 

" A Mons-en-Barœul, on a fait jusqu'à présent

    1 distribution de 1 kg 500

    1 distribution de 2 kg soit un total de 3 kg 500

    " On a une différence de 5 kg 500 de plus pour Lille et par personne, ce qui nous paraît énorme..."


Les "enlèvements" d'hommes


    Plus pénibles sont les "enlèvements" d'hommes. Une lettre "à la Commandanture de Mons-en-Barœul" en témoigne :


    " Nous sommes informés que l'autorité allemande vient d'enlever à Mons-en-Barœul MM. Polez Florimond, rue des Prés fleuris, et Grimonprez Victor, rue des Prés fleuris. Ces deux personnes étaient occupées à Lille par le Comité local d'alimentation qui fonctionne sous la direction et sous le contrôle de notre Comité."


    " Le 9 novembre dernier, nous avions adressé à la Commandanture de Mons une liste des employés de sexe masculin actuellement au service du Comité d'alimentation à Lille et résidant à Mons. MM. Grimonprez et Polez figurent sur cette liste. Nous informions par la même lettre la Commandanture de Mons de la décision prise par la Commandanture de Lille qui mettait à l'abri de tout enlèvement ceux de nos employés qui habitent Lille. Cette décision s'explique par l'utilité de conserver dans un service des personnes qui y travaillent depuis plusieurs mois et qui sont au courant de leur besogne. Si une évacuation nous prive subitement du concours de ces collaborateurs, nos répartitions de vivres à la population risquent d'être désorganisées. C'est pourquoi nous espérons que vous voudrez bien revenir sur la mesure prise à l'égard de MM. Polez et Grimonprez et qu'ils pourront rentrer chez eux et continuer leur service au Comité.


    " Nous remercions la Commandanture de tout ce qu'elle fera pour satisfaire notre requête. Veuillez trouver ci-après, la liste du personnel masculin travaillant à Lille pour le Comité d'alimentation (Comité américain) et habitant Mons-en-Barœul " [Une liste de 17 personnes est jointe avec adresses et indication de leur emploi].


    Certains "évacués", travailleurs civils que les Allemands réquisitionnent dans la zone d'occupation, proclament leur faim dans cette lettre parvenue au préfet le 22 juillet 1917 par le canal de la Mairie de Mons. Elle émane d'un groupe de Monsois.


    " Monsieur le Préfet,

    " Je me permets au nom de mes camarades et au mien, nous pauvres évacués de Mons-en-Barœul et qui logeons dans un bois à Ancoisne. Je ne vous décrirai pas dans cette lettre comment nous sommes logés, et la misère que nous subissons, mais la principale cause de ma demande est de vous dire que nous avons faim.


    " Je vous dirais que dans ce bois il y a neuf baraques qui forment neuf communes différentes y compris la nôtre. Voici le nom de quelques communes voisines à la nôtre : Hellemmes, Annappes, Willems, Anstaing, Cysoing. Je vous disais donc que ces communes reçoivent le ravitaillement pour rien ; citons par exemple les évacués d'Hellemmes : ils touchent 2 pains de 3 livres, 6 biscuits, du lard, du riz et des haricots et quand ils retournent en permission ils ont encore le ravitaillement pour rien. Pourquoi nous, évacués de Mons-en-Barœul, nous ne recevons rien. Ainsi, hier, en revenant de permission, nous avons été au ravitaillement, nous avons eu un pain de 3 livres, un morceau de lard, et une ration de saindoux que nous avons dû payer la somme de 3 F 70. Pourquoi nous force-t-on à payer lorsque les autres communes l'ont pour rien. C'est sur ce sujet, cher M. le Préfet, que nous voudrions être instruits surtout que les Allemands ont voulu nous payer et que nous ne voulons pas accepter un centime. N'ayant pas d'argent, il nous est fort difficile d'arriver à payer notre ravitaillement. Donc, quand nous retournons chez nous, nous sommes obligés de manger la ration de nos femmes et de nos enfants puisque n'étant plus là, l'on a eu la bonté de nous rayer de la liste et de nous rayer du chômage."


    Les réquisitions d'hommes sont fréquentes pendant toute la durée de l'occupation. Les conditions de travail, près de la ligne de feu, sont souvent très pénibles et quatre Monsois trouvent la mort dans le "bataillon des ouvriers civils de l'Aisne". Lucien Herbet, "brassard rouge" de dix-sept ans, sera tué par un projectile anglais à Don-Sainghin, le 21 avril 1918. Les moins malheureux sont sans doute les chômeurs envoyés de force au bois Virnot, au nombre d'une trentaine, pour couper les arbres. Ceux-là reviennent dîner et coucher chez eux. Mais la mort commence à rôder partout, avec la multiplication des bombardements aériens qui frappent les victimes civiles. A partir de 1917, les champs d'aviation de Wasquehal et d'Annappes-Hellemmes sont particulièrement visés. Le 15 avril 1918, on enterre trois Monsoises, surprises dans la rue par des éclats d'obus.



Ce dessin sur carte postale, sans doute remise aux souscripteurs, présente le projet du futur monument aux morts (Arch, municipales).

 

Difficultés de gestion au conseil municipal

 

    A partir du 26 octobre 1914 et pendant toute la durée de l'occupation, le conseil municipal se réunit au moins une fois par mois sous la présidence du maire, l'infatigable Victor Lelièvre. Ces séances très rapprochées n'ont souvent d'autre motif que de pallier le manque d'argent qui paralyse les services municipaux.


    La délibération suivante est votée dans les mêmes termes à cinquante-deux reprises (seul change le montant de la somme empruntée) :


    " Le percepteur et le receveur municipal privés de toutes communications avec les services du trésor ne disposent plus de fonds suffisants pour faire face au paiement de toutes les dépenses d'assistance aux familles nécessiteuses. Il est indispensable de prendre des mesures pour que la commune puisse se substituer à l'Etat et au département dans le règlement des dépenses [...] La ville de Lille a émis des bons communaux de circulation et consentirait à en mettre à notre disposition."


    En conséquence, l'assemblée sollicite de la grande cité un prêt variant de 25 000 F -le plus bas le 26 octobre 1914 – à 285 000 F - le plus élevé le 2 juin 1918 -. Ce prêt est consenti au taux de 2 % l’an pour les frais de service de l'émission. En vue de garantir le remboursement, les édiles monsois votent aussitôt "un emprunt qui serait contracté après la guerre auprès du Crédit foncier de France, de la Caisse nationale des retraites pour la vieillesse ou de tout autre établissement prêteur."


    Par ailleurs, le 30 juin 1916, le conseil municipal rencontre un problème particulièrement épineux : le paiement d’une contribution de guerre par la commune. Il s’agit là du second impôt qu'exige l'autorité allemande. Jusqu'alors, le maire a réuni la somme réclamée "avec le concours des habitants fortunés". Cette fois il ne peut plus compter sur leur aide et il demande à ses collègues "de prier la ville de Lille d’en faire le règlement pour notre compte", en bons communaux bien entendu. L'emprunt nécessaire se monte à 371 552 F. La Commandanture de Mons- en-Barœul, par lettre du 21 juin, adressée au maire, avait annoncé en un français approximatif :


    "Par ordre de la 6e Armée aux communes du territoire de l'armée, est imposée une contribution obligatoire comme subvention aux frais des besoins des troupes et du gouvernement du pays occupé (Art. 49 de la Convention de La Haye sur la guerre territoriale)."


    Le conseil municipal estime qu'il y a lieu de payer "pour éviter à notre population les mesures de rigueur qui pourraient être prises." Moins d'un an plus tard, le 9 mai 1917, il sera informé que le Haut Commandement avait à nouveau imposé la commune de 351 000 F, payés directement par la ville de Lille. Le 15 juillet suivant, sans plus attendre, une autre "contribution de guerre" est réclamée pour un montant de 526 500 F, et encore une le 5 décembre, bien plus élevée : 1 009 000 F.


    Le 17 octobre 1918, l'ennemi, avant son départ, fait sauter "le nouveau pont au bout de la rue Thiers", ainsi que le pont du Lion d'Or. Rapidement reconstruits en bois, ils resteront longtemps dans leur état "provisoire" et ne seront définitivement reconstruits que bien après... la guerre 1939-1945 ! Enfin la première guerre mondiale se termine. Au début de la séance qui suit l’Armistice, le 22 décembre 1918, le maire rap­ pelle le souvenir de ses collègues défunts. "En quelques mots partis du cœur, il rend un éclatant hommage aux nations alliées et à leur gouvernement, à M. Clemenceau, président du Conseil, au maréchal Foch, à toutes les armées de l'entente et plus particulièrement à nos vaillants soldats français. Enfin à tous ceux qui ont souffert avec tant de courage et fait le sacrifice de leur vie", est-il dit dans le procès-verbal de cette séance historique.



Ce tableau portant les noms des victimes monsoises de la Grande Guerre fut exposé en l'église Saint-Pierre jusqu'aux travaux de 1931 et disparut ensuite. En 1920, Victor Lelièvre, ancien maire, avait protesté auprès du curé, l'abbé Alfred Salembier, car il ne voulait pas que le nom de son fils Georges, tué à Douaumont, fût inscrit à l'intérieur de l'église. Celui-ci est mort en 1916, et non en 1918 comme l'indique par erreur la liste ci-contre (Ed. Pottier-Hallez).

 

    Si, à la veille du départ des Allemands, on a vu deux familles monsoises, compromises, s'enfuir vers la Belgique, deux jeunes de la commune, Georges Valleur et Lucien Marchand, étaient partis clandestinement vers la Hollande, en 1917, pour rejoindre la France libre et "porter l'uniforme des poilus". Ils furent hélas capturés près de la frontière allemande, condamnés par le conseil de guerre et incorporés dans un groupe de "Brassards rouges" qu'on a surnommé le "Bataillon de la mort" à cause des mauvais traitements. Lucien Marchand succomba le 22 juin 1918 à l'hôpital de Tournai.

 

Après la guerre : hommage et souvenir

 

    Le 15 juin 1919, le conseil municipal décide d'organiser une cérémonie au cimetière, le 14 juillet, pour glorifier les morts de la Grande Guerre. Invitation est faite aux habitants d'arborer, ce jour-là, le drapeau national. "Sur la proposition des citoyens Boet et Barbez, le conseil à l'unanimité décide de donner le nom de Jean Jaurès à la rue des Prés fleuris et d'adresser une lettre de respectueuse sympathie à Mme et à Mlle Jaurès."


    Selon une liste sans doute incomplète, établie quelques années après la fin des hostilités, la commune de Mons-en-Barœul a perdu 127 de ses jeunes gens au cours de la Grande Guerre. L'année 1915 fut la plus meurtrière avec 42 morts. Il faut ajouter 15 victimes civiles dont les décès sont dus à des faits de guerre, ce qui fait un total de 142 défunts. Mais une autre source - à propos du monument aux morts - parle de plus de 150 morts. En fait, pendant bien des années, des anciens combattants sont morts des suites de blessures de guerre, et il est difficile d'établir un bilan précis.



Le bâtiment clés douanes fut détruit peu après la guerre pour laisser place au monument aux morts, à l'angle des rues Daubresse-Mauviez - du Général de Gaulle - et Rollin (Ed. E.C.).

 

    Le 6 novembre 1920, suivant un vœu de M. Emile De Goedt, conseiller municipal et futur maire, il est décidé d'accorder gratuitement dans le nouveau cimetière de Mons une concession de terrain de 45 ans à toutes les familles qui en feraient la demande pour le rapatriement du corps de leur enfant "mort pour la France". La commission administrative du Bureau de Bienfaisance, à l'unanimité, renonce en conséquence à la part revenant aux pauvres de la commune sur le prix des terrains mis à la dispo­ sition des familles pour l'inhumation de ces soldats. Les frais de transport des dépouilles de militaires sont bien entendu remboursés par l'Etat.

 

    Pendant plusieurs années, le dimanche matin, à 11 h 15, on se ras­ semble à l'ancienne caserne des douanes, à l'angle de la rue Daubresse- Mauviez (du Général de Gaulle) et de la rue Rollin, autour d'un cercueil de soldat, et l'on part en cortège vers l'église pour la cérémonie religieuse, suivie de l'inhumation au cimetière.

 

Le monument aux morts

 

    Peu après la fin de la guerre, la commune décide d'ériger un monument "digne [...] de ses vaillants Défenseurs". Un comité dont le président est Jules Tiers et le secrétaire Gustave Pierre Decoster procède à une souscription. Outre les grands souscripteurs pour des sommes variant de 100 F à 2 000 F, on trouve, parmi les donateurs, des enseignants et des élèves dont la participation est plus symbolique.


    La statue, œuvre de Dominique Bevilacqua, sculpteur à Paris, connaît quelques déboires à son arrivée en gare de Lille le 7 août 1923 : elle est brisée au niveau du coup de pied. Une autre statue sera livrée en fin avril 1924. Le choix de l'emplacement occasionne aussi un certain retard dans l'installation du monument. Celui-ci devait être construit sur le terrain de l'ancienne caserne des douanes qui occupait la place de l'actuel square du Combattant. Mais pour démolir l'édifice, il faut en expulser les locataires - des réfugiés - qui sont en fin de compte, après un accord difficile avec les autorités militaires, relogés dans des baraques du fort. Le monument est inauguré le 24 août 1924 sous la présidence d'honneur du préfet Morain, du général Lacapelle, commandant le 1er corps d'armée, et de Gustave Lericq, soldat chevalier de la Légion d'honneur, décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre.


    En 1926, une autre affaire de monument soulève les passions dans la commune. La section des "Camarades de combat" prépare un projet à la mémoire des soldats monsois, sans emblème religieux. Considérant que ce serait un monument païen, un comité catholique lance une campagne de signatures au terme de laquelle soixante-neuf familles, sur les cent quatorze concernées, défendent d'y inscrire le nom de leurs défunts. Sans doute s'agit-il du monument érigé dans le vieux cimetière et détruit lors d'une tempête, le 13 novembre 1940. Mais d'autres tempêtes agitent les Monsois à cette époque puisque la Seconde Guerre mondiale n'en est qu'à sa deuxième année.

 

    Les noms des "morts pour la France" et autres victimes monsoises des deux guerres mondiales sont inscrits au dos du monument, square du Combattant.



La légende de cette carte illustrant l'installation du monument aux morts contient une belle "coquille" (Ed. Lucien Follet Lille).

 

Petits échos d'une grande guerre

 

L'espion du Lion d'Or - En août 1915, Paul-Henri Mangez est détenu quinze jours à la Citadelle. Motif : a été vu se promenant chaque matin à la même heure au pont du Lion d'Or, le long du chemin de fer ; comme son gendre est aviateur, les gendarmes teutons ont flairé une histoire d'espionnage !

 

Règlement pour tous - Employé du tramway, M. Aubert, 9 rue Marceau, a été condamné par le conseil de guerre à quatorze jours de prison, en mars 1915, pour avoir rappelé à un capitaine allemand qu'il était interdit de fumer à bord des voitures.

 

La bonne aubaine - Au début de l’occupation, le cheval d'un officier eut un "coup de sang" rue du Barœul. Son maître l'acheva d'une balle dans la tête et autorisa la population à le dépecer pour son compte. L'animal fut transporté dans la pâture Salembier et distribué par morceaux, à la plus grande joie des bénéficiaires.



Pendant les cérémonies, la foule débordait volontiers sur la chaussée. Aussi le monument aux morts fut-il reculé pour faciliter le passage du tramway. Cette carte est datée de J948 (Ed. La Cigogne Lille).

 

Les armes du curé - Le 30 août 1915, deux gendarmes emmènent l'abbé Salembier à Lille pour interrogatoire. Ils ont découvert au presbytère deux revolvers et cinq ou six épées de parade, non aiguisées. Le pasteur réussit à faire admettre que ces armes devaient servir à l'abbé Briet, vicaire mobilisé, pour les représentations théâtrales du patronage.

 

Adieu toutous - Le 16 mars 1916, affichage d'un arrêté pour la perception d'une taxe sur les chiens. Grand émoi dans la commune : que faire ? Où est le devoir ? Plutôt que de payer, beaucoup, parmi nos concitoyens, ont fait abattre ou empoisonner leur chien.

 

On ne badine pas - Le 28 mars 1917, Mlle B. est emprisonnée pour quarante-huit heures : elle n'avait pas nettoyé son trottoir.

 

L'heure et l'heure - Dès le 6 novembre 1914, l'occupant impose l'heure allemande et fait retarder d'une heure les horloges publiques et celles des estaminets. Mais l'heure française continue de régner à l'église et dans les maisons.



Cette carte montre bien, devant le monument aux morts, les câbles aériens et les rails nécessaires à la circulation du tramway (Ed. Pollet, Lille).

 

La guerre de 1939-1945



Confiscation des postes de T.S.F. (Archives municipales).

 

    Pendant la "drôle de guerre", du 3 septembre 1939 à mai 1940, époque où la guerre éclair aura raison des armées françaises et anglaises, les Monsois, comme tous leurs compatriotes, connaissent l'étrange période d'at­ tente où l'ennemi ne se manifeste guère. Les hommes ont été mobilisés mais ils restent quasiment inactifs dans leurs cantonnements. C'est tout autre chose quand Hitler déclenche l'offensive allemande le 10 mai. Les troupes du Reich envahissent la Belgique qui capitule le 15 mai. Par la "percée des Ardennes", elles coupent en deux l'armée française et pénètrent dans notre région qui se trouve une fois de plus au cœur des affrontements.



Au Lion d'Or, au premier plan, un soldat quitte Mons pour entrer à Lille, devant le château Kauffmann ou Château blanc. Au verso de cette carte, on lit la date "1928" (Ed. L Pollet Lille).


    Dans la nuit du 16 au 17 mai, Marcel Pinchon, lieutenant de réserve au 84e régiment d'infanterie, meurt en essayant de résister aux Allemands dans le blockhaus des Garennes à Solre-le-Château. Dès le début du combat, le canon de 37 refuse tout service et les hommes doivent se contenter d'une mitrailleuse. Bientôt un obus perce le blockhaus, et c'est la fin. Auprès de l'héroïque Monsois on trouvera une lettre émouvante à ses parents, écrite juste avant sa mort. Son buste, place Fénelon, actuellement parvis Jean XXIII, rappelle son courage et une rue en évoque le souvenir. Une plaque signale aussi la maison où il habitait avenue de la Liberté. Ce clerc de notaire avait été un militant actif de la Jeunesse catholique. Il présidait l'amicale des anciens élèves de l'école Saint-Honoré.

 

    Dès janvier 1940, les soldats anglais, au nombre de 122, avaient été logés à Mons et il semble que certains aient mal supporté leur présence : une lettre d’un habitant "protestant contre les destructions" est conservée aux archives municipales. La défaite des alliés, l'armistice signé le 22 juin apportent bien d'autres ennuis. La région du Nord est non seulement occupée mais de plus déclarée zone interdite. A ce titre, elle est rattachée au gouvernement militaire allemand de Bruxelles, en vue d'une éventuelle annexion. Ces mesures se traduisent notamment par un pillage encore plus intensif des ressources économiques du Nord de la France.

 

    Les combats de mai-juin ont occasionné quelques ravages. Les bombes allemandes détruisent une maison rue Jean Jaurès prolongée en voulant neutraliser une batterie installée dans les jardins. Le 26 mai 1940, un puissant tir d'artillerie est déclenché soit par des éléments britanniques, soit par des unités françaises qui résistent jusqu'au bout à Lille-Sud. Les deux versions restent en présence... En tout cas, il provoque l'incendie du café à l'angle des rues Franklin et Daubresse-Mauviez, celui de la boulangerie en face et d'une partie de la poste. Le "château" Courtecuisse disparaît en même temps. A cette occasion, sept ou huit personnes sont tuées dont Mme Verhille, tenancière du café. Des obus de même origine anéantissent trois immeubles à l'angle de la rue Pasteur.



A droite, à l'angle des rues Pasteur et Daubresse-Mauviez - du Général de Gaulle -, le magasin d'alimentation du n°195. Il fut détruit par un bombardement en 1940. La carte est de 1924 (Ed. LS Hautmont).

 

    L'évacuation des Monsois qui cherchaient à fuir les hostilités est généralement de courte durée. Partis vers la mi-mai, bientôt arrêtés par les combats, ils reviennent chez eux vers la mi-juin 1940. Pour Mme Hibon et ses deux garçons, qui habitaient rue Emile Zola, l'exode se termine tragiquement : tous les trois sont tués sur le pont de La Bassée. Il en est de même du couple Abel Prévôt, de la rue Carnot, et de leur fille Monique, âgée d'une dizaine d'années. Cette situation de guerre et de débâcle donne lieu, à Mons comme ailleurs, à de nombreux pillages. Le maire, Emile De Goedt, resté sur place, enrôle les quelques hommes présents dans des patrouilles chargées de sauvegarder ce qui peut l’être encore.


    Le fait que la région du Nord soit, dès juillet 1940, déclarée zone interdite, rend plus difficile le retour des réfugiés qui étaient partis loin, et il est impossible pour les Monsois, sans autorisation de l'occupant, de quitter leur petite ville pour une destination située au-delà de la ligne de démarcation de la Somme. Beaucoup d’hommes ont été faits prisonniers et internés dans des camps en Allemagne. Les Monsois subissent, comme tant d'autres, les privations, les réquisitions et les "punitions" infligées par l'occupant. Ainsi une affiche du 2 avril 1941 leur interdit de sortir après 19 h 30, sans doute en rai­ son d'un acte de sabotage perpétré dans la région. Une autre du 12 mai 1941 leur intime l'ordre de déposer les postes de radio à l'école Pasteur. Cette sanction survient au lendemain de la manifestation du 11 mai autour de la statue de Jeanne d'Arc à Lille, qui a rendu furieux les Allemands. Les postes sont confisqués pour six semaines, mais plus d'un propriétaire astucieux s'est arrangé pour remettre un appareil en mauvais état, l'autre, le bon, restant caché à la maison. L'anglophilie s'est développée dans notre région où la population écoute volontiers la BBC. Ces témoignages passifs de patriotisme se prolongent bientôt par la participation de plusieurs Monsois à d'importants réseaux de résistance.

 

La Résistance

 

    Tout a commencé dès l'été 1940. Le garde-champêtre Henri Prévost, ancien combattant de la Grande Guerre où il fut blessé et cité, entre­ prend la récupération des armes déposées en mairie, sur l'ordre de l'occupant, par les particuliers, et des munitions abandonnées au fort par l'armée française. Il agit avec le concours actif de ses fils, Henri et Fernand, et de leur ami Maurice Steelandt. La complicité d’Hector Duthilleul, secrétaire adjoint de la mairie, n'est pas de trop pour dissimuler, en particulier dans une tombe de l'ancien cimetière, rue Montesquieu, ce petit arsenal qui permettra plus tard d'équiper les volontaires de la libération.



Cette affiche allemande impose un sévère couvre-feu aux Monsois. Sa diffusion n ’a peut-être pas été assurée car les Monsois interrogés ne s’en souviennent pas. (Arch. municipales).

 

    L'expression de "maquis de Mons" est connue des anciens. De quoi s'agit-il ? D'un espace couvert d'arbustes et de broussailles, inaccessible aux promeneurs puisqu'il est compris entre les deux voies de chemin de fer, l'une allant de Lille à Dunkerque, l'autre de Lille à Tourcoing. Visible du pont Thiers, ce maquis est situé dans une courbe obligeant les trains à ralentir. De nombreux prisonniers de guerre en fuite évitent de descendre en gare de Lille, très surveillée par la police allemande, et sautent du train dans ce bosquet, d'où son surnom de maquis. Des résistants les accueillent ensuite à "la baraque", autrement dit le Café de la Mairie. Ils les hébergent et leur fournissent de faux papiers pour regagner leur domicile, via un café de la rue des Ponts de Comines à Lille, où on leur donne des vêtements et un billet de train. Le "tuyau" vient des camarades de "Kommando" qui ont réussi leur évasion, et à partir de 1941 les résistants monsois se relaient pour réceptionner les évadés.


    C'est aussi en 1941 qu'un réseau de contre-espionnage et de renseignements est organisé à Mons par Hector Duthilleul, alias Loulou, son épouse Juliette, Jeanne Parmentier qui tient le Café de la Mairie avec son mari Emile, et Henri Prévost qui préférera démissionner de la police plutôt que de suivre le régime de Vichy. Henri Poissonnier se spécialise dans la fabrication de faux papiers. Citons aussi, pêle-mêle, André Hallez, débitant de tabacs, Jean Lesurque, sous-chef de bureau à la mairie, Alexander Wilson, ancien combattant écossais établi avec sa femme à Mons, l'artiste peintre Joseph Colomar... D'autres peut-être sont restés dans l'ombre ou nous sont inconnus. La plupart sont en relation avec le mouvement Voix du Nord, très gaulliste. Beaucoup d'entre eux seront dénoncés, emprisonnés, voire déportés dans les camps de concentration. Certains y laisseront leur vie.


    Les rapports, d'une extrême précision, renseignaient les alliés "sur les points stratégiques, les batteries de défense contre avions, les réserves d'essence, les dépôts d'armes et d'explosifs", écrivent Lucien Détrez et Albert Chatelle (Tragédies en Flandres). A partir de 1942, ces rapports seront microfilmés pour être transmis aux services anglais de renseignements. Une autre activité du groupe monsois consiste à fournir des papiers d'identité à ceux qui doivent se cacher : résistants, évadés ou réfractaires du STO (Service du Travail Obligatoire). Alfred Moreaux fournit de faux cachets, de même qu'Henri Poissonnier, photograveur à l'imprimerie Léonard Danel de Lille. L'aîné des fils Prévost, Henri, travaillant en mairie, subtilise chaque mois un contingent de cartes d'alimentation destinées aux fugitifs. La Voix du Nord clandestine est diffusée sous le manteau, à trois cents exemplaires, dans la commune, par ces hommes et ces femmes de courage, dont une demoiselle Ducroquet.


    A ce propos, une anecdote authentique, relatée dans l'ouvrage de Lucien Détrez, Quand Lille avait faim, a été reprise dans le spectacle Son et Lumière de juin 1999. Un soir de 1941, se méfiant de l'occupant qui rôde plus que de coutume, Jeanne Parmentier dissimule hâtivement un paquet de journaux à distribuer dans le piano de la salle des fêtes qui communique avec le Café de la Mairie. Des soldats allemands, entrés dans l'estaminet, sont attirés par l'instrument de musique et veulent en jouer mais les notes graves ne donnent aucun son. Etonnés, ils ouvrent le piano et trouvent... le corps du délit. Avec une présence d'esprit peu commune, Jeanne Parmentier le leur prend des mains et s'écrie "c'est à moi" d'une manière si autoritaire que les Allemands restent interloqués pendant quelques secondes, le temps nécessaire à la disparition du dangereux colis. Payant d'audace, elle a échappé, pour cette fois, à l'arrestation.



Alexander Wilson, en uniforme britannique, pendant la guerre 1914-1918 avec son épouse. Cet Ecossais de naissance, établi ensuite à Mons-en-Barœul, s'est engagé dans la Résistance au cours de la Seconde Guerre mondiale.

 

    D'autres Monsois se sont illustrés dans la Résistance. Le douanier Maurice Bricout et son épouse Rachel, liés au réseau WO, viennent en aide à de nombreux fugitifs. Andréa et Denise Beucher, militantes communistes, appartenant aux Francs Tireurs et Partisans (FTP), sont arrêtées en 1943, déportées à Ravensbruck et libérées en avril 1945. Le franciscain Robert Desmoutier, originaire de Lille, avait été longtemps voisin d’Henri Poissonnier à Mons, cité des Lilas. Un tragique destin veut qu'ils partent ensemble à bord du "Train de Loos" vers l'Allemagne le 1er septembre 1944, veille de la libération. Lejeune religieux, ancien du séminaire franciscain de Mons-en-Barœul, aidait les aviateurs anglais en perdition et les réfractaires au STO dans son couvent de Roubaix. Il meurt à l'âge de 33 ans, le 31 mars 1945, au camp de Sachsenhausen-Orianenburg.

 

    L'abbé Oscar Rousseau, vicaire de la paroisse Saint-Pierre, directeur du patronage et aumônier de la JOC, prend position ouvertement pour la Résistance à son retour de captivité comme grand malade, en 1942. Il n'hésite pas "à proclamer son indignation devant la déportation au cours de sermons dans les offices religieux", lit-on dans une lettre d'hommage du ministre de l'Intérieur. En novembre 1943, Henri Prévost fils et Jean Lesurque deviennent des agents efficaces de l'important réseau franco-belge Zéro-France. Grâce à leur intermédiaire, l'abbé peut communiquer aux alliés de nombreux renseignements. Certains lui sont remis depuis avril 1944 par un jeune Monsois versé à la SNCF, sur les ordres de marche des trains allemands : convois de V 1 pour Watten-Eperlecques, pièces d'artillerie pour la côte, mouvements de troupes en direction de la Normandie, etc. Pour échapper à la vigilance des occupants, l'abbé cache les messages, traduits dans son code personnel, à l'intérieur de ses chaussettes, et il les porte lui-même, parfois, à Saint-Maurice, chez René Scribot qui les donne ensuite à André Soulier, assistant à la faculté des sciences, chargé de les acheminer vers Londres. Ces jeunes gens font partie de l'Organisation franco-anglaise du capitaine Michel (OFACM), reliée au réseau Sylvestre Farmer ou WO.



Cette photo réunit en 1945 les membres de l’Amicale des FFI derrière le monument aux morts. De gauche à droite : Georges STEELANDT, Jérôme BAERTSOEN, André DUCARTON, Alfred SIERENS, Henri DELAPLACE, Gelboë DUBOC, René MONSEUR, Louis LOEUILLEUX, Gaston BOURLET, Charles POLEZ, Marcel DINOIR. Assis au deuxième rang : Henri PRÉVOST fils, Paul LECOUTURIER, Henri MIROUX, Marcel POISSONNIER, président de la délégation municipale, André HALLEZ, Henri PRÉVOST père, Georges BOIDIN, Auguste STEELANDT, Charles BULTHÉ, Joseph VERBECKE, Eugène MERIAUX. Debout : Edouard DECHIROT, Emile OLIVIER, Pierre VERDIÈRE, Pierre GODEFROY, Edouard DAMBRAIN, Auguste ERAIKIN, Edouard DELABY, Robert PARENT, Claude VANMULEM, VERBECKE fils, Albert BOULANGER, Maxime DAURE, Auguste DHAUSSY, Edouard DUTILLEUL, Théophile DECLERCQ, Roger BOIDIN, Jean LESURQUE, Maurice STEELANDT, Paul NOBLECOURT, Marcel DELECLUSE, Robert GILLES, Marcel LECLERC, Théodule FAUQUEZ, Louis SPRIET, UYTTERHAEGEN, Lucien VINCENT, Désiré POLEZ, Louis TROUPIN. Porte-drapeau : Robert ALAIS. (Studio-Photo André CARON, Mons-en-Barœul).

 

    L'abbé Rousseau procure aussi de faux papiers aux réfractaires. Avec l'appui d'Hector Duthilleul, il a pris sous son aile Charles Meyer, un jeune israélite qui deviendra plus tard avocat. Il abrite son ami Alexander Wilson quand celui-ci est recherché par les Allemands. A la libération, il sert dans les rangs de la 40e compagnie du Mouvement de libération nationale (MLN) en qualité d'aumônier. Il est de ceux qui échappent à la vindicte nazie malgré le venin de la collaboration. Celle-ci, dans un de ses journaux, Au Pilori, avait déclaré : "Nous dénonçons l'abbé Rousseau qui, du haut de la chaire de vérité, au lieu de prêcher la parole de Dieu, encourage ses ouailles à la rébellion contre l'autorité occupante".

 

Enfin la libération

 

    Vers la fin de 1942, Henri Prévost père avait assisté à une réunion autour des chefs du mouvement Voix du Nord à Lille, rue Masséna. Il y reçut l'ordre de préparer un détachement de deux cents patriotes en vue de la libération de sa commune. La répression fît ensuite des ravages dans la résistance et le contact fut perdu avec la Voix du Nord. En juin 1944, cet isolement ne pouvant plus durer, le capitaine Prévost passe un accord avec un autre Monsois, Maximilien Daure, appartenant au Mouvement de libération nationale, et son groupe devient la 40e compagnie du MLN.

 

    L'ordre d'insurrection est donné le samedi 2 septembre 1944 vers 7 h. 30. "L'occupation [par les Forces françaises de l'intérieur (FFI)] de la mairie, de la poste et du poste de police s'effectua dans le plus grand calme", selon Nord Eclair du 7 septembre. Mais l'adversaire n'abandonne pas la partie sans lutter. Le fait le plus notable est la prise du fort Macdonald, que l'occupant vient d'évacuer, par un groupe de cinq hommes. Vers 11 h, deux camionnettes allemandes, signalées près de la brasserie coopérative de Mons, sont attaquées par une équipe de résistants dont fait partie, comme lieutenant FFI, Alphonse dit Lucien Malraux, alias Malo. Lors de l'affrontement, Adrien Valiez, FTP de 32 ans, père de quatre enfants, est tué sur le marchepied d'une voiture qui participe au combat. Malo n'est autre que l'oncle de l'écrivain André Malraux. Réfugié de Malo-les-Bains, alors domicilié à Mons, il siégera bientôt à la municipalité. A l'âge de 61 ans, en 1941, il n'avait pas hésité à s'engager dans la résistance active.


    D'autres escarmouches se produisent l'après-midi et plusieurs Allemands sont grièvement blessés. Le dimanche 3 au matin, Malo fait le coup de feu entre Flers-Breucq et le Moulin Delmar où un accrochage sérieux opposera FFI et FTP aux Allemands de 16 h à 23 h 30. Ceux-ci s'efforcent de reprendre le fort de Mons mais ils échouent dans leur tentative et perdent plusieurs hommes. Des prisonniers et des blessés sont ramenés au fort que dirige désormais le commandant FTP Henri Salembier, à la tête d'une compagnie. Ils y restent jusqu'à l'arrivée des alliés, tandis que les FFI ont établi leur cantonnement au “château” Coisne, rue Daubresse-Mauviez, près de la rue Mirabeau, puis chez les Franciscaines. Un tank constitue la plus belle pièce du butin des FFI. Le 3 au soir, Mons est totalement libéré.


    Robert Leconte, qui servit dans les FFI, n’a pas oublié le triste sort des “tondues”, coupables d’avoir fréquenté les Allemands, “sorties de force de chez elles, et rasées dans la rue au milieu d’une foule hystérique (...) A l’angle des rues Pasteur et Victor Lelièvre, écrit-il, une foule excitée s’apprêtait à couper les cheveux de deux jeunes filles qui habitaient notre rue. J’ai, avec quelques personnes de bonne volonté, fait arrêter ce supplice, qui ressemblait à un viol collectif.”


    Mais un corps franc constitué de FFI monsois est parti prêter main forte là où l'adversaire s'accroche encore, à La Madeleine, Englos, Comines, Verlinghem, Messines, Warneton, et jusqu'à Bergues. Plusieurs d'entre eux sont blessés : Michel Jolibois, Paul Lecouturier, ainsi qu'Henri Prévost fils, victime d'un grave accident à la Porte de Roubaix. Celui-ci est aujourd'hui président de l'Union Résistance Voix du Nord.



Dernier garde champêtre de la commune, Henri Prévost a joué un rôle de premier plan dans la libération de Mons-en-Barœul (Arch. familiales).



Premier défilé de la Libération à Mons-en-Barœul. Le cortège passe au Moulin-Delmar, semble-t-il (Arch. M. Wilson).



Véhicules de FFI devant le "château Decoster" (Arch. M. Wilson).

 

Jeanne Parmentier



    Née à Bavay le 22 décembre 1897, Jeanne Brouet travaille avec Louise de Bettignies et Léonie Vanhoutte dès la guerre de 1914-1918 pour aider au passage de prisonniers évadés. Elle reçoit la Médaille de la Reconnaissance anglaise et épouse Emile Parmentier, modeleur mécanicien sur bois, originaire de Valenciennes.

 

    Ayant repris le Café de la Mairie à Mons-en-Barœul avec son mari peu avant la guerre, elle est contactée par les fondateurs du mouvement Voix du Nord en 1941 et favorise la confection des journaux clandestins ainsi que le transport d'armes en compagnie de sa fille Apollonie dite "Lili" Gluck, par l'intermédiaire de la bouchère voisine du débit de tabacs. Celle-ci est elle-même en relation avec le groupe de résistance des Abattoirs. Les armes sont remises, à Fives, à Natalis Dumez, cofondateur de La Voix du Nord. Le n° 13 de la feuille clandestine, commencé chez Edmond Hordoir, rue Stappaert à Lille, est terminé chez les Parmentier à Mons-en-Barœul, où la machine à imprimer a été transportée dans une camionnette de l'entreprise Caroni.


    Jeanne, qui avait quitté Mons pour se cacher dans un appartement lillois, est arrêtée sur dénonciation le 8 septembre 1943 par Kohlz, chef de la Gestapo. Emprisonnée à Loos jusqu'au 27 janvier 1944, elle est ensuite déportée à Ravensbruck et à Mauthausen. Elle surmonte, grâce à un moral très élevé, "des conditions de vie abominables", selon les termes de son ami Henri Duflot à ses funérailles. Au camp, elle s’était liée d'amitié avec Geneviève de Gaulle Anthonioz.


    Libérée le 28 avril 1945 par l'armée soviétique, rentrée en juin 1945 à Lille, elle est nommée membre du conseil de gérance du journal et directrice du service social "Voix du Nord". Très affectée dans sa santé, elle meurt dix ans plus tard, le 18 août 1955, au sein de la colonie de vacances d'Olliergues, d'un infarctus du myocarde comme beaucoup d'anciens déportés. Chevalier de la Légion d'honneur, médaille de la Résistance, elle était homologuée lieutenant des Forces Françaises Combattantes.


    La rue Parmentier, baptisée ainsi en 1896, n'a rien à voir avec elle. Il s'agit là de l'agronome, vulgarisateur de la pomme de terre.

 

Henri Poissonnier



    L'une de nos rues porte le nom d'Henri Poissonnier. Monsois depuis quatre générations, fils du patron du Saint-Mathias au Trocadéro, il est né le 15 mars 1900 à Mons-en-Barœul. Photograveur à l'imprimerie Léonard Danel où il est entré à l'âge de douze ans, il a suivi des cours à l'école des beaux-arts.


    En 1941, il aide à la confection des premiers numéros de La Voix du Nord. Le chanoine Détrez, dans son livre Quand Lille avait faim, lui attribue la mise au point de la têtière inaugurée par le n° 30 du 15 avril 1942 : un dessin robuste symbolisant notre région. Au profit des clandestins, il s'adonne à la fabrication des fausses pièces d'identité et au détournement des tickets de ravitaillement, imprimés chez Danel. Après l'arrestation à Ascq d'un jeune homme auquel il avait fourni des papiers, il est lui-même capturé le 19 juin 1944 sur son lieu de travail, rue Nationale à Lille. Pour "un simple cachet sur une carte". L'une de ses filles, aujourd'hui Mme Polez, alors âgée de 21 ans, commençait à travailler dans la même entreprise ce jour-là. Lors d'une perquisition à leur domicile, 329 rue Daubresse-Mauviez, les policiers ennemis fouillent longuement mais ne trouvent pas les outils du graveur dissimulés sous le poulailler, dans une boîte à biscuits.


    Celui-ci comparaît devant le tribunal allemand, boulevard de la Liberté, qui le condamne à neuf mois de prison. Il part vers l'Allemagne le 1erseptembre 1944 à bord du "Train de Loos" et travaille dans une mine de sel à Kokendorf. Il contracte la dysenterie puis un ulcère à l'estomac et meurt au camp de Vayhinghem, près de Stuttgart, en février 1945. "Il est mort épuisé, gardant un moral exceptionnel jusqu'au bout", fera savoir un de ses compagnons.


    Sous la torture, il eut le grand courage de ne livrer aucun de ses compagnons. Mais avant son jugement, il confiait à un ami, Paul Duburque : "Il ne faut pas en vouloir à ceux qui n'ont plus la force de se taire ; je sais à présent tout ce qu'ils leur font subir pour les faire parler."


    Vice-président de l'amicale laïque mixte Rollin-Sévigné, nommé membre de la délégation municipale à la libération, il n'a pu évidemment siéger. "Je ne veux pas être boche toute ma vie", avait-il dit aux siens pour expliquer son engagement. Ses restes, rapatriés en 1957, reposent au cimetière de Mons. Sa maison a disparu dans l'extension de la brasserie Heineken mais la plaque qui rappelait son souvenir sur la façade a heureusement été conservée par Mme Polez.

 

Quinze monsois dans les camps de la mort

 

    Mons-en-Barœul n'a pas compté moins de quinze déportés au cours de la Seconde Guerre mondiale. Sont décédés dans les camps de concentration :


    Léon Camerlynck, René Debove, Robert Desmoutiers, Hector Flohart, Henri Poissonnier, Emile et Paul Vanhove, Georges Vannieuwenhuyse.


    En sont revenus vivants : Andréa et Denise Beucher, André Flohart, Henri Larmignat, Henri Ledez, Alfred Moreaux, Jeanne Parmentier. On peut ajouter Natalis Dumez, co-fondateur de La Voix du Nord, qui a vécu par la suite à Mons-en-Barœul.


    Adrien Valiez, Jules Grymonprez et Roland Amedro ont été tués lors de la libération.

 

La dernière lettre de Marcel Pinchon



    "A mes chers parents, frères et sœurs, à tous mes amis - Nous sommes attaqués violemment par artillerie et engins blindés. Notre devoir est de tenir. Nous tiendrons jusqu'au bout, et vous m'approuverez certainement. Je mourrai sans haine, sans rancœur, avec la satis­ faction d'avoir fait mon devoir et le cœur plein d'amour pour Dieu et pour vous - la vie m'a accordé de doux moments - elle m'en promet­ tait d'autres encore - mais Dieu est seul juge des grâces qu'il nous accorde - J'ai fait mon possible et je suis fier de mes sous-officiers et hommes qui partagent entièrement ma volonté de résistance."

 

Un écrivain né à Mons Michel BUTOR

 


Ph. Louis Monier / Gamma

 

    Mons-en-Barœul est le berceau de l'un des grands écrivains français vivants : Michel Butor y vit le jour le 14 septembre 1926, au 139 rue Daubresse-Mauviez (du Général de Gaulle), dans l'immeuble qui fut occupé plus tard par le poste de police. Cette origine nordiste ne paraît due qu'à la qualité d'inspecteur aux chemins de fer de son père, Emile Butor, et aux hasards de l'itinéraire professionnel de celui-ci. L'enfance monsoise du romancier n'a duré que trois années, mais elle n'en est pas moins réelle et flatteuse pour la commune.


    Michel Butor eut surtout une jeunesse parisienne. Il étudie au lycée - Louis le Grand puis à la Sorbonne. Licencié en philosophie, docteur ès lettres, il marche sur les traces de son maître Gaston Bachelard. Il commence donc une carrière de professeur de philosophie à Sens en 1950, mais la même année le voici parti pour la Haute-Egypte où il enseigne le français à Minièh. S'il n'y reste qu'à peine un an, ce séjour suffit à lui donner à jamais le goût des voyages. Désormais, il exerce les fonctions de lecteur dans des universités de Grande-Bretagne, de Suisse, de différentes villes des Etats-Unis surtout. En 1969, il revient en France comme professeur associé au centre universitaire de Vincennes, passe à la Faculté de Nice en 1970 et enfin à l'université de Genève où il accomplit de 1975 à 1991 l'étape la plus longue de sa carrière. Lecteur depuis 1958 aux éditions Gallimard, il vit aujourd'hui en Haute-Savoie à Lucinges, près d’Annemasse.


    Le nom de Michel Butor est définitivement associé au Nouveau Roman, avec ceux d'Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Claude Simon... Pourtant sa carrière de romancier, bien que brillante, ne remplit pas dix années de sa vie. C'est Passage de Milan, l'histoire d'un immeuble, "l'espace" d'un soir, en 1954 ; L'Emploi du temps, La Modification en 1957, le récit d'un voyage Paris-Rome, l'espace encore mais d'un compartiment cette fois, qui vaut à son auteur le prix Théophraste-Renaudot ; Degrés encore en 1960, le quatrième et le der­ nier véritable roman de Butor.

 

    Dès lors, ce dernier s'adonne à une réflexion sur les genres littéraires dans ses ouvrages de critique. Il livre une interrogation permanente et "technique" sur la littérature. Il écrit aussi un opéra, Votre Faust, en collaboration avec le compositeur Henri Pousseur. Il apparaît plus encore comme un poète, aujourd'hui. Il est vrai que sa barbe imposante fait penser à Victor Hugo. D'autres disent à Karl Marx, à Jules Verne. En fait, le rapprochement s'impose de toute évidence avec Gaston Bachelard. Du moins est-ce bien la poésie qui inspire cette œuvre multiforme, une encyclopédie autobiographique alimentée par les rêves, les voyages et les lectures de l'auteur, qui a publié près de six cents titres avant la fin du siècle.


“Revoir cette maison”


    Dans une interview récente à Hervé Leroy, Michel Butor évoque le souvenir de sa maison natale (La Voix du Nord, 25 avril 2000) :


    "Avant la guerre, je suis retourné voir cette petite maison, à l’organisation typiquement nordiste. Le petit Parisien que j’étais avait été frappé par l’enfilade des pièces et une salle à manger sans aucune fenêtre." Il ajoute : "J’ai deux vieilles sœurs. Je vais leur demander l’adresse. J’aimerais revoir cette maison où je suis né. Je veux boucler la boucle."



La maison où naquit Michel Butor est visible sur la partie gauche de cette carte. C’est la quatrième après le mur blanc (Ed. Lucien Pollet).

 

La vie municipale



Sur la route de Roubaix, le “Village” appelé aujourd’hui “Haut de Morts”, fut longtemps le cœur de la cité. On aperçoit, au fond, l’ancienne mairie avec sa hampe porte-drapeau (Ed. PH.).



Autour de la mairie, la rue Daubresse-Mauviez comportait de nombreux commerces. Cette carte a été postée en 1925 (Ed. LS Hautmont).


 

    Apparue en 1790 avec la Révolution française, la vie politique locale a longtemps été une affaire d'hommes, bien sûr, et de cabarets puisqu'à Mons comme dans bien d'autres villages les élus se sont contentés d'une salle d'estaminet, pendant des décennies, pour se réunir et conserver les documents administratifs de la commune. C'est au café Saint-Martin que la première municipalité est formée, et c'est encore dans un débit de boissons qu'ont lieu les séances de l'assemblée locale en 1830. A cette époque, des mécontents se plaignent du tapage nocturne qui règne dans la maison commune, et que le maire ne prend pas la peine d'empêcher.



L'ancienne mairie est le grand bâtiment que l'on aperçoit derrière la charrette tirée par des chevaux. Celle-ci se trouve à hauteur de la rue de l'Abbé de l'Epée (Hélio E. Le Deley Paris).

 

    En 1839, la commune achète au bureau de bienfaisance un terrain permettant la construction d'une mairie rue de Roubaix, avec école et loge­ ment d'instituteur. Ce bâtiment remplit son office pendant une quarantaine d'années. En 1879, la municipalité fait l'acquisition d'un nouveau terrain où sera édifié l'immeuble que nous connaissons, 104 rue du Général de Gaulle. Celui-ci contient à l'origine l'école des garçons. Après quelques modifications et agrandissements, il est utilisé comme mairie pendant près d'un siècle. En 1927, alors que la commune compte 7 500 habitants, la mairie n'est pas plus grande qu'elle ne l'était en 1880 pour 1 500 habitants. Elle occupe trois pièces : un bureau pour le secrétaire et trois employés ; une salle exiguë servant à la fois de cabinet pour le maire, de salle des commissions et de permanence pour le contrôleur des contributions directes, et enfin une salle de délibérations "à peine suffisante".

 

    Une opportunité est mise à profit en 1927 : l'immeuble voisin, au n° 102, peut être loué pour le logement du directeur d’école à l'étage, et l'installation d'une salle des mariages et de la bibliothèque municipale, créée deux ans plus tôt, au rez-de-chaussée. Le transfert de l'hôtel de ville dans le Nouveau Mons a lieu en 1976 et le vieil immeuble du Haut de Mons est transformé en Maison des associations. Jusqu'alors, le poste de police, qui dépendait à cette époque du commissariat d'Hellemmes, fonctionnait au 139 de la rue du Général de Gaulle, face à la mairie, là où les Allemands avaient installé une "Commandanture" en 1916.


    La commune a connu bien des périodes mouvementées. Au XIXe siècle, le maire François Salembier préfère démissionner que de prêter serment à Louis-Philippe. En 1848, son successeur Jean-Baptiste Dewas est révoqué par les nouveaux dirigeants du pays. A la fin du Second Empire, les candidats de l'opposition sont largement majoritaires à Mons ; il semble bien que ce soit dû avant tout aux convictions républicaines des électeurs. Telle est du moins, au début de la IIIe République, l'étiquette attribuée à Alexandre Delemar, l'un des rares maires du Second Empire que le préfet ait maintenus en fonction. Les grands bourgeois résidant à Mons pendant la belle saison ne sont pas inscrits sur les listes électorales du village et le conseil municipal réunit alors surtout des cultivateurs avec quelques artisans et un ou deux rentiers. Les mêmes familles s'y retrouvent volontiers d'une génération à l'autre.



Au début du XXe siècle, un groupe d'enfants pose devant la mairie, route de Roubaix - rue du Général de Gaulle face à l’ "arrêt fixe" du tramway (Hélio E. Le Deley Paris).



La mairie, au centre droit de cette carte de 1909, a été transférée avenue Robert Schuman en 1976. L'immeuble de la rue du Général de Gaulle, d'abord affecté à la bibliothèque, sert actuellement de maison des associations (Ed. EC).

 

    Aux élections de 1896, coup de tonnerre dans la commune qui est devenue une petite ville : la gauche l'emporte avec le radical Dodanthun. Celui-ci meurt cinq ans plus tard et un collectiviste le rem­ place, Victor Lelièvre, animateur de la jeune section du Parti ouvrier qui ne compte pas moins de cent adhérents. Désormais la lutte est vive à chaque scrutin entre droite et gauche. En 1919, celle-ci perd la majorité au conseil municipal. En 1920, la section socialiste sort très affaiblie du congrès de Tours car la majorité de ses adhérents, comme dans de nombreuses localités de la banlieue lilloise, sont passés au parti communiste. En 1925, un démocrate chrétien, Emile De Goedt, devient maire jusqu'à la libération. De même que la plupart des maires restés en place pendant l'occupation, il est expulsé sans ménagement de l'hôtel de ville le 2 septembre 1944.

 

    La gauche revient alors aux affaires. C'est même le candidat du parti communiste qui devient par surprise premier magistrat en 1945, sa liste dite d'UPRA (Union patriotique républicaine et antifasciste) ayant distancé les socialistes. En 1947, ceux-ci sont en tête mais en 1950 un gaulliste devient maire et un démocrate chrétien le remplace en 1957. L'ambiance est souvent chaude à l'époque des scrutins, qu’ils soient municipaux, départe­ mentaux ou nationaux. A droite, l'union n'est jamais tout à fait paisible entre modérés, centristes et gaullistes. A gauche, c'est à qui arrivera le premier, du parti communiste ou du parti socialiste. La construction de la ZUP, la transformation de la vieille SFIO en PS tranchent en faveur de ce dernier. La gauche, redevenue majoritaire, s'est installée dans le nouvel hôtel de ville en 1977.



L’éditeur de ces deux cartes postales, Pottier-Hallez, installé rue de l'Abbé de l’Epée à Mons-en-Barœul, transféra ensuite son activité à Dives-sur-Mer (Calvados).



Petit dictionnaire des maires

 

BECQUET Désiré - Maire de 1849 à 1856, né le 24 juin 1802 à Mons-en-Barœul où il est mort le 16 janvier 1856. Cultivateur, père de six enfants, il fut d'abord élu adjoint au maire en 1848.


BERGOGNE Jules - Maire de 1945 à 1947, né le 22 juillet 1895, mort le 16 décembre 1969. Agent d'assurances, il adhère en 1932 à la Société des coopérateurs de Flandre et d'Artois. Président de la section coopérative de Mons, il est administrateur de la Société de 1938 à 1967. Il représente longtemps la Fédération régionale au comité national coopératif. L'éphémère majorité communiste du conseil municipal l’a élu maire par sur­ prise. Il avait un "caractère passionné mais loyal, au contact parfois rugueux."


CUMONT Valéry - Maire de 1848 à 1849, il démissionne de ses fonctions. Né le 16 avril 1804, propriétaire. Président du bureau des marguilliers et secrétaire de la fabrique de l'église Saint-Pierre à la création de la paroisse en 1844.


CUVELIER Charles - Mentionné comme maire de 1794 à 1795 sur la plaque de l'hôtel de ville, il a exercé en fait les fonctions de secrétaire de la commune pendant la période révolutionnaire. Est-ce Pierre Charles Cuvelier, secrétaire greffier, prêtant serment à l'Empereur le 14 juin 1804 à Mons ? Celui-ci est ensuite receveur municipal (1809). On trouve un Cuvelier percepteur, en résidence à Hellemmes, entre 1809 et 1830. S'agit-il du même ?


DEFRENNE Louis - Maire de 1856 à 1862. Né en 1803, rentier, il eut pour adjoint Pierre François Joseph Delebecque. Il était membre du conseil de fabrique de l'église Saint-Pierre.


DE GOEDT Emile - Maire de 1925 à 1944. Né le 3 février 1892 à Mons-en-Barœul, mort le 1er mars 1978. Ancien du patronage paroissial, vannier installé au 198 bis rue Daubresse-Mauviez, combattant de la Grande Guerre, il est élu conseiller en 1919. Second adjoint en 1924, il fait fonction de maire pendant la maladie de Roussiez. Appelé "le maire social" par ses amis, membre du Parti démocrate populaire (PDP), petite formation démocrate chrétienne, il a eu Gustave Decoster pour premier adjoint.


DELEBARRE François - "Maire provisoire" en 1848. Il ne figure pas sur la plaque des maires à l'hôtel de ville. Né le 31 juillet 1803 à Marcq-en-Barœul, mort le 29 décembre 1863 à Mons-en-Barœul, boulanger, membre du bureau de bienfaisance, il est adjoint de Dewas depuis 1845 quand il est appelé à le remplacer pendant quelques mois. Il a comme adjoint François Alexis Joseph Sauvage, cultivateur.



Alexandre DELEMAR (Arch. familiales)

 

DELEMAR Alexandre - Maire de 1862 à 1896. Né le 20 décembre 1820 à Mons-en-Barœul où il est mort le 26 juillet 1906. Charron et cultivateur, rentier à la fin de sa vie, il est dit "intelligent" dans un état préfectoral de "renseignements confidentiels sur les maires et adjoints" (1869 ?). Au début de la IIIe République, en 1874, il est une dernière fois nommé par le préfet, puis élu aux élections municipales du 27 novembre 1874 comme "républicain" et nommé maire au premier tour par 15 voix sur 16. A sa mort, le conseil municipal, ayant désormais une majorité de gauche, donne à l'unanimité son nom à une rue. Il a administré la commune "à la satisfaction de tous", proclame la délibération. Il eut successivement pour adjoints Pierre François Joseph Delebecque et Augustin Dewas (1866), et à partir de 1876 deux adjoints en même temps, Louis Dubus et Henri Duwer. Plusieurs autres Delemar ont siégé à la mairie.


DELERUE Charles-Louis - Sa mention comme maire de 1795 à 1796 sur la plaque de l'hôtel de ville semble provenir d'une confusion avec sa fonction d’officier public qu’il occupait en 1795. Il fut élu sous-lieutenant de la Garde nationale de Mons-en-Barœul le 13 vendémiaire an VI (1797). Charles Louis Delerue, journalier, né en 1762 à Fiers, est mort le 16 juin 1816 à Mons. Est-ce le même ?


DESMETTRE Louis - Mentionné comme maire de 1793 à 1794 sur la plaque de l'hôtel de ville. Né en 1755 à Mons-en-Barœul où il est mort le 1er décembre 1816. Maréchal-ferrant, il fait bien partie de la première municipalité, formée le 1er février 1790, mais comme procureur de la commune. Il est encore officier municipal en 1793, et élu sergent-major de la Garde nationale le 13 vendémiaire an VI (1797). Il "jure obéissance aux Constitutions de l'Empire et fidélité à l'Empereur" le 14 juin 1804. Membre du bureau de bienfaisance, il siège jusqu'à sa mort au conseil municipal dont feront partie deux autres Desmettre.


DESPATURES Louis - Agent municipal depuis 1799, maire de 1800 à 1816, né en 1757, mort le 27 avril 1833 à Mons-en-Barœul. Laboureur, à la tête d'une "nombreuse famille" et d'une "grande exploitation", il est membre du Comité de surveillance révolutionnaire (1794), puis élu agent municipal le 10 germinal an VII (1799) par 12 voix sur 16 votants, dans le cadre de la constitution du 5 fructidor an III (1795). A ce titre, il représente Mons dans la municipalité cantonale de Lannoy. Après le coup d'Etat du 18 Brumaire, il est nommé maire par arrêté préfectoral du 28 prairial an VIII et prête serment à la nouvelle constitution le 10 messidor an VIII (1800). Trouvant la charge trop lourde, il envoie sa démission au préfet le 10 ventôse an XIII (1805) mais elle est refusée. Il a successivement comme adjoints Jean- Baptiste Franchomme, François Lepers (1808) et Philippe Desrumaux (1815).


DESRUMAUX Philippe - Maire de 1816 à 1826. D'abord adjoint de Louis Despatures (1815), il eut lui-même un membre de la famille Tellier comme adjoint.


DEWAS Jean-Baptiste - Maire de 1830 à 1848. Né le 17 décembre 1789 à Mons-en-Barœul où il est mort le 26 novembre 1854, cultivateur propriétaire au hameau de la Guinguette, adjoint au maire en 1826, il est nommé maire par arrêté préfectoral du 26 février 1830. Louis Richebé, maire de Fives, l'installe le 4 mars 1830 en la "maison commune" de Mons où il prête le serment exigé par la loi : "Je jure fidélité au Roi et obéissance à la Charte constitutionnelle et aux lois du Royaume." Richebé, chargé par le préfet de dénouer la crise provoquée par le départ de François Salembier, avait éprouvé des difficultés à lui trouver un remplaçant. Deux citoyens monsois, J. Salembier et A. Delebecque, déclarent le 17 novembre 1830 dans une lettre au maire de Roubaix que Dewas "n'est aucunement attaché au principe constitutionnel" et qu'il "ne s’occupe nullement des affaires de la commune, puis­ qu'il est vrai que ce dimanche 7 du présent mois, des tapages nocturnes se sont prolongés jusqu'au lundi 8 dans plusieurs cabarets, principalement à la mairie du dit lieu". Dewas quitte son poste peu après la Révolution de février 1848. Trésorier du bureau des marguilliers de l'église Saint-Pierre à la création de la paroisse en 1844, il figure encore en 1852 au conseil municipal où ont siégé au moins six Dewas (écrit aussi Devasse, Dewasse).


DODANTHUN Alphonse - Maire de 1896 à 1901. Né le 10 novembre 1836 à Dunkerque, décédé le 9 février 1901 à Mons-en-Barœul, ancien instituteur et directeur d'école, propriétaire à Mons quand il devient maire, qualifié de républicain ou de radical. Il a affirmé que l'interdiction des processions avait été votée à son insu par le conseil municipal, le 30 juillet 1900, et qu'il était lui-même partisan de leur liberté. Mort "réconcilié avec l'Eglise", il eut des funérailles religieuses.


FRANCHOMME Jean-Baptiste - Agent municipal de 1796 à 1798, mentionné comme maire sur la plaque de l'hôtel de ville, né en 1769 à Mons-en-Barœul où il est mort le 27 avril 1833. Cultivateur, membre du Comité de surveillance révolutionnaire (1794), il préside à la réorganisation de la Garde nationale de Mons le 13 vendémiaire an VI (1797). Nommé adjoint au maire par arrêté préfectoral du 28 prairial an VIII (1800), il "jure obéissance aux Constitutions de l'Empire et fidélité à l'Empereur" le 25 prairial an XIII (1804) et exerce cette fonction jusqu'en 1808. Plusieurs autres membres de sa famille ont fait partie du conseil municipal et du bureau de bienfaisance.


GAYET Alphonse - Maire de 1950 à 1957. Né le 16 février 1902 à Arras, mort le 20 octobre 1957 à Mons-en-Barœul. Commerçant rue Corneille puis représentant, devenu agent de publicité du journal La Voix du Nord qu'il avait diffusé dans la clandestinité, il s'engage en politique avec le RPF, fondé par le général de Gaulle. Il est élu conseiller municipal et deuxième adjoint en 1947, et succède en 1950 à Marcel Poissonnier, démissionnaire, par 11 voix, au troisième tour, contre 7 à Emile Olivier, socialiste, et 5 à Félix Peltier.


JULLIEN Françoise - Mairesse - titre toujours employé par l'intéressée - de 1989 à 1995. Née le 13 mars 1951 à Montdidier (Somme), cadre commercial dans une entreprise de vente par correspondance, elle fut élue conseillère municipale en 1977, première adjointe en 1983. Après le renouvellement de 1995, elle préside le groupe des élus de la Majorité municipale. Conseillère régionale de 1983 à 1986, conseillère de la Communauté urbaine de Lille depuis 1989, elle a appartenu au parti socialiste.



Victor LELIÈVRE (Arch. familiales)

 

LELIEVRE Victor - Maire de 1901 à 1919. Né le 8 mai 1858 à Moulins-Lille, mort le 3 octobre 1922 à Mons-en-Barœul. Ouvrier imprimeur puis colporteur en mercerie et enfin cabaretier, il milite au Parti ouvrier français dont il fonde une section à Mons en 1898. Candidat sur la liste de concentration républicaine aux élections municipales de 1900, il devient premier adjoint, puis maire au décès de Dodanthun. Elu socialiste du canton de Lille-nord-est, il a présidé le conseil d'arrondissement de Lille de 1910 à 1919. Il est l'un des fondateurs de la brasserie coopérative "l'Avenir" de Fives- Lille. Malade, il renonce à ses mandats au lendemain de la guerre. Son fils Georges fut tué à Douaumont en 1916.

 

PELTIER Félix - Maire de 1957 à 1970. Né le 6 décembre 1909 à Roubaix, mort le 22 septembre 1970 à Mons-en-Barœul, avocat au barreau de Lille, militant des Jeunesses patriotes, secrétaire du député Paul Thellier qui fut ministre de l'Agriculture, il dirige ensuite une société fiduciaire. Devenu membre du MRP, conseiller municipal depuis 1947, élu premier adjoint en 1950, il fait fonction de maire au lendemain du décès d'Alphonse Gayet, puis lui succède. Il sera conseiller général du canton de Lille-nord- est de 1967 à sa mort.


POISSONNIER Marcel - Président de la délégation municipale en 1944-1945, maire de 1947 à 1950. Né le 1er août 1900 à Lille, mort en 1967. Représentant en rideaux, il anime la section socialiste et l'amicale Rollin- Sévigné. Placé à la tête de la délégation mise en place à la Libération, le 2 septembre 1944, il est évincé par les communistes qui, majoritaires, portent Bergogne au fauteuil de maire après les élections de mai 1945. Poissonnier est alors adjoint au maire. Il prend sa revanche en 1947 mais il quitte la commune trois ans plus tard. Le docteur André Patoir (1903-1952) fait alors fonction de maire jusqu'à l'élection du successeur de Marcel Poissonnier. Celui-ci n'avait pas de lien de parenté avec son homonyme Henri, dont le nom a été donné à une rue, même s'ils ont tous deux dirigé l'amicale Rollin- Sévigné.


ROUSSIEZ Gustave - Maire de 1919 à 1925. Né le 28 janvier 1858 à Esqueheries, par Le Nouvion en Thiérache (Aisne), mort le 15 novembre 1925, inhumé au Nouvion. Ingénieur, d'opinions radicales et de religion protestante, il entretient "les plus cordiales relations avec le clergé" (Bulletin paroissial). Il quitte Mons en mai 1924. Il a perdu un fils à la guerre.


SALEMBIER Pierre François Joseph - Maire en 1790, il ne figure pas à ce titre sur la plaque de l’hôtel de ville ; par contre, agent municipal de 1798 à 1799, il est mentionné comme maire pendant cette période. Né en 1752, mort le 29 septembre 1812 à Mons-en-Barœul. Laboureur, il est élu le 1er février 1790 au premier tour, à la majorité absolue des 60 électeurs. Il n’est plus maire en 1793, mais il devient sergent de la Garde nationale de Mons le 13 vendémiaire an VI (1797). Nommé conseiller municipal par le préfet, le 2 thermidor an XI (1803), il "jure obéissance aux Constitutions de l'Empire et fidélité à l'Empereur" le 25 prairial an XIII (1804).


SALEMBIER Pierre François Joseph - Maire de 1826 à 1830. Né le 9 avril 1780 à Fives, mort le 23 décembre 1865 à Mons-en-Barœul. Fils du précédent, il est appelé Salembier-Dubois à la suite de son mariage avec Rosalie Dubois. Rentier, ce légitimiste convaincu ne se présente pas à la prestation de serment exigée des maires après le départ de Charles X, en 1830, et remet sa démission. Il est secrétaire du bureau des marguilliers de l'église Saint-Pierre à la création de la paroisse en 1844.


TELLIER Louis - Maire de 1792 à 1795, ne figure pas sur la plaque de l'hôtel de ville. Né en 1754 à Mons-en-Barœul où il est mort le 21 mai 1827, laboureur, il est encore maire en septembre 1795. Membre du Comité de surveillance révolutionnaire en 1794, il "a toujours été attaché à la Révolution". Siégeant au conseil municipal et au bureau de bienfaisance, il "jure obéissance aux Constitutions de l'Empire et fidélité à l'Empereur" le 14 juin 1804. Le tirage au sort le désigne comme conseiller sortant le 2 thermidor an XII (1804), mais il est aussitôt "réélu" par le préfet (Ecrit aussi Telliez, Thellier).


VERRUE Raymond - Maire de 1970 à 1977. Né le 12 août 1924 à Hénin-Liétard (Pas-de-Calais), expert-comptable, commissaire aux comptes, il était adjoint au maire, sans étiquette, depuis 1965. Conseiller de la Communauté urbaine de Lille, il a quitté la vie politique après les élections de 1977.


WOLF Marc - Maire de 1977 à 1989 et depuis 1995. Né le 19 octobre 1949 à Arras, professeur d'histoire au lycée Pasteur de Lille puis élève de l'ENA, administrateur civil au ministère des Finances, il fut premier adjoint de 1989 à 1995. Il a longtemps appartenu au parti socialiste qu'il a quitté en 1992 avec la plupart des élus de la majorité municipale. Avec Jacqueline Osselin, première adjointe en 1977 puis députée de 1981 à 1988, il a publié en 1979 Les Ascenseurs de la ZUP qui expose leur conception du socialisme autogestionnaire appliqué à la vie municipale.



La rue de Roubaix en 1909, avec la mairie au fond à gauche, et en face, au niveau d'un arbre, la maison où naquit Michel Butor (Ed. BF Paris).

 

Vingt-trois maires de 1790 à l'an 2000

 

    La liste ci-dessous où les vingt-trois maires qu’a connus Mons-en-Barœul sont classés par ordre chronologique diffère quelque peu de celle qui est gravée sur la plaque de marbre accrochée dans la salle du conseil municipal, à l'hôtel de ville. Celle-ci ne tient pas compte des deux premiers magistrats municipaux, dont l'existence est attestée par les pièces retrouvées aux Archives départementales, mais elle attribue le titre de maire, par erreur, à trois personnages qui ont exercé d'autres fonctions électives locales sous la Révolution. Pour la période 1796-1799, les notables appelés maires sur cette même liste étaient en fait des "agents municipaux", représentant Mons-en-Barœul à la municipalité cantonale de Lannoy. Figure ici, enfin, un "maire provisoire" désigné en 1848 et ensuite oublié.


SALEMBIER Pierre François Joseph - Maire en 1790 

TELLIER Louis - Maire de 1793 au plus tard à 1795 

FRANCHOMME Jean-Baptiste - Agent municipal de 1796 à 1798 

SALEMBIER Pierre François Joseph - Agent municipal de 1798 à 1799 

DESPATURES Louis Joseph - Agent municipal depuis 1799, maire de 1800 à 1816

DESRUMAUX Philippe François - Maire de 1816 à 1826 

SALEMBIER Pierre François Joseph - Maire de 1826 à 1830 

DEWAS Jean-Baptiste - Maire de 1830 à 1848

DELEBARRE Pierre François - "Maire provisoire" en 1848 

CUMONT Valéry - Maire de 1848 à 1849

BECQUET Jean-Baptiste Désiré - Maire de 1849 à 1856 

DEFRENNE Louis - Maire de 1856 à 1862

DELEMAR Alexandre - Maire de 1862 à 1896 

DODANTHUN Alphonse - Maire de 1896 à 1901 

LELIEVRE Victor - Maire de 1901 à 1919

ROUSSIEZ Gustave - Maire de 1919 à 1925

DE GOEDT Emile - Maire de 1925 à 1944

POISSONNIER Marcel - Président de la délégation municipale en 1944-1945

BERGOGNE Jules - Maire de 1945 à 1947

POISSONNIER Marcel - Maire de 1947 à 1950

GAYET Alphonse - Maire de 1950 à 1957

PELTIER Félix - Maire de 1957 à 1970

VERRUE Raymond - Maire de 1970 à 1977

WOLF Marc - Maire de 1977 à 1989

JULLIEN Françoise - Mairesse de 1989 à 1995

WOLF Marc - Maire depuis 1995


Deuxième partie


Activités et paysages



Le Fort



Une vue bien champêtre de la route du Fort. A noter l'orthographe "Mons-en-Bareuil" (Ed. LP Lille).



La route du Fort en 1911. On aperçoit à gauche les maisons de la rue Parmentier et au fond, vers le milieu, la place de la République avec le début de la rue du Quesnelet (Ed. ELD).

 

    Quand on arrive à Mons-en-Barœul en venant de Villeneuve-d'Ascq, le premier panneau indique la route du fort. A quelques pas de la station de métro, tapi sous une végétation un peu folle, le fort Macdonald, rebaptisé depuis vingt ans fort de Mons, témoigne d'un passé à peine guerrier puisque les deux dernières guerres l’ont laissé intact. Bien situé sur une butte à proximité du chef-lieu, il était destiné à former avec les forts du Vert- Galant à Wambrechies, d’Englos, Bondues, Prémesques et Seclin, un alignement de places fortes protégeant la ville de Lille.


    De fait, après la guerre de 1870, les Français, écrasés par les Prussiens, cherchent un moyen d'éviter l'invasion des plaines du Nord. En 1878, le Président Mac Mahon décrète la construction d'une série de forts destinés à l’artillerie défensive. Il confie bon nombre de ces ouvrages au général Séré de Rivières, surnommé le Vauban du XIXe siècle. Ce dernier fait bâtir celui de Mons autour de 1880. C'est qu'il faut se prémunir contre l'attaque ennemie, empêcher les agresseurs d’envahir notre pays et de s'emparer de nos terres.


    Une ligne de forts équipés de canons, de mortiers, de toutes sortes d'artillerie lourde et meurtrière, doit interdire l'approche des armées étrangères. Ainsi est décidée la construction du fort de Mons. Le général Raymond Séré de Rivières (1815-1895), brillant polytechnicien, bouscule un certain nombre de pratiques. Il fait construire près de deux cents sites fortifiés de forme polygonale. Ces ouvrages sont généralement terminés en deux ans et il réalise en dix ans ce que Vauban avait fait en quarante ans.


    On peut estimer que le bâtiment monsois fut achevé en 1882. En 1887, on l'appelle fort Macdonald, du nom d'un général dont le père écossais avait épousé une fille de Saint-Omer. Ce général s’est couvert de gloire dans la région. Nommé général de brigade après s'être fait remarquer à Jemmapes en 1792, il devient général de division de l'Armée du Nord et repousse l'ennemi qui s’est aventuré jusqu'aux abords de Lille. Fidèle à Napoléon jusqu'à la Restauration, cet étranger d'origine a été promu Maréchal d’Empire et Grand Chancelier de la Légion d’honneur.


    Mais revenons à la construction de l'ouvrage. Il a fallu en exproprier, des maraîchers et des cultivateurs, pour réunir les 99 776 mètres carrés de territoire du fort, et en raser, des maisons, pour bâtir les 5 407 mètres carrés de casernes et autres installations militaires ! Les archives de la mai­ rie conservent de ce temps un gros dossier relatif aux expropriations.

 

    Les promeneurs de l'époque ont dû être surpris par la taille du chantier. Pour faire le travail rapidement, on a fait venir six cents ouvriers, belges pour la plupart. Ainsi, pour se protéger de l'invasion étrangère, on a embauché des étrangers, ce qui ne manquait pas, sans doute, d'être mal vu dans le pays. Pour faciliter le travail, on installa tout près une briqueterie, une boulangerie et, bien sûr, une baraque à frites. Une Monsoise âgée raconte que son grand-père a fabriqué alors des barreaux et des bat-flanc destinés au fort Macdonald. Ainsi la construction du fort a engendré à coup sûr un surcroît d’activités dans la commune.


    Cependant la crainte de l'espionnage s'ajoute à la xénophobie ordinaire, d'autant plus que certains ouvriers se permettent d'organiser des visites clandestines et rétribuées du chantier le dimanche. On imagine sans peine la fureur des patriotes. Quoi ! On les exproprie, on les chasse de leur maison ! Pour construire un bâtiment militaire, pour défendre la France, ils peuvent encore l'admettre. Mais que ce Fort soit ouvert à tout venant et que la visite soit organisée par des Belges, voilà qui dépasse l'entendement ! Cependant l'ordre public est bientôt rétabli et on donne raison à leur colère puisqu'on fait appel à quatre gardes mobiles pour surveiller le chantier.


    Vaille que vaille et malgré toute cette agitation, ce "fleuron de l'architecture militaire" est achevé en deux ans. On y ajoute en 1903 un polygone de tir appuyant les ouvrages avancés du Haut-Vinage, de Babylone et des Marchenelles. Le fort Macdonald comprend deux grandes casernes, deux poudrières, "deux pièces de fort calibre, vingt-trois pièces de rempart, deux mortiers et dix pièces de flanquement", écrit le professeur Langavant dans un article du Mons Information (janvier 1989). Sept cents hommes de troupe peuvent y loger, commandés par une quinzaine d'officiers et sous-officiers.


    Occupé en 1884 par le 16e bataillon de chasseurs à pied, le fort est affecté en 1907 à un bataillon du 43e régiment d'infanterie, en 1923 au 3e bataillon du 18e régiment du génie, de 1931 à 1939 à un détachement colombophile mobile et de 1946 à 1970 à un élément du matériel de la IIe Région militaire : l'ERMT 802 (Etablissement régional du matériel de l'armée de terre). Le rôle du fort a été minime pendant les deux guerres. Lille ayant été déclarée "ville ouverte", il ne sert pas à l'armée française en 1914. Les notes de guerre du curé Salembier, publiées dans le Bulletin paroissial après les hostilités, contiennent cette affirmation étonnante à la date du 2 mai 1915 : "On apprend avec stupéfaction par la Gazette de Cologne que le fort de Mons-en-Barœul a été enlevé à la baïonnette par les Allemands après quatre mois de résistance opiniâtre. On y a fait 42 000 prisonniers et mis main basse sur d'énormes quantités de munitions ! ! ! Et nous qui habitons près du fort, nous ne nous en doutions pas !"

 

    En fait, le fort est très vite occupé par les troupes adverses qui l'utilisent pour le casernement. En 1915, il héberge notamment trois cents travailleurs civils allemands. En avril 1917, on voit arriver des prisonniers anglais et canadiens. Désormais, jusqu'à la fin de la guerre, des milliers de captifs de différentes nationalités y seront détenus pendant des périodes plus ou moins longues : Portugais, Britanniques, Français et Italiens. Quelques habitants de Mons sont eux-mêmes condamnés à vivre enfermés plusieurs jours dans le fort. La raison en est simple : au soir du 20 juillet 1917, ils sont rentrés trop tard à la maison. En toute innocence car leurs montres ne marquaient pas encore 8 h. 30, heure du couvre-feu, alors que celle du gendarme indiquait 8 h. 45. Par ailleurs, les champs voisins du fort sont étroitement surveillés pendant la belle saison car il est strictement interdit de glaner. Ainsi, le 30 août 1917, une centaine de personnes sont prises en défaut.



Le fort avant sa réhabilitation. Ses abords ont été longtemps fréquentés par les troupeaux de moutons (Arch. municipales).



Les cartes postales représentant le fort sont récentes. Tant qu'il appartenait à l'année, il n’était pas possible de le photographier. En haut, à droite, l’entrée du fort (EPC).



En bas à gauche, la grande cour du fort après sa restauration (EPC).


    En 1939, on y met la DCA alliée (Défense contre avion) puis les Allemands installent leur FLAK auprès du Fort, à la ferme Huchette. La FLAK est l'équivalent germanique de la DCA. Ces éléments d'artillerie constituent alors une part essentielle du barrage antiaérien que les Allemands ont établi autour de Lille. Le fort lui-même abrite ensuite des blessés allemands, notamment lors du recul des troupes du Reich. Dans les environs, les jardins ouvriers apportent aux familles qui les exploitent un supplément apprécié de nourriture, même quand il s’agit de légumes peu nutritifs comme les rutabagas, les choux-navets et les topinambours.


    A la libération de Mons, le 2 septembre 1944, les résistants des FFI (Forces françaises de l'intérieur) et des FTP (Francs-tireurs et partisans) reprennent possession du fort et y gardent des prisonniers allemands jusqu'à l'arrivée des Anglais. Le fort Macdonald, peu adapté aux exigences militaires du XXe siècle, est déclassé en 1962 et abandonné par l'armée dix ans plus tard.


    La ville de Mons rachète les bâtiments et les terrains pour la somme de 450 000 francs en 1973. Pendant plusieurs années le site est laissé en l'état. A partir de 1964-1965, les immeubles se multiplient aux alentours avec la construction de la ZUP (Zone à urbaniser en priorité), son cortège d'expropriations plus ou moins douloureuses et l'arrivée de nouveaux Monsois. D'abord terrain d'aventure pour les jeunes, le fort devient rapide­ ment une friche plutôt mal famée. Il faut ou tout raser ou faire d'importants travaux pour sécuriser les lieux.


    La nouvelle municipalité élue en 1977 décide de proposer aux Monsois une éventuelle restauration du fort qui serait transformé en centre socioculturel. Lors du référendum de 1977, ils choisissent de réhabiliter le fort pour en faire un espace d'animation et de culture. Après trois ans d'études et de concertation, c'est le projet de l'architecte Gérard David qui est retenu. Le fort rénové, inauguré les 2 et 3 juin 1984, abrite désormais la bibliothèque, l'école de musique et bien d'autres activités de loi­ sirs pour les jeunes et les moins jeunes : danse, expositions, vidéo, et même un restaurant. En 1997, lors d'une visite des élèves ingénieurs de l'Ecole supérieure du génie d'Angers, le professeur qui les guide, le lieu­ tenant-colonel Jean-Marie Rouèche, se plaît à saluer "un exemple réussi de bâtiment militaire magnifiquement réhabilité et entretenu" (La Voix du Nord, 17 juin 1997).


La vie paroissiale



Une carte très ancienne de l'église Saint-Pierre. Derrière le mur, à droite, on aperçoit le portique du patronage, construit en 1902. On remarque l'orthographe fantaisiste de "Mons en Bareuil" (Ed. LP Lille).



Autre vue, très ancienne aussi, de l'église, longtemps avant l’agrandissement de 1931. Les jardiniers font la pause... pour la pose devant le photographe, rue Florimond Delemer (Ed. BF Paris).

 

    Comme tous les paysans, nos ancêtres monsois étaient sans doute de grands marcheurs : ils avalaient le dimanche bien des kilomètres pour accomplir leurs dévotions. Autrefois, en effet, Mons-en-Barœul dépendait de la lointaine paroisse de Fâches. Il en est séparé en 1655 pour être englobé dans celle de Fives. En 1806, sous le Premier Empire, le petit village est rattaché à la paroisse d'Hellemmes, jusqu'au jour où les autorités reconnaissent son autonomie cultuel­ le. Depuis longtemps, les Monsois souhaitaient qu’il en fût ainsi. En 1826, la municipalité avait construit une "chapelle de secours" le long du pavé de Roubaix, mais ce n'est qu'en 1843 que quelques-uns d'entre eux, sous l'impulsion d'un "catholique zélé", le sieur Desreumaux, engagent des démarches auprès du gouvernement et de l'archevêque de Cambrai, Mgr Pierre Giraud. Nous sommes alors sous régime concordataire et le diocèse de Lille n'existe pas encore.


    Le conseil municipal de Mons est bien d'accord, contrairement à celui d'Hellemmes dont le maire, Salembier, informe le préfet, le 17 septembre 1843, que ses collègues estiment inutile la séparation des deux communes sur le plan religieux car cela aurait pour effet d'augmenter les impôts. Le curé aussi est hostile au projet. L'archevêque et le préfet donnent raison aux Monsois : non seulement on dénombre 2 600 mètres entre l'emplacement prévu pour une église à Mons et le lieu de culte d'Hellemmes, mais de plus le chemin est reconnu mauvais, souvent impraticable. Un décret royal du 26 décembre 1843, signé par Louis-Philippe, et une ordonnance épiscopale du 22 janvier 1844 font enfin de Mons une paroisse, placée sous le vocable de saint Pierre.


    Dans l'église provisoire en planches, l'abbé Louis-François Masse, premier curé, célèbre la première messe le jour de Pâques 1844. La même année, une église en maçonnerie est bâtie suivant les plans de l'architecte lillois Dhennin. Le maire Jean-Baptiste Dewas a posé la première pierre le 18 avril 1844. Les dépenses, financées en partie sur fonds publics, en partie par souscription, ne dépasseront pas 17 000 francs. L'édifice est des plus simples : c’est un bâtiment de 32 mètres sur 17 avec trois nefs et des contreforts pour soutenir les murs extérieurs. La dépense pèse néanmoins pendant longtemps sur le budget communal. En 1854, le clocher n'est toujours pas terminé. L'entrepreneur Herbaux, de Fives, réclame encore des intérêts à la commune en 1847. Il est vrai que les "secours" promis par l'Etat et le département se font attendre, tout n'est pas soldé en 1855, et la municipalité tente péniblement d'obtenir un prêt. L'achat d'une maison à usage de presbytère avait alourdi de plus de 6 000 francs, en 1850, la charge de la commune. En 1889, celle-ci, dont les ressources, selon le préfet, sont insuffisantes, n'a pas fini de payer au bureau de bienfaisance la totalité de la dette contractée pour l'achat du terrain de l'église. C'est seulement en 1925 que cette dette sera enfin épongée, en même temps que celle qui remontait à l’achat du terrain pour l'école (1839). Le maire De Goedt stigmatisera "l'incurie" de ses prédécesseurs.


    Dès la fin du siècle, le modeste sanctuaire s'avère trop petit. Les projets d'extension, envisagés avant la guerre 1914-1918, n'aboutiront qu'en 1931, sous la municipalité d'Emile De Goedt. La ville se charge de la restauration des locaux existants, et la paroisse de l'agrandissement de l'église. Les travaux commencés à l'été dureront un peu plus d'un an. Auparavant, la construction rapide de la salle paroissiale voisine, qui portera plus tard le nom de Marcel Pinchon, a doté les fidèles d'une chapelle temporaire. Sans modifier la disposition des lieux, l'agrandissement permet de reculer de 13 mètres le chœur et les chapelles, la longueur des nefs passant à 26 m 40. La voûte de la grande nef s'élève à 10 m 80. Le revêtement de briques de couleur saumon, fixé en 1932 à l'intérieur comme en façade, ne manque pas de charme.



L'église Saint-Pierre vue de la rue Rollin en 1904. A gauche, l'ancienne école de garçons (Ed. L.B. Lille).



Un autre lieu de culte : la chapelle de la maison de famille, 3 rue Daubresse-Mauviez. - du Général de Gaulle (Ed. Cailteux Gorlier Lille).

 

Interdiction des processions en 1900

 

    Tout n'a pas été facile autour de cette église. La tension liée à la question religieuse atteint son paroxysme dans les premières années du XXe siècle. La majorité municipale issue des élections de 1900 rassemble l’en­ semble de la gauche, radicale socialiste et socialiste, qui prône un anticléricalisme militant. Quand Victor Lelièvre, alors premier adjoint, est délégué aux fonctions de maire, du 5 au 19 août 1900, par le premier magistrat, Alphonse Dodanthun, gravement malade, son premier acte, dès le 6 août, est de prendre un arrêté d'interdiction des processions, conformément aux délibérations récentes du conseil municipal. Le 30 juillet, en effet, l'assemblée avait voté cette interdiction par onze voix contre sept et une abstention. Lelièvre deviendra maire lui-même l'année suivante. L'affaire des processions fait grand bruit et domine la campagne pour l'élection municipale partielle du 24 mars 1901.


    "Les socialistes ont attenté à la liberté des citoyens", écrit l’Echo du Nord du 23 mars. "Autant on s'explique que dans les grandes villes, les processions, qui pourraient être une entrave à la circulation et une occasion de désordres, soient supprimées, autant on comprend peu que dans une commune de 4 000 habitants, où elles ne gênent rien ni personne, on les interdise par un parti pris d'anticléricalisme mesquin." Un autre argument intervient dans la campagne contre les collectivistes : la démolition récente du calvaire du Dieu de Marcq, aux confins de Mons-en-Barœul. "Voyez ce qui se passe à Lille. M. Delory [maire] interdit les cérémonies du culte aux enterrements. Il démolit un calvaire pour installer à la place un urinoir."


    Le jour du scrutin, le Réveil du Nord, proche du parti ouvrier, appelle à soutenir les "porte-drapeau de la république démocratique et sociale" contre "les porte-queue de la réaction". Ceux-ci, élus à cinquante voix près, renforcent de trois sièges la minorité modérée du conseil mais les socialistes peuvent compter sur l'appui des radicaux. Les solennités de la Fête-Dieu et autres manifestations religieuses extérieures se déroulent désormais dans le parc Vandorpe, autour de la pièce d’eau visible sur la carte postale page 38, et la propriété voisine Delespaul-Cardon ou dans la cour du patronage, derrière l'église, et plus tard au bois Gras, rue Jeanne d'Arc, jus­ qu'à la fin des années soixante. En 1920, toutefois, le conseil municipal, par dix-neuf voix contre deux, accorde au curé l'autorisation d'une procession passant par les rues Rollin, Daubresse-Mauviez, Mirabeau, Parmentier et Jeanne d'Arc. Un reposoir sera souvent dressé à la ferme Pottier, rue Parmentier.



La troupe devant l'église, le 5 mars 1906 (Ph. A. Jouly Lille).



Le portail de Saint-Pierre, brisé à la hache lors de l'inventaire (Ph. A. Jouly Lille).

 

Les inventaires de 1906

 

    La loi de séparation des Eglises et de l'Etat, le 9 décembre 1905, nécessite l'inventaire des biens de chaque paroisse. Cet acte est très mal ressenti par les catholiques qui crient à la spoliation ; il déclenche souvent des incidents. Mons-en-Barœul ne connaît pas d'affrontements violents mais l'événement marquera les mémoires. Les fidèles se tenaient alors en alerte. "Le patronage était devenu un véritable campement", raconte l'abbé Briet, vicaire, dans le Bulletin paroissial du 19 mars 1911. " On y faisait le vin chaud pour les veilleurs de nuit ; c'était le moment de la lutte, c'étaient de beaux jours".


    Le receveur de l'enregistrement, M. Pierret, se présente une première fois le 2 mars 1906 à la porte de l'église. Il ne peut que constater l’absence du curé, l'abbé Henri Rigaut, et du président Alexandre Grimonpont qui dirige le conseil de fabrique gérant les biens de la paroisse. Trois jours après, à 11 h du matin, M. Pierret revient avec la gendarmerie et une compagnie de chasseurs à pied qui prend position devant le sanctuaire en isolant les rues de l'Abbé de l’Epée, Rollin et Jeanne d'Arc. Le tocsin prévient ceux qui n'étaient pas encore sur place. A l'intérieur de l'église, environ deux cents fidèles se sont enfermés, chantant des cantiques.


    A 12 h 30, le commissaire Langlet frappe à la porte et, "au nom de la loi", demande qu'on lui ouvre. Puis il requiert, parmi les soldats, deux sapeurs qui s'attaquent au grand portail, à la hache, avec l'aide du fossoyeur de la commune, Louis Riquier. Les crocheteurs d'une maison spécialisée de Lille arrivent ensuite et parachèvent le travail. Le maire accompagne les fonctionnaires civils dans l'église. Le curé, puis M. Delebecque, au nom du conseil de fabrique, et Mme Delecaille, présidente de l'Œuvre de Sainte-Elisabeth, propriétaire d'ornements sacerdotaux, protestent avec véhémence. Après une demi-heure de visite, une liste de quatorze pages est dressée du contenu de la sacristie et des armoires, avec estimations financières. Les indésirables partis, l'abbé Rigaut remercie ses paroissiens et les invite à chanter un salut de réparation. La foule se retire à 15 h 30. Le comité catholique local éditera des cartes postales représentant la troupe devant l'église et le portail fortement endommagé.


    Les incidents ont été plus chauds dans d'autres paroisses où de jeunes Monsois sont allés prêter main forte. Ainsi, le 25 mars 1906, vingt garçons du "patro" font fête à leur compatriote Vandekerkove qui vient de purger un mois de prison infligé par le tribunal de Lille, à cause de sa conduite pendant l'effraction de l'église de Fives.


    La loi du 2 janvier 1907 transfère aux communes la propriété des églises et presbytères. Par décret du 16 février 1910, les biens ayant appartenu à la fabrique de l'église de Mons et gardés sous séquestre après l'inventaire, sont attribués au bureau de bienfaisance de la commune.



Des groupes se forment devant l'église, le jour de l’inventaire des biens, lors de la séparation des Eglises et de l'Etat (Ph. A. Jouly Lille).



Le portail est refermé. Sur sa partie gauche on lit "Catholiques souvenez-vous", et sur l'affiche de la fausse fenêtre cette citation du philosophe Jules Simon, l'un des pères fondateurs de la Troisième République : "La liberté de conscience est la plus respectable de toutes les libertés" (Ph. A. Jouly Lille).


Théâtre et gymnastique

 

    A cette époque, par réaction contre les campagnes anticléricales, les œuvres religieuses sont en plein essor. Les réunions dominicales de jeunes filles, animées par les demoiselles Hennebelle, institutrices, existent depuis 1865. C'est en 1902 que la construction de la salle appelée plus tard Montjoie, entre l'église et la rue Florimond Delemer, donne un départ foudroyant aux activités des garçons : patronage pour les plus jeunes et bientôt colonies de vacances, société de gymnastique la Saint-Eloi, ouverte en 1908, groupe de Jeunesse catholique avec sa compagnie de théâtre amateur, présentant régulièrement des pièces édifiantes... Les deux sociétés de musique qui existent alors, la Fanfare et l'Union des trompettes, prêtent leur concours aux manifestations catholiques. Une bibliothèque paroissiale démarre en 1904.


    Le 6 mars 1905, un accident endeuille, dans la cour, la cérémonie de bénédiction du drapeau de la Jeunesse catholique. Un jeune Fivois, Maurice Desailly, est tué par une balle provenant du tir installé au Petit Saint-Pierre, siège de la société des carabiniers. Le projectile, ayant ricoché, avait traversé la rue Florimond Delemer. Plusieurs années de suite, une messe sera célébrée à la mémoire de la victime.



Le patronage, construit en 1902, agrandi en 1909 pour accueillir la gymnastique, le théâtre et les autres jeux du Cercle (Ed. EC).

 

    La première "foire aux plaisirs" a lieu dans les locaux du patronage en 1908. Le développement des activités est tel que trois salles supplémentaires sont construites dès 1909. L'abbé Rigaut se félicite que de 7 100 à son arrivée en 1898, le nombre des communions annuelles se soit élevé à 28 000 en 1911. Beaucoup d'activités nées à cette époque au sein de la paroisse vont perdurer pendant près d'un demi-siècle et parfois plus. Dans les années trente, les mouvements spécialisés de jeunes, notamment la JOC, sont présents et le patronage sert de terreau au mouvement Cœurs Vaillants. La salle Montjoie disparaîtra en 1985.

 

Une église pour l'An Quarante

 

    Le développement de la commune amène la construction d'un autre édifice religieux dans le quartier de l'An Quarante. Jusqu'alors, les habitants du Bas de Mons étaient dispersés entre trois paroisses dont deux extérieures à la commune : Saint-Pierre d'une part, Fives Saint-Sacrement et Hellemmes Saint-Denis d'autre part. En 1952, ils se réunissent le dimanche, pour la messe, dans une maison où une pièce est assez grande pour les contenir, 61 rue du Becquerel. L'autorité diocésaine fait l'acquisition d'une maison, 45 rue de l'An Quarante, et d'un terrain où est installée une chapelle provisoire : un bâtiment préfabriqué en panneaux de bois, revêtus d'un crépi de ciment, avec un campanile au côté. Cette chapelle dédiée à saint Jean Bosco, inaugurée le 6 septembre 1953, est rapidement insuffisante. En 1958 on envisage la construction d'une église prise en charge par l'œuvre des Chantiers du diocèse.



Maquette, sur carte postale, de l'église Saint-Jean Bosco, boulevard Alphonse Gayet (Ph. A. Mailliet).

 

    Le projet, confié à l'architecte Jean Willerval, représente "la tente du Seigneur dans le désert". Cette église, gardant le vocable de Jean Bosco, est inaugurée le 22 mars 1964 par le cardinal Liénart, évêque de Lille. Un incendie y cause de gros dégâts le 28 novembre 1973, le "cercle" redevient chapelle pour un temps et l'église ne sera rendue au culte qu'en juin 1975. Mons a désormais ses deux clochers. Autour de 1980, la communauté musulmane s'organise pour disposer d'un lieu de culte qui évoluera plus tard vers l'aménagement d'une mosquée, à l’ancien emplacement des établissements Boulanger, rue Lavoisier.


    Les chapelles sont rares sur le territoire de Mons. Celle que l'on peut voir à l'angle de la rue Faidherbe et de l'avenue René-Coty aurait été construite en 1890, au bout de la rue Hoche, au lieu-dit "La Goulette", sur un terrain appartenant à la famille Paquet-Schoutteten. Tombée en délabre­ ment, elle fut restaurée grâce à une souscription des familles du quartier et consacrée en 1931 à sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle est alors devenue propriété de l’Association diocésaine. Rue de Paris, un modeste oratoire édifié au lendemain de la Seconde Guerre mondiale témoigne de la reconnaissance des habitants du voisinage qui ont survécu aux bombardements, malgré la proximité des voies ferrées. Il est placé sous l'invocation du "Cœur Immaculé de Marie". Un autre, au rez-de-chaussée d'une demeure sans doute plus que centenaire, au 251 rue du Général de Gaulle, est dédié à Notre Dame des Victoires. Les processions mariales d'autrefois marquaient un arrêt à cet endroit, devant la statuette de la Vierge. Un grand calvaire a été dressé en 1924 à la drève de la Pilaterie, à la limite de Marcq et de Mons, là où commence aujourd'hui la zone industrielle. Le mot "drève", usité en Belgique et dans le Nord de la France, désigne une allée carrossable bordée d'arbres.


    Des communautés religieuses qui ont vécu à Mons autrefois, seuls restent les Oblats de Marie Immaculée, arrivés 49 rue du Barœul au lendemain de la Grande Guerre. De même, en 1920, les Franciscains avaient installé leur couvent Notre Dame de la Paix et leur séminaire des missions au 28 rue Emile Zola, sur l'ancienne propriété Faucheur. Parmi les religieux qui ont résidé dans ce cou­ vent figure le R.P. Charles-André Poissonnier (1897-1938). Celui-ci, considéré comme un émule de Charles de Foucauld, vécut longtemps en ermite au Maroc. En 1968, les Franciscains se replient à l'entrée de Lille, rue Berthollet, à l'extrémité de la rue Alexandre Delemar, pour laisser place au collège Lacordaire. Vers 1920 aussi, les Franciscaines de Sainte-Marie des Anges, congrégation d'Angers, arrivent à Mons-en-Barœul pour tenir le couvent Saint-Joseph ainsi que la maison de famille installée dans l'ancien château Vandorpe, 3 rue Daubresse-Mauviez, avec dispensaire et hébergement de personnes âgées. A partir de 1938, elles accueillent aussi le patronage des filles, trop à l'étroit place Fénelon. Elles restent là jusqu'à l'acquisition de la propriété par l'Etat vers 1970 pour le percement de la voie rapide urbaine. D'où l'appellation du parc des Franciscaines, devenu propriété de la ville en 1982. En 1930 enfin, une procure des Sœurs Blanches est aménagée pour un temps au 198 me Daubresse-Mauviez.



La Mission des franciscains en Chine. Pendant près d'un demi-siècle, leur séminaire s'est trouvé à Mons-en-Barœul, 28 rue Emile Zola, adresse précisée au dos de cette carte où sont rappelées aussi leurs missions en Orient et au Maroc (Ed. inconnu).



Grotte de Notre Dame de Lourdes, à l'orée du jardin des Oblats de Marie Immaculée, 65 rue du Barœul (Imprimeries réunies Lille).

 

D’un cimetière à l'autre


    Du jour où Mons a son église, en 1844, il est légitime que le village dispose aussi d'un cimetière. Celui-ci ne peut se trouver près du sanctuaire, comme dans les paroisses de jadis, car la loi interdit alors les constructions dans un rayon inférieur à cent mètres autour du cimetière. Le ministre de l'Intérieur demande donc à la commune de modifier son premier projet et d'installer le cimetière en un autre lieu. Les propriétaires Ghesquières et Becquet lui vendent un terrain de près de 900 mètres carrés où le cimetière est établi le 19 septembre 1845. Dès 1849, la commune doit acheter un terrain contigu, presque aussi grand, pour agrandir le cimetière déjà insuffisant. Celui-ci, qui commençait à hauteur de la future rue Parmentier, est prolongé jusqu'à la route de Roubaix, le long d'un sentier qui deviendra la rue Montesquieu. D'autres agrandissements ont lieu en 1920 et 1927. Pour la quatrième fois, un terrain contigu est acheté en 1929, mais l'arrêté préfectoral autorisant une fois de plus l'agrandissement du cimetière existant est annulé par le Conseil d'Etat en 1932. Celui-ci exige de la commune qu'elle installe sans plus tarder un nouveau cimetière pour lequel un terrain, appartenant à la famille Salembier, a été prévu au projet d’aménagement de la commune.



Carte présentant le projet de calvaire pour le nouveau cimetière, par G. Brodelle, architecte. La bénédiction de ce calvaire monumental de douze mètres eut lieu en octobre 1935 (Ed. inconnu).

 

    Ce cimetière est mis en service en 1934. La première personne inhumée à cet endroit est une jeune fille de dix-huit ans, Marie-Antoinette Kalflèche. Pendant une vingtaine d'années, les deux cimetières sont ouverts simultanément, jusqu'au jour où il est stipulé qu'il n'y aurait plus d'enterrement dans le premier cimetière en 1953, ce qui entraîne une polémique. Beaucoup n'apprécient pas que leurs défunts soient inhumés à l'extrémité de la ville, là où il y avait hier une briqueterie, des champs, voire un dépôt d'ordures. Les personnes âgées ne veulent pas, disent-elles, "aller au gardin à cass'roles". La ville couvre les frais du transfert des corps mais la reconstruction des monuments est à la charge des familles. Les dépouilles restées sur place sont déposées dans une fosse aux ossements, au nouveau cimetière, celui qui est toujours en service. Le terrain alors libéré rue Montesquieu accueillera le béguinage des Mille Roses.



En 1917, l'occupant enleva les cloches de l'église Saint-Pierre, appelées Henriette et Pierre, qui dataient de 1885. C'est le 18 décembre 1921 que leurs remplaçantes ont été baptisées : la cloche de la Victoire, 860 kilos, en fa, et celle de la Paix, ci-contre (Ph. E. Baron Douai).

 

Objets classés monuments historiques

 

    En 1926, le beau maître-autel en marbre rouge, veiné de blanc, de l'église Saint-Pierre, est classé monument historique. L’auteur de cette œuvre de l'école anversoise, de style Renaissance, est inconnu ; il s'agit vrai­ semblablement de Guillaume Kerriex, élève du maître Artus Quellin. Le maître-autel, arrivé à Mons en 1851, est un don de Guillaume Declercq-Cumont qui avait acquis le château de Deurne, près d'Anvers, où il se trouvait. On admire en particulier, au centre, le médaillon de marbre blanc, finement sculpté, qui représente une scène biblique : la récolte de la manne par les Hébreux dans le désert.


    Huit autres objets déposés dans les églises monsoises figurent à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1969.


A l'église Saint-Pierre :


- Croix de procession en laiton argenté, donnée par Anne Ghesquières en 1844.

- Autel de la Vierge en marbre blanc et rouge de 1840. - Tabernacle du XVIIIe siècle au-dessus de cet autel.

- Christ en croix, en bois, du XVIe siècle, bras refaits.

- Fonts baptismaux en marbre blanc et noir, début du XIXe siècle.

- "Le coup de lance", toile peinte d'après Rubens.

- Notre Dame de Consolation, bois sculpté, peint et doré, milieu du XIXe siècle, avec le socle, même époque, et deux angelots du XVIIIe en bois doré.


A l'église Saint-Jean Bosco :


- "Le mariage mystique de Sainte Catherine", toile peinte, copie faite au XIXe siècle d'un original de Véronèse, léguée à la ville par le commandant Jules Leclercq à sa mort en 1934.


Naissance des écoles



L'école de filles, devenue Sévigné, fut ouverte en 1881 sur un seul niveau. L'étage a été ajouté plus tard. Le chemin y conduisant est devenu la rue Jeanne d’Arc en 1896 (Ed. BF Paris).



A l'école de garçons, c'est la "récré" ! (Hélio E. Le Deley Paris).

 

    Au début du XIXe siècle, l'analphabétisme est encore largement répandu. A Mons, le maire Louis Despatures, répondant à un questionnaire sur l'état civil en 1802, affirme que les deux tiers des habitants de la commune ne savent ni lire, ni écrire. La proportion est la même qu'avant 1789. Celle-ci semble élevée par rapport à l'estimation moyenne comprise dans la question : "Le nombre de ceux qui ne savent ni lire, ni écrire est-il de 1/6, de 1/4, de 1/3 ou de la moitié de la population ?" L'évolution sera relative­ ment rapide puisque le recensement de 1866 dénombre 415 hommes et 513 femmes analphabètes, soit un taux de 54 %. Entre-temps, les mesures gouvernementales et bientôt communales se sont multipliées en faveur du développement des écoles.



Rue Rollin, en 1909, en sortant de l'école... L'horloge de l’église indique 11h35. (Hélio E. Le Deley Paris).

 

    Complétant la législation révolutionnaire, une loi du 11 floréal an X (1801) ordonnait aux sous-préfets d'organiser les écoles primaires qui pouvaient desservir plusieurs villages. Les maires avaient à se prononcer sur la nomination des instituteurs et la commune devait leur fournir un logement. Le conseil municipal déterminait le montant de la rétribution due par les parents pour le traitement de l'instituteur. Il revenait au maire d'établir la liste des enfants dont les parents n'avaient pas les moyens de payer, puis de la communiquer au préfet : les élèves accueillis gratuitement pour cause d'indi­ gence ne pouvaient excéder un cinquième des effectifs. Le conseil général, quant à lui, fixait le traitement des instituteurs. En 1872, ce même conseil émet le vœu d'une école primaire obligatoire et gratuite, préfigurant ainsi les prochaines lois Ferry de 1880-1881 qui vont instituer l'école obligatoire, laïque et gratuite pour tous.

 

Installation de la première école

 

    Un courrier du maire Pierre-François Salembier au préfet nous apprend qu'il n'y a pas d'école à Mons en 1827. Sa réponse du 22 janvier 1829 à une circulaire préfectorale fait remarquer qu'il n'y a lieu ni de fixer la contribution à demander aux parents d'élèves, ni de faire le tableau des enfants accueillis gratuitement puisque la commune ne peut supporter les frais d'une école. Par ailleurs, un instituteur "s'est installé " dans le village, sans doute Désiré Caille, bien noté par l'inspecteur, mais il ne reçoit pas d'indemnité communale car le budget ne permet pas d'y pourvoir. Le conseil municipal conclut donc qu'il n'a pas à traiter avec un instituteur de l'instruction publique. L'Annuaire statistique du département du Nord, en 1830, indique l'existence à Mons d'une "école de garçons recevant 35 élèves".

 

    La commune d'Hellemmes dispose d'une école avec un instituteur et une institutrice pour 60 élèves dont 20 filles, et 7 enfants admis gratuitement. Chacun des maîtres reçoit une indemnité de logement et l'école fonctionne dans des locaux attenant à leur habitation. Cette commune voisine est donc, soit plus riche, soit plus novatrice dans ses choix.

 

    A Mons, un instituteur du nom de Couvreur succède à Désiré Caille et il est installé dans ses fonctions le 17 mai 1835. Assez vite, ses relations avec la municipalité se détériorent : le maire Dewas et les conseillers Salembier, Desmettre et Tellier envoient une plainte à son encontre à la com­ mission supérieure de l'instruction primaire et demandent son déplacement le 2 août 1837. Les griefs sont nombreux : peu de zèle pour son enseigne­ ment, inexactitude, refus des enfants indigents, intempérance. “On l'a reconduit chez lui dans un complet état d'ivresse (...) Sa classe est malpropre (...) et sa femme envoie les enfants marauder du bois et des légumes dans les jardins voisins".

 

    Une enquête est faite et M. Couvreur se défend point par point. S'il lui arrive d'être en retard, ce qui est rare, c'est qu'il est retenu par la rédaction d'un acte d'état civil puisqu'il est aussi secrétaire de mairie. Selon lui, les parents mécontents feraient mieux de faire respecter les horaires scolaires à leurs enfants. Néanmoins, il accueille les élèves, quelle que soit l’heure d'arrivée. Bien loin de refuser les jeunes indigents, il va parfois les chercher chez eux, sauf "un petit être grossier, indocile, insolent et récalcitrant" qu'il a exclu, probablement son accusateur en l'occurrence. Celui qui le taxe d'intempérance "aurait eu intérêt à montrer plus d'indulgence à l'égard des buveurs" et le malaise dont il a été fait état n'avait rien à voir avec l'ivrognerie. M. Couvreur, né vers 1766, est en fait un homme âgé. Quant au maraudage, c'est un sport bien connu des garçons monsois qui le pratiquent dès la saison des fruits malgré ses objurgations.

 

    Il ajoute que les Monsois, riches ou pauvres, préfèrent mettre leurs enfants dans des écoles gratuites de Lille. Enfin, on va jusqu'à le critiquer de "faire étudier la médecine à son aîné (...) tant l'instruction et la science ont de charmes à Mons-en-Barœul", conclut-il avec ironie. Il est vain de vouloir trancher entre les raisons des uns et des autres. Mais ce conflit dont nous ne connaissons pas l'issue, dénote pour le moins un climat de tension où l'instituteur n'est pas encore le notable très respecté qu'il deviendra le plus sou­ vent, aux grandes heures de la IIIe République.



L'école de garçons de la rue Rollin, construite en 1880, désaffectée en 1957, fut par la suite le siège de l'école municipale de musique, aujourd'hui installée au centre socioculturel du fort (Ed. BF Paris).

 

Création d'une école de filles en 1855

 

    Les difficultés rencontrées au départ n'empêchent pas l'instruction publique de se développer à Mons. En 1839 la commune acquiert auprès du bureau de bienfaisance un terrain situé route de Roubaix pour y édifier un bâtiment à usage d’école et de mairie. Une grande pièce au rez-de-chaussée sert de classe et une autre, à l'étage, de mairie. De plus, une construction sans étage, au fond du jardin, est aussi utilisée comme classe. Cette école est sans doute celle que dirige M. Couvreur.


    En 1852, le besoin d'une école de filles se fait vivement sentir et rencontre cette fois un véritable consensus. Des lettres du maire au préfet et de l'inspecteur d'académie au recteur déplorent qu'il n'y ait à Mons qu'une école mixte pour 1 120 habitants : "Journellement de nombreux enfants font un trajet d'une demi-lieue pour se rendre dans les écoles spéciales de Lille." Cette situation leur est dommageable voire dangereuse, notamment pour les petites filles en fin de journée. L'inspecteur d'académie insiste sur la nécessité de séparer les garçons et les filles, arguant de la grande fatigue imposée à l'instituteur, sans doute M. Montaigne, par la mixité. Pour le bien des enfants et si cette demande était soutenue par l'autorité académique, le maire serait prêt à soumettre la proposition de création d'une école de filles au conseil municipal. Espérant voir sous peu l'installation de cette école, celui- ci vient de voter le traitement de deux religieuses. Par ailleurs, l'inspecteur écrit au délégué cantonal pour appuyer la demande d'un important secours qui permettrait au village, très endetté, la construction de cette école.

 

    Tout en regrettant que la commune, faute de moyens, ne puisse subvenir à l’entretien de cet établissement, les autorités ont dû émettre un avis favorable car le 30 juin 1855, le maire Désiré Becquet signale au préfet que la construction est presque terminée. Une autre lettre de l'inspecteur d'académie, le 8 juillet 1855, signale que, vu ses faibles moyens, Mons ne disposera pas avant longtemps d'une école - sans doute communale - de filles. Mais qu'elle aura bientôt deux "écoles spéciales" grâce aux soins de M. le Curé, sans doute l'abbé Caron qui a pris des engagements avec un "particulier". Celui-ci a fait construire un local conforme aux exigences de l'administration. De plus, le conseil municipal a voté une contribution annuelle de 250 F. Ainsi Mons possédera une institution pour les filles. Quelques bienfaiteurs assureront l’ameublement des religieuses, appartenant à la communauté des sœurs de l'Enfant-Jésus qui dirige cet établissement. Une partie des fonds nécessaires au mobilier de classe sera réunie par les mêmes donateurs. Mais cette aide privée étant insuffisante, le même inspecteur appuie la demande de subvention présentée au département par la commune qui vient de lui envoyer le devis d'un charpentier s'élevant à 900 F.

 

    Le rapporteur du conseil général, M. de Beaumont, ne l'entend pas de cette oreille. Il rappelle que la création de cette école est due à la "charité privée" et aux bons offices de M. le Curé à qui incombera de plus l'installation personnelle des sœurs. La commune qui n'est pas parmi les plus pauvres peut être contrainte à l'achat du mobilier de classe et s'imposer pour ce faire, de plus de 11 centimes pour les besoins locaux, ce qui est le minimum connu. Quant au devis présenté, il est du double de la moyenne habituelle. On serait très généreux en accordant une somme de 300 F à Mons qui, peu avant, a reçu 1 000 F du conseil général pour la "reconstruction d'églises" [sic].



Le bâtiment du fond, près de l'église, est l'ancienne école communale de filles, qui fut ensuite l’école Notre Dame de la Treille. Tout ce côté gauche est occupé aujourd'hui par la salle de sports et le restaurant scolaire. Carte de 1928 (Ed. L. Pollet Lille).

 

    Malgré ces difficultés, l'école de filles a bel et bien existé puisque le maire Louis Defrenne, dans un courrier du 17 septembre 1856 au préfet, annonce son ouverture et lui demande la liste des enfants à admettre gratuitement dans cet établissement considéré officiellement comme public. La séparation public-privé n'est pas encore tranchée à l'époque. Il semble bien que cette création, fondée sur un réel besoin de la population, ait été due à la convergence d'intérêts divers, notamment cléricaux. En 1857, l'inspecteur primaire écrit à l'inspecteur d'académie à propos d'une dame Dubar, institutrice communale. Il refuse qu'elle soit nommée à Mons où il n'est pas question d'ouvrir une école libre. En janvier 1865, les sœurs quittent l'école. Le maire Alexandre Delemar signale alors au préfet qu'à l'occasion de l'installation d'une institutrice communale, Mlle Eudoxie Hennebelle, il s'est rendu compte d'une chose pour le moins étonnante : les religieuses avaient déménagé "nuitamment" le mobilier de classe payé par la commune et celui qui leur avait été donné, à titre personnel, par feu M. le Curé. L'une d'elles avait dit sa volonté d’ouvrir une école libre. Le maire souhaite des directives par retour du courrier sur la conduite à tenir en la circonstance. Nous ignorons quelle fut la réponse du préfet. Cette anecdote confirme que, malgré la présence des religieuses, l'école des filles était bien une école publique, mais aussi que les divergences sur le plan scolaire existaient dès cette époque, préfigurant la laïcisation des établissements.

 

    Entre-temps, en 1859, l'école de filles a été agrandie. L'abbé Derode, successeur de M. Caron, s'est engagé à payer le traitement d'une quatrième sœur institutrice, la commune allouant déjà la somme de 500 F. En 1865 Eudoxie Hennebelle ouvre un pensionnat primaire avec l'aide de sa sœur Gorgonie et l’accord d'Alexandre Delemar, maire. Par ailleurs, dans un rapport de l’inspecteur Grimont en 1862 sur la sœur Augustine, celui-ci note que l'école compte 130 élèves inscrites plus 30 gratuites, ainsi qu'un asile- garderie, ancêtre de l'école maternelle, avec 30 garçons et 30 filles. Il ajoute que "la tenue de l'école est très satisfaisante". Le recensement de 1866 nous apprend que quatre instituteurs et quatre institutrices travaillent alors à Mons.

 

Développement de l'instruction

 

    En dépit de quelques aléas comme la révocation de l'instituteur Bruno Duquesne par l'inspecteur, pour ivrognerie, le 3 décembre 1862, l'instruction se développe à Mons où il faut songer à ouvrir de nouvelles écoles. En 1863, Désiré Courcot remplace Bruno Duquesne. En 1866, le maire, dans un courrier au préfet, signale que l'école communale de garçons compte 100 élèves. Le conseil municipal, ayant déjà voté un traitement de 300 F pour l'instituteur adjoint, ne peut aller plus loin, dit-il, car la commune dépense 3 500 F pour les écoles sans aucune aide du département. Les 300 F étant insuffisants, "vu la cherté des subsistances", c'est l'instituteur qui nourrit son adjoint. Un secours de 100 F ayant été accordé l'année précédente par le conseil général, le maire demande qu'il soit porté à 200 F. La requête est refusée.

 

    Il faut quand même aller de l'avant et le 3 avril 1879, le conseil municipal autorise Alexandre Delemar à acquérir un terrain en vue d'installer de nouvelles écoles et mairie. Situé entre la route de Lille à Roubaix et la rue de l'Eglise au sud, il permettrait de construire un bâtiment assez vaste pour y loger les maîtres. Ce sera la future... ancienne mairie, devenue Maison des associations. Ce même jour, le conseil décide de renouveler le bail de l'école de filles, et le 4 juin suivant, la commune acquiert un autre terrain tenant au sentier dit de l'Eglise, pour la construction d'une école communale.

 

    La nouvelle école des garçons est construite en 1880, un an avant l'ouverture de l'école des filles baptisée plus tard Sévigné, là où elle est toujours installée. C'est aussi en 1881 que Mme Virnot-Gamonet achète l'ancienne école communale de filles et y établit un "asile" libre, confié à Joséphine Riquier, pour les enfants de deux à six ans. Pendant vingt ans, cet établissement sera à sa charge avant d'être repris par une société civile sous la présidence d'un Vandorpe. Les demoiselles Hennebelle, arrivées à l'école des filles en 1865, restent en fonction respectivement jusqu'en 1884 pour Gorgonie, morte en 1916, et 1899 pour Eudoxie, décédée en 1923 à l'âge de 84 ans. Les deux sœurs avaient assuré l'instruction religieuse pendant la classe puis en dehors. Eudoxie a dirigé les Enfants de Marie et la Réunion dominicale des jeunes filles de Mons pendant un demi-siècle.

 

    Le témoignage d'une ancienne résidente des Mille Roses précise qu'il n'y avait pas d'école privée de filles à Mons au début du XXe siècle. Cette dame se souvenait des "badoulets" (sorte de roulades) qu'elle faisait avec d'autres enfants sur les "montagnes", le long du chemin de fer, au bout de la rue Spriet-Tellier, et des crucifix qu'on enleva de l'école Sévigné, lors de la Séparation des Eglises et de l'Etat, en 1905.



Le groupe scolaire La Paix, place Albert 1er, comprenait à l'origine, en 1938, l'école Louis Pasteur pour les garçons et l'école Louise de Bettignies pour les filles (Ed. Matheus).

 

    En 1902, la commune avait acquis un terrain au lieu dit "le Petit Lannoy" pour la construction d'une école maternelle, achevée en 1905, rue de l'An quarante. Celle-ci recevra le nom de La Fontaine en 1957. L'immeuble de l’école privée de garçons, 20 rue Florimond Delemer, est construit par Honoré Vandorpe à la veille de la guerre, en 1914. Il deviendra propriété de Louis Meignié-Vandorpe, neveu du précédent, et ne sera mis en service qu'au lendemain des hostilités. Pendant l'occupation, en effet, il a tenu lieu... d'écurie pour les chevaux de l'armée allemande. Les écoles catholiques sont ouvertes en octobre 1916, place Fénelon et en d'autres locaux provisoires, rues Daubresse-Mauviez, Pasteur et Rollin. Le conseil municipal sera soumis à un cas de conscience tranché le 28 août 1920 par douze voix contre onze : les subventions pour fournitures scolaires ne sont accordées "qu'aux écoles laïques municipales seules". En 1926, la maison et les ateliers de Bernard Vannieuwenhuyse sont acquis place Fénelon pour agrandir l'école Notre Dame de la Treille.


    Le projet de groupe scolaire au quartier de l'An quarante naît en 1931. Ce sera le groupe La Paix, inauguré le 17 juillet 1938, avec ses deux écoles, Louise de Bettignies pour les filles et Louis Pasteur pour les garçons. C'est alors qu'un stade municipal est aménagé boulevard de la Paix.


    Depuis, la ville s'est développée. Lors de la mise en service de l'école de garçons Georges Guynemer et de la maternelle Charles Perrault, liées au nouveau lotissement des Sarts, en 1957, la vieille école Rollin, trop petite, est désaffectée. Ses locaux contigus à ceux de la mairie accueilleront différents services en attendant d'héberger l'école de musique puis de disparaître en 1984. Le peuplement de la ZUP entraîne une véritable explosion scolaire comme celle de l'école Concorde qui passe de sept classes en juin 1968 à dix-huit en septembre 1969. Aujourd'hui, la commune compte seize écoles publiques et deux écoles privées, deux collèges publics et un collège privé.


Estaminets d'autrefois

 

    En 1902 on compte 41 estaminets pour 4 026 habitants dans la commune, soit un café pour cent Monsois. Cette proportion considérable n'est pas surprenante pour une époque où de tels établissements sont des lieux importants de réunions et de loisirs. On y "prend son plaisir" jusqu'à 21 heures et certains se plaignent de devoir aller par exemple à Fives ou à Hellemmes où les cafés ont le droit de rester ouverts une heure plus tard.


    Certes l'alcoolisme est alors assez répandu, mais le rôle social que jouent les "bistrots" fait aussi leur popularité. Ils sont volontiers le siège de réunions très diverses. Le Café de la Mairie, à lui seul, rassemble les musiciens et amis du cercle musical, le Racing Club monsois et les adeptes du Vélo Club, sans compter les passionnés de cinéma, attirés par la salle de projection située dans l'immeuble. On trouve une société de colombophiles chez Trottein, un billard chez Lespagnol, un jeu de bouchons au Drapeau National, un stand de tir au Saint-Joseph, etc.



Un groupe d’habitués photographiés devant le Petit Saint-Pierre.

 

    Le plus souvent, c'est l'épouse qui officie au comptoir alors que le mari exerce une autre activité à l'extérieur. Ainsi l'entreprise de maçonnerie d'Henri Maes est attenante au Grand Saint-Pierre qui appartient au même personnage. Par contre, Victor Lelièvre, avant d'être maire de Mons-en- Barœul de 1901 à 1919, abandonne son petit commerce de mercerie ambulante pour s'installer cafetier à l'enseigne de L'Avenir.


    Un autre estaminet s'appelle Au rendez-vous des livreurs, et l'on n'y trouve pas d'autre bière que celle de Mons. En ce début de siècle, beaucoup de débits sont, en fait, de simples dépôts de vente et de consommation d'une marque de bière, boisson régionale présente dans tous les foyers. Il n'est pas rare, au demeurant, que la maîtresse de maison fabrique elle-même la bière familiale, fort peu alcoolisée celle-là. Cette fabrication domestique a rapide­ ment disparu après la Seconde Guerre mondiale.


    Dans les estaminets, on recherche des émotions plus fortes, des dis­ tractions plus corsées. Certains établissements comme celui des Tytgat-D'Hondt, A l'entrée du Fort, font restaurant et guinguette. On y danse au son du piano mécanique. Les voisins lillois ou hellemmois, venus profiter du bon air de Mons, peuvent aussi finir agréablement la soirée Au grand Trocadéro, le samedi et le dimanche, en compagnie des troufions du Fort. Ce cabaret bien connu est exploité par la famille Mallet avant de prendre, à la génération suivante, le nom de Maison Lagneau-Mallet.



Le café "A l'Union", à l'angle des rues Franklin et Daubresse-Mauviez - du Général de Gaulle, fut détruit par une bombe le 26 mai 1940. A droite, on aperçoit l'angle de la maison où était né Paul Milliez (Ed. PL Lille).



L'estaminet "Chez Dequien", rue Franklin, à l'angle de la rue Spriet-Tellier, tenait lieu également d'épicerie et de mercerie (Ed. LS Hautmont).

 

    Quand on pense aux horaires de travail de nos arrière-grands-parents, on peut s'étonner de leur appétit effréné de loisirs, de leur santé, quand elle ne s'abîmait pas dans l'alcool... Il faut se rappeler que la semaine de quarante heures, les congés payés ne datent que de 1936, et la télévision est devenue courante à partir de 1954. Autrefois, c'est en société qu'on s'amusait. Dans un milieu encore très proche de la paysannerie, un danseur infatigable promettait d'être aussi un solide travailleur. Et puis en ce temps-là, comme nous l'a dit un Monsois de longue date, "on buvait des quarts, des petites chopes, pas des demis !" Alors, la bonne conscience n'en souffrait pas...


    Les bombes de la guerre-éclair ont détruit un café le 26 mai 1940 : chez Trottein, à l'angle des rues Franklin et Daubresse-Mauviez. Bien d'autres estaminets ont disparu les uns après les autres, rendus inutiles par l'évolution des modes de vie. On peut regretter le pittoresque des noms patoisants : A l’Crasse Lavette ou Much'tin dos, ainsi nommé à cause de la petite statue d'un bossu que les habitués saluaient d'un "Minch'tin dû, much'tin dos". On peut cultiver la nostalgie des limonades que la tenancière servait aux jeunes amoureux du chemin des Sorcières, au café dit A ma Belle-Mère. On peut aussi rêver à la poésie agreste qu'évoquaient ces enseignes : A la Verte Vue, A l'Epi d'Or... On n'arrête pas le temps qui passe et chaque siècle apporte ses bienfaits.



Chez Tytgat, “à l’entrée du fort" on dansait au son du piano mécanique (PH. Dubus Lille).



Il en était de même au Grand Trocadéro à l’enseigne de la maison Lagneau-Mallet, sur cette carte de 1913. A gauche, l'estaminet “Saint-Mathias” d’Alfred Poissonnier. Au dos de ta carte est relatée une altercation... dans un troisième café, celui de la Mairie (Ed. ELD PH).



Au début du XX siècle, le Café de la Mairie était tenu par Désiré Duprez (Photo carte D. Duprez).

 

Les cafés monsois de A à Z

 

    Voici, classés par ordre alphabétique de l'enseigne ou du nom du propriétaire, les cafés que nous avons pu recenser à Mons-en-Barœul depuis la fin du XIXe siècle. Cette liste n'est pas exhaustive.

 

- L'Annexe, rue du Général de Gaulle, à hauteur du Trocadéro.

- L'Avenir, 179 route de Roubaix (face au Grand Saint-Pierre), tenu à partir de 1899 par Victor Lelièvre, qui vend la bière de la coopérative hellemmoise du même nom. L'établissement est contigu à une épicerie-confiserie-magasin de vente à emporter.

- A ma Belle-Mère, rue du Barœul, côté gauche, non loin de la voie ferrée. 

- Au bon coin, rue Franklin. Tenu par Léon Castelain.

- Les Blés d'Or, au Fort. Propriétaire : Louis Vérez.

- Café de la Guinguette, actuel Voltaire, dans la rue du même nom.



L’estaminet "Au Lion d’Or" en 1907, face au château Briand, route de Roubaix, au début du XXe siècle (Ed. BF Paris).



Le petit estaminet appelé "Much'tin dos”, au 3 rue Parmentier à l’angle de la rue Jeanne d'Arc, portait fièrement l'inscription : “grand dépôt de vins” sur cette carte de 1925 (Ed. LS Hautmont).

 

- Café de la Mairie, à côté de l'ancienne mairie, devenue Maison des Associations. Il était le siège du Racing Club Monsois de football, et du Vélo Club Monsois, et possédait une salle de cinéma (l’Idéal). Au faîtage on lisait l'inscription "Cercle musical". Dans la salle des fêtes située à l'arrière avaient lieu des représentations théâtrales, des bals et diverses réunions.

- Café de l'Europe, 19 rue Corneille.

- Café du Commerce, 113 rue Franklin, à l'angle de la rue Spriet-Tellier.

- Carbon : l'un des huit estaminets restés ouverts en 1917 malgré la pénurie de bière.

- Castille, à l'angle des rues Mirabeau et Daubresse-Mauviez, face à la pharmacie Parsy. Appelé à une autre période A Crusoé.

- Au Chalet, rue Louis Braille, autour de 1920.

- La Chapelle, au Tape Autour, face à la boucherie Brame-Leclercq.

- Chatam Europe, né avec le Nouveau Mons, avenue Robert Schuman, au pied des tours de l'Europe.

- Chez Chiotorosi, avenue Virnot, près de l'ancien stade Jules Lemaire.

- Chez Clovis, à proximité de la brasserie.

- Le Cœur joyeux, au croisement Jean-Jacques Rousseau/Becquerel en 1899. 

- Cokelaere : l'un des huit estaminets restés ouverts en 1917 malgré la pénurie de bière.

- Le Coq hardi, à l'angle des rues Franklin et Carnot.

- A l’Crasse Lavette : rue Mirabeau.

- A Crusoé : voir Castille.

- Dequien, à l'angle des rues Franklin et Spriet-Tellier.

- Le Drapeau national, à l'angle des rues Rollin et Daubresse-Mauviez, face au monument aux morts. Tenu par un sieur Mathon puis par la famille Demulder, il a possédé un jeu de bouchons. Il fut le siège de la Fanfare, devenue l'Harmonie, qui y faisait ses répétitions.

- Chez Elvin-Mangez, rue Jeanne d'Arc.

- Chez Emile, 8 rue Jean Jaurès, vers 1960. Selon la tradition continue de porter le prénom de son tenancier : Chez Laurent aujourd'hui.

- A l'Entrée du Fort, tenu par les Tytgat-D'Hondt, restaurant et dancing au son du piano mécanique.

- L'Epi d'Or, guinguette sur le chemin du Fort.

- Au Forgeron, 26 rue Parmentier, tenu par Guisselin.

- La Goulette, au coin des rues Faidherbe et Hoche. Derniers propriétaires :

M. et Mme Escampe que tout le monde appelait Marie. Billard, jeux de cartes et de boules.

- Au Grand Saint-Pierre, rue Daubresse-Mauviez, exploité par Henri Maes qui était aussi entrepreneur de maçonnerie, et à une autre époque par Cavrot-Avoine. 

- Au Grand Trocadéro, à l'angle des rues du Quesnelet et Daubresse-Mauviez (du Général de Gaulle). Tenu par la famille Mallet, devenu ensuite Maison Lagneau-Mallet, repris par Georges Defever qui faisait aussi des transports avec son cheval, et en dernier lieu par M. Blanckaert. On y dansait le samedi et le dimanche au son du piano mécanique. L'immeuble fut démoli en 1982.



Près de l'usine Delebart (écrit Delbarre par erreur) dont les locaux abriteront plus tard une partie des ateliers Peugeot, on trouvait en 1920 trois estaminets : “Le Chalet”, "Le Gutenberg" et "La Paix" (Ed. LS Hautmont).

 


Dans l'estaminet "la Chapelle", au Tape Autour, on pouvait rencontrer Dagbert, le calculateur prodige, qui habita la rue du Général de Gaulle à Mons-en-Barœul pendant plusieurs années. Les anciens se souviennent d'une séance qu'il donna salle Montjoie vers 1950 (Ed. EC).


- Le Gutenberg, tenu par Raymond Decooman près des usines automobiles Peugeot, à l'angle de la rue Louis Braille et du boulevard du général Leclerc.

- Chez Ledoux, avenue Virnot, près de l'ancien stade Jules Lemaire.

- Maison Lesoing, rue Thiers.

- Chez Lespagnol, rue Franklin, avec jeux de billard et de bouchons.

- Chez Liberati, avenue Virnot, près de l'ancien stade Jules Lemaire.

- Le Lion d'Or, à l'entrée de la rue Emile Zola. Son emplacement est aujourd'hui occupé par une pharmacie. Il faisait le pendant avec le café A l’Arrêt du Lion d'Or, tenu par Raymond Gras de l'autre côté du pont.

- Le Macdonald, proche de la brasserie, rue du Général de Gaulle. Il porte le nom d'un Maréchal d'Empire, dont on baptisa le Fort de Mons. Ne pas confondre avec une chaîne américaine. Devenu L'Arc-en-ciel.

- Au Maréchal-Ferrant, rue Mirabeau.

- A la Mobile, que tenait Mme Debruyne-Lagneau à l’emplacement de l’actuel n°86, rue du Général de Gaulle. La proximité d’une caserne des douanes avait inspiré son nom.

- Much'tin dos, appellation en patois du petit café qui a laissé place à un parking, à l'angle des rues Jeanne d'Arc et Parmentier. La statue d’un bossu, déposée à l'intérieur, fut à l'origine de ce nom car les clients avaient pris l'habitude de dire en entrant : "Much'tin dû, much'tin dos". L'établissement, au n° 3 rue Parmentier, portait une pancarte au-dessus de la porte avec cette indication : "Grand dépôt de vins". Celle-ci ne correspondait pas vraiment à la taille de l'estaminet !

- La Paix, en face du Gutenberg, à côté des usines Peugeot.

- Au Petit Château, tenu par Demynck, 23 rue Victor Hugo.

- Le Petit Saint-Pierre, rue Daubresse-Mauviez, à cinquante mètres du Grand Saint-Pierre. En fait, il s'appelait tout simplement Le Saint-Pierre mais l'usage lui attribua le qualificatif Petit pour mieux le distinguer du Grand. 



Le Grand Saint-Pierre, à gauche, fut "tenu par Cavrot-Avoine". Chacun avait sa bière. L'estaminet "A l'avenir" de Victor Lelièvre lui faisait face et vendait les produits de la brasserie coopérative "l'Avenir" de Fives-Lille, dont il avait été l'un des fondateurs. Elle était affiliée à la Fédération des coopératives socialistes du Nord. Au niveau de la caténaire du tramway, la brasserie Dezitter (Ed. ELD).



Au Grand Saint-Pierre, alors tenu par Henri Maes qui était aussi entrepreneur en maçonnerie. Plus tard, l’entrée de droite sera celle du mécanicien Dazin, auto-garage et machines à coudre (Ed. inconnu).



Le café Saint-Pierre, dit Petit Saint-Pierre, ici à l'extrême-gauche, se trouvait à quelques mètres du précédent. La pharmacie du Centre, visible à droite, porta ce nom jusqu'il la succession du professeur Morel par Charles Lainé, qui ouvrit plus tard un laboratoire d’analyses médicales presque en face (Ed. inconnu).

 

- Au Petit Tapis, vers le milieu de la rue Faidherbe (garage actuellement). Tenu par M. et Mme Foret, surnommée "Germaine du Petit Tapis". Combats de coqs, billard, jeux de cartes.

- Le Petit Tonnelier, rue Daubresse-Mauviez, devant la cour Sainte-Marie, à côté de l'actuelle boulangerie.

- Chez Pierrot, rue du Général de Gaulle, à proximité du pont du Lion d'Or. 

- Au Ramponneau, rue Daubresse-Mauviez, à peu près en face de la rue Franklin.

- Le Racing Club Fivois, au coin de l'avenue Cécile, côté avenue Virnot.

- Le Rendez-vous des drôles, place de la République.

- Au Rendez-vous des livreurs, maison Jules Lemaire, à l'enseigne des Bières de Mons-en-Barœul, rue Daubresse-Mauviez.

- Le Saint-Joseph, 1 rue de l'Abbé de L'Epée, près de l'église. Siège de la Mutuelle Saint-Joseph, tenu par M. Hubaut, il avait un stand de tir.

- Le Saint-Claude, 120 me du Général de Gaulle, occupe l'ancien emplacement de l'imprimerie Pottier-Hallez.

- A Saint-Mathias, rue Daubresse-Mauviez, non loin du Trocadéro, face à la maison Tiers, vins et spiritueux. Tenu par Alfred Poissonnier.

- Au Sac au clos, au coin des rues Gambetta et de l'An Quarante (auto-école actuellement). La patronne était surnommée "Sidonie du Sac au dos".

- Le Soleil levant, rue Daubresse-Mauviez, en face du Tape Autour. Tenu par Richard Delemar.

- A la Sortie de l'usine, à l'angle des rues Pasteur et Nouvelle (aujourd'hui rue Victor Lelièvre). L'enseigne faisait allusion au tissage de la rue Pasteur.

- Le Sporting, avenue Virnot, près de l'ancien stade Jules Lemaire. 

- Au Stop, 27 rue Colbert, tenu par Lachery.

- Chez Suin, au bout de la rue Thiers.

- Tabac, 9 rue Victor Hugo.

- Tabac, 119 rue Voltaire.

- Au Tape Autour, 310 rue Daubresse-Mauviez, tenu par Honoré Cuvillier, ensuite par François Gillis, qui exerçait aussi le métier de couvreur, puis par M. Emaillé.

- Les Trois Pélicans, 1, rue Victor Hugo, autour de 1945.

- A l'Union ou Chez Dubus et Nivesse successeurs ou Chez Trottein, selon les périodes, à l'angle des rues Franklin et Daubresse-Mauviez, détruit lors des bombardements de mai 1940. Siège de la société colombophile. 

- A la Verte Vue, route de Roubaix.



Face à la pharmacie Parsy, à l'angle des rues Mirabeau et Daubresse-Mauviez - du Général de Gaulle -, l'estaminet Castille sur une carte de 1935 (Ed. Pottier-Hallez).



En 1912, le début de la rue Daubresse-Mauviez, vers le Lion d’Or. A gauche, l’entrée du maréchal-ferrant, le café “le Petit Tonnelier” et la voûte de la ruelle Condorcet. A droite, on aperçoit celle de la cour Sainte-Marie (Ed. P.H.).



Rue Parmentier, au 26, l'estaminet "Au Forgeron" était tenu par Guisselin. Carte de 1934 (Ed. L. Pollet Lille).



"Le Drapeau national" existait avant la guerre de 1914-1918 et son enseigne n'est pas liée au voisinage avec le monument aux morts, installé làoù se trouvait auparavant la caserne des douanes (Ed. L. Pollet Lille).



Le café des Blés d'Or, tenu au fort par Louis Vérez, fut détruit par un incendie (Carte-photo Dubus Lille).



Les estaminets commercialisaient les bières des différentes coopératives (Ed. Delion et Cie, Paris).



Au Trocadéro, le café "Au rendez-vous des livreurs", maison Jules Lemaire, portait en 1934 l'enseigne des bières de Mons-en-Barœul (Ed. Pottier-Hallez).



Devenu ensuite café-dîneurs à l'enseigne de "La Semeuse", il s'appelle aujourd'hui "le Régent". Cinquante années séparent ces deux cartes mais il y a toujours... “deux chevaux” au même emplacement ! (Ed. Combier Mâcon).


Les sociétés mutuelles et amicales



L'Amicale laïque mixte Rollin-Sévigné a édité cette carte postale en 1926, un an après sa naissance. On remarque la directrice de l'école des filles, Aline Coussedière, au premier rang.



Au dos, le cachet de l'association et la signature de son président, M. Caullery, qui fut directeur des Eaux du Nord.

 

    Malgré la rigueur des conditions de travail en ce temps-là, malgré la longueur des journées passées à l'atelier ou aux champs, on voit fleurir dès la seconde moitié du XIXe siècle, à Mons-en-Barœul, un grand nombre d'associations. De 1844 à 1900, on dénombre au moins dix-sept créations de sociétés aux activités très variées.

 

Secours mutuel

 

    Parmi les plus anciennes figurent deux sociétés de bienfaisance, ancêtres de notre actuelle Sécurité Sociale. La société de Saint-Pierre, créée en 1844, et la société de Saint-Joseph, apparue en 1857, ont pour objet le secours mutuel. Ces deux organisations, non confessionnelles en dépit de leur nom, ont été autorisées par le préfet du Nord après que le maire lui eut adressé un dossier avec avis favorable.

 

    La naissance de la société de Saint-Joseph fut l'occasion d'une série d'escarmouches administratives avec le préfet. Les premiers statuts sont envoyés à Napoléon III, via le préfet, par le maire Désiré Becquet le 31 août 1855. Louis Legrand, cultivateur connu pour ses "principes dévoués au Gouvernement", doit en être le président. On peut supposer que le dossier dort deux ans en préfecture puisque le 21 mars 1857, le nouveau maire, Louis Defrenne, adresse au préfet un autre courrier au sujet de cette création. Il y évoque les maladresses de son prédécesseur, notamment les pertes de documents entre 1844 et 1855, "les fautes de français et d'orthographe", et semble ne pas douter que sa demande à lui sera bien accueillie. Il n'est plus question de Louis Legrand, initiateur du projet, mais d'Alexandre Bonnet, employé de commerce, comme président, et de Louis Mullier, tisserand, comme vice-président.

 

    La réponse du préfet est cinglante : il y notifie que les statuts s'écartent beaucoup trop des bornes prévues par le décret impérial de 1852, qu'une société de bienfaisance n’est pas une "société de cabaret" et que la nomination du président est réservée à l'Empereur. Toutefois, comme il joint à son courrier des documents utiles pour la rédaction de nouveaux statuts, la société de Saint-Joseph peut enfin fonctionner. Le premier président en est Alexandre Bonnet, nommé le 11 mars 1858 par décret de Napoléon III.

 

    Les sociétaires secourus reçoivent au début une indemnité journalière de 1 franc 25 à 1 franc 50 par jour mais ils sont tenus au respect d'un règlement très strict en cas de maladie : ne pas s'éloigner de plus de mille cinq cents mètres de leur domicile, ne pas fréquenter le cabaret...

 

    Tout manquement à ces obligations entraîne une amende, voire la radiation en cas de récidive. La rigueur de ces statuts laisse-t-elle entendre que les tricheurs risquent d'être nombreux si l'on n'y prend garde ? On ne sait pas dans quelle mesure les contrevenants étaient dénoncés au président, mais on peut supposer que les accrocs à la règle furent assez nombreux pour pousser à la rédaction d'un avenant prévoyant une sanction en cas de fraude.

 

    Les ressources de ces sociétés proviennent essentiellement des cotisations versées par leurs membres : soixante-dix-huit pour la société de Saint-Joseph et cent pour la société de Saint-Pierre. Ceux-ci appartiennent pour beaucoup à la classe ouvrière. Les comptes sont équilibrés malgré certains surcroîts de dépenses comme celles dues au choléra en 1849. La société de Saint-Joseph reçoit parfois des subventions de l'Etat (800 francs en 1859) ; il ne semble pas qu'il en soit de même pour la société de Saint-Pierre qui avoue un capital de 25 francs en 1851... Elles secourent respectivement, en moyenne annuelle, quarante-trois personnes pour Saint-Pierre et trente- huit pour Saint-Joseph. Ce secours, compte tenu du fait que les sociétaires ainsi aidés sont chefs de famille, souvent nombreuse alors, n'est pas négligeable. D'autres projets de lancement de sociétés du même type sont ébauchés vers la fin du XIXe siècle sans être concrétisés. L'existence des sociétés de Saint-Pierre et de Saint-Joseph n'est plus mentionnée dans l'annuaire Ravet-Anceau de 1928.



Le Sporting Club Fivois, ancêtre des clubs de football du secteur, avait son terrain, le stade Jules Lemaire, avenue Virnot, où la "part des pauvres" sur les entrées représentait la majeure partie des ressources du bureau de bienfaisance monsois. Ce stade a été remplacé par un lotissement en 1960 (Ed. Matheus).

 

Amicales

 

    Une quinzaine de sociétés amicales monsoises ont déposé des statuts en préfecture au XIXe siècle. Ce nombre est important si l'on songe à la population de l'époque : 1 868 habitants en 1866, et 4 026 en 1902. Il dénote chez les Monsois un réel appétit pour la vie sociale et les loisirs en tous genres, voire un certain esprit de solidarité. Outre le besoin de partager une passion commune, on trouve dans les statuts de ces associations des devises éloquentes : "Amitié, concorde et fraternité" chez les Archers du Ramponneau, "Amitié et concorde" chez les sociétaires de la Saint-Georges qui pratiquent le jeu de l'arbalète. Pour les "Amis Bons Cœurs", jouant de la sarbacane ou "soufflette", le nom choisi parle de lui-même. Les "Tape-Dur", société de bouchers, organisent chaque hiver "des soirées vocales et instrumentales au profit des pauvres", et les Carabiniers de Mons, anciens militaires qui tirent à l'arme de guerre, ont une devise latine : "Utile dulci".

 

    Aux vibrants désirs de bonne entente, il faut cependant opposer la sévérité de la plupart des statuts. Ainsi, il est prévu à la Saint-Georges qu'un adhérent n'ayant pas payé sa cotisation annuelle perdrait son arme, laquelle serait vendue au bénéfice de l'association. Chez les joueurs de boules, le sociétaire qui aurait l'audace d'amener une femme à une réunion devrait payer 20 centimes d'amende. Si on joue beaucoup, on le voit, c'est entre hommes et on ne badine pas avec le règlement.



Au fronton du Café de la Mairie, au premier plan à droite, l'inscription "Cercle musical" montre qu'il fut le siège d'une phalange artistique. Plus bas, l'enseigne du Vélo Club Monsois (Ed. E. Delaplace Lille).

 

    A ces regroupements destinés à l'exercice d'un jeu d’adresse ou d'un goût partagé comme la colombophilie, il faut ajouter une société de gymnastique appelée l'Avenir, une Amicale des anciens élèves de l'Ecole de Mons-en-Barœul et un Cercle Républicain, plus politique, qui prend tout naturellement pour devise "Liberté, Egalité, Fraternité". Celle-ci démontre une volonté d'encourager la citoyenneté et la solidarité.

 

    Ces associations dont le siège social est souvent un estaminet comptent généralement vingt à cinquante adhérents qui se réunissent le dimanche. Mais certaines ont eu des ambitions plus larges : ainsi le nombre maximum des membres du Cercle Républicain était fixé à deux cent cinquante, sans qu'on sache si cette limite fut atteinte.

 

    Les sociétés musicales, bien représentées dès cette époque, méritent une attention particulière. Outre le Cercle de Mons qui rassemble une cinquantaine d'habitants aisés de la commune et qui crée en son sein une section chorale, il faut parler, bien sûr, des deux fanfares et des péripéties de leur création. Dès avant 1855, Désiré Becquet demande au préfet la création d'une société musicale à Mons. Mais dans la liste des futurs participants figure le nom de Léon Becquet, un des "provocateurs des folles menées" ayant causé la dissolution de la société musicale de Fives. De peur que ne renaisse à Mons la Fanfare indésirable déjà dissoute à Fives, le préfet méfiant refuse son autorisation à deux reprises en 1855.

 

    Le projet aboutit enfin en 1879, à la demande du maire Alexandre Delemar : la Fanfare Saint-Pierre, présidée par Louis Delebarre, est née. Elle compte quarante exécutants. La même année, décidément riche en initia­ tives, voit se créer une autre société musicale : la Fanfare de Mons-en-Barœul. Présidée par un certain Dumont, celle-ci annonce cinquante exécutants, mais on n'en trouve plus aucune trace par la suite. En fait, la Fanfare Saint-Pierre fut à l'origine de l'actuelle Harmonie municipale, et cette formation musicale a renoncé rapidement au vocable du saint patron des Monsois. Dès la fin du XIXe siècle et pendant longtemps, elle s'appelle tout simplement Fanfare. Elle accompagne volontiers les manifestations, y com­ pris les processions religieuses. C'est seulement en 1935 qu'elle prend le nom d'Harmonie de Mons-en-Barœul. Une réforme des statuts en fera 1' "Harmonie municipale" à partir de 1970.

 

    En somme, les Monsois de jadis ont joué abondamment, et très sérieusement, de la musique au tir à l'arc en passant par les "bourles" qui demandaient un "terrain incurvé sur lequel on lançait des disques de bois", explique Guy Dubois dans L’b...a...ba du patois chez nous. Quant aux Monsoises, il n'était pas question qu'elles en fussent ! C'était impensable au XIXe siècle. Et pourtant, ce sont bien les épouses qui, le plus souvent, tenaient les estaminets !




La fanfare de Mons-en-Barœul rassemblée en 1902 devant le château VANDORPE (aujourd'hui parc des Franciscaines). Les personnages suivants ont été identifiés par Mme Lucie Moulart :


1. Emile HAVEZ, grosse caisse - 3. Charles POTTIER - 4. Jean-Baptiste GRIM0NP0NT, tenancier du “Drapeau national”, siège de la Fanfare -5. Jean-Marie LECLERC - 6. Louis POTTIER, tailleur (de profil) - 7. Jules TIERS, président de la Fanfare, négociant en vins - 8. Honoré VANDORPE, président d'honneur (dans le fauteuil) - 9. Alphonse MASSARD, chef de musique -10. Louis TAILLIEZ, vice-président, ancien adjoint au maire -12. MEHUS -14. Alphonse DUBUS - 19. DELIÈGE - 23. LEVEUGLE - 24. Alfred POISSONNIER, tenancier du “ Saint-Mathias ”, père d'Henri - 26. Pierre POTTIER, tailleur - 27. Edmond LEGAY, saxophone - 31. DHALLUIN - 33. Jules POTTIER - 34. Henri TIERS, fils d'un fermier de la rue Emile ZOLA - 36. GOMANE - 38. Désiré MOREUW - 39. LORIDAN ou LEURIDAN - 41. Léon DELVINQUIÈRE, porte-drapeau - 45. Léon CASTELAIN, tenancier du café “Au bon coin” - 46. Alphonse DUBUS fils (ph. A.C. Delpierre).


"L'Harmonie, doyenne des Monsoises"

 

Ce poème de Jean-Marie Dujardin, Ballade pour un anniversaire, a été rédigé en 1988, à l'occasion des fêtes du cent dixième anniversaire de l'Harmonie municipale dont il fut longtemps président.

 

Elle a cent dix années notre chère Harmonie,

Cent dix ans de service, de fêtes populaires, 

De succès et de joies, et de péripéties,

De jeunesse et d'amour et de peines amères.

 

Cent dix ans de musique dans ce recoin de France 

Pour égayer la vie, effacer les souffrances,

Cent dix années de route, avec des renaissances, 

Qui dépassent l'épreuve du temps et de l'absence.

 

Que serait notre vie, dépourvue de musique ? 

Peut-on imaginer un tel état de chose ?

Qu’au royaume d'Euterpe, paradoxe tragique,

Règne la platitude, et que tout soit morose...

 

Non, il n'existe pas ce monde monocorde,

Nous le savons bien tous, et tous nous l'entendons, 

La Musique est bien là, qui danse sur ses cordes, 

Fait chanter bois et cuivres, et nous donne le ton.

 

Dès le commencement la Musique éternelle, 

Comme l’air, l'eau, le feu, à l'homme fut donnée, 

Pour élever son âme, très haut, à tire d'aile,

Pour attendrir son cœur, et l'aider à aimer.

 

Cent dix années de vie pour l'Harmonie de Mons ! 

Musiciens, amoureux de Musique populaire,

Qu'entre nous, d'harmonie... ne manque pas une once. 

Pour dire à l'Harmonie "Joyeux anniversaire".

 

Jean-Marie DUJARDIN

 

Les sociétés de 1862 à 1900

 

Archers du Ramponneau, 1862, au cabaret A la Verte Vue, rue de Roubaix.

La Saint-Georges, 1863, jeu d'arbalète, à l'enseigne du Tape Autour. 

Le Jeu de boules, 1866.

Société des Bourleux ou du "Tape Autour", 1872.

Les Amis Bons Cœurs, jeu de sarbacane.

Fanfare Saint-Pierre, 26 juin 1879.

Fanfare de Mons-en-Barœul, 3 novembre 1879.

Cercle Républicain de Mons-en-Barœul, 1881, à l'estaminet du Petit Saint-Pierre.

L'Avenir, 1882, amateurs de pigeons voyageurs.

Société des Archers de l'Estaminet de la Bascule, 1882.

Société des "Tape-Dur", bouchers, vers 1890, estaminet du Drapeau National.

Société de Bouchons "l'Espérance", 1893.

Association amicale des Anciens Elèves de l'Ecole de Mons-en-Barœul,

1893, siège social à l'école.

Carabiniers de Mons-en-Barœul, 1900, société de tir.

Cercle de Mons-en-Barœul, 1900, avec section chorale en 1901.



Groupe de joyeux drilles rue Daubresse-Mauviez devant le Café de la Mairie, tenu alors par Eloi Courouble. On remarque à gauche l'entrée de l'Idéal Cinéma.

 

Les associations en 1927

 

L'annuaire Ravet-Anceau pour 1928 donne la liste suivante des associations monsoises :

Fanfare de Mons-en-Barœul, président Jules Tiers, chef Alphonse Massart. 

Société des Anciens Combattants, siège Au Grand Saint-Pierre, 134 rue Daubresse-Mauviez.

Cercle de Mons-en-Barœul, président Charles Pottier.

Amicale laïque, siège Café de la Mairie, 106 rue Daubresse-Mauviez.

Cercle des Carabiniers, président A. Flotat.

La Fraternelle Saint-Eloi, société de gymnastique fondée en 1920, préparation militaire, section dramatique, tambours et clairons, rue Florimond Delemer. Terrain de jeux Fort de Mons.

Sporting Club Fivois, vestiaire 48, rue Alexandre Delemar. Terrain de jeux parc Virnot.

Club Athlétique des Sports Généraux, terrain de jeux stade Jean- Bouin, parc Virnot.

Société canine de Mons-en-Barœul, café de la Guinguette, 17 rue Corneille.

Maison de Famille de Mons-en-Barœul, 3 rue Daubresse-Mauviez. 

 

Sont en outre subventionnés par la ville :

Comité des fêtes du quartier des Guinguettes, des rues de Lannoy et Corneille (1923).

Association des chefs de familles nombreuses, président Pierre Valdelièvre (1925).

Comité des fêtes du Bas-quartier (1926). 

L'Avenir colombophile (1934).

 

Œuvres sociales entre les deux guerres :

Secrétariat populaire, en mairie (1925)

Caisse ouvrière de Mons-en-Barœul, président Charles Pottier (1926).

Action libérale, président Charles Pottier.

Syndicat agricole, président Emile Salembier (1927).

Société de secours mutuels "La Famille", section de Mons-en-Barœul, à l’Asile", place Fénelon (1928).

Conférence de Saint Vincent de Paul, hommes, président Louis Gras (1900).

Conférence de Saint Vincent de Paul, dames.

 

Les associations en 1927 (suite)

 

Organisations de jeunes

JOC, service de préparation au travail, 18 rue Florimond Delemer (1932).

JOCF (1932).

Patronage Saint-Pierre : Cercle des hommes et jeunes gens, société de gymnastique, préparation militaire, cercle d'études, foot-ball, basket- ball, etc. (1926).

Schola Sainte-Cécile, jeunes filles, chant et théâtre. Fusionne avec le Patronage Notre Dame de la Treille (1927).

Ligue des Jeunes (1926).

Ouvroir Sainte-Jeanne d’Arc, tenu par des religieuses dominicaines (1931).

 

Musique et chant

Maîtrise paroissiale.

Symphonie du Cercle Saint-Pierre (1931).

La Lyrique de Mons-en-Barœul, société de chant (1932).

 

Autres œuvres catholiques

Union paroissiale, président Maurice Vandalle (1926). 

Fédération Nationale Catholique (1928)

Ligue féminine d'action catholique française, présidente Mme Albert Virnot (1910).

Ligue Patriotique des Françaises, présidente Mme Cousin-Fiévet (1926).

Amicale des anciens élèves de l'école Saint-Honoré, président Marcel Pinchon (1937).

LOC (1938)

Bibliothèque paroissiale (1904).


Hygiène et santé



Le château Vandorpe devenu maison de famille, avec plusieurs bâtiments surajoutés et accolés. Cette vue est prise depuis la rue Daubresse-Mauviez - du Général de Gaulle (Ed. Cailteux Gorlier Lille).


 

Dans un cadre reposant, la Maison de famille accueillit longtemps des pensionnaires (Ed. Cailteux Gorlier Lille).

 

    Les documents les plus anciens concernant le secteur de la santé à Mons-en-Barœul ne remontent guère qu'au début du XIXe siècle. La fréquence des renseignements retrouvés correspond davantage au développement des préoccupations et des progrès dans ce domaine qu'à une plus grande facilité de découverte d'archives.


    Certes, les grandes famines et épidémies des siècles précédents ont dû provoquer des ravages comme partout en Europe, mais le village, du fait de sa petitesse, n'a donné lieu à aucun texte précis. En 1800 (an IX), il n'existe pas de notable signalé dans l’Annuaire statistique, donc pas de médecin, seulement une sage-femme, Mme Deleforterie, qui réside à Fives, ayant en charge les secteurs de Lezennes, Hellemmes, Mons et Fives. En 1810, le secteur de la même sage-femme comprend toujours Mons, qui compte 770 habitants, Fives et Hellemmes. A cela s'ajoutent Flers, La Madeleine et Saint-André, mais Lezennes ne figure plus dans ses attributions. La moyenne des accouchements qu'il lui revient d'effectuer est de vingt annuellement, avec une mortalité infantile très élevée.


    On sait qu'il y eut trois épidémies de choléra au cours du XIXe siècle. L'une d'elles s'est produite en 1832 et un malade a guéri pour succomber, hélas, lors de la suivante en 1848, à la fin du règne de Louis-Philippe. En 1848-1849, en effet, le village, avec ses 1 043 habitants, est atteint une nouvelle fois par une épidémie de choléra. Il est étonnant de constater que le nombre de décès dus à cette maladie est faible, malgré un accès aux soins difficile. Ainsi on signale qu'en 1851 le budget du bureau de bienfaisance qui est de soixante francs par an s'avère insuffisant pour payer le médecin des pauvres (soixante-dix francs par an). A l'époque du fléau, ce médecin s’appelle Alexandre Detroy, nommé le 6 mars 1848. Il demeure à Fiers et succède au sieur Colliot, décédé. Le cantonnier des Ponts et Chaussées, François Dubus, âgé de trente-deux ans, est atteint du choléra dans les premiers jours du mois de décembre 1848, et il décède après vingt-neuf heures de souffrances, le 9 décembre. La veille, sa petite fille de dix-huit mois avait subi le même sort ; ce sera ensuite le tour de l'épouse. Les orphelins du couple seront admis à l'hospice général. La date de la troisième épidémie ne nous est pas connue. En 1850 se déclare une autre maladie, heureusement rangée aujourd'hui parmi les mauvais souvenirs : il s'agit d'un cas de rage humaine.


    Le 27 décembre 1854, une lettre des membres du bureau de bienfaisance demande le remplacement du médecin des pauvres, au 1er janvier 1855, par un médecin de Mons. Il semble bien que ce soit l'indice de la première présence d'un médecin sur le sol monsois. L'organisation sanitaire est bien sûr balbutiante, mais les premières initiatives se mettent en place. On note la trace d'un embryon de caisse de retraite vieillesse dès 1851, et surtout le développement de sociétés de secours mutuels dont nous venons de parler.



La salle à manger de la Maison de famille contenait un élégant mobilier (Ed. Cailteux Gorlier Lille).



Un coin charmant du parc de la Maison de famille avec sa "passerelle" (Ed. Cailteux Gorlier Lille).

 

    Leur objet est de permettre aux sociétaires malades ou blessés d'être soignés par un médecin, de leur payer une indemnité en cas d'arrêt d'activité et de régler les éventuels frais funéraires. Le choix du médecin est laissé au président de la société de secours. Afin d'empêcher l’exercice "au noir", s'agissant d'un artisan, commerçant ou tenancier, le bénéficiaire ne peut se trouver, durant son arrêt de travail, dans les pièces ouvertes au public, sous peine d'amendes puis d'exclusion.

 

    Au recensement de 1861, Mons-en-Barœul comprend un médecin en exercice et, semble-t-il, deux sages-femmes : son épouse et sa fille. On ne le retrouve plus au recensement de 1866, et il n'y a toujours pas de pharmacien. La première trace d'un pharmacien est en fait celle d'un chimiste, M. Meurein. Au milieu du XIXe siècle, le deuxième instituteur de Mons-en- Barœul, M. Couvreur, a un fils étudiant en médecine qui le remplace à l'école lors de ses poussées rhumatismales.


    En 1875, une dernière épidémie de fièvre typhoïde touche Mons-en-Barœul. Trois ans plus tard apparaît un premier mensuel, L’Avenir médical du Nord, qui traite des maladies de l'époque. Au début du XXe siècle, le docteur Degand, président de la Société centrale de médecine du département du Nord, publie un rapport sur le choléra, à la demande de la préfecture, preuve que cette affection est encore inquiétante.

 

Le "bon air" monsois

 

    En 1898, les préoccupations écologiques commencent à apparaître. Un médecin monsois, le docteur Georges Dumont, s'oppose avec des arguments très personnels à l'installation d'une fabrique de vernis sur le territoire de la commune : les vernis Bouilliez qui deviendront plus tard l'entreprise Claessens, filiale d'une maison belge. Le pharmacien Parsy, installé à l'angle de la route de Roubaix et de l'avenue de la Sablière (voir page de couverture), participe à ce débat. En fait, il s'agit surtout de défense d'intérêts particuliers. Les établissements Désiré Bouilliez finissent par voir le jour rue Thiers en 1898, malgré les pétitions des riverains, et non sans avoir dû prouver aux différentes administrations que la même activité existait en Belgique depuis longtemps, sans inconvénient. Durant la première occupation allemande, le docteur Deleau rédige les certificats destinés aux autorités civiles et militaires. En février 1918, il prend la tête d'un comité de secours immédiats aux blessés par les bombes, où il donne des cours de secourisme.


    Mons-en-Barœul est longtemps considéré comme un lieu de villégiature et de séjour bénéfique, les médecins conseillant le bon air pur de cette campagne. On retrouve encore certaines traces de cette réputation dans les dénominations de lieux tels les pavillons Bel Air et Bon Air. Un médecin préconise même à un architecte renommé de venir s'installer à Mons-en- Barœul - ce qu'il fait rue Pasteur - pour bénéficier de ce bon air.



La Maison de famille vue du côté parc : la façade nord (Ph. J. Pasquero Lille).

 

    Quelques cartes postales du début du XXe siècle montrent l'évolution de certaines demeures et de petits châteaux en maison de convalescence ou de retraite. Ainsi le château Vandorpe détruit en 1973, qui était situé dans l'actuel parc des Franciscaines, était devenu une "Maison de famille". La Maison Blanche a suivi la même transformation. L'institut gynécologique, sorte de clinique pour dames, portant le nom très étonnant du docteur Turgard, faisait belle figure à l'entrée de Mons en venant de Lille, sur la gauche. Il devint la "Maison maternelle" avant d'être détruit lors de la réalisation de la voie rapide.


    D'autres cartes témoignent d'un chapitre bien surprenant de l’histoire médicale monsoise avec la villa Solitude, autrefois petit coin champêtre dans le quartier du même nom, et siège du laboratoire de deux spécialistes en urologie, les docteurs Jules Petit et Marcel Pollet, là où la piscine Tournesol fut installée par la suite. On peut aussi mentionner une personnalité médicale célèbre, le professeur Paul Milliez, né à Mons-en-Barœul. Sa carrière est évoquée par ailleurs.


    Ce chapitre ne peut être achevé sans évoquer à nouveau la mémoire de Charles Lainé, né le 30 décembre 1919, longtemps biologiste et pharmacien à Mons-en-Barœul, décédé le 16 avril 1999, après avoir beaucoup contribué à la recherche historique et à la préparation de ce livre.


    Dans la mesure enfin où l'activité brassicole est étroitement liée à l'histoire de Mons, il convient de rappeler que le breuvage fut recommandé, même médicalement, pour faciliter l'allaitement maternel. Mais la teneur alcoolique doit plutôt inciter à la modération.

 

    Et pour clore ce chapitre sur la santé, il faut mettre en parallèle la modification permanente et incontournable des organismes vivants, preuve de leur adaptation aux changements, avec celle d’une ville qui doit suivre la même évolution. Mons-en-Barœul n’a cessé de se transformer, parfois avec des soubresauts, et si l’on peut regretter la disparition de certains lieux... il faut se dire que ces changements sont signes de saine vitalité. Et l’on peut donc lever la chope de bière à la bonne santé de Mons-en-Barœul et de ses habitants.



La Maison Blanche était également un lieu de convalescence. Voici sa façade avec l'escalier d'honneur. Située au 381 route de Roubaix, elle fut habitée jusqu’en 1932 par Pierre Valdelièvre, président de l’Association des chefs de familles nombreuses et poète à ses heures. Ci-dessous, le salon confortable de la Maison Blanche en 1929 (Ph. Nuez Lille).



Au verso de la carte ci-dessus figure un sonnet inédit, écrit de la main de l’auteur en juillet 1926. Il s’intitule “Le Barœul” : 

“Barœul, terroir sacré, cœur-même de la Flandre, 

Arène de combat, champ-clos sacrifié

Et sans-cesse immolé sous le choc meurtrier

Des guerres, ne laissant que ruine et que cendre...”



L’institut gynécologique du docteur Turgard, le bien nommé, était une "clinique pour dames”, à l'angle de la route de Roubaix et de l'ex-rue Rembrandt. Celle-ci longeait la tranchée de la voie ferrée, sur le territoire de Lille, face à la rue du Pont du Lion d'Or (Ed. inconnu).



Cette propriété fut successivement transformée en maison d'accueil Julia Becourt, dite "La Maternelle", puis en maison de l'ALEFPA, qui recevait des jeunes en difficulté, sous le nom de foyer Denis Cordonnier. Elle a disparu pour laisser place à la Voie rapide (Edit. ELD).



Le laboratoire des docteurs Jules Petit et Marcel Pollet, spécialistes en urologie, était installé dans une villa, au lieu dit "La Solitude" (Ph. G. Lefebvre Ascq).



Ce laboratoire a déménagé en 1924 au 40 rue Bernos à Lille. Le parc de la Solitude est devenu un espace vert public où fut montée l'ancienne piscine Tournesol (Ph. G. Lefebvre Ascq).

 

Paul MILLIEZ (1912-1994)



    Le professeur Paul Milliez est une figure historique de Mons-en-Barœul : il est né le 15 juin 1912 au 121 de la rue Daubresse-Mauviez, actuelle rue du Général de Gaulle, dans un immeuble à l’angle de la rue Franklin, aujourd'hui démoli, qui abritait une graineterie. L'emplacement est devenu un parc de stationnement. Le nom de Paul Milliez, décédé le dimanche 12 juin 1994, quelques jours avant ses 82 ans, a été donné en 1997 à une rue proche du cimetière. Il fut un spécialiste de l'hypertension de renommée mondiale et surtout un militant des droits de l'homme.

 

    Issu d'une famille pauvre, profondément imprégné de morale chrétienne, il est devenu médecin contre l'avis des pères jésuites qui voulaient en faire un prêtre. Interne en 1935, il est successivement professeur de clinique médicale à la faculté de médecine de Paris, médecin à l'hôpital Beaujon, puis à Broussais dont il occupe le poste de doyen de 1968 à 1974. En 1962 il a fait partie des créateurs de la Fondation nationale pour la recherche médicale. Auteur de plusieurs ouvrages, il a notamment écrit Médecin de la liberté (1980), Du bon usage de la vie et de la mort (1983), Ce que je crois (1986).


    Le professeur Alexandre Minkowski rapporte l'anecdote suivante. Il souhaitait, avec l'appui de son ami Milliez, demander au Pape de se rendre à Beyrouth, ville déchirée par de très violents combats entre chrétiens et musulmans. Ils vont donc chez le nonce apostolique. Peine perdue, celui-ci refuse d'intervenir auprès du Saint-Père, estimant que ce motif n'en vaut pas la peine. A la fin de l'entretien, Paul Milliez se tourne vers son ami et lui dit : "Tu vois, Minko, le nonce, il ne croit pas en Dieu." Cette histoire illustre bien le fervent chrétien épris d'une grande liberté d'esprit.


    Paul Milliez était un homme indépendant qui plaçait ses convictions au-delà des convenances et des situations. En 1943 déjà il soutient son ami Minkowski, interne à Bicêtre, qui est l'un des trois juifs de la promotion. Il n'hésite pas à critiquer Pétain devant une salle en grande partie pro-Vichy, avant de s'engager dans la Résistance. Il refuse toutefois de rejoindre de Gaulle à Londres, estimant "avoir mieux à faire ici". En France occupée, il est notamment secrétaire général du Comité médical de la Résistance, rattaché au CNR.

 

    En novembre 1971, il prend part au procès de Bobigny où une jeune femme prénommée Marie-Claire est jugée pour avoir avorté clandestinement. Opposé à l'avortement en tant que chrétien, il n'en témoigne pas moins en faveur de l'inculpée. A cette époque il rencontre Gisèle Halimi, l'avocate de Marie-Claire, qui résume un entretien de plus d'une heure avec lui : "Milliez me répétait qu'il était opposé à l'avortement, mais d'un autre côté il me parlait de sa propre expérience. Il souffrait de voir des femmes mourir de septicémie à la suite d’avortements clandestins". En fait je n'avais pas réussi à le convaincre. J'allais sortir de son bureau quand il m’a rappelée pour me dire ; "Je ne peux vous laisser sans mon appui. Je viendrai à ce procès". Un choix qu'il ne regrettera jamais, appuyant à plusieurs reprises l’avocate dans son combat pour l'application de la loi Veil, mais qui lui vaudra un blâme du Conseil de l'Ordre des médecins.


    Victime en 1984 d'un accident vasculaire dont il gardera des séquelles avec des troubles de l'équilibre et un syndrome thalamique particulièrement douloureux, il continue de rencontrer néanmoins son ami de toujours, le professeur Minkowski. Au cours de longues conversations, ils évoquent l'état de la France et l'avenir du monde. "Nous étions d'accord pour considérer que nous assistions dans tous les domaines à une véritable dégringolade des valeurs. Il n'appréciait pas la manière dont le monde médical avait évolué. Plus généralement, il était particulièrement sceptique et pessimiste sur le devenir du genre humain. Il était très dur avec ses contemporains", conclut Alexandre Minkowski.


Monsois pendant six semaines

    Dans Ce que je crois, Paul Milliez évoque le passé familial et explique comment il est né chez nous. “Un beau-frère de mon grand-père, notaire de son état et dont l’honnêteté n’était pas la principale vertu, partit un jour en laissant sa femme criblée de dettes. Mon grand-père donna toute sa fortune et celle de sa femme pour indemniser les clients et se retrouva ruiné. Il dut quitter Bourbourg et gagner sa vie. Il devint représentant de forges et transmit sa situation à mon père, qui l’exerça à Lille d’abord, à Paris ensuite. Je naquis ainsi à Mons-en-Barœul, près de Lille. J’avais six semaines lorsque nous nous installâmes définitivement à Paris.”


Commerces et activités diverses



La Brasserie coopérative, côté bureaux et livraisons (Ed. B.F. Paris).



Devant la Confiserie en gros Saelens, 15 rue Corneille. La légende précise : Mons-en-Barœul- les-Lille (A.F. Laclau, Toulouse).

 

    Si les brasseries sont les premières activités qui viennent à l'idée quand on évoque ce volet de la vie monsoise, il ne faut pas oublier, comme évoqué plus haut, qu’autrefois Mons-en-Barœul était connu pour son bon air. On pourrait presque dire que, si ce n'est pas le tourisme, ce sont les activités de villégiature qui ont prévalu dans notre ville vers le milieu du XIXe siècle, à la suite de l'agriculture et du maraîchage, pratiqués bien entendu depuis longtemps.


    Nous avons mentionné dans le chapitre sur la santé, une levée de boucliers "écologiques", à l'occasion de l'installation de la fabrique de vernis Bouilliez. Heureusement, d'autres activités se sont développées sans polémique à la même époque.


Les brasseries


    Sous l'Ancien Régime, il n'existait aucune industrie sauf la carrière de sable Cadot et Brasme dont le souvenir est resté dans le nom de l'avenue de la Sablière, et une brasserie qui était en fait artisanale. L'industrie de la bière est très ancienne. En 1746, à l'occasion d'une "visitation des chemins" faite à la demande du bailli du Maisnil en Barœul et du lieutenant de Mons, un rapport mentionne le mauvais état du mur d'un cabaret "jouxtant la brasserie" dans "le petit chemin de Mon [sic] en barœul", actuelles rues Emile Zola et Parmentier.


    En 1749, à l’ordonnance de l’intendant Jean Moreau exigeant le remplacement des toitures en paille par une couverture en tuiles ou ardoises pour les forges et brasseries proches des habitations, le lieutenant de Mons répond ce qui suit : "Nous nous sommes transportés en la maison et brasserie occupé [sic] par Ferdinand Joseph Ployart... La brasserie est en bon état sauf que la tourelle a besoin d’estre replastré [sic]."


    Sous la Révolution, d'après un recensement de l'an VI (1798), Mons compte un tonnelier et donc, très certainement, au moins une brasserie. Au XIXe siècle, cette activité se développe. Mais les directives préfectorales concernant les exigences à respecter pour ce type d'industrie sont assez draconiennes, notamment en matière d'eaux usées qui "ne pourront s'écouler à l'extérieur que claires, inodores, et à l'abri de toute fermentation". D'autres injonctions sont données à propos de la cheminée "qui dépassera de cinq mètres le toit de l'établissement", ou des "planches qu'on poserait sur les chaudières", "fixées solidement pour éviter les chutes des ouvriers", etc.



Ces vues d'ensemble de la Brasserie coopérative montrent son développement à travers le temps (Imprimeries réunies Lille).



    Les industriels désireux d'installer une brasserie doivent donc déposer un dossier bien structuré auprès de l'administration préfectorale, via la mairie qui donne ou non un avis favorable. C'est ainsi que la brasserie Delattre et Odoux s'installe en 1892 à Mons, au Tape Autour, lieu ainsi nommé à cause des tonneliers martelant les cerceaux de métal avec force bruit autour des fûts. A la même époque, on compte aussi la brasserie Sueur et Declerck et l'établissement fondé rue de Lannoy en 1892 par le sieur Derieppe, marchand de charbon à Lille, après qu'il ait souscrit aux neuf conditions préfectorales dont les trois mentionnées plus haut.


    Quant à la brasserie du 133 route de Roubaix, appartenant à Louis Lammens, il semble que son activité sans autorisation administrative préalable lui valut quelques déboires. Suite à la demande de Lammens pour se mettre en règle, le préfet donne l'autorisation d'ouverture le 26 juillet 1892 après avoir consulté moult services ainsi que le comité d'hygiène et de salubrité. Cet accord provisoire est émis sous réserve de la mise en conformité avec certaines prescriptions qui ne sont pas encore respectées. Un contrôle effectué le 13 février 1893 constate l'infraction : "les eaux s'écoulent dans les fossés et la campagne sans avoir subi de traitement". Le préfet informe le maire de cet état de fait et lui demande de dresser un procès-verbal de contravention à l'encontre du sieur Lammens. De plus, celui-ci est mis en demeure de faire en sorte que son usine soit en conformité avec les normes préfectorales. A l'époque, déjà, on ne badine pas avec la pollution. Cette entreprise deviendra plus tard la brasserie Dezitter, que l’on peut voir sur des cartes postales, pages 142 et 202.


    La brasserie coopérative de Mons-en-Barœul est créée le 31 décembre 1903 au 336 route de Roubaix, actuelle rue du Général de Gaulle. En 1938, la brasserie Derieppe existe toujours, 3 rue Voltaire. L'activité brassicole a favorisé l'apparition de nombreux estaminets assurant souvent un rôle complémentaire d'épicerie. Seule la coopérative de Mons saura résister aux profondes mutations de l'économie moderne. Devenue brasserie du Pélican, créatrice de la marque Pelforth, en 1965, elle passe dans le giron d'Heineken en 1988. L'entreprise actuelle, tout en s'agrandissant pour s'adapter aux exigences de la mondialisation, a préservé certains bâtiments anciens. Saint Arnould, patron des brasseurs, veille toujours sur les rondeurs rutilantes et cuivrées de la salle des cuves qui date de 1928 et que l’on peut voir encore lors des visites organisées par l'entreprise.



Sur ces cartes postales-commandes de la Brasserie coopérative de Mons-en-Barœul, différentes vues de la salle de brassage, installée en 1928 (Imprimeries réunies, 48 rue de Canteleu Lille).




Toujours en activité, la salle peut être vue lors de visites organisées des locaux de la brasserie Heineken (Imprimeries réunies Lille).



Cette carte-commande présente un panorama des installations de la Brasserie de Mons-en-Barœul à une époque où elle occupait beaucoup moins de place qu'aujourd'hui.



La Brasserie coopérative de Mons-en-Barœul côté voitures... (Imprimerie G. Sautai Lille).

… et côté chevaux ! (Imprimerie G. Sautai).



Un livreur monsois approvisionnant l'ancien Palais de la Bière, place de Béthune à Lille (Imprimerie G. Sautai Lille).



Un autre venu livrer la boisson pour la cantine d'un établissement scolaire, sans doute lillois (Imprimerie G. Sautai).



Rue Daubresse-Mauviez, à l’angle de la rue Carnot, l'entrepreneur de bâtiment A. Legay-Dubus est spécialiste des escaliers et fabrique aussi des cercueils "en tous genres". A cet emplacement se trouve aujourd’hui une banque. A l’extrême-gauche, on distingue l’entrée du futur garage Vandendriessche (Carte-photo UPU).

 

Quand le bâtiment va

 

    Au début du XXe siècle, on retrouve à Mons-en-Barœul quantité de briqueteries permanentes ou temporaires, témoignant de l'essor des constructions sur le territoire communal. Dans le même ordre d'idées, on remarque alors plusieurs charpentiers (A. Delemar, Alfred Legay-Dubus, Vandenobelle et Dissaux, Jean-Baptiste Vannieuwenhuyse), des couvreurs et entrepreneurs en bâtiment (Entreprise Dissaux au 86 route de Roubaix).


    Parmi les activités originales figure celle de Désiré Delgutte, stucateur-céramiste, dont l'atelier fondé en 1876 recèle encore quelques pièces au 197 de la rue Jean-Jacques Rousseau. Ses céramiques renommées ont même servi à décorer le bureau de poste d'Alger, où elles sont toujours visibles. On en voit également sur la frise en grès du Grand Palais, côté avenue Dantin, à Paris. Outre celle de Gabriel Pagnerre, déjà nommé, on peut voir d'autres signatures de quelques architectes connus, sur de nombreuses façades : Willoqueaux, Duclermortier, Raphaël Hoden. Parmi les fabricants de couleurs et droguistes, Alexandre Farinaux fut le précurseur de plusieurs générations de peintres, avec un magasin à l'enseigne Au p'tit Nègre, 16 rue Mirabeau.



François Gillis, couvreur, est en même temps le patron du café "Au Tape Autour", 310 route de Roubaix (Ed. L. Pollet Lille).

 


Sur une carte postale, le magasin de peinture et droguerie d’Alexandre Farinaux, à l’enseigne

“Au p ’tit Nègre ”, 16 rue Mirabeau. Devant la porte, sa mère, Germaine Farinaux-Pieters, et sa grand-mère, Mme Eugénie Pieters- Failli (Collection privée).



A l’angle des rues Pasteur et Daubresse-Mauviez, le magasin d'alimentation disparu en mai 1940 avait supporté un panneau indicateur pour le tissage A. Ply et Faure (Ed. ELD PH.)



Cette superbe vache a valu à M. Cousin, fermier à Mons-en-Barœul, le prix d'honneur du concours agricole de Paris. Carte de 1906 (ND Ph. Gaillard).

 

Autour de l’agriculture

 

    Les activités agricoles sont évidemment les plus anciennes, les cultivateurs ayant été nombreux sur cette commune au départ essentiellement rurale. Quelle surprise de découvrir, sur une carte postale, une vache monsoise, primée à un concours agricole ! Un horticulteur, M. Regolle, spécialisé dans la production de chrysanthèmes, a longtemps exercé à Mons, au niveau de la rue Montesquieu, ainsi qu'un pépiniériste dont on remarque la trace dans le nom de la rue de la Pépinière, aujourd'hui rue Henri Poissonnier. Une plaque reste visible au n° 11 sur une maison appelée précisément "la Pépinière". En 1902, on signale un horticulteur, M. Lesaffre. La tannerie Desmettre, utilisant une machine à vapeur de six chevaux, a vu le jour route de Roubaix vers 1870. Un équarrissage tenu par Edouard Salembier est mentionné le 24 juillet 1867. La première "tuerie" - abattoir artisanal - est celle de la famille Brame, 121 route de Roubaix, en 1884. Elle est suivie d'une demi-douzaine d'autres installations du même genre en quelques années. Un maréchal-ferrant avait son enseigne route de Roubaix, là où se trouve maintenant, au n° 46, un garage qui a pris tout naturellement sa succession. Henri de Longueville a fondé une entreprise d'entretien des jardins à la villa "Le Gui", avenue des Sarts, en 1925.



Un commerce du "Village" : la boucherie Delebarre avec ses gros quartiers de viande exposés en façade, 114 route de Roubaix. Cet emplacement sera occupé plus tard par une pharmacie. Il était alors voisin de l'entrepreneur J. Dissaux, fabricant de meubles et cercueils, juste à côté de l’ancienne mairie (Ed. LP Lille).



La première pompe à essence monsoise, installée près de l'angle des rues Daubresse-Mauviez et de l'Abbé de l'Epée en 1924. Une autre pompe fut installée beaucoup plus tard au garage situé en face (Ed. Pottier-Hallez).



La même vue, un peu plus tard, et plus près de la rue de l’Abbé de l’Epée. A l’angle de cette rue, un tabac-buvette a remplacé l’imprimerie Pottier-Hallez, éditrice de nombreuses cartes postales que reproduit cet ouvrage. Carte postée en 1938 (Ed. E. Delaplace Lille).



Le tissage de la rue Pasteur avec sa cheminée au fond à droite. La carte est datée de 1915 (Ed. PH).

 

Autres industries

 

    Le tissage A. Ply et Faure frères, rue Pasteur, a représenté le textile. Ses propriétaires ont changé plusieurs fois. Il était connu avant la guerre 1914-1918 sous le nom de tissage Delos, puis de fabrique Mulliez et ensuite de tissage Lechartier. On y voyait arriver des ballots contenant des cheveux de Chinois qui servaient à confectionner les filtres de moteurs, auxquels ils convenaient parfaitement. La commune eut aussi une fabrique de bâches et un atelier de récupération de déchets.


    L'automobile enfin a fourni rapidement des emplois. L'usine Peugeot, construite pour un tiers sur le territoire monsois, à la limite de Fives-Lille, a commencé ses activités en 1898 et fonctionné pendant presque un siècle. Elle a fermé ses portes, à l'extrémité de la rue Louis Braille, en 1997. Dès 1900, les quatre cents salariés locaux d'Armand Peugeot, complétant ceux de son usine d'Audincourt, dans le Doubs, fabriquent des voitures complètes, presque "sur mesure", avec ou sans capote : phaétons, victorias, breaks... Parmi elles figure la Peugeot qui remporta la course Paris-Bordeaux à la moyenne incroyable de 40 à l'heure ! Installée sur dix hectares, l'usine de Lille-Mons produit aussi des bicyclettes et des machines à coudre.

 

    En 1928 sort à Fives le premier moteur diesel de l'histoire de l'automobile. Les trois premiers véhicules équipés du diesel CLM (Compagnie lilloise de moteurs) sont exposés devant le Palais des beaux-arts de Lille. Dès lors, la vaste usine se spécialise dans cette fabrication destinée à l'origine aux seuls camions. La production en série commence en 1958. Le moteur diesel est adopté pour les voitures de tourisme, et Peugeot-Lille connaît son âge d'or, sous le nom d'Indenor, dans les années 1970-1980. Il fait alors travailler près de trois mille salariés et sort jusqu'à deux cent mille moteurs en une année. Ceux-ci équipent les modèles assemblés à Sochaux : la 403, la 204, la 404, la 505... Mais le déclin est programmé vers la fin des années quatre-vingt. La firme préfère ses usines récentes, installées dans des zones industrielles bien dégagées. Les effectifs de Fives-Mons décrois­ sent rapidement jusqu'à l'arrêt complet, empêchant ainsi l'usine de célébrer son centenaire.

 

    Dans le voisinage travaillaient également la filature de coton Delebart-Mallet et la fabrique de courroies Colmant et Cuvelier, celle-ci toujours présente rue Louis Braille. Un atelier de mécanos portait les noms d'Eugène Daubresse et Maury. M. Hallez a reçu l'autorisation d'installer la première pompe à essence monsoise le 14 octobre 1924 au 122 rue Daubresse-Mauviez. Au début des années soixante-dix, le siège national du groupe d'assurances "La Mondiale", fondé par Maurice Vanlaer en 1905, a remplacé, aux Sarts, le petit "château" Virnot.

 

    La création de la ZUP et plus généralement l'évolution profonde de la distribution ont déclenché une évasion progressive des commerces de la rue du Général de Gaulle. Bien des enseignes ont été "phagocytées" par les agences bancaires de plus en plus nombreuses dans le Vieux-Mons, appelé maintenant Haut de Mons, à la place d'un café, d'un garage, d'un magasin d'électroménager, d'une librairie... De même, les activités liées à la santé se sont multipliées : les anciens Docks du Nord ont fait place à un opticien, un fleuriste à une pédicure, une quincaillerie à une petite restauration rapide puis à un cabinet d'infirmiers et de kinésithérapeutes, un marchand de beurre, fromages et café Méo à une orthophoniste, la maison Tiers - vins et spiritueux - à une clinique vétérinaire, un groupe d'architectes à un cabinet médical, etc.


    Pendant longtemps la Saint-Eloi fut très courue à Mons-en-Barœul car celui-ci était non seulement le patron des orfèvres et des métallurgistes, mais aussi celui des cultivateurs, maraîchers, forgerons, électriciens, etc. Cela faisait du monde pour assister à la messe solennelle demandée début décembre, à cette occasion, en l'église Saint-Pierre.

 

Fermes monsoises

 

    Voici les fermes encore en activité dans la commune entre les deux guerres : Barbry Henri, rue Hoche - Cousin, 46 rue Parmentier - Delerue Désiré père et fils, puis M. et Mme Boute, rue Parmentier, face à la rue Montesquieu - Delerue Henri, rue Faidherbe, quartier du Sac au dos - Dewas, puis Grimonpont-Delos Henri, puis ses enfants M. et Mme Gomaere Paul, 225 rue Daubresse-Mauviez - D’Halluin, anciennement Becquet, rue Emile Zola - Ferme de la Pilaterie, exploitée par Désiré Tiers - Ferme d’En Haut, M. et Mme Lampe puis Huchette, rue d’Alsace-Lorraine, près du fort - Grimonpont Alexandre puis Jean-Baptiste, rue Faidherbe - Huysman dite ferme Moutarde, à cheval sur Lille et Mons, au-delà du pont Thiers à droite, aujourd’hui square de Picardie, rue Jules Vallès - Pottier Louis, anciennement Bernard, 2 rue Parmentier, face à la rue Mirabeau - Propriété Meignié, entrée de la rue du Barœul - Salembier frères et sœur, Tape Autour, 322 rue Daubresse-Mauviez - Tahon Gustave et Tahon- Jansens, au bout de la rue Franklin, avant la ligne de chemin de fer - Thellier Louis, puis Herbaut Henri, chemin de la Campagnerie.


Maraîchers pendant la même période :

Besseau, rue Hoche, quartier de l’An quarante - Delval-Hildevert, rue Franklin - Grimonpont David et Marie, pavé du Fort - Jansens - Desmettre Henri, rue Parmentier - Leblanc Fidèle, rue Hoche - Morlighem, rue du Quesnelet - Picavet-Terrier Lucien, rue Franklin - Verbrugge, rue Hoche.



La fermette Hildevert ne manquait pas de charme, au 161 de la rue Franklin. Ces bâtiments ont disparu vers 1980 pour la création d’un lotissement.


Les transports en commun



Au carrefour du Trocadéro, route de Roubaix, en 1910, une carriole tirée par deux chevaux croise le tramway F. Au fond, le café du Grand Trocadéro, détruit en 1982, fait l'angle avec la rue du Quesnelet. Sur le pignon à droite, l'enseigne de la maison Tiers, vins et spiritueux (Ed. ELD)



Le même endroit en 1905 dans l'autre direction, avec deux poseurs de câbles. La ferme que l’on aperçoit à l’extrême-droite sera détruite pour faire place à l'allée Rubens. Le tramway roulait avec ou sans remorque (Ed. BF Paris).

 

    Autrefois, quand on voyageait, c'était à pied, à cheval ou en charrette. Seuls les nobles possédaient des carrosses pour se déplacer. Les transports en commun sont une réalité relativement récente. Certes Louis XI créa "La Poste" en 1424 avec des voitures qui pouvaient transporter quelques per­ sonnes, mais c'est en 1690, sous le règne de Louis XIV, qu'ont circulé les premières diligences Paris-province. Il est vrai que l'amélioration des chemins royaux, nos futures routes nationales, facilite le contrôle des provinces par l'Etat centralisateur. Biaise Pascal a bien eu l'idée, en 1662, de faire rouler des voitures à prix fixe, sur un trajet fixe. Cinq lignes parisiennes sont alors autorisées. Mais l'expérience qui ne correspond peut-être pas aux besoins de l'époque est abandonnée en 1667. Au XVIIIe siècle, on voit fleurir des compagnies privées dans l'anarchie la plus complète.


    D'après un questionnaire du 4 septembre 1790, rempli par les communes à la demande du gouvernement, le territoire du village de Mons-en-Barœul est bordé par deux routes pavées : l'une au nord conduit de Lille à Roubaix, l'autre au sud mène de la porte de Fives à Lannoy. Elles sont reliées entre elles par un chemin dit "rue de Lannoy", rendu le plus souvent impraticable par les nombreuses voitures qui le fréquentent. Les difficultés et les embarras de circulation, ancêtres de nos embouteillages, empoisonnent déjà la vie de nos aïeux.



Au début du XXe siècle, l'escalier permettant d'accéder à la halte du Lion d'Or où s'arrêtaient certains trains. En bas à gauche, le panneau annonçant la bifurcation où le conseil général proposa en vain d'installer une gare. L'institut gynécologique et l'ex-rue Rembrandt sont visibles au second plan. Cette rue était lilloise (Ed. EC).



Ce plan dessiné vers 1899 par le docteur Dumont, conseiller municipal, indique en 1 et 2 les emplacements éventuels d'une gare monsoise, demandée par le conseil général (Arch. municipales).

 

    Les premiers véhicules de transport en commun, au sens moderne du terme, apparaissent vers la fin de la Restauration. En 1825, la ville de Nantes inaugure un service d’omnibus. Les premiers omnibus parisiens circulent en 1828. Ils sont tirés par deux ou trois chevaux et accueillent quatorze voyageurs. En 1855, un décret de Napoléon III accorde à l’Entreprise générale des omnibus le monopole des transports urbains. Auparavant, le 24 août 1837, c’est l’inauguration de la ligne de chemin de fer Paris-Saint- Germain. Ce nouveau moyen de locomotion va révolutionner l’économie, les relations et les modes de vie de nos concitoyens.

 

    Neuf ans plus tard, le 31 août 1846, la ligne Paris-Lille est ouverte. Elle passe à la limite nord-ouest de Mons-en-Barœul. L’armée s’étant opposée à une trouée dans les remparts pour le passage des trains, c’est à Fives, au pont du Lion d’Or, qu’est installée la première gare de Lille ! Longtemps, au XIXe siècle encore, les habitants de Mons vivent essentiellement des pro­ duits de la terre. Ils partent volontiers à deux heures du matin pour aller vendre leurs légumes à Lille. En 1849, le maire écrit au préfet pour demander l’ouverture du passage à niveau du chemin des Sorcières après le "convoi du soir", car les maraîchers sont obligés d’éveiller le garde-barrière et d’attendre un bon moment que la voie soit ouverte. Le commun des mortels va donc à pied ou à la rigueur à cheval. Le recensement de 1866 dénombre cinquante chevaux, vingt-et-une juments, un mulet, quatre ânes et deux ânesses. Les chemins non pavés sont entretenus par les moutons qui broutent l’herbe moyennant un droit payé par leur propriétaire à la commune.

 

Une gare à Mons ?

 

    En 1848, la ligne Calais-Dunkerque-Lille est entrée en service, mais elle longe d’abord les remparts. Le 8 novembre 1872, un avis d’expropriation pour cause d’utilité publique est envoyé au maire de Mons, Alexandre Delemar. Il concerne quatre terrains appartenant à André Duthoit, meunier à Wattrelos, et Henri-Désiré Duthoit, cultivateur à Mons. Sur ces terres, on doit construire la ligne "déviée" de Lille à Calais et Dunkerque, aux abords de Lille. Cet avis en quatre exemplaires est affiché en mairie et publié à son de trompe ou de caisse. Le conseil municipal avait approuvé le 6 mars précédent, après enquête d’utilité publique, l’établissement à La Madeleine d’une station de chemin de fer dont la ligne passait par Mons. Lors de l’enquête, le procès-verbal des observations ou réclamations des habitants est resté vierge. Ceci laisse supposer que les Monsois de l’époque étaient ou très amorphes et indifférents à la vie de leur commune, ou très favorables au développement du chemin de fer. Alexandre Delemar décide en tout cas, ainsi que son conseil municipal, d’œuvrer dans le sens du progrès technique.

 

Pétition pour une gare à la Sablière

 

    L'industriel Vandorpe-Grillet, propriétaire du château alors situé à l'entrée de Mons, route de Roubaix, fait circuler en 1900 la pétition suivante en faveur d'un contre-projet de gare, et qui recueille, selon la presse, de nombreuses signatures :

“La commune de Mons-en-Barœul, bien que sa population atteigne près de 4.000 habitants, est encore dépourvue de station de chemin de fer.

“Or, une circulaire du ministre des travaux publics du 3 juillet 1894 invite les populations qui désirent obtenir la création de haltes ou de gares sur les lignes en exploitation, à se mettre directement en rapport avec les Compagnies, de manière à éviter les pertes de temps.

“C’est pourquoi, les soussignés, habitants de la commune de Mons-en-Barœul, ont l'honneur de demander l'établissement d'une gare, et ils ne doutent pas que le trafic n'y soit beaucoup plus important que dans certaines localités de l'arrondissement de Lille, où des stations ont été créées, bien que leur population et leur mouvement industriel ou commercial soient considérables.

“La commune est appelée, d'ailleurs, à un développement de plus en plus grand, et les rues nouvelles qui sont en voie de formation en sont une preuve suffisante.

“Il est donc incontestable que la Compagnie du chemin de fer du Nord retrouverait très rapidement les dépenses qu'elle aurait faites, et réaliserait même en peu de temps des bénéfices aussi élevés que ceux qu'elle retire de la halte voisine de Fives-Saint-Maurice.

“La gare pourrait être installée non à la bifurcation des lignes de Lille à Roubaix et de Lille à Armentières, comme le porte le vœu déposé au Conseil général au mois d'avril 1899, mais à l'extrémité de la rue nouvelle construite près de la sablière Delecroix.

“Les enlèvements de terres qui ont déjà été effectués à cet endroit diminueraient les travaux de déblai que nécessiterait la création de la gare.

“D'un autre côté, le choix de ce terrain aurait pour avantage de mettre la gare à proximité du centre de la commune et sur une pente très douce, tandis qu'elle en serait très éloignée, en même temps que sur une pente très rapide, si elle était située à la bifurcation indiquée plus haut.

“Il est à présumer, d'ailleurs, que la Compagnie s'opposerait à la réalisation de ce dernier projet, en raison des inconvénients pour les nécessités du service, et des dangers pour la sécurité des agents et des voyageurs, qui résulteraient de l'installation d'une gare à la bifurcation même des deux lignes.

“Une gare placée en deçà de la bifurcation faciliterait au contraire le service, et n'offrirait aucun danger d'accident.”



Cette carte représentant la halte du Lion d’Or fut écrite par un militaire allemand le 28 janvier 1915 (Ed. Ch. Soyer, Lille).

 

    Après d'importants travaux, le chemin de fer abandonne en 1882 la trouée de La Madeleine, où il passait jusqu'alors, pour emprunter son tracé actuel en rejoignant Fives par le Lion d'Or. Une étude en faveur de la création d'une gare à Fives Saint-Maurice aboutit à l'établissement d'une halte pour voyageurs, dite "halte de Bouvines", par arrêté préfectoral du 25 janvier 1889. Les conseils municipaux de Lille et de Mons, consultés par le préfet, ont démontré les avantages de cet arrêt, bénéfique aux Monsois autant qu'aux Fivois. Deux autres haltes faciliteront la vie des gens, au pont du Lion d'Or, jusqu'en 1914, et aux Rouges-Barres, Verte Rue, un peu au-delà du chemin des Sorcières. Mais ce qui passionne surtout les Monsois, c'est le projet d'implantation d'une gare sur le territoire même de la commune.


    En 1899, le conseil général du Nord émet le vœu de la création d'une gare à Mons, à la bifurcation des lignes allant de Lille à Roubaix et de Lille à Armentières. Le maire Dodanthun et ses collègues élus approuvent le projet à l'unanimité. Mais la Compagnie du chemin de fer du Nord, alléguant l'existence des haltes du Lion d'Or et des Rouges-Barres, et de la gare de Fives-Saint-Maurice, juge que Mons est déjà bien desservi. Elle invoque aussi des difficultés techniques : lignes très chargées malgré le quadruple- ment des voies, tranchée à une profondeur de six mètres, donc coût disproportionné par rapport à l'objectif visé. Bref, elle refuse.



En 1905, un premier tramway à vapeur route de Roubaix, au lieu-dit la Pépinière, vue en direction de Lille. A gauche, le clocher de l'église Saint-Pierre. La future rue de la Pépinière (plus tard Henri Poissonnier) n'est pas encore percée (Ed. L.B. Lille).



Le même endroit, vue prise en direction de Roubaix, avec le tramway F. A droite, la rue de la Pépinière n'existe toujours pas. La rue Pasteur débute à gauche. Remarquez l'orthographe inattendue de "Mons-en-Barœuil" (Ed. inconnu).

 

    Pourtant, en août 1901, le conseiller général Gossart présente un contre-projet soutenu par Victor Lelièvre, élu maire après le décès d’Alphonse Dodanthun. Cette fois, la gare serait située au bout de l'allée de la nouvelle rue percée près de la sablière Delecroix. La position est plus centrale et la pente plus douce. Ces arguments ne suffisent pas à convaincre la Compagnie qui juge définitivement que Mons-en-Barœul n'est pas "déshérité", en raison des trois haltes proches. Il n'y aura donc jamais de gare ferroviaire à Mons.

 

Le tramway ou "chemin de fer américain"

 

    Un autre moyen de transport en commun se développe depuis 1875. Le "chemin de fer américain" est né de l'idée, exploitée dans un premier temps outre-Atlantique, de faire circuler sur des rails les lourds omnibus traînés par des chevaux pour faciliter la traction des animaux et par conséquent augmenter la capacité des véhicules. Ceux-ci peuvent désormais transporter jusqu'à cinquante-deux voyageurs. Dès 1871, un cahier des charges étudie l'implantation d'un réseau de chemin de fer américain au chef-lieu du département du Nord, avec extension éventuelle aux communes proches. Le 7 juin 1874, Lille inaugure sa première ligne de tramways à chevaux. Ces véhicules sont déraillables. Il leur est possible de quitter les rails s'il y a un obstacle à contourner. Très vite les conducteurs en abusent notamment pour dépasser une voiture concurrente. On devine aisément les altercations et les accidents qui s'ensuivent, la colère des piétons éclaboussés, la frayeur des occupants des véhicules bousculés, voire renversés.



Le quartier du Tape Autour en 1907 avec le tramway F et sa remorque. Sur la droite, la boucherie Brame-Leclercq, à côté du café "Au Tape Autour" d'Honoré Cuvillier. Plus tard, cet établissement sera celui du couvreur François Gillis. Faisant face, un autre estaminet, "Le Soleil levant", tenu par Richard Delemar (Ed. ELD).



En 1912 le tramway F, portant au fronton une publicité pour Oxo, passe devant l'ancien cimetière, au futur carrefour de la rue Montesquieu qui n'est encore qu'une ruelle. A droite, une ferme aujourd'hui détruite fait face aux villas “Saint-Luc” et “Le Rêve” (Ed. PH).



La route de Roubaix est devenue rue Daubresse-Mauviez en 1907 et du Général de Gaulle en 1944. Le tramway F qui passe ci-dessus devant l'ancienne mairie, future Maison des associations, est désormais bicolore (Ed. La Cigogne Lille).

 

    Cependant l'évolution technique est si rapide que très vite on parle du tramway à vapeur à Mons. Les premiers essais sont effectués en avril et juin 1880 sur la ligne de Lille à Roubaix, la ligne F, qui passe par Mons. Cette même année, Alexandre Delemar envoie une protestation concernant ce type de tramway au conseiller général Dutilleul. Le maire énumère dans son courrier une longue série d’accrochages plus ou moins sérieux, le plus grave ayant entraîné la mort du conducteur d'une voiture de vidange. Il déplore aussi le peu de largeur - deux mètres sur une pente inclinée - laissée par le tramway aux autres voitures, la saleté produite par les projections de poussière ou de boue, et termine en demandant le retour à la traction par des chevaux, qui était donc utilisée précédemment, depuis plusieurs années sans doute. Après quelques échanges aigres-doux via l'ingénieur chargé de l'en­ quête qui renvoie vertement la commune à ses obligations de voirie, le préfet met en demeure la Compagnie des tramways de procéder à la réfection de la route départementale n° 14 entre la porte de Roubaix à Lille et l'entrée de Roubaix, trajet de la ligne F. D'autres réclamations sur la vitesse excessive - 25 à 30 kilomètres-heure - semblent montrer que le tramway circulant au cœur de la commune entraîne des nuisances, des dangers plus immédiats que le train.


    Mais déjà on parle d'électrification. En 1901, le maire Victor Lelièvre discute avec la Compagnie de l’emplacement des pylônes et des abris. Le chemin de fer américain devient électrique. Les Monsois se sont habitués à ce mode de transport auquel la ville doit une bonne part de sa croissance démographique. Une ancienne de la commune se souvient avec nostalgie du temps où, après le théâtre, elle prenait le F sur la grand'place de Lille à minuit moins dix, pour rentrer chez elle. Une navette Lille-Mons eut son terminus rue Daubresse-Mauviez, à hauteur de la rue Florimond Delemer, en face du magasin Parent qui vendait des postes de radio. Toutes les cinq ou six minutes, un wattman descendait, décrochait la perche qui était posée sur le trolley de gauche, sens montant, et la mettait à grand renfort d'étincelles sur le trolley de droite. La manœuvre provoquait des para­ sites épouvantables, au grand dam du propriétaire du magasin, perturbé dans ses réparations et ses délicats réglages de postes à galène. Des discussions véhémentes s'ensuivaient entre l'électricien et le wattman qui n'y pouvait rien... A d'autres périodes, le terminus des navettes était établi plus loin, au Tape Autour. En 1935, une ligne d'autobus relie Fives à Lambersart, avec ter­minus avenue Virnot.


    Aujourd'hui, le tramway F et le tramway I ou I barré, venu en renfort avec son terminus au Moulin Delmar, ont disparu du paysage monsois. Nos concitoyens disposent d'autobus depuis les années soixante et depuis 1994, à Mons, d'un métro automatique ultramoderne.



Cette carte de Mons-en-Barœul a été postée en 1905 à Saigon ! Elle montre, au Tape Autour, un secteur profondément remanié par la suite, pour l'extension de la brasserie Heineken (Ed. BF Paris).



En 1911, un autre quartier bien transformé depuis lors, celui du Lion d'Or. La voie rapide passe désormais à cet endroit, ainsi que le métro en souterrain. A droite, le début de l'ex-rue Chateaubriand ; à gauche, l'entrée de la rue Emile Zola (Hélio E. Le Deley Paris).



En 1906, deux Monsois se sont fait fièrement photographier pour une carte postale au volant de leur automobile. Cette Renault type U (a) de 10 chevaux et quatre places, fut produite à par­ tir de 1904. Carrossée en tonneau, elle n ’avait normalement pas de capote. Elle atteignait les 50 km/h. A l’époque, Renault avait déjà plusieurs modèles au catalogue annuel (Ed. inconnu).



Près de la limite de Mons-en-Barœul et de Lille, en venant de Saint-Maurice, l’octroi et le pont du Lion d'Or au-dessus des voies de chemin de fer. Au centre, les rails du tramway. A droite, on aperçoit le mur de l'ancien débit de tabac, à l'entrée de la rue lilloise du Pont du Lion d'Or, en partie disparue (Ed. CS Lille).


Les voies publiques



Sur ce plan de 1829, les routes sont encore peu nombreuses à Mons-en-Barœul (Arch. municipales)

 

    Dès 1896, sur proposition du docteur Georges Dumont, le conseil municipal de Mons-en-Barœul accomplit une vaste opération de dénomination des voies publiques. Trente-six rues, c'est-à-dire toutes celles qui existaient alors, ont reçu un nom que la plupart d'entre elles portent encore aujourd'hui.


    "L'importance croissante de la commune", affirme la délibération, "nécessite pour la détermination des adresses une dénomination précise des voies de communication". Les élus veulent profiter de l'occasion pour mettre fin à des situations embarrassantes. Ainsi, certaines rues gardaient auparavant la même appellation sur une longueur de plusieurs kilomètres ; d’autres portaient le nom d'une localité voisine, ce qui prêtait souvent à confusion.


    Il fut donc décidé de diviser les rues sinueuses ou trop longues en plusieurs tronçons, portant chacun un nom différent, et de donner de préférence aux rues une dénomination rappelant un souvenir local, ou le nom d'un homme qui s’est distingué par des services rendus à la patrie ou à l'humanité. "Aux environs des écoles, l'on utiliserait des noms d'éducateurs célèbres de la jeunesse, aux environs du fort, des noms glorieux dans nos annales militaires, etc”. Le docteur Dumont avait aussi recommandé "d’adopter des noms courts et faciles à retenir."


    Autour de 1905, treize voies apparurent qui ne comprenaient pas encore de maison. Beaucoup d'entre elles sont restées longtemps privées et certaines le sont encore. Ceci explique que nous ne pouvons déterminer avec précision la date d'ouverture de toutes les rues. Un arrêté du 8 juin 1909 déclare que "le nombre des rues particulières non pavées est considérable dans notre commune". Par temps de pluie, elles deviennent "de véritables cloaques", impraticables pour les piétons et les voitures. Aussi les gardes champêtres doivent-ils veiller à ce que les propriétaires entretiennent ces voies "à l'état ferme".


    Un demi-siècle plus tard, la construction du quartier des Sarts vaut à ce dernier seize dénominations de rues ou espaces verts. Entre les deux guerres, une douzaine de rues nouvelles avaient enrichi le territoire communal. Mais le Nouveau Mons à lui seul compte soixante-trois avenues, rues, mails, etc, tous ouverts entre 1964 et 1977. La voierie communale totalise actuellement 161 dénominations, dont près de 40 % pour le Nouveau Mons.


    Les noms en capitales ci-après sont ceux des voies actuelles. Les noms qui ne sont plus en service sont imprimés en petits caractères gras. L'année qui suit chaque nom indique, selon le cas, la date - parfois approximative - d’ouverture, de dénomination ou de classement de la rue dans la voirie communale.



Plan tracé en 1896 par le docteur Dumont, conseiller municipal. Les routes se sont multipliées. Le fort Macdonald est construit (Arch. municipales).

 

ABBÉ DE L'ÉPÉE* (Rue de 1') - 1896 - Auparavant rue de l'Eglise. * Créateur du langage des sourds et muets (1712-1789).

ACACIAS (Avenue des) - 1954.

ADENAUER (Avenue du Chancelier) - 1967 - Homme d'Etat allemand (1876-1967). ALBERT 1er (Place) - 1934 - Roi des Belges (1875-1934).

ALOUETTES (Allée des) - 1963.

ALSACE (Rue d') - 1969.

Alsace-Lorraine (Rue d') - Sentier de la Ronchère au XVIIIe siècle. Route de Fiers, de la rue du Fort à la chapelle Notre Dame de Grâce jusqu’en 1896. Voie disparue après 1960 pour la construction de la ZUP.

AMPÈRE * (Rue) - 1964 - Une rue du Bas de Mons, auparavant sentier de la Brasserie Derieppe, avait porté le même nom à partir de 1896, à peu près où se trouve l'actuelle rue Lavoisier. Elle disparut vers 1960. * Physicien français (1775-1836).

ANJOU (Rue d') - 1969.

AN QUARANTE (Rue de l’) - 1896 - Auparavant portion de piedsente ou chemin du Petit- Lannoy depuis le XVIIIe siècle au moins. Le nom du lieu-dit "An Quarante" est bien antérieur à celui de la rue. On suppose que cet endroit, probablement délaissé par les notables des hauteurs de Mons, s'était vu appliquer l'expression "s'en moquer comme de l'An quarante" (ne pas s'en soucier). Celle-ci serait la déformation phonétique d'une autre expression datant des Croisades : "s'en moquer comme de l'Alcoran".

ARTOIS (Rue d') - 1969. 

AUVERGNE (Rue d’) - 1969.

 

BAGATELLE (Avenue de) - 1968.

Bancs plaidoyables (Place des) : voir République (place de la).

Bans de Mons (Chemin des) - Existe en l’an XIII.

BARŒUL (Avenue du) - 1990 - A repris en partie le tracé de la rue du Barœul.

BARŒUL (Rue du) - 1896 - Auparavant chemin - au XVIIIe siècle - puis rue de Marcq. S'achève en impasse depuis 1990.

BART * (Rue Jean) - 1896 - Auparavant sentier de la Guinguette. "Ruelle" puis rue. * Corsaire dunkerquois (1650-1702).

BAS-JARDINS (Rue des) - 1925 - Impasse ou encore sentier puis rue depuis 1964. BÉARN (Rue du) - 1972.

BECQUEREL (Rue du) - 1896 - Auparavant portion de piedsente ou chemin du Petit-Lannoy depuis le XVIIIe siècle au moins. Le Becquerel est un petit affluent de la Deûle, devenu souterrain. En 1909, le conseil municipal a rebaptisé cette voie en rue Ferrer *, "afin de perpétuer la mémoire de ce libre penseur propagateur des écoles laïques", mais le nouveau nom ne semble pas avoir été adopté dans la pratique. * Anarchiste catalan, exécuté à Barcelone (1859-1909).

BERGERONNETTES (Allée des) - 1963.

BERLIOZ (Rue Hector) - 1956 – Compositeur français (1803-1869).

BLÉRIOT * (Rue) - Avant 1924 - En partie sur Mons, en partie sur Hellemmes. * Aviateurfran­ çais (1872-1936).

BLEUETS (Allée des) - 1958.

BLUM (avenue Léon) - 1982 - Homme politique (1871-1950)

Bois (Rue du) : voir Franklin (rue).

BOSCO (Rue Jean) - 1956 - Prêtre italien canonisé, "grand bienfaiteur de l'enfance malheureuse" (1815-1888). Auparavant rue Delecroix, percée en 1931. Propriétaire du lotissement.

BOSSUET (Rue) - 1968 - Prédicateur (1627-1704).

BOURGOGNE (Place de) - 1969.

BRAILLE * (Rue Louis) - 1954 - Nouvelle dénomination du tronçon sud de la rue Alexandre Delemar, appelée autrefois rue du Vingtième Siècle. * Inventeur du système d'écriture pour les aveugles (1809-1852).

BRANLY (Rue) - 1964 - Physicien, pionnier de la TSF (1844-1940). Brasserie Derieppe (Sentier de la) : voir Ampère (rue). BRETAGNE (Rue de) - 1969.



Les rues et sentiers de Mons-en-Barœul au lendemain de la Grande Guerre, vers 1920 (Arch. municipales).

 

CALMETTE (Rue du Docteur) - 1964 - Médecin, inventeur du vaccin BCG avec Camille Guérin (1863-1933).

CAMPAGNERIE (Allée de la) - 1976 - Auparavant chemin rural n° 7, prolongement de la rue du Nord-Est.

CARNOT (Rue) - 1896 - Lazare, conventionnel, "l'Organisateur de la victoire" (1753-1823) ou plutôt Sadi, élu président de la République en 1887, mort assassiné (1837-1894) ? La délibération du conseil municipal ne le précise pas. Auparavant rue Franchomme. Famille paysanne qui a donné plusieurs élus monsois.

CARREL (Mail Armand) - 1997 - Militant républicain sous la Restauration (1800-1836). Dénommé Alexis Carrel à l'origine. Biologiste, prix Nobel 1912, a pris position pour l'eugénisme sous l'Occupation (1873-1944).

CÉCILE (Avenue) - 1925 - D'abord voie privée, baptisée du prénom de Cécile Decoster-Virnot, fille d’Albert Virnot-Tourangin. Dans la voirie urbaine en 1930.

CHALET (Rue du) - Vers 1905 - Comme son nom l’indique, cette voie, longtemps privée, contient... plusieurs châlets.

CHAMPAGNE (Rue de) - 1969.

Chanzy (Rue) - Rue du Fort jusqu'en 1896. Disparue après 1960 pour la construction de la ZUP.

Chapelle de Mons (Chemin de la) - Existe en l’an XIII.

Chaptal (Rue) - 1896 - Chemin qui allait de la rue de Marcq (devenue du Barœul) à la voie de chemin de fer.

Châteaubriand (Rue) - 1899 - Disparue pour la Voie rapide. Il semble que les habitants de cette rue l’aient baptisée du nom de l'écrivain... en raison de la présence, à l'entrée, du "château" de la famille Briand.

CLAUDEL * (Rue Paul) - 1968 - Impasse, a remplacé en partie la ruelle Condorcet, sentier ainsi dénommé en 1896 et permettant d'aller de la route de Roubaix à la rue Emile Zola, en application d’une ancienne servitude. * Poète et auteur dramatique (1868-1955).

CLEMENCEAU (Avenue Georges) - 1958 - Homme politique (1841-1929).

COLBERT * (Rue) - 1896 - Auparavant chemin ou sentier Saint-Martin. * Homme d'Etat

(1619-1683).

COMBATTANT (Place puis square du) - 1924 - Appelé "place" à l'origine, le lieu du monument aux morts faillit prendre le nom de Leclerc en 1948. Le conseil municipal y renonça devant les protestations des anciens combattants. C'est là qu'un kiosque démontable était installé pour les concerts dans les années trente.

Concorde (Rue de la) : voir Salengro (rue Roger).

Condorcet (Ruelle) : voir Claudel (rue Paul).

COQUELICOTS (Allée des) - 1958.

CORNEILLE * (Rue) - 1896 - Auparavant portion de la route de Lannoy. * Auteur dramatique (1606-1684).

COROT (Rue) - 1969 – Peintre français (1796-1875).

COTY (Avenue René) - 1964 - Président de la République de 1954 à 1958 (1882-1962).

COUBERTIN (Rue Pierre de) - Vers 1970 - Rénovateur des jeux Olympiques (1863-1937).

COURCOT (Rue Désiré) - 1904 - "Modeste instituteur, victime de sa foi républicaine et laïque", selon la délibération du conseil municipal. A Mons de 1863 à 1873.

CURIE (Rue Pierre) - 1964 - Physicien, prix Nobel 1903 (1859-1906).

 

Daubresse-Mauviez (Rue) : voir Gaulle (rue du Général de). 

DAUPHINÉ (Rue du) - 1969.

Delcroix (Nouvelle rue) : voir Pascal (rue).

Delecroix (Rue) : voir Bosco (rue Jean).

DELEMAR * (Rue Alexandre) - 1906 - D’abord rue du Vingtième Siècle, classée dans la voirie communale en 1904, elle se prolongeait au début jusqu'à la rue de Fiers à Fives, bien qu'interrompue - sur Lille - par la rue Berthollet, la place Alexandre Dumas et la rue Jean Macé. Voir Braille (rue Louis). * Maire de Mons de 1862 à 1896.



La rue Florimond Delemer (écrit ici "Delenier") a reçu le nom d'un instituteur qui a dirigé l'école de garçons de 1881 à 1903. Au fond, sur la route de Roubaix, cette carte de 1915 montre la brasserie P. Dezitter, ancienne brasserie Lammens, futur magasin Parent, ensuite agence bancaire et enfin agence immobilière (Ed. PH).


DELEMER (Rue Florimond) - 1904 - Directeur de l'école communale des garçons pendant vingt-trois ans (1849-1904).

Delmar (Chemin) - Appelé aussi chemin de la Mare ou du Moulin de la mare. Existait au XVIIIe siècle. En partie supprimé lors de la construction du fort (1880). Appelé à Marcq-en- Barœul "chemin du Moulin Delmar". Cette voie dont il ne reste presque plus rien est le plus ancien nom de lieu connu dans la contrée. La charte de fondation de la collégiale Saint- Pierre de Lille nous apprend que le comte Baudouin V de Flandre lui donne en 1066 plu­ sieurs terres à "Le Marre" près du Barœul. Jusqu'à la Révolution, la collégiale possède un moulin sur motte, le "Moulin de le Marre", à Wasquehal. Le terrier de Flines mentionne ce chemin en 1580.

DESROUSSEAUX (Avenue) - Vers 1905 - Poète patoisant, auteur du P'tit Quinquin (1820-1892). 

DEVOS (Square Lucien) - 1964 - Chef de bureau retraité, adjoint au maire, connaisseur en arboriculture, artisan de l’embellissement de la ville (1889-1963).

Dewas (Impasse) : voir Lemire (rue de l’Abbé). 

Douane (Rue de la) : voir Rollin (rue).

DUNANT (Mail Henri) -1964 - Philanthrope suisse, fondateur de la Croix-Rouge (1828-1910). 

 

Ecole des filles (Chemin de 1') : voir Jeanne-d'Arc (rue).

Eglise (Place de l') : voir Jean XXIII (parvis).

Eglise (Rue de l') : voir Abbé de l'Epée (Rue de l').

EUROPE (Place de l’) - 1964.

 

FAIDHERBE * (Rue) - 1896 - Portion de la rue de Lannoy depuis le XVIIIe siècle au moins. Voie en partie disparue pour la construction de la ZUP. * Général, gouverneur du Sénégal, né à Lille (1818-1889).

Fénelon (Place) : voir Jean XXIII (parvis). 

Ferrer (Rue) : voir Becquerel (rue du).

FERRY * (Rue Jules) - 1896 - Chemin du Frennelet au XVIIIe siècle, puis sentier Saint- Ghislain. * Homme politique, auteur des grandes lois scolaires (1832-1893).

FLANDRE (Rue de) - 1969.

Flers (Route de) : voir Alsace-Lorraine (rue d').

Flers (Sentier de) : voir Marceau (ruelle).

Fleurs (Rue des) : voir Péri (rue Gabriel).



La rue des Fleurs, percée en 1930, est devenue rue Gabriel Péri après la Libération (Ed. Matheus).


FOCH * (Avenue du Maréchal) - 1962 - Auparavant avenue des Sarts depuis 1925. Dans la voirie urbaine en 1930. * Commandant en chef des troupes alliées en 1918 (1851-1929).

Fort (Rue du) : voir Chanzy (rue). Les "Baraquements du Fort" ont abrité des réfugiés pendant de nombreuses années après la Grande Guerre. Plusieurs logements avaient comme adresse le "Glacis du Fort".

FRANCE (Place de) - 1969.

Franchomme (Rue) : voir Carnot (rue).

FRANKLIN * (Rue) - 1896 - Autrefois rue du Bois depuis le XVIIIe siècle au moins. L'ancienne partie lilloise de la rue du Nord-Est lui est rattachée en 1976. * Homme politique et physicien américain, inventeur du paratonnerre (1706-1790).

FRENNELET (Place du) - 1973 - A repris le nom d'un lieu-dit.

Frennelet (Chemin du) : voir Ferry (rue Jules).



Pour faciliter la réalisation de la voie rapide, Lille et Mons-en-Barœul procèdent à un échange de terrains en 1976. Peu après le pont du Lion d’Or, la ligne de chemin de fer devient "la frontière” entre les deux communes. En pointillés, de part et d'autre des voies ferrées, l’ancienne délimitation (Arch. municipales).

 

GAMBETTA * (Rue) - 1896 - Auparavant portion de la rue de Lannoy depuis le XVIIIe siècle au moins. * Homme politique français (1838-1882).

GASCOGNE (Rue de) - 1969.

GAUGUIN (Allée Paul) - 1985 – Peintre français (1848-1903).

GAULLE * (Rue du Général de) - 1944 - Pavé de Lille à Roubaix au XVIIIe siècle, puis route de Roubaix, classée dans le réseau départemental en 1848, rue Daubresse-Mauviez** depuis 1907. L'appellation gaullienne, choisie par la délégation municipale le 21 octobre 1944, se heur­ ta d'abord au refus du préfet, le général étant "peu favorable en principe à l'octroi de son nom aux rues et places publiques". * Chef de la France libre en 1940-1944, président de la République (1890-1970). ** En baptisant ainsi la grande route, le conseil unanime a voulu "honorer la mémoire de deux familles de fervents républicains, philanthropes et bienfaiteurs du bureau de bienfaisance". Les Daubresse et les Mauviez étaient alliés. A cette époque, Ernest Daubresse, rentier, donnait 1 000 francs chaque hiver pour des secours en charbon aux indigents de la commune. Sa propriété se trouvait à l'angle de la rue Mirabeau et de la route de Roubaix. En 1926, le conseiller Jean Lalieu demande que cette rue reprenne son ancien nom de route de Roubaix, mais l’assemblée décide de "laisser provisoirement la question en suspens". Elle le restera jusqu'en 1944. Les deux familles ne comptaient plus alors de représentant dans la localité.

GAYET (Boulevard Alphonse) - 1958 - Résistant, maire de 1950 à 1957.

Grimonpont (Sentier) - Du nom des propriétaires d'un terrain voisin. Il longeait le presbytère et l’école des filles. Le maire le fit clôturer vers 1892 pour des raisons de sécurité. Les demoiselles Grimonpont l'ont alors incorporé dans leur domaine, mais la commune reprit son bien en 1901.

Gros Bois blanc(s) (Chemin du ou des) - Existait en 1829. Disparu pour la construction du fort. 

GUILLEM * (Rond-point Pierre) - 1999 - Situé place de la République. * Président directeur général du groupe d'assurances La Mondiale (1927-1997).

Guinguette (Sentier de la) : voir Jean Bart (rue).

GUINGUETTES (Sentier des) - Conserve le nom d'un très ancien lieu-dit : un café de la Guinguette existait là au XVIIIe siècle.

GUTENBERG * (Rue) - Limite Lille-Mons. * Imprimeur allemand (Vers 1400-1468).


HOCHE * (Rue) - 1896 - Auparavant portion de la rue de Lannoy. Avant la construction de la ZUP, cette rue allait de la place de la République à la rue Faidherbe. * Général de la Révolution (1768-1797).

HUGO * (Rue Victor) - 1896 - Au XVIIIe siècle, portion du pavé ou route de Lannoy. * Poète français (1802-1885).

HUIT MAI 1945 (Rue du) - 1964 - Jour de la signature de l'armistice qui mit fin à la Seconde Guerre mondiale.


ILE DE FRANCE (Rue de l’) - 1969.


Jacquard (Rue) - Rue Saint-Luc jusqu’en 1896. Rattachée à la ville de Lille en 1976. Le préfet du Nord entérine, par arrêté du 4 octobre 1976, une modification des limites de Lille et de Mons-en-Barœul. Il s'agit d’un échange consistant à faire de la ligne SNCF, un peu au-delà du pont du Lion d’Or, la "frontière" entre les deux communes. La partie monsoise située de l’autre côté de la voie ferrée devient lilloise tandis que les parcelles lilloises longeant la voie, côté monsois, sont attribuées à Mons-en-Barœul. Les superficies, de part et d’autre, sont à peu près équivalentes. La Voie rapide suivra bientôt la nouvelle limite communale.

JARDINS (Avenue des) - Vers 1939.

JAURÈS * (Rue Jean) - 1919 - Auparavant rue des Prés fleuris, ouverte en 1910, prolongée par étapes. Entrée dans la voirie urbaine en 1921. * Tribun socialiste (1859-1914).

JEAN XXIII (Parvis) - 1964 - Pape de 1958 à sa mort (1881-1963). Auparavant place de l’Eglise, puis Fénelon * 1896. Elargie en 1937 après démolition de quatre maisons voisines de l’école des filles. * Archevêque de Cambrai, écrivain (1651-1715).

JEANNE D'ARC * (Rue) - 1896 - Auparavant chemin de l’Ecole des filles, élargi en 1907. Longtemps appelée couramment sentier ou côte Jeanne d’Arc. * Héroïnefrançaise (1412-1431).

JOFFRE (Rue du Maréchal) -1964 - Commandant en chef pendant la Grande Guerre (1852-1931).

JUIN (Rue du Maréchal) - 1967 - En 1943, commandant du corps expéditionnaire en Italie (1888-1967).

 

KENNEDY (Avenue du Président) -1964 - Président des Etats-Unis, mort assassiné (1917-1963).


LACORDAIRE (Rue) - 1964 - Dominicain (1802-1861).

LA FONTAINE (Rue) - 1958 - Fabuliste (1621-1695).

LALO (Rue Edouard) - 1956 – Compositeur français (1823-1892).

LAMARTINE (Mail) - 1969 - Poète, député du Nord (1790-1869).

LAMMENS (Rue Jules) - 1963 - Notaire à Gand, sénateur belge, fondateur du journal Le Bien Public (1822-1908).

LANGUEDOC (Rue du) - 1969.

Lannoy (Pavé ou route de) : voir Victor-Hugo, Voltaire, Corneille (rues).

Lannoy (Rue de) : voir Quesnelet (rue du), Hoche, Faidherbe, Gambetta (rues) - Allait du Quesnelet à la route de Lannoy, en passant par l’Estaminet du Fort, la Goulette, le Sac au dos. Partagée en 1896.

LAVOISIER (Rue Laurent) - 1966 - Chimiste, mort guillotiné (1743-1794).

LECLERC * (Boulevard du Général) - 1948 - Auparavant boulevard de la Paix, ouvert en 1930, prolongé entre les rues Jean-Jacques Rousseau et Jean Jaurès en 1933. * Maréchal de France (1902-1947).

LELIÈVRE * (Rue Victor) - 1948 - Auparavant rue Nouvelle (1908). Dans la voirie urbaine en 1930. * Maire de 1901 à 1919.

Lemiègre (Sentier) - Menait à la ferme du même nom, depuis le sentier des Prés jusqu’à la rue Faidherbe. Un propriétaire, M. Bacquet, voulut le fermer en 1901, mais la municipalité lui demanda de le laisser ouvert aux piétons.

LEMIRE * (Rue de l'Abbé) - 1964 - Englobe l'impasse Dewas en 1972. * Abbé démocrate, député-maire d'Hazebrouck (1853-1928).

LIBERTÉ (Avenue de la) -1921 - Jusqu’aux années soixante, aboutit dans les champs côté Sarts. 

LORRAINE (Rue de) - 1969.

LOUIS XIV (Mail) - 1967 - Roi de France (1638-1715).

LYAUTEY (Rue du Maréchal) - 1964 - Fondateur, de 1912 à 1925, du protectorat français au Maroc (1854-1934).


Magnolias (Allée des) - Au lieu-dit "la Carrière", devenue monsoise en 1976 et disparue ensuite. Elle se trouvait entre la rue Franklin et la cité des Lilas.

Marceau * (Ruelle) - Appelée ainsi en 1896. Ancien sentier de Flers, partant du Tape Autour. Disparue après 1960 pour la construction de la ZUP. * Général de la Révolution (1769-1796).

Marcq (Chemin ou rue de) : voir Barœul (rue du).

MARGUERITES (Allée des) - 1958.

Mères (Square des) - 1956 - Intégré au parvis Jean XXIII en 1982.

MICHEL (Rue du Capitaine) - 1979 - De son vrai nom Michel Trotabas, chef du réseau Sylvestre Farmer WO, abattu à Lille (1914-1943).

MICHEL-ANGE (Allée) - 1969 -Artiste italien (1475-1564).

MILLIEZ (Rue Paul) - 1997 - Médecin, intellectuel engagé, né à Mons-en-Barœul (1912-1994).



Cette jolie carte fut envoyée en 1902 à une demoiselle de Mons-en-Barœul dont l’adresse figure ci-dessous. Elle montre un paysage agreste, sans doute de Lille ou des environs. Nous ne savons pas s’il est monsois (Ed. inconnu).



La rue Neuve était devenue rue Mirabeau en 1896 mais cette appellation n’était pas encore entrée dans les mœurs. A ne pas confondre avec la rue Nouvelle, future rue Victor-Lelièvre, et la Nouvelle Rue qui reçut le nom de Pasteur.


MIRABEAU * (Rue) - 1896 - Appelée auparavant rue Neuve. Sentier au XVIIIe siècle. * Grand orateur des débuts de la Révolution (1749-1791).

MITTERRAND (Avenue François) -1997 - Président de la République de 1981 à 1995(1916-1996). MOLIÈRE * (Rue) - 1896 - Auparavant rue de la Promenade. * Auteur dramatique (1622-1673).

MONIER (Rue Marcel) - 1964 - Ecrit Monnier par erreur sur les plaques. Officier, président de la section des anciens combattants prisonniers de guerre, vice-président des "Camarades de combat" et des médaillés militaires, directeur de la préparation militaire à "la Fraternelle". Croix de guerre, officier de la Légion d'honneur (1896-1963).

MONTESQUIEU * (Rue) - 1896 - Alors "ruelle". A l'origine, sentier longeant le premier cimetière (emplacement des Mille Roses). * Ecrivain français (1689-1755).

MOULIN (Rue Jean) - 1966 - Président du Conseil National de la Résistance, mort aux mains de la Gestapo (1899-1943).

MOZART (Allée) - 1967 - Compositeur autrichien (1756-1791). 

 

NAPOLÉON 1er (Boulevard) - 1969 - Empereur des Français (1769-1821).

Neuve (Rue) : voir Mirabeau (rue).

Nord-Est (Rue du) : voir Franklin (rue).

NORMANDIE (Rue de) - 1969.

Nouvelle (Rue) : voir Lelièvre (rue Victor).

Nouvelle (Rue) : voir Saint-Exupéry (rue).

Nouvelle Rue : voir Pasteur (rue).

 

ONZE NOVEMBRE 1918 (Rue du) - 1964 - Jour de la signature de l'armistice qui mit fin à la Première Guerre mondiale.



Au carrefour de la rue Jean-Jacques Rousseau, le boulevard de la Paix, baptisé boulevard du Général Leclerc alors que le chef de la 2e Division blindée n'avait pas encore été nommé maréchal de France à titre posthume (Ed. L. Pollet Lille).

 

Paix (Boulevard de la) : voir Leclerc (boulevard du Général).

PAPIN (Rue Denis) - 1967 – Inventeur français (1647-vers 1712).

PARC (Allée du) - 1956.

PARIS (Rue de) - Vers 1905.

PARMENTIER * (Rue) - 1896 - Auparavant rue Saint-Martin. Petit chemin de Mons au XVIIIe siècle . * Vulgarisateur de la pomme de terre (1737-1813).



La rue Parmentier, ancienne rue Saint-Martin, rend hommage depuis 1896 au "promoteur" de la pomme de terre. Ici, le carrefour avec les rues Jeanne d'Arc et Jean Jaurès, où existait déjà une boucherie (Ed. LS Hautmont).


PASCAL (Rue Biaise) - 1962 - Mathématicien et philosophe (1623-1662). Nouvelle rue Delcroix* puis rue des Sarts à partir de 1896. * Jean-Baptiste Delcroix, propriétaire (+1924).

PASTEUR * (Rue) - 1896 - Auparavant Nouvelle Rue, "ouverte par M. Virnot". Elle restera longtemps en cul-de-sac. Son prolongement, percé avant 1914, est classé en voirie urbaine en 1930. * Chimiste et biologiste (1822-1895).



La rue Pasteur, baptisée ainsi en 1896, s'est appelée quelque temps Nouvelle Rue (Ed. Pottier-Hallez).


PÉGUY (Allée Charles) - 1958 – Ecrivain français (1873-1914). 

Pépinière (Rue de la) : voir Poissonnier (rue Henri).



L’actuelle rue Henri Poissonnier était dénommée rue de la Pépinière avant 1945 (Ed. Pottier-Hallez).


PÉRI * (Rue Gabriel) - 1945 - Auparavant rue des Fleurs, ouverte en 1930. * Journaliste, député communiste, fusillé par les Allemands (1902-1941).

PERRAULT (Rue Charles) - Vers 1960 – Conteur français (1628-1703). 

Petit chemin de Mons : voir Zola (avenue Emile), rue Parmentier. 

Petit-Lannoy (Piedsente ou chemin du) : voir Becquerel (rue du). An quarante (rue de l’), Rabelais (rue), 11 Novembre 1918 (rue du).

PICARDIE (Rue de) - 1969.

PICASSO (Allée Pablo) - 1970 - Peintre espagnol (1881-1973).

PINCHON * (Rue Marcel) - 1954 - Prolongée en 1959. * Monsois, lieutenant de réserve, héros de la campagne de France (1910-1940).

POISSONNIER * (Rue Henri) - 1945 - Auparavant rue de la Pépinière (1911), prolongée en 1926. * Résistant, mort en déportation (1900-1945).

POITOU (Rue du) - 1969.

Prés (Sentier des) : voir Robert Schuman (avenue). Il débutait rue Jean Jaurès, passait au bout de l'avenue de la Liberté, puis se rétrécissait et traversait champs et prés jusqu'à la rue Faidherbe, face au n° 69.

Prés fleuris (Rue des) - Voir Jaurès (rue Jean).



La rue des Prés fleuris en 1914, alors construite d'un seul côté. Elle a pris le nom de Jean Jaurès en 1919. Au fond, la rue Jeanne d'Arc et le clocher de l'église Saint-Pierre (Ed. PH).


PRÉVOST (Rue Henri) - 1959 - Garde champêtre, sous-brigadier de police, organisateur d'un groupe local de résistance, capitaine de compagnie du MLN à la Libération (1897-1955). Son fils Fernand Prévost, engagé dans l'armée, moniteur para, est mort dans un meeting aérien en 1948, à l'âge de 23 ans.

PRÉVOYANTS (Rue des) - Vers 1905 - Classée dans le réseau urbain en 1927. Promenade (Rue de la) : voir Molière (rue).

PROVENCE (Rue de) - 1969.

 

Quennelet (Sentier du) - Vers 1920. Allait du fort à la rue d'Alsace-Lorraine.

QUESNELET (Rue du) - 1896 - Auparavant portion de la rue de Lannoy depuis le XVIIIe siècle au moins.

 

RABELAIS * (Rue) - 1896 - Auparavant portion de piedsente ou chemin du Petit-Lannoy depuis le XVIIIe siècle au moins. Avant la construction de la ZUP, cette voie allait de la rue Gambetta à la rue Corneille. * Ecrivainfrançais (Vers 1494-1553).

RACINE (Rue) - 1958 - Poète dramatique (1639-1699). 

REMBRANDT (Rue) - Vers 1970 - Peintre hollandais (1606-1669).

RÉPUBLIQUE (Place de la) - Place des Bancs plaidoyables au XVIIIe siècle, lieu de réunion de l'assemblée villageoise.

RHIN ET DANUBE (Avenue) - 1966.

ROLLIN * (Rue) - 1896 - Auparavant rue de la Douane. Une brigade des douanes était installée déjà à Mons en 1849. La caserne construite à l'angle de la rue Rollin et de la route de Roubaix fut détruite en 1924 et remplacée par le square du Combattant. * Pédagogue français (1661-1741).



La rue Rollin, vue ici depuis le parvis de l'église, était avant 1896 la rue de la Douane, en raison de la caserne construite à l'angle avec la route de Roubaix. Les maisons de gauche n'ont guère changé à cette hauteur. Le côté droit a fait place à la salle Léo Lagrange (Hélio éd. Le Deley Paris).


Ronchère (Sentier de la) : voir Alsace-Lorraine (rue d').

ROSERAIE (Allée de la) -1989 - Percée au n° 161 rue Franklin, baptisée officiellement en 1999. 

ROSES (Allée des) - 1958.

ROSSIGNOLS (Allée des) - 1963.

ROUAULT (Allée Georges) - 1973 – Peintre français (1871-1958). 

Roubaix (Pavé ou route de) : voir Gaulle (rue du Général de). 

ROUGES-GORGES (Allée des) -1963.

ROUGET DE LISLE (Rue) -1963 - Auteur de La Marseillaise (1760-1836).

ROUSSEAU * (Rue Jean-Jacques) - 1896 - Auparavant chemin ou sentier Saint-Martin. Ruelle Tronquoise au XVIIIe siècle. Le sol du chemin primitif, non repris dans l'alignement vers la rue Emile Zola, a été vendu aux riverains en 1935. * Ecrivain (1712-1778).

RUBENS (Allée) - 1969 – Peintre flamand (1577-1640).



Rue Daubresse-Mauviez - du Général de Gaulle -, l'épicerie fait l'angle avec l'avenue de la Sablière. Celle-ci, percée à la fin du XIX siècle à l'emplacement d'une ancienne carrière de sable, faillit mener ci la "gare de Mons", mais la Société des Chemins de fer du Nord refusa le projet (Ed. inconnu).


SABLIÈRE (Avenue de la) - 1898 - Percée à l'emplacement d'une ancienne carrière de sable.

SAC AU DOS (Allée du) - 1964 - Du nom d'un lieu-dit où les troupes venues du nord enlevaient le sac et se reposaient, dit-on, avant d'assiéger Lille. Autre version : ce serait à cet endroit que les soldats du fort en manœuvre avaient l'habitude de s'arrêter.

SAINT-EXUPÉRY * (Rue) - 1962 - Auparavant rue Nouvelle, percée à l'emplacement de l’ancien stade Jules Lemaire. * Aviateur et écrivain français (1900-1944).

Saint-Ghislain (Sentier) : voir Ferry (rue Jules).

Saint-Luc (Rue) : voir Jacquart (rue).

Saint-Martin (Chemin ou sentier) : voir Rousseau (rue Jean-Jacques), Colbert (rue).

Saint-Martin (Rue) : voir Parmentier, Emile Zola (rues) - Allait de la route de Roubaix à la rue de Lannoy jusqu’en 1896, à la rue Mirabeau jusqu'en 1902.

SALENGRO * (Rue Roger) - 1945 - Auparavant rue de la Concorde, ouverte en 1930. *

Ministre de l'Intérieur du gouvernement de Front populaire, maire de Lille (1890-1936). SAMAIN (Mail Albert) - 1969 - Poète, né à Lille (1858-1900).

SANGNIER (Avenue Marc) - 1964 - Homme politique, fondateur du Sillon (1873-1950). Sarts (Avenue des) - 1925 - Voir Foch (avenue du Maréchal).

Sarts (Chemin des) - (1928) - Allait de la rue Jean-Jacques Rousseau à la rue Parmentier. SARTS (Parc des) - Vers 1955.

Sarts (Rue des) - Voir Pascal (rue).

SAVOIE (Rue de) - 1969.

SCHUMAN *(Avenue Robert) - 1964 - Absorbe une partie du sentier des Prés. * Homme politique français (1886-1963).

SCHWEITZER (Rue Albert) - 1966 - Médecin en Afrique noire, prix Nobel de la Paix 1952 (1875-1965).

Sorcières (Chemin des) - Chemin rural qui reliait les extrémités des rues Pasteur et Franklin, conduisait aux voies ferrées et se poursuivait de l’autre côté, sur Pellevoisin. On aurait pu l'appeler aussi chemin des Amoureux, dit-on, à cause des couples qu’il attirait.

SPRIET-TELLIER (Rue) - 1906 - Appelée ainsi pour "perpétuer le souvenir d'une famille très ancienne de la commune et très honorablement connue".



La rue Spriet-Tellier, dénommée ainsi en 1906, peu après sa construction, se terminait sur les "montagnes" qui longeaient la voie ferrée et faisaient le bonheur des enfants du quartier (Ed. PH).


TERRAY (Rue Lionel) - 1966 - Alpiniste français, vainqueur du Fitz-Roy (Amérique), 3 441 mètres, en 1952.

THIERS (Rue) - 1898 - Elu en 1871 président de la République (1797-1877).



La rue Thiers, apparue elle aussi à la fin du XIXe siècle, a été prolongée par étapes vers la voie ferrée, et celle-ci fut dotée d'un pont qui prit le même nom par la suite. Cette carte écrite le 8 janvier 1914 souhaite une bonne année à son destinataire... (Ed. PH).


TRAIN DE LOOS (Allée du) - Convoi parti de la gare de Tourcoing, emmenant les prisonniers politiques de la prison de Loos, le 1er septembre 1944, vers la déportation en Allemagne.

TROCADÉRO (Avenue du) - 1921 - Restée voie privée. Tronquoise (Ruelle) : voir Rousseau (rue Jean-Jacques).


VAN DER MEERSCH (Rue Maxence) - 1966 – Romancier français (1907-1951). 

VAN GOGH (Allée Vincent) - 1973 - Peintre néerlandais (1853-1890).

VANHOUTTE (Mail Léonie) - 1967 - Collaboratrice de Louise de Bettignies, résistante de la Première Guerre mondiale (1888-1968).

VAUBAN (Place) - 1964 - Ingénieur militaire, il fit construire la Citadelle de Lille (1633-1707). VERCORS (Place du) - 1979.

VERDUN (Avenue de) - 1955 - Nom choisi à la demande de la Fédération d'anciens combattants "Ceux de Verdun".

VERHAEREN (Rue Emile) - 1972 - Poète belge (1855-1916).

VINCENT DE PAUL (Rue) - 1964 - Fondateur des Prêtres de la Mission (1581-1660). 

Vingtième Siècle (Rue du) - Voir rues Braille (Louis), Delemar (Alexandre).



A la frontière de Lille et de Mons-en-Barœul, l'ex-rue du Vingtième Siècle a pris le nom d'Alexandre Delemar (écrit ici Delmar), maire de 1862 à 1896, qui était charron à l'entrée de la route de Roubaix. Au fond, le château Vandorpe (Ed. Pottier-Hallez).


VIRNOT * (Avenue) - Vers 1910 - Appellation officialisée par la commune en 1925. Dans la voirie urbaine en 1930. * Famille d'industriels lillois qui possédaient de vastes terrains à Mons, en particulier aux Sarts.

VOLTAIRE * (Rue) - 1896 - Auparavant portion du pavé (XVIIIe siècle) ou route de Lannoy. Ecrivain français (1694-1778).

Vrière * (Avenue de) - Vers 1925, limite nord-est entre Marcq et Mons. Appelée aussi drève de la Pilaterie (1949). Englobée dans la zone industrielle. * Nom de propriétaire.


WATTEAU (Rue) - 1969 – Peintre français, né à Valenciennes (1684-1721).


ZOLA * (Avenue Emile) - 1902 - Auparavant rue Saint-Martin. Petit chemin de Mons au XVIIIe siècle. Rue jusqu'en 1974. En 1921, une pétition d'habitants de la rue pour qu'elle reprenne le nom de Saint-Martin est rejetée par le conseil municipal. * Ecrivain français (1840-1902).

 

Cours et cités

 

    Parmi les cours monsoises, certaines ont disparu, d'autres sont toujours là. Elles ont témoigné, elles témoignent encore du développement urbain et de la vie ouvrière à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Elles portent généralement le nom de celui qui les a fait construire sur un terrain lui appartenant, voire sur un jardin un peu profond derrière sa maison. On les découvre parfois au hasard d'une promenade pédestre. Un calme étonnant, un charme même se dégagent de certaines d'entre elles, bien entretenues. Voici les vingt-deux noms que nous avons retrouvés :


Cités Delgutte, Houzé, des Lilas, Stammens, Virnot.

Cours Bouchery, Bremme, Dael, Delporte, Duwer, Grimonpont, Loquignol, Nivesse, Pau, Sainte-Marie, Vallois.

Impasses Dewas, Dutha, Hallez.

Pavillons Bel Air, Bon Air, du Centre, du Trocadéro.

Sentier Mallet.


Conclusion



MONSENVUE : le "Village” de l'Ancien Mons (Ed. Combier Mâcon).



MAXIZUPE et ses tours (Ed. Combier Mâcon).

 

Ombre et lumière

 

    Du passé local surgissent quelques impressions fortes. La solidarité d'abord qui, si elle n’est pas exclusive à notre Mons, s'inscrit nettement dans la tradition de la commune. Outre l'entraide villageoise avec ses "pauvrieurs", l'abondance des "sociétés" du XIXe siècle dénote l'importance des relations communautaires chez nos aïeux.


    La hauteur pourtant très relative de Mons et sa proximité de Lille en ont fait une terre souvent parcourue, occupée, pillée, incendiée par les guerriers. Sous la férule des soldats, les Monsois ont courbé le dos, rusé et surtout résisté à la pression de l'envahisseur. Les Marcel Pinchon, Henri Poissonnier, Jeanne Parmentier et bien d'autres ont fait, lors de la dernière guerre mondiale, l'honneur de notre ville.


    Quant à la communauté monsoise, elle continue d'être composite, dans une proportion moindre certes, puisqu'en 1879 elle comptait plus de 35 % d'étrangers, belges pour la plupart. Bien sûr, ceux-ci étaient mal vus et au moindre fait divers, c'était souvent un "individu d'origine belge" qu'on soupçonnait dans la presse et dans les conversations. Il n'en est plus question aujourd'hui !


    Le Nouveau Mons dresse ses hautes constructions bien au-dessus du Village et l'axe de l'Europe déroule sa perspective vers la grande bobine de chez la voisine : la tour hertzienne de Villeneuve-d'Ascq. Mais les liaisons tech­ niques ne sont que de simples outils qui ne facilitent pas pour autant les relations, parfois incommodes, entre les habitants des divers secteurs de la ville.


    L'humour, s'il n'est pas cruel, apaise bien des conflits. On pourrait, par exemple, imaginer la création d'un couple de géants, vidant amicalement leurs querelles comme le faisaient Alphonse et Zulma dans les sketches de Simons. Le mari, habitant imaginaire de l'Ancien Mons, s'appellerait MONSENVUE, "en vue" parce que notable : certains résidents du Village l'étaient traditionnellement. La femme, égérie du Nouveau Mons, se prénommerait MAXIZUPE, en raison des mensurations surdimensionnées de l'ex-ZUP. La fête préparée en commun rapprocherait peut-être des gens très différents. La convivialité favorisée par le récent Son et Lumière où les Monsois de tous les quartiers se sont bien amusés ensemble, se prolongerait au-delà de l'embellie.


    Après tout, Mon(s) ciel est à tout le monde, disait-on dans le spectacle, et la lumière des soirs monsois, floqués de nuages irisés, est digne du peintre le plus exigeant. Les Monsois, perchés en haut de leurs immeubles comme des fils du ciel, sont bien placés pour admirer les couchers de soleil.

 

Vertiges monsois

 

En ce pays de rectitude

L’horizon droit des longs chemins 

Ourle une toile de jardins

A l’orée des villes intenses.

Et voici que des tours s’élancent 

En ce pays de rectitude.

 

Ils habitaient ce lieu pour y grandir, un jour.

 

En ce village d'altitude

Des guerriers sont passés souvent 

Pour étriper les pauvres gens.

La communauté rassemblée 

Défendait bien sa destinée

En ce village d'altitude.

 

Ils habitaient ce lieu pour s'entraider, un jour.

 

En ce pays de solitude

Un dur matin fut inhumé

Le père qu’ils ont tant aimé. 

La peine que le vent emporte 

A scellé des enfances mortes 

En ce pays de solitude.

 

Ils habitaient ce lieu pour y souffrir, un jour.

 

En ce pays d’incertitude 

L’angoisse grise de demain 

Satine le soir opalin

Où des blessures ensanglantées 

Cardent les nuées révoltées

De ce pays d’incertitude.

 

Ils habitaient ce lieu pour y frémir, un jour.

 

En ce pays de multitude

Les immeubles amoncelés

Près des quartiers embourgeoisés 

Abritaient la vie trépidante 

D'une jeunesse fourmillante

En ce pays de multitude.

 

Ils habitaient ce lieu pour y danser, un jour.

 

En ce pays de gratitude, 

L’amitié discrète se rend

A l’ombre large des géants. 

L’amour tisse la joie ravie 

Le désir, la faim assouvie 

En ce pays de plénitude.

Ils habitent ce lieu pour y vivre à leur tour. 

D'autres sauront demain, encor parler d'amour.

 

Jeanne-Marie CAUDRON


Remerciements 



Dans cette maison, au n° 105 de la rue du Général de Gaulle, naquit et habite toujours Mme Lucie Moulart-Dubrul, dont la connaissance du passé de son cher “village” et l’excellente mémoire ont été précieuses pour la préparation de notre ouvrage. Sa maison figure ici sur une carte postale de 1907. Au rez-de- chaussée se trouvait alors un commerce où l’on vendait notamment des articles de ménage. On pouvait aussi, comme l’indique la plaque visible à droite de la porte d'entrée, y louer des baignoires. Par la suite, c’est là que fut tenue longtemps la permanence de l'entreprise de pompes funèbres Masquelier.

 

    Nous remercions vivement toutes les personnes qui nous ont fait bénéficier de leur connaissance du passé local et de leur documentation, en particulier Mme Annie Beaurenaud, Mlle Christiane Berne, M.M. René Brasme, Jean Caniot, Jacques Cauwel, l’abbé Jean Coquet, Jean Cnudde, le R.R Michel De Goedt, M.M. Paul Delemar, Roger Dennequin, Mlle Germaine Détrez, Mme Germaine Dumez-Farinaux, M. Michel Dutriez, Mme Georgette Dutriez-Lelièvre, M. Lucien Gluck, Mme Apollonie Gluck-Parmentier, M. Gérard Huon, Mme Brigitte Laurenge-Decoster, M. Pierre Lava, Mme Thérèse Lava-Defraeye, M.M. Paul Lebon, Robert Leconte, Me Pierre-Jean Leroy, Mmes Marguerite Lévêque-Gluck, Simone Lemaître-Delava, Lucie Moulart-Dubrul, M. Pierre Parent, Mme Denise Polez-Poissonnier, M. Henri Prévost, Mme Henriette Prévost-Poissonnier, M. Maurice Roussel, Mme Marie-Thérèse Schuers-Delemar, M.M. Yvon Spriet, Francis Virnot, Alex Wilson, Mlle Christiane Wicke et bien d'autres, au hasard des rencontres.


    Notre reconnaissance aussi à Mme Annie Scottez de Wambrechies, conservateur au Musée des beaux-arts de Lille, Mlle Delphine Dupond, archiviste de la ville de Mons-en-Barœul, M. Daniel Chauchet, directeur de la bibliothèque municipale, Mme Virginie Motte et M. Philippe Hannois, attachés au Service régional de l'Archéologie, M. Patrick Ansar, directeur des affaires culturelles de la ville de Marcq-en-Barœul, qui ont aimablement facilité nos recherches.


    Toute notre gratitude aux lecteurs patients et attentifs du manuscrit pour leurs précieux conseils : M. Michel Baguette, Mme Ginette Boccard, M.M. Olivier Caudron, Jean Dojka, Samuel Dojka, Jean-Paul Le Corre, Christian Osselin, Mme Jacqueline Osselin-Gras, M. Bernard Résibois, Mmes Nicole Résibois, Nathalie Viet-Depaule, Christiane Vlaemynck, ainsi que M. Daniel Verley dont l’aide nous fut bénéfique à plus d’un titre.


    La majeure partie des illustrations provient de la collection de cartes postales que Jacques Desbarbieux a rassemblées depuis de nombreuses années, ainsi que de quelques collections privées.


Sources et bibliographie



A l'époque de la 4 CV, la circulation n'est pas encore abondante rue du Général de Gaulle. Le bureau de poste, à gauche, sera transféré avenue Robert Schuman en 1971. Au fond, les beaux arbres du parc Decoster (Ed. Combier Macôn CIM).



Une partie du centre commercial, rue du Général de Gaulle, vers 1960. On distingue notamment, à gauche, un négoce de vins. A droite, avant le garage et sa pompe à essence, l'imprimerie et la librairie occupent le rez-de-chaussée qui fait l’angle avec la rue Carnot (Ed. Combier Macôn CIM).

 

Archives

 

Archives départementales du Nord, séries M, O, P, R, S, V, 2X. 

Archives diocésaines de Lille - Mons-en-Barœul Saint-Pierre.

Inventaire des Archives communales de Mons-en-Barœul 1800-1918, établi par Mlle BROHARD : 

- Délibérations du Conseil municipal

- Monument aux enfants de Mons 1914-1918

- Poste

- Recensement (registres) : listes nominatives 1841-1911 

- Recensement de la Population 1896

- Tramway - Chemin de fer

Archives paroissiales de Mons-en-Barœul Saint-Pierre.

 

Entretiens

 

Avec Mmes MOULART-DUBRUL, GLUCK-PARMENTIER, LAURENGE-DECOSTER, LEMAITRE-DELAVA, POLEZ-POISSONNIER, M. et Mme PREVOST-POISSONNIER, 1997-2000.

 

Ouvrages généraux et régionaux

 

Annuaire de Lille et de ses communes, Ravet-Anceau, Lille, 1928.

Annuaire général du département du Nord, J. Wigniolle et Cie, éditeurs, Lille, 1902.

Annuaire statistique du Nord, de l'an XII (1803) à 1879, Archives départementales, 2151/1 à 2151/76.

ANSAR Patrick, Marcq-en-Barœul, rues d'hier et d’aujourd'hui, 1991.

ANSAR Patrick et alii. Histoire de Marcq-en-Barœul, Westhoek-Editions, Dunkerque, 1983.

BRASSEUR A., Région Nord - Pas-de-Calais 1800-1950. Jalons d'histoire économique, démographique et sociale, CRDP Lille.

CAUDRON André (Sous la dir. de), 1939-1945 dans le Nord de la France et en Belgique, numéros spéciaux de Nord Eclair, Roubaix, 1, 1986, p. 42 ; 6, 1990, p. 48-49.

DECOTTIGNIES Bernard, Wasquehal, la mémoire de nos racines. Commission historique et généalogique de Wasquehal, 1996.

DELMAIRE Roland (Sous la dir. de), Carte archéologique de la Gaule. Le Nord (59), Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Ministère de la Culture-Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche-CNRS, Paris, 1996.

DELRUE Denis, Monographie de Saint-Maurice-des-Champs, Impr. Lefebvre-Ducrocq, Lille, 1904. 

DERODE Victor, Histoire de Lille et de la Flandre wallonne, 2 vol., Laffitte Reprints, Marseille, 1975. 

DESCHAMPS Paul, Au temps des croisades, Hachette Littérature, Paris, 1972, p. 145-156. 

DÉTREZ Lucien, Quand Lille avait faim, 1940-1944, SILIC, Lille, 1945, p. 222 ; - et CHATELLE Albert, Tragédies en Flandres, Tallandier, Lille, 1953, p. 285. 

DUBOIS Guy, L'b...a...ba du patois de chez nous, Bully-les-Mines, 1995. 

Encyclopœdia Universalis, Paris, 1974, articles Roman, t. 14, Butor, t. 18.

GHESQUIÈRES Louis-Etienne, La Vie d'une famille en Flandre de Charles Quint à Charles de Gaulle. La descendance de Toussaint Ghesquières c. 1540-1965, Raoust, Lille, 1980.

GIRARD d’ALBISSIN Nelly, Genèse de la frontière franco-belge. Les variations des limites septentrionales de la France de 1659 à 1789, Ed. A. et J. Picard, Paris, 1970.

LAMBIN Jean-Michel, Quand le Nord devenait Français, 1635-1713, Fayard, Paris, 1980. 

LEFEBVRE Georges, Les Paysans du Nord pendant la Révolution française, Armand Colin, Paris, nouv. éd., 1972.

Lille Métropole. 1890 1993. Un siècle d'architecture et d'urbanisme. Agence de développement et d’urbanisme de la Métropole lilloise. Ecole d'architecture de Lille-Régions Nord, Le Moniteur, Paris, 1993.

MENAGER Bernard, La Laïcisation des écoles communales dans le département du Nord (1879-1899), Université des Sciences, des Lettres et des Arts de Lille, 1971.

MUCHEMBLED Robert et SIVERY Gérard (Sous la dir. de). Nos ancêtres les paysans. Aspects du monde rural dans le Nord - Pas-de-Calais des origines à nos jours, CNDP CRDP Lille et Centre d’histoire de la Région du Nord, 1981.

NÈGRE Ernest, Les Noms de lieux en France, Ed. d'Artrey, Paris, 1977.

PLATELLE Henri et CLAUZEL Denis, Histoire des provinces françaises du Nord. 2. Des principautés à l'empire de Charles Quint (900-1519), Ed. des beffrois, Dunkerque, 1989. 

TRENARD Louis (Sous la dir. de), Histoire d'une métropole, Lille Roubaix Tourcoing, Privat, Toulouse, 1977.

Un siècle d'histoire des transports en commun de voyageurs dans le périmètre communautaire. Communauté urbaine de Lille, 1988.

Who's in France, Lafitte, Paris, 1997-1998, article Butor.


Mons-en-Barœul 

Articles et interviews


ANDRÉ Olivier, "L'Equipement scolaire des grands ensembles : l’exemple de la ZUP de Mons-en-Barœul", La Gazette de la région du Nord, n° spécial, 24/27 mai 1971.

BERRY Michel, "Il y a cent ans, Peugeot s’installait à Lille", La Voix du Nord, 27 février 1998. 

Bulletin de la Commission historique du Nord, XIII, 1873-1874, p. 26.

Bulletin de la paroisse Saint-Pierre de Mons-en-Barœul, mensuel, avril 1908-décembre 1913, décembre 1921-avril 1940 (de nombreux numéros manquent aux archives paroissiales).

CAUDRON André, "Victor, Joseph Lelièvre", Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français - Le Maitron, CD-Rom, Editions de l'Atelier, Paris, 1997 ; "Du petit "Village" de Mons... à la ville de 23 000 habitants", Mons Info, 143, juin 1999 ; "Après le Son et Lumière, précisions sur l'histoire de Mons", "Trois grands résistants", id., 145, décembre 1999.

CAUDRON Olivier, "Mons-en-Barœul au XVIIIe siècle", Plein Nord, 15 décembre 1978, 20 janvier 1979 et 20 février 1979.

"Des maisons et des hommes : Mons-en-Barœul", La Voix du Nord, 27 août et 5 septembre 1998. 

"2 000 ans d’histoire marcquoise". Images de Marcq, 71, janvier 2000.

DUBURQUE Paul, "Un Résistant...", L'Agent de liaison, organe du comité d'entraide corporative de l'imprimerie L. Danel, n° 2, août 1945.

GUICHARD Jean-Marie et LE MASSON Pierre, ’’Regards sur Mons-en-Barœul", La Voix du Nord, 15 mai 1997.

"Historique de l'Harmonie", Programme - 110e anniversaire de l'Harmonie municipale de Mons-en-Barœul, du 7 mai au 5 juin 1988.

LAINÉ Charles, "La Séparation de l'Eglise et de l'Etat à Mons-en-Barœul", Plein Nord, juillet 1994, p. 25-29.

"La Libération de Mons-en-Barœul", Liberté, 16-17 septembre 1945.

LANGAVANT Emmanuel, "Un monument, son histoire : le Fort Macdonald", Mons Information, n° 75,1989.

LANGLOIS Géraldine, "Du temps où Mons n’était que prés", Nord Eclair, éd. Métro, 6 février 1997.

LEBON Albert, Notre Eglise de 1844 à nos jours. Eglise St Pierre de Mons-en-Barœul, La Vie montante, 1989, 4 p. manuscrites polycopiées.

"Le maître-autel de l'église de Mons-en-Barœul", Le Grand Hebdomadaire illustré, 1925, p. 73.

LEMAN Pierre, "Les recherches archéologiques dans le département du Nord en 1973", Revue du Nord, 56,1974, p. 499 ; "Informations archéologiques. Circonscription Nord - Pas-de-Calais", Gallia, t. 33, 2, 1975, p. 277 ; 37, 2, p. 279-280, CNRS, Paris, 1979.

LEMAN-DELERIVE Germaine, Mémoires de la Société d'archéologie champenoise, 2, 1981, p. 231-234.

MÈREAU Jean-Yves, "L’origine gallo-romaine de la cité confirmée rue Emile Zola", La Voix du Nord, 12 février 1979.

SPRIET Yvon, Interview de Mme Henri Poissonnier, née Meheus, aux Mille Roses ; Le commerce dans le Vieux-Mons ; Les anciens cafés du Vieux-Mons ; Les Expropriés de la ZUP, interviews de M.M. Parent, Louis Leignel, Nowak, Radio-Mons, 1984.

THUILLIER Freddy, " Inventaire des ateliers de tuiliers-briquetiers gallo-romains dans la région Nord - Pas-de-Calais1', Revue du Nord-Archéologie, 75, 1993, p. 177-178.

"Une terre, une histoire, des hommes", notice pour un Guide de Mons-en-Barœul, 1976. 

VINCENT Claude, "Peugeot-Lille : l'usine ferme". Nord Eclair, 24 septembre 1997.


Ouvrages


BECQUART Victor, Les communes de l'arrondissement de Lille, L. Danel, Lille, 1879.

BOUSSEMAER A., La Colline de Mons-en-Barœul, L. Danel, Lille, s.d. vers 1880, 4 p.

MONS-EN-BARŒUL. Archives communales. Trois siècles de vie locale. Documents présentés par une équipe d’institutrices et d'instituteurs animée par J. LANSHERE, inspecteur départemental de l'Education, Hôtel de ville, mai-juin 1976.

LAINÉ Charles, Mons-en-Barœul pendant la Révolution, s.d., 41 p. dactylographiées, 2 exemplaires à la Bibliothèque municipale de Mons-en-Barœul ; Mons-en-Barœul au XIXe siècle, manuscrit dactylographié, 47 p., inachevé.

LECONTE Robert, Une vie bien remplie, manuscrit, 1983, 128 p. plus annexes et illustrations.

LEURIDAN Théodore, "Statistique féodale du département du Nord. La châtellenie de Lille au Xe siècle", Bulletin de la Commission historique du Nord, t. XXI, L. Danel, Lille, 1898 ; "Epigraphie du Nord", Mémoires de la Société d'études de la province de Cambrai, 1903, p. 616. Notre église a 25 ans. Saint Jean Bosco, Mons-en-Barœul, 1964-1989, 16 p.

SOTTOVIA Michèle, Recensement des découvertes archéologiques des arrondissements de Douai, Lille, Valenciennes, mémoire de maîtrise. Université de Lille III, 1990-1991.

WOLF Marc et OSSELIN Jacqueline, Les Ascenseurs de la ZUP. Contrôle populaire et autogestion municipale, Maspero, Paris, 1979.



Index des noms cités

 

    Cet index ne reprend ni les personnes non monsoises figurant dans les noms de voies publiques ni les auteurs mentionnés dans les sources et bibliographie.

 

Alais Robert : 81 

Amedro Roland : 87 

Aubert : 72

Augustine Soeur : 130

 

Bachelard Gaston : 88-89 

Bacquet : 209

Baertsoen Jérome : 81 

Barbe-Drame : 58

Barbez : 69

Barbry Henri : 183

Baudouin V : 203 -IX : 11

Bavard Charles : 59

Beaumont de : 129

Becquart Victor : 10-13

Becquet : 121, 183 - Désiré : 95, 101,

128, 149, 152 - Léon : 152 

Bergogne Jules : 95, 99, 101 

Bernard : 183 

Bernard-Becquet : 46 

Besseau : 183

Bettignies Louise de : 85

Beucher Andréa et Denise : 80, 87 

Bevilacqua Dominique : 70

Blanckaert Marcel : 139

Blochet Emilie : 54

Boet : 69

Boidin Georges : 81 - Roger : 81 

Bonnaire S. : 35-36

Bonnet Alexandre : 149

Bosco Jean : 118

Bottin Sébastien : 37

Bouchery : 217

Bouilliez Désiré : 161, 169

Boulanger : 119 - Albert : 81

Bourlet Gaston : 81

Boussemar(t) Philippe François : 20, 23 

Boute : 183

Brame : 179

Brame-Leclercq : 139, 191

Brandt Alexandrine de : 19 - Charles de : 19 

Brasme : 169

Bremme : 217

Briand : 41, 58, 138, 201

Bricout Maurice et Rachel : 80

Briet Abbé : 73, 115

Brodelle G. : 121

Brouet Jeanne : voir Parmentier

Buisine Louise : 216

Bulthé Charles : 81

Butor Emile : 88

Butor Michel : 88-89

 

Cadot : 169

Caille Désiré : 126

Camerlynck Léon : 87 

Canis-Jansens : 46

Carbon : 139

Carbonnet-Lechal : 58

Carette : 49

Caron Abbé Auguste : 128, 130 

Caroni : 85

Castelain Léon : 137, 153 

Castille : 2, 139,144

Caudron Olivier : 21-22 

Caullery : 148

Cavelle Louis : 33 

Cavrot-Avoine : 139, 142 

Cezard Raoul : 33 

Charlemagne : 10

Charles le Téméraire : 12-13 

Charles X : 97

Chatelle Albert : 79

Chauffaut Jean-Baptiste : 27 

Chaunu Pierre : 27

Chiotorosi : 139

Choiseul Etienne François, duc de : 24 

Chombart Dom Jean-Baptiste : 35

Chomette Henri : 51 

Claessens : 161 

Clemenceau : 68 

Cnudde Louis : 46, 238 

Coget Louis : 33 

Coisne : 83

Cokelaere : 139

Colléate : 59

Colliot : 159

Colmant : 182

Colomar Joseph : 79 

Cordonnier Jean : 35

Coulon Pierre : 19

Courcot Désiré : 130, 203 

Courouble Eloi : 155 

Courtecuisse : 58, 76

Cousin Ad. : 178, 183 

Cousin-Fiévet Mme : 157 

Coussedière Aline : 148 

Couvreur : 126-128, 161 

Cumont Valéry : 95, 101 

Cuvelier : 182 - Charles : 29, 95 

Cuvillier Honoré : 143, 191

 

Dael : 217

Dagbert : 140

Dambrain Edouard : 81

Dampierre Marguerite de : 11

Danel Léonard : 10, 79, 86

Daubresse Ernest : 205,207 - Eugène : 182 

Daubresse-Mauviez : 205

Daure Maxime : 81 - Maximilien : 82 

David Gérard : 109

Dazin : 142

Debove René : 87

Debusshère : 9

Dechirot Edouard : 81

Declerck : 171

Declercq Théophile : 81 

Declercq-Cumont Guillaume : 123 

Decooman Raymond : 141

Decoster Gustave : 40, 70, 84, 95, 224 

Decoster-Virnot Cécile : 40, 201 

Defever Georges : 139

Defrenne Louis : 95, 101, 129, 149 

Degand : 161

De Goedt Emile : 40, 69, 77, 93, 95, 101, 111-112

Dejaegre Pierre-Joseph : 35-36 

Delabassée Paul : 59

Delaby Edouard : 81

Delaplace Henri : 81

Delattre : 171

Delcroix Jean-Baptiste : 203, 211 

Deleau : 60, 161

Delebarre : 179 - François : 95, 101 - Louis : 152

Delebart-Mallet : 140, 182 

Delebecque : 115 - A. : 97 - Louis : 28 - Pierre François Joseph : 95-96 

Delecaille Mme : 115

Delecluse Marcel : 81

Delecroix : 188, 191, 201

Deleforterie Mme : 159

Delemar A. : 176 - Alexandre : 92, 96, 101, 129, 130, 152, 187, 193, 202-203 - Richard : 143, 191

Delemer Florimond : 202-203

Delerue Charles-Louis : 96 - Désiré : 183 - Henri : 183 

Delespaul : 58 

Delespaul-Cardon : 113 

Deletombe Thomas : 27 

Delezenne Jean-Baptiste : 36 

Delgutte Désiré : 176, 217 

Deliège : 153

Déliot Guillaume : 12 - Marie : 12 

Delobel Marie-Jeanne : 21

Delory Gustave : 113

Delos : 181

Delporte : 217 

Delval-Hildevert : 183 

Delvinquière Léon : 153 

Demulder : 139 

Demynck : 141

Dequien : 134, 139 

Derieppe : 171, 199, 201 

Derode Abbé Louis : 130

Desailly Maurice : 117

Desbouvry Mathias : 29

Deschamps Paul : 11

Desmettre : 96, 126, 179 - Louis : 28, 36, 96

Desmoutier Robert : 80, 87

Despatures Louis : 37, 96-97, 101, 125 

Desreumaux : 111

Desruelles Michel : 28, 31

Desrumaux Philippe : 97, 101

Détrez Lucien : 79, 86

Detroy Alexandre : 159 

Devliegher-Bataille : 133

Devos Lucien : 203

Dewas : 97, 183, 203, 209, 217 - Augustin : 96 - Jean-Baptiste : 92, 95, 97, 101, 111, 126

Dewasse Jean-Philippe : 36

Dezitter P. : 142, 171,202

Dhalluin : 153

D'Halluin : 183

Dhaussy Auguste : 81

Dhennin : 111

Dieudonné Christophe : 37

Dinoir Marcel : 81

Dissaux : 176

Dodanthun Alphonse : 40, 93, 97, 98, 101, 113, 189, 191

Dragon Jean : 12 - Jean fils : 12 - Jean-François : 16, 19, 22, 24 - Louis Hippolyte Joseph : 19

Dubar : 129

Duboc Gelboë : 81

Dubois Guy : 152

Dubois Rosalie, ép. Salembier : 99 

Duburque Paul : 86

Dubus : 143 - Alphonse : 153 - Alphonse fils : 153 - François : 159 - Louis : 96

Ducarton André : 81

Duclermortier : 176

Ducroquet, 79

Duflot Henri : 85

Dujardin Jean-Marie : 154

Dumez Natalis : 85, 87

Dumont : 152 - Georges : 58,161,186, 197-198

Duprez Désiré : 137

Duquesne Bruno : 130

Durang Pierre : 31

Dutha : 217

Duthoit : 35-36 - André : 187 - Henri- Désiré : 187

Dutilleul Edouard : 81 - Jules : 193 

Duthilleul Hector : 77, 79, 82 - Juliette : 79

Dutriez Michel : 36

Duwer : 217 - Henri : 96

 

Elvin-Mangez : 139 

Emaillé : 143 

Escampe : 139

 

Farinaux Alexandre : 176-177 - Germaine : 177

Faucheur : 44, 58, 119 

Fauquez Théodule : 81

Faure : 178, 181

Ferry Jules : 126

Flohart André et Hector : 87

Flotat A. : 156

Foch : 68

Foret : 141

Foucauld Charles de : 119

Fraikin Auguste : 81

Franchomme : 201, 205 - Jacques : 36 - Jean-Baptiste : 31, 97, 101

Frédéric Louis Marie : 120

 

Galan Antoine : 33

Gaulle Charles de : 98,166, 205 

Gaulle Anthonioz Geneviève de : 85 

Gautier de Mons : 11

Gayet Alphonse : 98, 101, 207 

Ghesquières : 121 - Anne : 123 

Gilles Robert : 81

Gillis François : 143, 177, 191 

Gillon Patrick : 9-10

Giraud Mgr Pierre : 111 

Gluck-Parmentier Lili : 85 

Godefroy Pierre : 81 

Goethals : 58

Gomaere Paul : 183

Gomane : 153

Gossart : 189

Goubert Pierre : 27

Gras : 58, 113 - Gustave : 58 - Louis : 60, 156 - Louise : 216 - Raymond : 141 

Grillet-Het : 58

Grimonpont : 207, 217 - Alexandre : 115, 183 - David et Marie : 183 - Jean-Baptiste : 153, 183 - Pierre : 36 

Grimonpont-Delos Henri : 183 

Grimonprez Victor : 64-65

Grimont : 130

Grymonprez Jules : 87 

Guillem Pierre : 207 

Guisselin : 139, 145


Hadrien : 9

Halbaut H. : 8

Halimi Gisèle : 167

Hallez : 182, 217 - André : 79, 81 

Havez Emile : 153

Heineken : 43, 86, 171, 173, 194 

Hennebelle Eudoxie : 117, 129-131 - Gorgonie: 117, 130-131

Herbaut Henri : 183

Herbaux : 111

Herbet Lucien : 66

Hibon : 76

Hildevert : 183

Hitler : 75

Hoden Raphaël : 176

Honorez G. : 8

Hordoir Edmond : 85

Houzé : 217

Hubaut : 141

Huchette Maurice : 51, 183

Hugo Victor : 89

Hugues de Mons : 11

Huysman : 183

 

Jansens-Desmettre Henri : 183 

Jaurès Mme et Mlle : 69

Jean de Lille : 11

Jolibois Michel : 83

Jullien Françoise : 98, 101

 

Kalflèche Marie-Antoinette : 122 

Kauffmann : 6, 41, 56, 75 

Kerriex Guillaume : 123

Kohlz : 85

 

Lacapelle : 70

Lachery Micheline : 143 

Lagneau-Mallet : 135, 139

Lainé Charles : 4-5, 143, 162

Lalieu Jean : 207

Laloux Victor : 54

Lammens Louis : 171, 202

Lampe : 183

Langavant Emmanuel : 106

Langlet : 115

Lanshere J. : 19

Larmignat Henri : 87

Leblanc Fidèle : 183

Lechartier : 181

Leclerc Marcel : 81

Leclercq François : 36 - J. F. : 32 - Jean-Marie : 153 - Jules : 123 

Leconte Robert : 47, 83

Lecouturier Paul : 81, 83

Ledez Henri : 87

Ledoux : 141

Lefebvre Georges : 27

Legay Edmond : 153

Legay-Dubus Alfred : 176

Legrand Louis : 149

Legroux : 68

Lelièvre Georges : 68, 98 - Victor : 49, 61, 63, 66, 68, 93, 98, 101, 113, 135, 137,142, 189, 193, 209

Lemaire Jules : 139, 141, 143, 150, 215 

Lemiègre : 209

Lepers François : 97

Lericq Gustave : 70

Leroy Hervé : 89

Lesaffre : 179

Lesoing : 141

Lespagnol André : 133, 141 

Lesurque Jean : 79, 81 

Leuridan Théodore : 11, 19 

Leveugle : 153

Liberati : 141

Liénart Achille : 119

Loeuilleux Louis : 81

Lombois : 196

Longueville Henri de : 179 

Loquignol : 217

Loridan : 153

Loucheur Louis : 42, 43, 56

Louis XI : 12, 185 - XIV : 13, 185 

Louis-Philippe : 92, 111, 159

 

Mac Mahon : 105

Macdonald : 105, 141

Maes Henri : 135, 139, 142 

Malborough : 13

Mallet : 139, 217

Malraux André : 82 - Lucien : 82 

Mangez Paul-Henri : 72

Marchand Lucien : 68 - Philippe : 32 

Marguerite de Flandre : 11

Marie de Bourgogne : 12

Marx Karl : 89

Masquelier : 222 - Jacques : 19 

Massart Alphonse : 153, 156

Masse Louis-François : 111

Mathon : 139

Matte Pierre : 36

Maury : 182

Maximilien d'Autriche : 12

Mehus : 153

Meignié : 53, 58, 183 

Meignié-Vandorpe Louis : 132 

Méreau Jean-Yves : 9

Meriaux Eugène : 81 

Meurein : 161 

Meyer Charles : 82

Milliez Paul : 134, 162, 166-167, 209 

Minkowski Alexandre : 166-167 

Miroux Henri : 81

Monier Marcel : 211 

Mons-en-Bareuil (de) : 19

Monseur René : 81 

Montaigne : 128 

Morain : 70

Moreau Jean : 169 

Moreaux Alfred : 79, 87 

Morel : 143

Moreuw Désiré : 153

Morlighem : 183

Moulart-Dubrul Lucie : 40, 153, 222 

Muchembled Robert : 14, 17, 22 

Mullier Louis : 149

Mulliez : 181


Napoléon 1er : 105 - III : 149, 187 

Nègre Ernest : 9

Niehoff : 78

Nion Jean-Baptiste : 33

Nivesse : 143, 217 

Noblecourt Paul : 81


Odoux : 171

Olivier Emile : 81, 98 

Osselin Jacqueline : 51, 100

 

Pagnerre Eugène Gabriel : 43-44, 54-55, 59, 176

Paquet-Schoutteten : 119

Parent : 193, 202 - Robert : 81 

Parmentier Antoine : 32, 85, 208, 211 - Emile : 79, 85 - Jeanne : 79, 85, 87, 219 

Parsy Paul Achille : 2, 60, 139, 144, 161 

Pascal Biaise : 185

Patoir André : 58, 99

Pau : 217

Peltier Félix : 51, 99, 101 

Percheron : 51

Pétain Philippe : 166

Petit Jules : 162, 165

Peugeot Armand : 140-141, 181

Philippe le Bel : 11 

Philippe IV : 12

Picard Dom Jacques : 35 

Picavet-Terrier Lucien : 183 

Pierret : 115

Pieters-Failli Eugénie : 177

Pinchon Marcel : 42, 75, 87, 112, 157, 213,219

Ployait Ferdinand Joseph : 169

Ply A. : 178, 181

Poissonnier Alfred : 86, 143, 153 - Charles-André : 119 - Henri : 79, 80, 86-87, 99, 153, 213, 219-220 - Marcel : 81, 98-99, 101

Polez Charles : 81 - Désiré : 81 - Florimond : 64-65

Polez-Poissonnier Denise : 86

Pollet Marcel : 162, 165

Pont Pierre du : 12

Pottier Charles : 153, 156 - Jules : 153 - Louis : 113, 153, 183 - Pierre : 153 

Pottier-Hallez : 94, 143, 180

Pousseur Henri : 89

Prévost Fernand : 77, 213 - Henri : 77, 79, 81-83, 213 - Henri fils : 77, 79, 81, 83 

Prévôt Abel : 77 - Monique : 77

 

Quellin Artus : 123

 

Ramart Jean-Charles : 36

Regolle : 179

Richebé Louis : 97

Rigaut Henri : 115, 117

Riquier Joséphine : 131 - Louis : 115 

Robbe-Grillet Alain : 88

Rouèche Jean-Marie : 109 

Rousseau Oscar : 81-82 

Rousset Jean : 22

Roussiez Gustave : 95, 99, 101 

Rubens : 123


Saelens : 168

Salembier : 111, 121, 126, 183 - Alfred : 68, 73, 106 - Edouard : 179 - Emile : 156 - Henri : 83 - J. : 97 - Pierre : 19 - Pierre François Joseph : 30, 36, 99, 101 

Salembier-Dubois Pierre François Joseph : 38, 92, 97, 99, 101, 126, 196

Sarraute Nathalie : 88

Sauvage François Alexis Joseph : 95 

Scribot René : 81

Séré de Rivières Raymond : 105

Sierens Alfred : 81

Simon Claude : 88 - Jules : 116

Simons Léopold : 219

Soulier André : 81

Spriet Louis : 81

Spriet-Tellier : 215

Stammens : 217

Steelandt Auguste : 81 - Georges : 81 - Maurice : 77, 81

Sueur : 171

Suin : 143

Suttill W. F. : 58


Tahon Gustave : 183

Tahon-Jansens : 183

Tailliez Louis : 40, 153

Tannay (de) : 19

Tellier : 97, 126 - Louis : 28, 30, 32, 100-101

Thellier Louis : 183 - Paul : 98

Thiriez Pierre et Madeleine : 41 

Tieghem Gilbert : 10

Tiers : 182, 184 - Désiré : 183 - Henri : 153 - Jules : 70, 153, 156 

Trottein : 133, 135, 143 

Troupin Louis : 81 

Turenne : 13

Turgard : 162, 164 

Tytgat-D'Hondt : 135-136, 139

 

Uytterhaegen : 81

 

Valdelièvre Pierre : 156, 163 

Valentinien III : 10

Valleur Georges : 68

Valiez Adrien : 82, 87

Vallois : 217

Vandalle Maurice : 157 

Vandekerkove : 115 

Vandendriessche : 176

Vandenobelle : 176

Van der Meulen Adam Frans : 14 

Vandorpe Honoré : 38-39, 41, 52-53, 113, 119, 131, 132, 153, 158, 162, 202 

Vandorpe-Grillet : 58, 188

Vanmulem Claude : 81 

Vannieuwenhuyse Bernard : 132 - Georges : 87 - Jean-Baptiste : 176 

Vanhouque ou Wannouck Jean-Baptiste : 30 

Vanhoutte Léonie : 85

Vanhove Emile et Paul : 87

Vanlaer Maurice : 182

Vauban : 105

Veil Simone : 167

Verbrugge : 183

Verbecke Joseph : 81 - fils : 81 

Verdière Pierre : 81

Verhille : 76

Vérez Louis : 137, 146

Verne Jules : 89

Véronèse : 123

Verrue Raymond : 51, 100-101 

Vielle Henri : 120

Vincent Lucien : 81

Virnot : 66, 156,182, 211, 217 - Albert 58 - Albert Mme : 157 - Cécile : voir Decoster-Virnot

Virnot-Gamonet Urbain : 58, 59 - Mme : 131

Virnot-Tourangin Albert : 40, 58, 201 

Vrière (de) : 217

 

Watteau Louis : 26

Waymel Mme : 60

Wibault : 20

Willerval Jean : 118

Willoqueaux : 176

Wilson Alexander : 79, 80, 82 - Rufine 79, 80

Wolf Marc : 51, 100-101




Table des illustrations

 

Abbé de l’Epée (rue) 90, 91, 180 

Amitié (villa) 43, 45

Albert 1er (place) 131

Asile 5

Assemblée villageoise 23

Au bon coin (café) 153

Au p’tit Nègre (droguerie) 177 

Au Tape Autour (café) 177, 191

 

Bancs plaidoyables 23

Barœul (rue) 120

Bemard-Becquet (boulangerie) 46 

Blanc (château) voir Kauffmann

Blés d’Or (café restaurant) 146 

Brame-Leclercq (boucherie) 140, 191 

Brasserie Coopérative 43, 45, 168, 170, 172, 173, 174, 175, 194, 234

Briand (château et rue) 41, 138, 194 

Brodelle (architecte) 121

Bruyères (béguinage) 108

Butor (Michel, écrivain) 88, 89, 100

 

Calvaire 26, 121

Canis-Jansens (boulangerie) 46

Carnot (rue) 176, 224

Castille (estaminet) 2, 144

Caullery (président d’amicale) 148 

Centre (pharmacie) 143, 224

Cercle musical 151

Chalet (café) 140

Chapelle (estaminet) 140

Chateaubriand voir à Briand

Cimetière 121, 192

Cnudde (Louis, instituteur) 46, 240 

Condorcet (ruelle) 144

Cordonnier (Denis) voir Institut gynécologique 

Corneille (rue) 168

Courouble Eloi voir aussi café de la mairie 155

Cousin (fermier) 178

Coussedière (Aline, directrice d’école) 148 

Cuvillier (Honoré, tenancier) 191

 

Dagbert 140

Daubresse-Mauviez (rue) 2, 6, 7, 76, 90, 112, 134, 143, 144, 147, 155, 158, 176, 178, 180, 192,212, 232

Dazin (auto garage) 142

De Bettignies (Louise, école) 131 

Decooman (tenancier) 140

Decoster (château) 2, 56, 84, 224 

Delebarre (boucherie) 179

Delebart (ou Delbarre) voir usine Peugeot 140

Delemar (Alexandre, rue) 96, 202 

Delemar (Richard, tenancier) 191 

Delemer (Florimond, rue) 110, 202 

Démographie 57

Dequien 134

Dezitter (brasserie) 144, 202

Dissaux (entrepreneur) 179

Douane 2, 69, 102/103, 145, 212 

Dragon (Jean-François, seigneur) 16 

Drapeau National (café) 69, 72, 73, 145, 153, 224

Dumont (docteur) 58, 186, 198

Duprez (Désiré) voir café de la mairie 137


Ecole de filles 124, 129, 148

Ecole de garçons 124,125,127,129,202 

Ecole municipale de musique 127 

Epicerie Moderne 60, 210

Europe (tour et résidence) 50

 

Fanfare 153

Farinaux (Alexandre, peintre) 177 

Faucheur (château) 44

Fénelon (place) 5

Ferme 22, 183,192

Fleurs (rue) 204

Forgeron (café) 145

Fort 104, 107, 108,127,136, 146, 198 

Franciscains (séminaire) 120 

Franciscaines (parc) 39, 52

Franklin (rue) 42, 63, 134, 183

 

Gare 185, 186,212

Gaulois 8

Gayet (Alphonse, boulevard) 118 

Général de Gaulle (rue) voir aussi à Daubresse-Mauviez 224

Général Leclerc 204

Gillis (François, couvreur et tenancier) 177, 191

Gras 56, 216

Guisselin (tenancier) 145 

Gutenberg (café) 140

 

Harmonie municipale : voir à fanfare 

Hildevert (fermette) 183

Hôtel de ville : voir Mairie

 

Idéal Cinéma 155

Institut gynécologique 164,185,189, 195

 

Jaurès (Jean, rue) 208, 210

Jeanne d’Arc (rue) 62, 124, 138,208, 210

 

Kauffmann (château) 6-7, 41, 75

 

Lacordaire (collège) 44

Lagneau-Mallet (tenancier) voir à Grand Trocadéro 136

Lainé (biologiste) voir à pharmacie du Centre 

Lammens (brasserie) voir à Dezitter 

Lefebvre (tenancier) 140

Legay-Dubus (charpentier) 176

Lelièvre (Victor) 68, 98, 142, 216 

Lemaire (Jules, tenancier) 147

Lemaire (Jules, stade) 150

Lagrange (Léo, salle de sports) 129, 212 

Legroux (tableau) 68

Liberté (avenue) 42

Lion d’Or (quartier, pont, carrefour) 75, 138, 144, 164, 185, 189, 194, 195

Maes (Henri, entrepreneur et tenancier) 142 

Mairie (hôtel de ville) 50, 90, 92, 100, 108, 151, 179, 192, 224

Mairie (café) 90, 91, 93, 94, 137, 151, 155

Maison Blanche 163

Maison de Famille (voir aussi château Vandorpe) 39, 52, 112, 158, 160, 162 

Masquelier (pompes funèbres) 222 

Maternelle (clinique pour dames) voir aussi Institut gynécologique 164 

Mille-roses (béguinage) 108

Milliez (Paul, professeur de médecine) 134,166 

Mirabeau (rue) 2, 144, 177, 216 

Montesquieu (rue) 192

Monuments aux morts 2, 66, 69, 71, 72, 73,81, 108, 145,218

Morel (professeur de pharmacie) 143 

Moulart-Dubrul (Lucie) 222, 224 

Moulin-Delmar 84

Much’tin dos (café) 138

 

Napoléon 1er (boulevard) 57

Neuve (rue) voir à rue Mirabeau 216 

Notre Dame de Lourdes (grotte) 120 

Notre Dame de la Treille (école) 129 

Nouvelle (rue) voir aussi rue Pasteur et rue Thiers 208, 216

 

Oblats 120 

Octroi 195

 

Pagnerre (Gabriel, architecte) 54, 55, 59 

Paix (boulevard) 204

Paix (café) 140

Paix (groupe scolaire) 131

Parent (magasin d’électricité) 202 

Parmentier (Jeanne) 85

Parmentier (rue) 57, 104, 138, 145, 208 

Parsy (pharmacie) 2, 60, 144

Pasteur (Louis, école) 131

Pasteur (rue) 76, 178, 181, 190, 208 

Patoir (docteur) 58

Patronage 110, 117

Pépinière (rue) 190, 210

Péri (Gabriel, rue) 204

Petit (Jules, docteur) voir à Solitude 

Petit Tonnelier (café) 144

Peugeot (usine) 140

Pinchon (Marcel, et rue) 42,48, 87

Plans 12,18,20,21,31,186,196,198,200 

Ply et Faure (tissage) 178, 181 

Poissonnier (Alfred, tenancier) voir café Saint-Mathias 136

Poissonnier (Henri, rue) 86, 190, 210 

Pollet (Marcel, docteur) voir à Solitude 

Pompe à essence 180, 224

Population 57

Poste 46, 224

Pottier-Hallez (imprimeur) 180

Prés fleuris (rue) 210

Prévost (Henri) 81, 83

Prieuré de Fives 14, 22

 

Quesnelet (rue) 59, 104, 184

 

Rembrandt (rue) 164, 185 

Rendez-vous des livreurs (café) 147 

République (place) 57, 104

Régent (café) voir au rendez-vous des livreurs 147

Rêve (villa) 192

Rollin (rue) 72, 73, 102/103, 108, 112, 125, 127, 145, 212

Rollin-Sévigné (amicale) 148

Roubaix (route de) voir aussi Daubresse- Mauviez 89, 90, 92, 100, 138, 164, 177, 179, 184, 190, 192, 195, 202, 212 

Rousseau (Jean-Jacques, rue) 204 

Rubens (allée) 184

 

Sablière (avenue) 2, 58, 60, 212 

Sainte-Marie (cour) 144

Saint-Claude (café) 180

Saint-Jean Bosco (église) 118

Saint-Luc (villa) 192

Saint-Martin (rue) voir rue Parmentier 

Saint-Mathias (café) 24, 136,153 

Saint-Pierre (Grand, café) 142 

Saint-Pierre (Petit, café) 133, 143 

Saint-Pierre (église) 56, 68, 69, 102/103, 108, 110, 112, 114, 116, 122, 125, 129, 145, 190,210,218

Saelens (confiserie) 168

Sangnier (Marc, avenue) 50, 57, 218 

Sarts (quartier, lotissement et tour) 48 

Sceau du Seigneur Jean-François Dragon 16 

Schuman (Robert, avenue) 50

Sévigné (école et amicale) 124, 148 

Soleil levant (café) 191

Solitude (parc et villa) 165

Sporting club fivois 150

Spriet-Tellier (rue) 42, 134, 214

 

Tape-Autour (villas et quartier) 36, 43, 45, 191, 194

Tellier (Louis, maire) 28

Thiers (rue) 214, 216

Thiriez (fondation Pierre et Madeleine) 41 

Tiers (vins et spiritueux) 136, 153, 184 

Tournesol (piscine) voir à Solitude Tramway 2, 72, 73, 92, 184, 190, 191, 192, 194, 195

Trocadéro (café et carrefour) 136,147,184 

Turgard (docteur) voir Institut gynécologique 

Tytgat-D’Hondt (café) 136

 

Union (café) 134

 

Vache 25, 178

Valdelièvre (Pierre) 163 

Vandendriessche (garage) 176, 224 

Vandorpe (château et parc) 38, 39, 41, 52, 153, 158, 202

Vélo-club monsois 151

Vérez (Louis, tenancier) 146

Vert Cottage (villa) 59

Village 90, 218, 222

Vingtième Siècle (rue) voir à rue Alexandre Delemar

Virnot (avenue) 150

 

Watteau (Louis, tableau) 26 

Wilson (Alexander) 80

Zola (Emile, rue) 41, 44, 120, 194 

ZUP 50, 57, 218, 240


Table des matières 

 

Introduction (4) 

 

1e partie : Au cours des siècles

 

1 - Des origines au XVIIe siècle (8) 

- Antiquité et période romaine (9)

- Seigneuries et appartenances diverses au Moyen Age (10) 

- Une époque troublée (14)

2 - La vie quotidienne au XVIIIe siècle (18)

- Occupation hollandaise de 1708 à 1713 (19) 

- La communauté villageoise (21) 

- L'assemblée villageoise : réalité administrative (22)

3 - Sous la Révolution et l’Empire (28) 

- Les Monsois et les guerres (31)

- Une période de pénurie (33) 

- Querelles de clocher (34) 

- L'instituteur contesté (35)

4 - L'urbanisation de 1800 à nos jours (37) 

- Châteaux et belles demeures (38)

- Le premier bureau de poste (47)

- Le lotissement des Sarts (49) 

- Création de la ZUP (51) 

- Ilots de verdure (53) 

- L'architecte Eugène-Gabriel Pagnerre (54) 

- Croissance de la population monsoise (56) 

- Les “châteaux” vers 1900 (58)

5 - La guerre de 1914-1918 (59) 

- Occupation et conditions de vie (59) 

- Les "enlèvements" d'hommes (64) 

- Difficultés de gestion au conseil municipal (66) 

- Après la guerre : hommage et souvenir (69) 

- Le monument aux morts (70) 

- Petits échos d’une grande guerre (72)

6 - La guerre de 1939-1945 (74) 

- La Résistance (77) 

- Enfin la libération (82) 

- Jeanne Parmentier (85) 

- Henri Poissonnier (86) 

- La dernière lettre de Marcel Pinchon (87)

7 - Un écrivain né à Mons : Michel Butor (88) 

8 - La vie municipale (90) 

- Petit dictionnaire des maires (95)

- Vingt-trois maires de 1790 à l'an 2000 (101)


2e partie : Activités et paysages

 

1 - Le fort (104) 

2 - La vie paroissiale (110) 

- Interdiction des processions en 1900 (113) 

- Les inventaires de 1906 (116) 

- Théâtre et gymnastique (117)

- Une église pour l'An Quarante (118)

- D'un cimetière à l'autre (121) 

- Objets classés monuments historiques (123)

3 - Naissance des écoles (124) 

- Installation de la première école (126) 

- Création d'une école de filles en 1855 (128) 

- Développement de l'instruction (130)

4 - Estaminets d’autrefois (133) 

- Les cafés monsois de A à Z (137)

5 - Sociétés mutuelles et amicales (148) 

- Secours mutuel (149) 

- Amicales (151) 

- L'Harmonie, doyenne des Monsoises (154) 

- Les sociétés de 1862 à 1900 (155)

- Les associations en 1927 (156) 

6 - Hygiène et santé (158) 

- Le "bon air" monsois (161) 

- Paul Milliez (166) 

7 - Commerces et activités diverses (168) 

- Les brasseries (169) 

- Quand le bâtiment va (176) 

- Autour de l'agriculture (179) 

- Autres industries (181) 

- Fermes monsoises (183)

8 - Les transports en commun (184) 

- Une gare à Mons ? (187) 

- Pétition pour une gare à la Sablière (188) 

- Le tramway ou "chemin de fer américain" (191)

9 - Les voies publiques (196) 

- Cours et cités (217) 

 

Conclusion (219) 

- Ombre et lumière (219) 

- Vertiges monsois (220)

 

Remerciements (222) 

Sources et bibliographie (225) 

Index des noms cités (228) 

Table des illustrations (235)



Vers 1950, les écoliers monsois n’avaient pas loin à faire pour découvrir, en “classe verte”, comme on dit aujourd’hui, les réalités de la vie rurale. Sur cette photo, les élèves d’une classe de l’école Rollin, conduits par M. Louis Cnudde, leur maître, écoutent les explications d’un paysan qui fut plus tard exproprié pour la construction de la ZUP.


Achevé  d'imprimer en août 2000

Imprimerie Monsoise

ISBN 2-9515562-0-9