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Des tombes de l’ancien cimetière découvertes par une pelleteuse
Des tombes de l’ancien cimetière découvertes par une pelleteuse
Article de Cédric Gout paru dans la Voix du Nord le dimanche 30 juillet 2017.
Vu du dessus, on distingue bien les caveaux et les endroits
où la terre est plus sombre et où se trouvent des cercueils.
Macabre découverte, ce mercredi, sur le chantier des Mille
Roses à Mons-en-Barœul. Dans le cadre de
travaux visant à créer un bassin de rétention, des techniciens ont mis à jour
les restes de l’ancien cimetière de la ville : une quinzaine de tombes et deux
caveaux datant des années cinquante.
Le chantier de la résidence Les Mille Roses a débuté en
octobre 2016 et devrait être terminé pour octobre de cette année. Cette
semaine, les entreprises sur le site devaient créer un bassin de rétention
destiné à être ensuite recouvert pour accueillir le parking de la résidence.
Mais les techniciens ne pouvaient pas imaginer ce qu’ils allaient découvrir en
creusant.
Le conducteur de la pelleteuse a ensuite travaillé
prudemment; mais en creusant, il voyait des taches brunes sur la terre.
Après le passage d’un gros godet pour créer une tranchée
centrale, c’est une pelleteuse munie d’une machoire profonde et qui devait
gratter sur une trentaine de centimètres qui, la première, a rencontré une
sépulture.
Il s’agissait d’un caveau dont le cercueil en bois n’a pas
résisté aux coups de l’engin de BTP. « Il y avait de l’eau à l’intérieur, mais
on distinguait clairement des vêtements et un crâne, indique un ouvrier du
chantier. Le conducteur de la pelleteuse a ensuite travaillé prudemment, mais
en creusant, il voyait des taches brunes sur la terre. On a compris qu’on avait
trouvé un cimetière. » L’engin de terrassement a avancé pas à pas et une
quinzaine de tombes sont apparues. Les cercueils de certaines affleuraient à la
surface, d’autres étaient encore sous terre, mais la couleur de celle-ci
laissait facilement penser à la présence de quelque chose en dessous. Par
endroits, le sol comporte des taches, grandes ou petites.
En réalité, le béguinage des Mille Roses a été construit sur
l’ancien cimetière de la commune. Mais personne, ni même le maire, n’aurait pu
imaginer qu’il restait des tombes.
La ville a tout de suite
déclenché le protocole à suivre dans ce type de découverte. L’animation autour
du site a attisé la curiosité des habitants de la rue.
Les abords du chantier ont donc été bachés. Et les travaux
sur la zone ont été interrompus en attendant que tous les ossements soient
acheminés vers le nouveau cimetière.
Un passé oublié
Les anecdotes sont nombreuses concernant l’existence de cet ancien cimetière telles la découverte d’ossements, certains étant même rapportés par des chiens …
Il était évident que la totalité du lieu n’avait pas été dégagé, surtout quand on se remémore l’opposition des familles à faire déménager leurs morts vers le « jardin à casseroles » (une ancienne décharge), comme nous l’avait rapporté il y a bien longtemps Lucie Moulart et cela avec un certain humour, elle qui logeait au quotidien à côté de cercueils !
Un article d'Alain Cadet, paru dans la Voix du Nord le 16 août 2017, remet en lumière ce passé
1500 mètres, le long de la rue de Gaulle et 80 ans
d’histoire, séparent « l’ancien » et « le nouveau » cimetière
L’actualité récente, la mise à jour d’une quinzaine de
tombes par une pelleteuse du chantier de la résidence des Mille Roses (notre
édition du 29/07) est venue rappeler que cet endroit fut jadis un cimetière.
Retour sur ces 80 ans qui ont vu le nouveau cimetière supplanter l’ancien.
Le « nouveau cimetière », se situe rue du général De Gaulle,
à la limite avec Villeneuve-d’Ascq. La première inhumation y fut effectuée en
1934 et il fut inauguré l’année suivante, le 6 octobre 1935. Charly Wilson se
souvient d’y avoir assisté à l’inhumation de son grand-père en 1936. « C’était
un terrain totalement dénudé », raconte-t-il. « Il y avait juste la croix, tout
au fond, et, à droite une rangée avec quelques sépultures. Une partie du
terrain n’était encore qu’un champ et une autre des jardins ouvriers.
D’ailleurs, mon père y cultivait une parcelle. » Parallèlement, on continuera à
enterrer, de plus en plus rarement, dans le vieux cimetière de la rue
Montesquieu, avant de l’interdire formellement, en 1953.
Beaucoup de Monsois avaient de nombreux griefs contre le nouveau cimetière. Il était éloigné de la ville, et, de surcroît, établi sur un champ dont une partie servait de décharge. Jacques Desbarbieux qui, pendant 40 ans, a exercé l’activité de médecin dans la commune, se souvient d’une patiente, Lucie Moulart, qui tenait un commerce d’articles ménagers, face au monument aux morts. La retraite venue, elle avait sous-loué son magasin à l’entreprise de pompes funèbres Masqueliez qui y exposait ses cercueils. « Je ne me ferai jamais enterrer dans « ch’gardin à cass’rol » lançait-elle à qui voulait bien l’entendre. Ce n’était pas une excellente publicité pour son locataire ! »
Lorsque, dans les années 60, afin de procéder à la fermeture définitive de l’ancien cimetière, la décision de déplacer corps et monuments vers le nouveau est prise, les avis sont loin d’être unanimes. Si la commune s’engageait à financer le transfert des corps, celui des monuments restait à la charge des parents du défunt qui, de toute façon, n’appréciaient guère ce grand chambardement. « Je me souviens que cela a fait pas mal d’histoire dans les familles », atteste Alex Wilson. « Mon parrain était enterré dans le vieux cimetière et il a fallu que sa veuve fasse déconstruire puis reconstruire le monument, ce qui représentait une belle somme. » Par manque d’argent ou parce que la famille avait été dispersée, nombres de ces monuments restèrent sur place.
Alors, à partir de 1965, la mairie fit procéder au rassemblement des ossements et à leur inhumation dans le nouveau cimetière. Il est probable que ce travail n’a pas été mené de manière suffisamment méthodique. Le Nord Eclair du 13 août 1969 fait état, lors des travaux de remplacement de l’aqueduc qui se trouve sous la parcelle, de la découverte d’une rangée de tombes avec ses ossements. Lors des travaux des Mille Roses, en 1971, Micheline, une voisine, se souvient que des enfants « avaient ramené des ossements trouvés sur le chantier » ce qui avait provoqué la colère de leurs parents…
Beaucoup de Monsois avaient de nombreux griefs contre le nouveau cimetière. Il était éloigné de la ville, et, de surcroît, établi sur un champ dont une partie servait de décharge. Jacques Desbarbieux qui, pendant 40 ans, a exercé l’activité de médecin dans la commune, se souvient d’une patiente, Lucie Moulart, qui tenait un commerce d’articles ménagers, face au monument aux morts. La retraite venue, elle avait sous-loué son magasin à l’entreprise de pompes funèbres Masqueliez qui y exposait ses cercueils. « Je ne me ferai jamais enterrer dans « ch’gardin à cass’rol » lançait-elle à qui voulait bien l’entendre. Ce n’était pas une excellente publicité pour son locataire ! »
Lorsque, dans les années 60, afin de procéder à la fermeture définitive de l’ancien cimetière, la décision de déplacer corps et monuments vers le nouveau est prise, les avis sont loin d’être unanimes. Si la commune s’engageait à financer le transfert des corps, celui des monuments restait à la charge des parents du défunt qui, de toute façon, n’appréciaient guère ce grand chambardement. « Je me souviens que cela a fait pas mal d’histoire dans les familles », atteste Alex Wilson. « Mon parrain était enterré dans le vieux cimetière et il a fallu que sa veuve fasse déconstruire puis reconstruire le monument, ce qui représentait une belle somme. » Par manque d’argent ou parce que la famille avait été dispersée, nombres de ces monuments restèrent sur place.
Alors, à partir de 1965, la mairie fit procéder au rassemblement des ossements et à leur inhumation dans le nouveau cimetière. Il est probable que ce travail n’a pas été mené de manière suffisamment méthodique. Le Nord Eclair du 13 août 1969 fait état, lors des travaux de remplacement de l’aqueduc qui se trouve sous la parcelle, de la découverte d’une rangée de tombes avec ses ossements. Lors des travaux des Mille Roses, en 1971, Micheline, une voisine, se souvient que des enfants « avaient ramené des ossements trouvés sur le chantier » ce qui avait provoqué la colère de leurs parents…
Le cimetière historique de la paroisse Saint-Pierre
En 1844, le hameau de Mons-en-Baroeul obtient l'autonomie
cultuelle et l'autorisation d'édifier une église. La nouvelle paroisse prend le
nom de Saint-Pierre. Comme il en était d’usage les siècles passés, la majorité
des paroissiens aurait bien aimé que le cimetière puisse être adossé à
l’église. Mais, les autorités avaient tiré les leçons des épidémies récentes
et, désormais, la loi l’interdisait. La commune se met à la recherche d’un «
lieu distant de plus de 100 m des premières habitations ». Elle parvient à
faire l’acquisition de l’endroit idéal, à l’orée du village. La parcelle de 900
m² borde la « Route de Lille à Roubaix » (actuelle rue du général De Gaulle).
Elle se révèle très utile puisque, auparavant, les Monsois devaient se faire
enterrer dans le cimetière d’Hellemmes (leur ancienne paroisse). Très vite on
s’aperçoit que ce cimetière sera trop petit pour répondre aux besoins du
village dont la population augmente. En 1862, la commune fait l’acquisition d’une
nouvelle parcelle, située plus au sud. Le cimetière est ainsi agrandi en 1884
puis béni, en 1885. Il est tel qu’on le voit sur cet extrait du cadastre -
ci-contre -, datant de 1905. Un petit sentier de servitude, dit « Montesquieu
», joignant la route de « Lille à Roubaix » au « Petit Chemin » (l’actuelle rue
Parmentier) et décrit en 1850 comme un « petit chemin à ornières profondes qui
le rend impraticable » a été empierré. Il est large de 2 m. Même lorsque plus
tard il sera doublé par une route pavée et porté à 4 m, il sera toujours
impossible de s’y croiser. Au fur et à mesure des besoins, le cimetière sera
agrandi au sud par des acquisitions successives (1920 et 1927). À cette époque,
au sud, le cimetière est mitoyen des jardins des maisons de la rue Parmentier
par lesquels on peut y accéder directement. En 1929, la municipalité fait
l'acquisition d'une nouvelle parcelle, à l’est, pour un ultime agrandissement.
Mais ce projet est refusé par le Conseil d'État, en 1932. La commune va devoir
trouver un autre terrain de plus grande dimension pour y créer un autre
cimetière. Les deux cimetières vont malgré tout cohabiter jusque dans les
années 60. Ce cimetière historique va contribuer à développer une certaine
forme de vie économique. Vont s'installer, sur le trottoir d'en face, un
fleuriste-horticulteur (Regolle-Desmet) et un marbrier (Théophile Declercq),
bien placés pour pouvoir exercer leur métier.
C'est lors de la pose de cet aqueduc rue Montesquieu
qu'eurent lieu les premières découvertes macabres avec la mise à jour
d'anciennes tombes oubliées du vieux cimetière, comme le relate un article du
journal Nord Éclair de l'époque.
Dans ce cadastre daté du 20 novembre 1905 (ADN) on voit
l’emplacement du premier cimetière, quand il était encore limité à sa partie haute (parcelle n° 2802)
Les 4 extensions successives vont l’agrandir en direction de la
rue dit le petit chemin au sud. On voit que ce cimetière longeait la route de Lille à Roubaix (rue
du Gal de Gaulle actuelle) et on peut remarquer le décroché de l’entrée du cimetière dans la
rue Montesquieu. Les agrandissements vont donc se faire aux dépens des parcelles
n° 2870, puis sans doute avec celles frontalières de l’actuelle rue
Parmentier, y compris l’endroit où figure la mention Le Village (parcelle n°
2880).
A noter en rouge la mention chemin particulier au milieu de la rue
Montesquieu, qui à l’époque ne faisait que 2 mètres de large, avant son
doublement à 4 mètres. La circulation ne devait pas y être aisée mais heureusement peu
intense, les corbillards ne devaient pas s’y croiser ...
L’horticulteur Regolle était bien placé pour la vente de
chrysanthèmes (parcelle n° 2799), ainsi que le marbrier en face de l’entrée du
cimetière.