Une suite d'articles d'Alain Cadet parus dans la Voix du Nord fin août et début septembre 2017
Naissance de la ville nouvelle : Un accouchement difficile pour la première tranche (1)
Alors que, dès 1948, la ville avait décidé le principe de la construction d’un groupe de logements dans le quartier des Sarts, trois ans plus tard, elle n’avait guère avancé. Il lui faudra démontrer beaucoup d’opiniâtreté et de savoir-faire pour qu’une première tranche de 175 logements (sur 700 prévus) soit mise en chantier dans les années 1953 – 1954.
« Après des années d’attente, des montagnes de projets, d’avant-projets, de reproches, de lettres échangées avec les différentes administrations, nous sommes aujourd’hui en mesure d’affirmer que la réalisation de ce vaste projet n’est plus qu’une question de jours » écrit Nord-Eclair, le 29 janvier 1953. Le journaliste, auteur de ces lignes, Henri Jolibois, n’a pas eu à chercher très loin pour obtenir des informations de première main. Il est le fils de de l’ancien Secrétaire Général de la mairie de Mons. Cette première tranche, le tout premier quartier du Nouveau Mons, est incluse dans un périmètre déterminé par les rues Parmentier, Jean-Jacques Rousseau, Jean-Jaurès, et le boulevard du Général Leclerc.
Depuis le 5 juin 1948, date de la décision, le projet avait dû se heurter à toutes sortes de difficultés. Si l’acquisition du terrain principal d’une superficie de 15 ha appartenant au Centre Hospitalier Régional - hormis la question du prix – put se faire facilement, la cession amiable des terrains complémentaires demanda d’âpres discussions. Par-dessus tout, le conseil municipal et, singulièrement, son premier adjoint Félix Peltier qui, le maire étant malade, avait pris le projet en main, découvrirent les charmes des relations compliquées avec les services d’urbanisme du département et de l’État. L’implantation du programme, le type de logements qu’il convenait de choisir étaient très surveillés par le Ministère. Le point de friction le plus chaud fut sans doute la désignation de l’architecte. La Ville avait nommé son propre architecte-urbaniste, M. Collet de Cantelou qui, dès décembre 1951, lui présentait son plan d’aménagement. Mais Théodore Leveau, le chef du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme ne l’entendait pas de cette oreille. Il exige un professionnel agréé par ses services et désigne Henri Chomette, architecte à Paris.
La commune, bonne fille, réserve le meilleur accueil au nouveau venu. D’ailleurs, elle n’a pas vraiment le choix. Elle vient de faire un emprunt de 58 millions de francs – il est vrai réparti sur deux ans – alors que le budget communal se oscille entre 35 et 40 millions par an. « Monsieur Pelletier, par lettre du 23 novembre dernier [1952] adressait à Monsieur Chomette une question angoissée dont la réponse pouvait être lourde de conséquences », témoigne Henri Jolibois. « Pouvez-vous nous produire ces plans ? Sinon en fin d’année pour le 15 janvier au plus tard ? »
Le « plan de masse » d’Henri Chomette parviendra à la mairie le 14 janvier, la veille de la date de clôture du budget municipal. Cette date passée, le programme aurait été repoussé sine die. Les travaux commencèrent le 1er septembre 1953
L’après-guerre coïncide avec une politique ambitieuse du logement social
La paix revenue, en 1945, plusieurs raisons vont conduire l’État à mettre en place une politique ambitieuse de la construction dont le moteur sera logement social. La commune en est la parfaite illustration.
Au XIXe siècle, déjà, surgissent quelques exemples sporadiques de programmes sociaux permettant aux plus modestes de trouver un toit. Mais, c’est surtout au début du XXe qu’ils vont se généraliser. Avant la première guerre mondiale, vont éclore les sociétés anonymes d’Habitations à Bon Marché (HBM). Leurs programmes sont, en général, financés par les patrons qui se préoccupent des conditions de vie de leurs ouvriers. Mais, c’est après-guerre, avec la « loi Loucheur » (le ministre du Travail et de la Prévoyance, député socialiste du Nord, 1928) que le logement social devient une véritable politique publique. Les HBM vont connaître un essor sans précédent. À titre d’exemple, les rues Parmentier, de l’An 40 ou encore le boulevard du Maréchal Leclerc, qui datent du début des années 30, vont profiter de ce financement.
Après la seconde guerre mondiale, la situation est catastrophique. Dans une France en ruine, beaucoup de villes sont à reconstruire. Les quartiers populaires sont surpeuplés. Leurs habitants s’entassent dans des logements bien souvent insalubres. Ce qui, hier était admis, devient un problème qu’il est urgent de résoudre Les idées nouvelles du Conseil National de la Résistance qui vont conduire à la mise en place de la Sécurité Sociale s’appliquent aussi au logement.
Ainsi la loi dite « de 48 » va encadrer la remise à niveau des loyers et l’amélioration du patrimoine ancien. Différentes initiatives sont prises pour développer le secteur du bâtiment. La situation a tendance à s’améliorer. En 1950, avec le « Fonds National pour l’Amélioration de l’Habitat », les primes et prêts à long terme du Crédit Foncier vont faciliter l’accession à la propriété et la construction de logements. Cette même année, les HBM deviennent HLM (Habitations à Loyer Modéré). Toutes les conditions sont réunies pour permettre un développement sans précédent du logement social.
Ville Nouvelle : Tribulations d'un " architecte parisien " (2)
Dans son article du 30 juin 1954 consacré à l’inauguration
du nouveau lotissement des Sarts, Henri Jolibois, journaliste à Nord-Eclair et
enfant de la commune, exulte. Pour lui, les trois jours de fêtes qui ont marqué
l’inauguration de ce quartier des Sarts étaient la preuve que la population
approuvait la politique du logement dans la commune. Politique mise en œuvre
par une municipalité soucieuse de trouver une solution à ce grave problème,
surtout après les destructions de la Seconde Guerre mondiale.
Ville Nouvelle : Tribulations d'un " architecte parisien " (2)
Le paysage monsois doit beaucoup à l’architecte Henri
Chomette.
Alors que le projet de construction d’un nouveau quartier
monsois est oublié depuis trois ans dans
les cartons, l’architecte-urbaniste Henri Chomette est désigné pour coordonner
le programme. Le début d’un bail de plus
de vingt ans avec cette ville qu’il allait totalement transformer.
Bien que le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme
présente Henri Chomette comme un architecte parisien, celui-ci a derrière lui
une grande carrière internationale. Il est l’architecte en chef de la ville
d’Addis-Abeba et a construit beaucoup de grands bâtiments publics ou privés sur
le continent africain.
Cette arrivée dans le Nord, sorte de Bienvenue chez les
Ch’tis avant l’heure, il l’a racontée, non sans un certain humour, dans une
conférence donnée en 1994 à l’école d’architecture de Lille. « Quand le maire
de Mons-en-Barœul, Félix Peltier, demande l’aide du Ministère, sa commune est
encore rurale. Les Lillois achètent le lait des vaches qui paissent dans les
prés. Il voit avec grande inquiétude sa commune se muter en banlieue. Les
terrains se vendent au hasard des besoins d’argent des fermiers. D’innombrables
demandes de terrains à bâtir s’accumulent en mairie. Après quelques mois, le
maire me confie l’étude du développement de sa ville. Il fallut faire face à la
demande et construire la ville à la campagne ». On lui pardonnera volontiers
d’avoir anticipé de quelques années la nomination de Félix Peltier comme maire
(1957). Au moment des faits, Alphonse Gayet, quoique malade, était toujours le
premier magistrat de la commune.
Une œuvre durable
Le courant passe immédiatement entre Henri Chomette et Félix
Peltier, le premier adjoint. Leur collaboration se révélera très fructueuse.
Henri Chomette est sensible au bon sens des élus de l’époque et va s’efforcer
de développer un projet qui leur ressemble. « On a commencé en 1954, par le
quartier des Sarts, poursuit-il (en réalité le projet a débuté en 1953). Vous y
trouverez l’abaissement des hauteurs vers l’individu, les unités de voisinage
secondaires, la pluralité sociale. Mons-en-Barœul a engagé son développement
avec les simples moyens d’une petite commune et d’un architecte, avec sous ses
ordres des petites et moyennes entreprises. Mais les compagnons et les petits
entrepreneurs ont été réduits au chômage par l’industrialisation du bâtiment. »
Malgré la pression du ministère qui demandait aux
architectes et à la maîtrise d’œuvre de produire à moindres coûts, ces maisons
sont construites à l’ancienne avec des entreprises locales attachées au travail
bien fait.
C’est sans doute pour cette raison, qu’après 65 ans
d’existence, elles n’ont guère bougé dans le temps. Cette première réalisation
sera en grande partie dupliquée dans les territoires situés au sud de l’avenue
Robert-Schuman, à l’est et à l’ouest de cette première tranche, donnant une
certaine unité à ce quartier des Sarts alors bien élargi. A. C. ( CLP)
Urbaniste et
architecte
Henri Chomette a été délégué pour dessiner le « plan de
masse » et imaginer la « maison type » du tout premier quartier des Sarts
inauguré en 1954. Puis, il en fera de même pour les terrains avoisinants qui,
cette fois, vont comporter un certain nombre d’immeubles collectifs. Il sera
aussi l’urbaniste de cette grande ZUP (zone à urbaniser en priorité) initiée
dans les années 1959 et 1960.
Derrière le Henri Chomette urbaniste, l’architecte n’était
jamais très loin. C’est ainsi qu’il dessina lui-même l’immeuble des « Tours
jumelles » et la Résidence de L’Europe, devenues le symbole du paysage monsois.
Il imagine aussi – peut-être une réminiscence de ses séjours africains – une
curieuse pyramide qui deviendra la chaufferie centrale de la ZUP et dessert
plus de 5 000 logements. Il s’agit du seul bâtiment répertorié comme monument
historique de la commune.
Elle a été construite en 1968 et constitue un témoignage
important de la réflexion sur l’esthétique industrielle menée à cette époque.
Elle a été réformée depuis peu, mais conservée dans le paysage. La nouvelle
construction, mise en service en 2015, rappelle par son esthétique sa grande
sœur.
Ville Nouvelle : Le parcours du combattant pour les élus (3)
Inauguration du quartier des Sarts en 1954 par les élus
monsois.
La construction de la Ville Nouvelle a été l’objet de luttes
intenses au sommet de l’État. Les élus monsois n’ont pas été épargnés par les
tracas administratifs. Ils ont été obligés de mener de front d’importants chantiers.
Quand les élus monsois, le 5 juin 1948, approuvent le
principe de la construction d’un nouveau groupe de logements, entre les rues Jean-Jacques
Rousseau et Jean-Jaurès, ils n’ont peut-être pas conscience de ce qui va
suivre. Lille, la ville voisine, à l’étroit dans son territoire, met la
pression sur la petite commune rurale tandis que le puissant Ministère de la
Rénovation Urbaine (MRU) motive les élus à participer à l’effort de
reconstruction.
Mons n’est pas la seule dans ce cas. Ses voisines, les
villages à l’origine de Villneuve-d’Ascq, Marcq-en-Barœul, Hellemmes, Ronchin
sont déjà impliqués dans des programmes de reconstruction. Début 1953, Mons est
en retard. Dès 1948, la commune avait acquis une partie des terrains de la zone
concernée, amis ses moyens étaient insuffisants. Fin 1951, elle s’appuie sur
une loi de 1919 qui autorisait les communes « à acquérir des terrains, à les lotir,
les revendre à des travailleurs ou des personnes peu fortunées ». L’année
suivante, elle achète au CHR de Lille un terrain de 15 ha. Le prix de
l’opération (58 millions de francs) représente une fois et demi son budget
annuel.
Besoin de financements
Quand, les tracasseries administratives du MRU manquent de
faire capoter le projet, Felix Peltier, le premier adjoint (qui coordonnait le
dossier) est au bord de la crise d’apoplexie. Si cette affaire n’avait pas eu,
in extremis, une issue heureuse, la commune aurait dû s’acquitter pour l’année
1953 d’une somme dépassant 7 millions de francs (correspondant à l’annuité
remboursable), et augmenter d’autant les impôts fonciers.
Si la gestion d’un gros bourg rural était un exercice plutôt
tranquille, celle d’une ville en pleine expansion demandait d’incessants
travaux d’Hercule : construction du premier stade de football, augmentation de
la capacité d’accueil des écoles du secteur, élargissement ou réfection
complète des voiries. À chaque fois, la note est salée, et il faut trouver les
financements.
Et le prix d’accession à la propriété, bas pour l’époque
(entre 2 000 et 4 000 francs par mois), reste tout de même inaccessible pour
beaucoup de familles. La municipalité aide alors à la création « d’une caisse
ouvrière ». Elle garantit un intérêt annuel de 3 % à tout investisseur qui
apporterait des capitaux à cette caisse.
Les édiles municipaux devaient avoir pris goût à cette vie
trépidante. Le 27 novembre 1959, ils décident de créer une ZUP (zone à
urbaniser en priorité) sur la plaine de Mons, un projet encore beaucoup plus
ambitieux que le précédent.
A. C. (CLP)
A. C. (CLP)
Le projet de fusion avorté
Au début des années 1970, on termine les derniers immeubles
et tout devrait être calme. Á cette époque, Jacques Chaban-Delmas est le
Premier ministre du président Georges Pompidou. Mais voici que le 16 juillet
1971, son gouvernement fait voter un texte de loi qui encourage la fusion et le
regroupement des communes. C’était le coup d’envoi d’une période très animée.
On notera que ce texte avait été voté par un gouvernement
conservateur (de la même couleur politique que les municipalités monsoise et
villeneuvoise). À l’inverse, les députés socialistes et communistes avaient
voté contre. Une fois le décret d’application publié, le maire de Lille,
Augustin Laurent, rend public, le 26 février 1972, un projet de fusion, où
Lille engloberait les communes d’Hellemmes, Ronchin, Villeneuve-d’Ascq et
Mons-en-Barœul.
De son côté Victor Provo, le maire de Roubaix suggère un
regroupement, où il annexerait Flers-Breucq (appartenant à Villeneuve-d’Ascq).
On notera qu’Augustin Laurent comme Victor Provo sont socialistes. Le parti
communiste fait part de son « étonnement de l’initiative du maire de Lille qui
applique une loi combattue au parlement par les groupes socialistes et
communistes ». Les maires néogaullistes des communes visées s’insurgent. «
C’est la Pologne de 1939 », éructe Jean Démarest, le maire de Villeneuve-d’Ascq
tandis que Raymond Verrue, de Mons-en-Barœul, déclare : « Il s’agit de la vie
ou de la mort d’une commune ».
Les vues de Pierre Mauroy
Échaudés par un accueil aussi glacial, les Lillois
temporisent. Mais le 2 juillet 1976, le nouveau maire, Pierre Mauroy, dépose un
projet qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de 1972. « L’exiguïté du
territoire est une préoccupation constante, déclare-t-il. La ville a besoin de
se développer et de retrouver une population qui l’a quittée et qui pourrait
s’installer à sa périphérie. » Il est indéniable que Lille est passée de 220
000 habitants en 1901, à 177 000 en 1975.
Si Hellemmes sera cette fois sensible aux sirènes lilloises,
pour Ronchin, Villeneuve-d’Ascq et Mons-en-Barœul, ce sera un non franc et
massif.
Le plan masse d'Henri Chomette
Les années 1950 et la naissance de la ville : La chapelle
Saint-Jean-Bosco (4)
La première chapelle Dom-Bosco, bâtiment en bois recouvert
de crépi de ciment, et son campanile en briques.
Après guerre, Mons se développe. Le Bas de Mons, séparé du
reste de la ville, va s’intégrer dans la continuité urbaine. La revendication
des paroissiens d’y construire une nouvelle église se concrétise.
Avant guerre, les paroissiens du quartier de l’An-Quarante
avaient le choix entre Saint-Pierre, au centre du village, Saint-Sacrement à
Fives ou Saint-Denis à Hellemmes. Trois églises distantes de plusieurs
kilomètres.
Les habitants de ce quartier, éloignés de toute église,
s’habituaient à être privés de culte et d’instruction religieuse. Ils n’avaient pas attendu le premier programme
d’urbanisation (entre les rues Jean-Jaurès et Jean-Jacques Rousseau) pour
revendiquer leur autonomie cultuelle.
Mais le nouveau développement en cours leur fournissait un
argument supplémentaire. Un article de Nord Éclair, du tout début des années
1950, résume leur état d’esprit : « Les quelque 2 000 habitants de ce quartier,
éloignés de toute église, s’habituaient pour la plupart à être privés de culte
et d’instruction religieuse. Il y avait lieu de porter remède à ce regrettable
état moral dans lequel ils ne pouvaient rester. Des amis charitables, qui ont
voulu conserver l’anonymat, ont décidé de pallier une telle carence et,
généreusement, se sont mis à l’œuvre. »
Les demandes faites à l’évêché pour l’édification d’une
nouvelle église sont régulièrement renouvelées tandis que, chaque dimanche
matin, les paroissiens se réunissent pour une messe dans une maison
particulière de la rue du Becquerel.
La décision de l’évêché de créer une nouvelle église au bout
de la rue de l’An-Quarante est très bien accueillie. Dans le premier semestre
de l’année 1953, le bâtiment est édifié dans un temps record. « Quoi qu’il
s’agisse d’une simple chapelle de quartier, il a fallu cependant amener 20
tonnes de matériaux », commente Nord Éclair début août. « La partie bois a été
importée d’Autriche. Les panneaux préfabriqués permettent, par un ajustage
parfait, de s’imbriquer les uns dans les autres en dix minutes de travail. »
L’édifice est composé d’un campanile, « en bonnes briques du
Nord » tandis que le bâtiment principal, en bois autrichien, a été recouvert
d’un crépi de ciment… dans la bonne tradition locale.
Le dimanche 6 septembre 1953, la nouvelle chapelle, dédiée à
Saint-Jean-Bosco, est inaugurée. La messe est prononcée par M gr Dupont, évêque
auxiliaire du diocèse de Lille. On s’aperçoit très vite que ses dimensions modestes ne
suffiront pas à répondre aux besoins de la population du Bas de Mons. Le projet
de construire une nouvelle église prend corps. La chapelle Saint-Jean-Bosco
puis l’église éponyme deviennent le lieu de culte de référence des habitants du
Nouveau Mons.
L’église Saint-Jean-Bosco
La nouvelle église sera édifiée en 1963 et 1964. L’ancienne
chapelle en bois sera conservée comme salle de réunion. Le campanile sera mis à
bas. Malgré tout, le clocher de la nouvelle église gardera un air de
ressemblance avec le précédent.
Ce bâtiment, qui fait partie du programme d’urbanisme de la
ville nouvelle peut bénéficier d’une partie de son financement et peut afficher
un projet plus ambitieux que du temps de la première chapelle.
Un projet moderniste
Le projet, confié à l’architecte Jean Willerval, est
résolument moderniste. Si le dessin du bâtiment s’inspire de la tente du
seigneur, il respecte aussi les standards de l’architecture contemporaine.
L’église est consacrée le 22 mars 1964 par le cardinal
Liénart, évêque de Lille. La nouvelle église est plébiscitée par les
paroissiens du nouveau Mons, même si certaines finitions restent à terminer.
Le 29 novembre 1973, dans des circonstances non élucidées,
un incendie ravage l’édifice. La toiture, les plafonds, le mobilier, sont
calcinés. Les dégâts sont considérables.
Les travaux de remise en état, initiés au début de 1974,
vont prendre un an et demi, avant que l’on n’y prononce une première messe, en
juin 1975.
Remise en service
Le 14 février 1976, Monseigneur Gand, évêque de Lille
prononce la messe, et indique par sa présence la remise en service de l’église.
Tandis que Saint-Pierre est l’église du Mons historique,
Saint-Jean Bosco est le lieu de culte principal des habitants de la ville
nouvelle.
Ville Nouvelle : Quand les Sarts préfiguraient le Nouveau
Mons (5)
Suite et fin de notre série sur la naissance de la Ville
Nouvelle, avec la construction du quartier des Sarts, où s’installeront, dès les années 1950, 3 000 nouveaux
habitants. Ce lotissement faisait la
part belle à l’habitat individuel, et prévoyait également deux immeubles
collectifs.
Le programme initial a préfiguré la construction d’un vaste
ensemble qui va voir le tissu urbain conquérir un large espace rural entre le
bas du Mons « historique » au sud, et, au nord, par la limite fixée par
l’avenue Émile-Zola prolongée (l’actuelle avenue Robert-Schumann). Quelques 3
000 nouveaux habitants vont venir ainsi s’installer dans la commune.
La démolition du stade Jules-Lemaître-Virnot laisse la place aux nouvelles constructions (ci-dessus). Le même paysage, en 1960, avec son habitat pavillonnaire et son immeuble collectif (ci-dessous).
Au début des années 1960, les derniers immeubles
rejoignaient les premières constructions de la ZUP.
Une première tranche de 175 maisons appelle la suivante car
le projet global prévoyait la réalisation de 700 logements (dont 500 maisons
individuelles). La suite sera mise en chantier dans la foulée. D’ailleurs, à
l’issue d’une première inauguration, l’assemblée se rend à l’emplacement du
futur immeuble collectif de la seconde tranche pour poser la première pierre !
Le Losc cède un stade
Ce nouveau projet consiste à investir les territoires
constructibles situés à l’ouest de la rue Jean-Jacques-Rousseau, jusqu’aux
limites de Lille, et bordés, au nord, par les avenues Zola et Acacia et, au
sud, par le boulevard du Maréchal-Leclerc. Ce projet était devenu possible car
le LOSC qui possédait deux stades (Jules Lemaire et Grimonprez Jooris) était
désireux de se débarrasser du plus petit et plus ancien, situé sur la commune.
Il occupait un quadrilatère (rue Jean-Jacques Rousseau, avenues Sainte-Cécile
et Virnot et boulevard du Maréchal-Leclerc) : une belle parcelle qui valait son
prix. Mais cela n’effrayait nullement la Ville, devenue experte dans le
financement de travaux. Ce nouveau lotissement faisait encore la part belle à
l’habitat individuel mais prévoyait deux immeubles collectifs.
La Zup, une autre histoire
Le programme suivant visait l’ouest de la rue Jean-Jaurès.
Au début des années 1960, les derniers immeubles rejoignaient les premières
constructions prévues par le nouveau plan de masse de la ZUP (zone à urbaniser
en priorité) d’Henri Chomette.
Ces dernières étaient plus hautes, voire très hautes,
lorsque le maître d’ouvrage, pressé par le ministère de la Reconstruction et de
l’Urbanisme, rajoutait quelques étages non prévus par l’architecte pour
rentabiliser l’espace ! Mais cette construction de la ZUP est une autre
histoire… A. C. ( CLP)
Le stade Virnot
Avant 1940, l’un des hauts lieux du football national se
situait à Mons. L’équipe du SC Fivois y jouait ses matches à domicile. On peut
s’étonner que le terrain de l’équipe de Fives se trouver à Mons ! L’équipe de
football, qui rencontrait un grand succès populaire, était à l’étroit dans son
vieux stade du début des années 1900. La municipalité, en froid avec ses
sportifs, était fort peu empressée de lui fournir un nouvel équipement. C’est
alors qu’Albert Virnot, négociant à Mons-en-Barœul, fit cadeau d’une vaste
pâture de son patrimoine, à la limite de Fives. De nouvelles rues furent créées
pour servir le nouvel équipement (avenues Virnot et Cécile).
Le stade fut
appelé sobrement Stade Virnot. Si le stade et l’avenue n’eurent pas le droit au
prénom du généreux donateur et si Cécile, sa fille, fut privée de son nom de
famille, c’est que ce terrain faisait partie du patrimoine de son épouse et que
l’idée passait mal dans la belle-famille. En 1932, on modernise l’endroit et le
rebaptise Jules-Lemaire (nom d’un dirigeant décédé du SC Fivois). En 1944, le
club fusionnera avec l’Olympique Lillois pour former le LOSC. Les matches à
domicile se disputaient alternativement à Jules-Lemaître et Grimonprez-Jooris.
Une tribune s’étant effondrée à Grimonprez, c’est dans l’enceinte monsoise que
le LOSC réalisera son doublé coupe-championnat en 1946.
Une série d'articles complémentaires d'Alain Cadet en décembre 2020